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L’entretien d’Hélène Cixous avec Francis Lippa : « podcast de la semaine », après « vidéo de la semaine » précédente

14juin

Double récompense

sur le site de la librairie Mollat

pour l’entretien du jeudi 23 mai dernier, à la Station Ausone,

d’Hélène Cixous avec Francis Lippa,

à propos du magnifique 1938, nuits, aux Éditions Galilée, d’Hèléne Cixous.

Ce vendredi 14 juin, en effet,

au podcast de cet entretien

est décerné le label « podcast de la semaine » de la librairie ;

alors que le vendredi 7 juin à la vidéo de cet entretien

avait été décerné le label de « vidéo de la semaine« 

de cette même librairie Mollat.

Assez étrangement,

l’impression ressentie au visionnage de la vidéo 

diffère de l’impression ressentie à l’audition du podcast.

Voici ce qu’avant hier j’écrivais de mes impressions là-dessus à un ami,

en accompagnement d’un lien à cette vidéo :

La vidéo de mon entretien avec Hélène Cixous chez Mollat est parue ;


et étrangement, à ma grande surprise _ tant je préfère le pouvoir de la voix à celui de l’image _, cette vidéo apporte (et découvre) beaucoup par rapport au podcast :
probablement du fait d’une certaine théatralité _ dénuée de toute ostentation : elle lui échappe plutôt ; et est absolument « naturelle«  ! et splendidement éloquente… _
d’Hélène Cixous
en ce qui vient sourdre d’elle dans l’entretien
à partir de pertinentes questions ;
théâtralité soft et en rien exhibitionniste, chez elle,
que l’on peut ressentir déjà à l’écoute, dans les inflexions et les rythmes naturels _ extraordinaires ! _ de sa voix,
mais qui devient ici absolument visible _ aussi _, patent _ fulgurant même _, à l’image.
J’en suis le premier tout étonné…
Bien sûr le visionnage _ mais c’est déjà le cas de l’audition _ requiert un temps dont on ne dispose pas forcément
dans le monde hyper-bousculé et sur-occupé d’aujourd’hui,
du fait des conditions de travail _ pressurisé _ de la plupart…
Mais qui sait ? L’expérience en est assez significative.
Ce cas d’Hélène Cixous est en tout cas bien intéressant…
De même que son œuvre _ magistrale.
J’espère qu’un jour, après Osnabrück, elle s’intéressera aussi à Dresde,
où sa grand-mère a peut-être _ même si elle en disconvient au micro quand je le lui demande _ passé les années d’Hitler au pouvoir, de 1933 à 1938 ;
même si il est plus commode pour l’auteure du livre qu’elle est peut-être d’abord ici
de mettre en avant le théâtre et l’image de la cité d’Osnabrück _ plutôt que Dresde ;
qui a aussi sa part, passablement chargée, au sein de l’Histoire allemande sous Hitler.
Car c’est bien à Dresde que sa fille Ève était venue pour la dernière fois rendre visite en Allemagne à sa mère Rosie, peut-être en 1934…
Et pas à Osnabrück…
Et il est peu probable que le consul de France à Dresde, en 1938, ait pris la peine d’écrire à Osnabrück, et tout spécialement à Rosie Klein,
pour lui conseiller de fuir au plus vite l’Allemagne après la Kristallnacht, grâce à son passeport français…
Il me semble par conséquent que c’est plutôt à Dresde que ce contact _ et amical conseil _ consulaire a eu lieu…
Les deux villes sont toutes deux très emblématiques _ cf la Dresde au quotidien des jours du nazisme, de Victor Klemperer en son extraordinaire Journal: un témoignage absolument indispensable ! _,
mais pas pour les mêmes raisons.
Mais il faut aussi souligner que l’écriture d’Hélène Cixous, en ce 1938, nuits, est d’abord de l’ordre de la littérature ;
et pas de l’ordre de l’enquête historique…
D’ailleurs, au cours de l’entretien,
l’auteure nous prévient elle-même de ne pas prendre nécessairement pour vérité de fait sa présentation dans 1938, nuits, du document de Siegfried-Fred Katzmann _ qu’elle aurait peut-être, affirme-t-elle non sans humour, inventé… _ ;
alors que ce document de Fred Katzmann est accessible _ et de son initiative _ sur le web…
Même si Hélène Cixous met aussi en relief la nécessité pour son récit _ de littérature d’absolue liberté… _ de disposer d’un fond historique _ de grande dimension en son fond tragique _ de vérité.
Ce vendredi 14 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Cette mine d’intuitions passionnantes qu’est le « Dictionnaire amoureux de l’esprit français », du turco-suisse Metin Arditi

