Posts Tagged ‘subtilité

Pour continuer avec un autre délicieux florilège des délicates et heureuses musiques lullistes dans l’Allemagne baroque…

13oct

Après le magnifique récital de la claveciniste autrichienne Anne-Marie Dragovits

dont témoigne mon article d’hier ,

voici ce jour la découverte d’un splendide _ extrêmement vivant !!! _ récital de Suites et Sonates pour orchestre (de Johann-Caspar Fischer, à nouveau, de Georg Muffat et Georg-Philipp Telemann), intitulé « Lully’s followers in Germany« , par l’ensemble El Gran Teatro del Mundo : le CD Ambronay AMY 314.

En plus de l’excellent Johann-Caspar Fischer (1656 – 1746),

Georg Muffat, né à Megève en 1653 et décédé à Passau en 1704, est un des plus merveilleux compositeurs de ce moment magnifique du Baroque européen,

dont je n’ai cessé de recherché les diverses interprétations de sa musique en CDs, en ne cessant de pester contre l’incuriosité et l’indolence des éditeurs à réaliser une intégrale discographique de sa somptueuse musique !..

Quant à Georg-Philipp Telemann (1681 – 1767),

cet homme d’une infatigable curiosité (et générosité !),

je le porte lui aussi au pinacle des plus magnifiques compositeurs dispensateurs de joie !

Avec cet album _ parfaitement enlevé et jubilatoire ! _,

les musiciens de l’ensemble El Gran Teatro del Mundo plongent au cœur de ce répertoire baroque allemand profondément influencé par le style français propre au règne de Louis XIV _ voilà.

L’occasion de découvrir, à travers le prisme de partitions d’orchestre réduites pour ensemble de chambre _ une pratique très répandue à cette époque, et fort bien expliquée dans le livret de ce CD… _, la richesse et la fougue _ voilà, ainsi que la finessse et la subtilité délicieuses… _ de ces Lullistes _ très délicats… _ que furent Muffat, Telemann ou Fischer.

Les musiciens de l’ensemble El Gran Teatro del Mundo sont :

Coline Ormond et Yoko Kawakubo, violons ; Miriam Jorde Hompanera, hautbois ; Michael Form, flûte à bec ; Bruno Hurtado Gosalvez, basse de violon et viole de gambe ; Jonas Nordberg, théorbe ; Claudius Kamp, basson et flûte à bec ; et Julio Caballero Pérez, clavecin et direction.

Réjouissons-nous !!!

Ce mercredi 13 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la joie paradoxale du sombre et incisif Quatuor de Debussy par le Parkanyi Quartet

14juin

Le plutôt ombrageux Claude Debussy (Saint-Germain-en-Laye, 22 août 1862 – Paris, 25 mars 1918)

_ cf aussi l’encre acerbe de son Monsieur Croche _

n’a pas la réputation d’être particulièrement un joyeux,

y compris, et bien sûr d’abord et surtout, en sa musique…

Et encore n’ai-je pas lu les 449 pages du récent ouvrage de Benjamin Lassauzet, paru aux Éditions Hermann au mois de juillet 2019, L’Humour de Claude Debussy


Pourtant sa musique

non particulièrement joyeuse, en effet,

génère beaucoup de joie,

sinon à l’interpréter, pour le musicien ou chanteur

qui vient physiquement l’incarner,

du moins à l’écoute attentive _ et exigeante _ du mélomane…

J’en veux pour exemple

ce chef d’œuvre puissant et subtil qu’est son Quatuor à cordes,

en sol mineur,

créé le 29 décembre 1893 à la Société Nationale de Musique, à Paris.

Alors quelle interprétation au disque choisir ici ?

J’opte, et après écoute de plusieurs CDs,

_ de même que pour mon choix à propos du Quatuor de Ravel _

pour l’incarnation, incisive et puissante, du Párkányí Quartet

_ István Párkányí et Heinz Oberdorfer, violons, Ferdinand Erblich, alto, et Michael Müller, violoncelle _,

enregistrée à Deventer, aux Pays-Bas, en décembre 2003 ;

soit, à nouveau, le superbe CD Praga Digitals PRD 250 312.

