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L’agudezza du temps juste : art rare et ô combien précieux !

30sept

Sur un très joli petit livre  : « Léonard et Machiavel« , de Patrick Boucheron, aux Éditions Verdier, en juillet 2008,
au style particulièrement enlevé,
précis dans la richesse (on ne peut mieux documentée) de ses détails
érudits et parfaitement judicieux :
sur l’art _ et le terme est grossier _ du temps juste, tempo giusto ;

et tout à fait élégant d’écriture
_ un beau plaisir de lecture,
associé à la parfaite justesse de la précision de la connaissance
de ces deux grands esprits, on ne peut mieux originaux,

et « géniaux » ,

en leurs déjà divers et multiples genres,
chacun d’eux, Nicolas (Machiavel) et Léonard (de Vinci) _ ,

sur la rencontre
_ en plusieurs occurrences de temps
(entre juin 1502 et mai 1506)
et de lieux (Urbino et Florence surtout,
mais aussi, et entre autres, Imola, Cesena, le siège de Pise)  _
de deux génies d’une parfaite finesse _ agudezza _ (de vue)
Nicolas Machiavel, l’auteur du premier grand traité politique moderne _ « Le Prince«  écrit par lui en 1516 _,
et Léonard de Vinci, génie polyforme, mais sans doute d’abord du trait de dessin du pris au vif…

un livre sur l’art des détails justes _ en politique
(ou art de la prise, dans la guerre de mouvement, de « surprise » foudroyante de l’adversaire, trop lent, lui, trop engoncé en ses habitudes)
comme en « ingénierie »
: efficaces quant à leur prise (et saisie, donc) sur le « réel »…

Une affaire, toujours, de « rythme »…

Je cite, page 64 :
« Vont-ils se parler ? Léonard de Vinci a rejoint César Borgia à Imola depuis la fin de l’été _ 1502 _, et Machiavel ne quittera le Valentinois que le 23 janvier 1503.
Les voici enfin
_ pour l’enquêteur qu’est Patrick Boucheron _ réunis,
et pour de longs mois.
Mais pourquoi dire enfin ?
Qui s’en impatientait, sinon peut-être
  _ dit finement l’auteur _ le lecteur de cette histoire ? Machiavel et Léonard de Vinci se sont certainement rencontrés, longtemps,
ils se sont très certainement parlé, souvent
_ nous allons, nous aussi, le découvrir, en cette enquête minutieuse, qu’est ce petit livre de 153 pages…

Les échos de ces conversations se retrouveront, plus tard, dans des projets communs

_ une entreprise (titanesque ?) de dérivation de l’Arno en amont de Pise (qu’il faudrait prendre, ou « noyer »…) ;

la décoration (célébrissime : représentant « la Bataille d’Anghiari« , commandée par le gonfalonnier de justice _ à vie _ Piero Soderini) de la salle du Grand Conseil du palais de la Seigneurie, à Florence _

qui ne seraient guère compréhensibles sans cette connaissance préalable qu’ils firent l’un de l’autre«  _ c’est là la base du très joli travail de Patrick Boucheron ici.

« Il y sera aussi question de fleuve et de fortune,
de guerre et de pouvoir,

de la façon de voir le monde tel qu’il est

_ et combien c’est là un exploit rare, car si difficile  !.. _
et d’en saisir le rythme« 

_ voilà bien le point décisif (vital, ou mortel, comme on voudra dire) !


Soit un livre sur « la nouvelle qualité des temps«  _ en ce tournant (juin 1502 – mai 1506) entre Quattrocento et Renaissance : cette belle expression de Patrick Boucheron
se trouve _ et détaillée _ page 50.

« Nul fragment du monde n’est négligeable pourvu qu’on le regarde intensément« ,

peut-on lire page 25 :

une parfaite citation
pour illustrer ce que j’appelle
, quant à moi, en mon petit « atelier » (de ce blog),
ma méthode « attentive intensive » ;

méthode (d’attention) dont je trouve, aussi, le modèle (intensif) chez un Montaigne…

Un livre _ sur la curiosité et la recherche _ à lire avec beaucoup de plaisir,

et même de joie (pure),

Titus Curiosus, ce 30 septembre 2008

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