07mar

Le mardi 26 février dernier,

et suite à mon écoute, le dimanche 24, de l’émission Musique émoi, d’Elsa Boublil,

qui lui était consacrée

_ cf mon article  _,

j’avais brièvement présenté

mon très vif plaisir de l’entame

_ jusqu’à la page 167 / 661, ce premier soir de lecture : j’en arrivais à l’article Debussy, après l’article Dada _

de ma lecture de ce très riche travail

_ de l’helvéto-turc Metin Arditi (né à Ankara le 2 février 1945) _,

sur un sujet qui de très loin, moi aussi, et depuis très longtemps,

me travaille :

je veux dire

les mystères et arcanes de ce « esprit français« 

auquel je suis tellement sensible, moi aussi, dans les Arts

_ et sans nationalisme aucun (ni encore moins de sourcilleuse exclusivité !), est-il utile que je le précise ?!

Il s’agit seulement du simple constat renouvelé chaque fois

et non sans surprise

_ je ne le recherche en effet pas du tout ! Non, mais cela vient me tomber dessus,

et me ravir et combler… _

de ce qui vient au plus profond secrètement me toucher,

et me fait fondre de délectation :

telle la reconnaissance d’affinités intenses comme congénitales…

Voici,

pour aller d’emblée à l’essentiel de ce que vais un peu discuter,

le résumé

Dans ce dictionnaire, l’écrivain sélectionne des traits selon lui exemplaires de la culture française, comme le culte de l’élégance, le sens de l’ironie et l’art de la conversation _ rien à redire, bien sûr, à cet excellent choix-ci. Les entrées abordent aussi bien les institutions, les personnalités et des aspects historiques, de l’Académie française à Louise de Vilmorin, en passant par la haute couture, l’impressionnisme et Jacques Prévert.

puis la quatrième de couverture de ce Dictionnaire amoureux de l’esprit français, de Metin Arditi,

publié aux Éditions Plon et Grasset :

Dictionnaire amoureux de l’Esprit français :

« Je voudrais bien savoir, dit Molière _ plaidant ici pro domo _, si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire. » Partant de ce constat, Metin Arditi examine d’une plume tendre _ en effet _ les formes dans lesquelles s’incarne cet impératif de séduction _ oui… _ : le goût du beau _ davantage que du sublime _, le principe d’élégance _ oui, toujours ! a contrario de la moindre vulgarité _, le sens de l’apparat _ un peu survalorisé par l’auteur, selon moi _, mais aussi le souci de légèreté _ fondamental, en effet _, l’humour _ oui, avec toujours un léger décalage… _, l’art de la conversation _ très important : civilisateur _, un attachement historique à la courtoisie _ parfaitement ! _, l’amour du trait _ d’esprit et parole, seulement _ assassin, la délicatesse _ c’est très, très important aussi !!! l’égard et ses formes, envers l’autre _ du chant classique « à la française » _ la quintessence peut-être du goût français _, un irrésistible penchant pour la théâtralité _ surévalué à mon goût, à contresens de la délicatesse et de la discrétion, selon moi _, l’intuition du bon goût _ oui ! _, la tentation des barricades _ à l’occasion, faute de parvenir à assez se bien faire entendre _, une obsession du panache _ surévaluée, elle aussi, comme le penchant à la théatralité : le panache de Cyrano illustrant la couverture du livre ! _, et, surtout, une _ sacro-sainte et irrépressible ! _ exigence de liberté _ oui, cela, c’est incontestable : ne jamais être comdamné à emprunter des voies toutes tracées, ou disciplinaires ; mais disposer d’une capacité permanente d’invention, et de singularité. En un mot, le bonheur à la française _ oui : à savourer assez paisiblement et durablement en sa profonde et somme toute discrète intensité. À l’heure où chacun s’interroge sur la délicate question de l’identité _ mais non assignable à des traits fermés et une fois pour toutes donnés, invariants… _, ce dictionnaire rappelle que l’esprit français est, surtout, un inaltérable cadeau _ d’ouverture et fantaisie. Une lecture qui fait plaisir… et pousse à réfléchir _ et discuter, entamer le dialogue.