Debussy réclame une forte présence d’incarnation.

Si Debussy n’a pas le charme poli, élégant, soyeux, de Ravel,

sa musique, tout autant d’esprit français,

est d’une merveilleuse et constamment inventive _ sans formules à suivre et dérouler, ou répéter _ subtilité

qui nous comble, elle aussi, d’une enivrante puissante joie musicale.

De ce Quatuor en sol mineur de Claude Debussy,

voici aussi un très éloquent podcast, en 1958, par le Budapest String Quartet

_ Joseph Roisman et Alexander Schneider, violons, Boris Kroyt, alto, et Mischa Schneider, violoncelle.

Ce dimanche 14 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : le complexe et subtil goût de l’intranquillité ravélienne, dans la poésie multivoque de son fascinant Quatuor à cordes en Fa majeur

03juin

La musique de Ravel peut rarement être qualifiée d’intrinsèquement joyeuse.

Mais pourvoyeuse de très riche joie pour le mélomane, oui…

Le Quatuor à cordes en Fa majeur de Maurice Ravel

(Ciboure, 7 mars 1875 – Paris, 28 décembre 1937)

est un chef d’œuvre fascinant.

Ravel, au moment de sa composition, de décembre 1902 à avril 1903,

était un jeune homme de vingt-huit ans.

Et il dédicaça son œuvre à son maître, Gabriel Fauré.

La personnalité de Ravel,

tant celle de l’homme que celle du musicien,

est complexe _ l’homme est très secret… _ ;

et se laisse _ discrètement _ entr’apercevoir seulement en sa musique,

qui n’est pas expressionniste.


Le genre du Quatuor est exigeant ;

et, de même que Debussy,

Ravel composa un unique Quatuor à cordes

Mais,

de même que le Quatuor de Debussy,

le Quatuor de Ravel est un chef d’œuvre absolu,

merveilleux.

J’ai choisi ici l’interprétation

raffinée, élégante

et incisive tout à la fois

en décembre 2003, à Deventer, aux Pays-Bas,

du Quatuor Párkányí,

proposée dans le CD Praga Digitals PRD 250 312.


Comme quoi l’intranquillité du compositeur

est pourvoyeuse _ via les exigences assumées des interprètes _,

de profonde et très intense joie

pour les mélomanes attentifs…

Faute de trouver sur le web un podcast de l’enregistrement de ce Quatuor si prenant de Ravel

par les subtils et parfaits Párkányí

(István Párkányí et Heinz Oberdorfer, violons, Ferdinand Erblich, alto, et Michael Müller, violoncelle)

en cet enthousiasmant CD Praga Digitals _ ce que je connais de plus parfait ! _,

voici une vidéo (de 31′) des Ébène prise lors d’un concert le 3 janvier 2017 ;

ou, plutôt, un podcast (de 28′) des très bons Arcanto

(Daniel Sepec et Aantje Weithaas, violons, Tabea Zimmermann, alto, et Jean Guihen Queyras, violoncelle),

en leur CD Harmonia Mundi HMC 902067, en 2010…

Bien saisir et rendre parfaitement

la richesse multivoque

de la complexe _ très réjouissante _ subtilité ravélienne

est réellement difficile…


Ce mercredi 3 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Seconde vision enthousiaste du Grâce à Dieu de François Ozon

14jan

Je viens de procéder à une seconde vision,

après celle d’hier

_ cf mon article :  _,

du film Grâce à Dieu de François Ozon.

Mes impressions premières sont amplement confortées.

Je suis ravi aussi d’avoir été plus attentif à de multiples détails

qui m’avaient échappé,

ou que je n’avais pas retenus,

dans le fil syncopé du récit.

Et j’ai été encore plus sensible

à l’humanité profonde

des principaux personnages

par le regard et les souvenirs desquels

passe la focalisation de la caméra de François Ozon.