Voici aussi le texte accompagnant le podcast de l’émission Musique émoi du dimanche 24 février dernier,

qui reprend ces diverses thématiques :

Metin Arditi, amoureux  comme personne de  l’esprit français, examine d’une plume légère et souvent espiègle les  diverses formes dans lesquelles s’incarne en France le désir de plaire.

« On ne considère en France que ce qui plaît », dit Molière, « C’est la grande règle, et pour ainsi dire la seule ».


Partant de cet indiscutable constat, l’auteur de ce dictionnaire,  lui-même amoureux  comme personne de l’esprit français, examine d’une  plume légère et souvent espiègle les diverses formes dans lesquelles  s’incarne en France le désir de plaire : au fil des siècles se sont  développés le goût du beau, bien sûr, mais aussi le principe d’élégance,  le sens de l’apparat, le souci de légèreté, l’humour, l’art de la  conversation, un attachement historique à la courtoisie, la délicatesse  du chant classique « à la française », le penchant pour la théâtralité,  l’amour du juste, le goût des barricades, du panache, oui, du panache,  et, surtout, une exigence immodérée de liberté. Ce dictionnaire parle de  Guitry et de Piaf, de Truffaut et de Colette _ oui _, mais aussi de Teilhard de  Chardin, Pascal, Diderot, Renan, Péguy, les prophètes qui ont nourri  les artistes de leur pensée et les ont libérés dans l’exercice de leurs talents.


L’esprit français a aussi ses interdits. Ne jamais être lourd…  Ne pas faire le besogneux… _ c’est en effet capital ! Et Nietzsche vénérait tout spécialement cet aspect-là de l’esprit français… Comment plaire, sinon ?


Au fil des pages, ce dictionnaire rappelle que le goût des belles choses a _ aussi _ un prix _ économique, financier _, qu’un tel bonheur ne vient pas sans facture _ à régler in fine ! À défaut,  l’esprit français ne serait pas ce qu’il est… _ assez impécunieux…  Sans vouloir  transformer un pays qui, c’est heureux, n’est pas transformable, on  pourrait peut-être imaginer, ça et là _ mais c’est bien un vœu pieux ! une pure vue de l’esprit… _, quelques mesures aptes à diminuer _ mais est-ce vraiment réaliste ? _ le montant de l’addition.


À l’heure où chacun s’interroge sur la délicate question de l’identité du pays, ce dictionnaire rappelle combien l’esprit français est un  cadeau _ sans prix, eu égard au bonheur (d’être vraiment d’esprit français).

 

Je regrette aussi que manquent en ce Dictionnaire amoureux

certaines entrées

que pour ma part je trouve bien plus essentielles

que Sacha Guitry ou Edmond Rostand,

telles

Joachim du Bellay, Montaigne, Marivaux, Chardin, Monet, Paul Valéry, Pierre Bonnard, Charles Trenet, par exemple,

qui,

les uns comme les autres,

ont si merveilleusement _ et idiosyncrasiquement : un trait lui aussi bien français ! _ su chanter

l’incomparable douceur de notre France.

En tout cas,

j’éprouverais un très vif plaisir à dialoguer de tout cela

avec Metin Arditi,

s’il venait à Bordeaux.

Ce jeudi 7 mars, Titus Curiosus – Francis Lippa

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