Des personnages qui sont loin d’être tout d’une pièce _ et donc caricaturaux _,

dont la personnalité, par de très intéressants micro-écarts,

frémit, bouge, « évolue« 

_ parfois, le plus souvent, avance, avec courage et responsabilité,

mais parfois aussi recule, régresse, non sans hésiter, et par un comble de lassitude ;

mais ce cas-là n’est pas celui des trois personnages principaux,

l’élégant et ferme Alexandre (de Melvil Poupaud),

le fort et audacieux François (de Denis Ménochet),

l’éperdu et admirable Emmanuel (de Swann Arlaud),

qui apprennent,

à l’expérience souvent très rude du réel,

et souvent grâce aux autres (des amitiés, dans la lutte commune, se créent),

à dépasser leurs failles….

Un grand film, subtil,

qui marque.

Ce mardi 14 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter Denis Kambouchner analyser l’expression « Quelque chose dans la tête » et la manie du souci de « transmettre » : l’entretien au Studio Ausone le 26 novembre dernier avec Francis Lippa, pour la Société de Philosophie de Bordeaux

10déc

Vient d’être mis en ligne

hier soir 9 décembre

sur son site par la librairie Mollat

le podcast (de 62′) _ cliquez sur podcast, et vous accéderez à son écoute ! _

de l’entretien du 26 novembre dernier à la Station Ausone,

_ et en ouverture de la saison 2019 – 2020 de la Société de Philosophie de Bordeaux _,

de Denis Kambouchner

_ président de la Société française de Philosophie _

avec Francis Lippa

_ vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux _

à propos du magnifique passionnant petit livre

_ de 154 pages : quelle lumineuse finesse et ampleur d’analyse ! _

de Denis Kambouchner,

paru le 28 août dernier aux Éditions Flammarion

Quelque chose dans la tête, suivi de Vous avez dit Transmettre ? ;

muni du bandeau suivant :

« Nous avons perdu la culture de la mémoire : avons-nous gagné celle du jugement ? » 

Cette question des moyens, outils et aliments

de la riche _ et positivement complexe : quelle variété de ressources et méthodes à apprendre à mettre en œuvre et inventivement connecter (ainsi que donner à cultiver à d’autres), sans esprit fermé de système, non plus que de formalismeformation et « culture » _ à tous égards _ du jugement

de tout un chacun et quiconque,

à commencer, bien sûr, par les enfants et les adolescents

_ auxquels s’adresse d’abord, originellement du moins, en sa conception première, le premier des deux essais, Quelque chose dans la tête ;

mais la question, bien sûr, ne s’arrête à nulle génération d’âge, ni d’époque :

apprendre à bien juger est l’affaire de l’entièreté, de son début à sa fin, de toute vie d’une personne,

je veux dire de la vie entière de tout un chacun ! et cela sans la moindre exception : face aux dangers et chausse-trapes incroyablement multiples des situations à tâcher d’éviter, auxquelles échapper quand elles surviennent, à entreprendre de surmonter, en apprenant comment y faire face et s’en dépêtrer et sortir vainqueur et vivant, et pas trop amoché, cabossé, blessé, souffrant… ; Montaigne nous en avertissait en ouverture du Livre III de ses Essais : « Personne n’est exempt de dire des fadaises » (ni de commettre des bêtises !)

et cela ne concerne pas seulement, bien évidemment, la vie humaine : puisque cet enjeu ô combien vital fait à coup sûr déjà partie des conditions de la vie et survie animales : que d’erreurs s’avèreront mortelles… _,

est en effet cruciale,

tant à l’échelle des individus,

qu’à celle des sociétés

et civilisations…

Et cette question-là

des « nourritures » fondamentales et ouvertes

_ ainsi qu’en chantier inventif et constructif permanent… _

du bien (ou toujours mieux) juger

ne cesse,

à côtés de ses recherches proprement cartésiennes

_ afin d’essayer toujours de mieux pénétrer les micro-subtilités infinies (et passionnantes) du travail philosophique de Descartes,

tâche peut-être principale du travail de Denis Kambouchner en sa carrière et œuvre philosophique _,

de constituer un pan essentiel du questionnement foncièrement pragmatique,

et à visée d’authentiques progrès de l’esprit,

de Denis Kambouchner.

Cet art de distinguer les nuances magnifiques et merveilleuses, à bien les considérer, du pensable

caractérise, me semble-t-il bien,

et court la culture philosophique française :

Montaigne, bien sûr, Descartes _ et le sillage des très nombreux cartésiens _, Pascal,

Voltaire, Diderot, Rousseau,

Bergson, Jankélévitch, Ricœur, Derrida, etc.

Tous assez peu adeptes du concept et de ses un peu trop rigides fermetures,

qui va dominer, me semble-t-il encore, la conquérante philosophie universitaire allemande,

au moins à partir de Kant et Hegel.

Oui, l’art des nuances subtiles, à partir de comparaisons ;

et même de métaphores

riches d’humour…

Afin de former et donner consistance à la finesse de la « sagacité » _ une notion cartésienne…

Quant au second des deux essais qui se répondent, « en écho« ,

Vous avez dit transmettre ?..,

celui-ci entreprend de mettre en garde _ délicatement, sans rechercher quelque polémique médiatique _ contre une tentation désagréablement fermée de concevoir l’enseignement de manière exclusivement conservatrice et rétrograde _ celle de certains idéologues réactionnaires, à la versaillaise ! _,

et de défendre un partage ouvert et inventif-créatif _ véritablement progressiste : mais à quels mots se fier parmi l’incroyable déchaînement orwellien de notre époque ? _ de la culture :

le maître judicieux étant seulement « un nain » _ humblement _ juché sur des « épaules de géants« ,

selon une formulation de Bernard de Chartres,

reprise notamment par Montaigne et Pascal…

Le vocable de « transmission » ne convenant, à proprement le penser,

qu’à l’opération de léguer à quelques proches

un héritage bien précis et spécifié à laisser en propriété et usufruit à ses descendants,

un patrimoine à ne pas laisser se disperser et disparaître, se dissoudre,

un secret de création-fabrication à ne pas laisser se perdre en le confiant ainsi à quelque disciple élu

qui saura en faire, à son tour, son miel propre…

Alors que la culture à même d’alimenter richement le bien juger d’autres que soi-même

est de l’ordre de ce « pollen » multiple et divers (de mille fleurs)

dont les abeilles _ montaniennes _ sauront faire leur « miel« ,

« en se l’incorporant » vraiment :

« Les abeilles pillotent de ça de là les fleurs ; mais elles en font après le miel qui est tout leur ; ce n’est plus thym, ni marjolaine ; ainsi les pièces empruntées d’autrui, il les transformera et confondra pour en faire ouvrage tout sien, à savoir son jugement : son institution, son travail et étude ne vise qu’à le former.

Qu’il cèle tout ce duquel il a été secouru, et ne produise que ce qu’il en a fait. Les pilleurs, les emprunteurs, mettent en parade leurs bâtiments, leurs achats, non pas ce qu’ils tirent d’autrui. Vous ne voyez pas les épices d’un homme de parlement : vous voyez les alliances qu’il a gagnées, et honneurs à ses enfants. Nul ne met en compte publique sa recette : chacun y met son acquêt

Le gain de notre étude, c’est en être devenu meilleur et plus sage« , Essais, Livre I, chapitre 26, De l’institution des enfants

C’est cette profondeur et intensité de l’incorporation d’une authentique culture personnelle

par celui qui la reçoit,

comme par celui qui la donne _ et l’a donnée _,

qui,

en son authenticité généreuse et désintéressée _ pardon du pléonasme _ seulement,

en fait l’efficace seul effectivement consistant et durable.

Le reste, utile à court terme, se dissipera sitôt l’usage effectué…

Ensuite, selon le mot _ authentiquement progressiste et libérateur _ de Nietzsche, à propos de ce que donne le maître à son disciple :

« Vademecum, vadetecum« …

Tel est le paradoxe généreux du libérateur…

Ce mardi 10 décembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s. :

voici encore, à titre de complément de luxe,

de quoi écouter le podcast de l’entretien _ merveilleux ! _ que j’ai eu avec Denis Kambouchner le 18 septembre 2013 à la librairie Mollat,

à propos de son essentiel _ lucidissime ! _ L’École, question philosophique.

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