La vidéo de mon entretien avec Hélène Cixous chez Mollat est parue ;
…
et étrangement, à ma grande surprise _ tant je préfère le pouvoir de la voix à celui de l’image _, cette vidéo apporte (et découvre) beaucoup par rapport au podcast :
…
probablement du fait d’une certaine théatralité _ dénuée de toute ostentation : elle lui échappe plutôt ; et est absolument « naturelle« ! et splendidement éloquente… _
d’Hélène Cixous
en ce qui vient sourdre d’elle dans l’entretien
à partir de pertinentes questions ;
…
théâtralité soft et en rien exhibitionniste, chez elle,
que l’on peut ressentir déjà à l’écoute, dans les inflexions et les rythmes naturels _ extraordinaires ! _ de sa voix,
mais qui devient ici absolument visible _ aussi _, patent _ fulgurant même _, à l’image.
…
J’en suis le premier tout étonné…
…
Bien sûr le visionnage _ mais c’est déjà le cas de l’audition _ requiert un temps dont on ne dispose pas forcément
dans le monde hyper-bousculé et sur-occupé d’aujourd’hui,
du fait des conditions de travail _ pressurisé _ de la plupart…
…
Mais qui sait ? L’expérience en est assez significative.
…
Ce cas d’Hélène Cixous est en tout cas bien intéressant…
De même que son œuvre _ magistrale.
…
J’espère qu’un jour, après Osnabrück, elle s’intéressera aussi à Dresde,
où sa grand-mère a peut-être _ même si elle en disconvient au micro quand je le lui demande _ passé les années d’Hitler au pouvoir, de 1933 à 1938 ;
même si il est plus commode pour l’auteure du livre qu’elle est peut-être d’abord ici
de mettre en avant le théâtre et l’image de la cité d’Osnabrück _ plutôt que Dresde ;
qui a aussi sa part, passablement chargée, au sein de l’Histoire allemande sous Hitler.
…
Car c’est bien à Dresde que sa fille Ève était venue pour la dernière fois rendre visite en Allemagne à sa mère Rosie, peut-être en 1934…
Et pas à Osnabrück…
…
Et il est peu probable que le consul de France à Dresde, en 1938, ait pris la peine d’écrire à Osnabrück, et tout spécialement à Rosie Klein,
pour lui conseiller de fuir au plus vite l’Allemagne après la Kristallnacht, grâce à son passeport français…
…
Il me semble par conséquent que c’est plutôt à Dresde que ce contact _ et amical conseil _ consulaire a eu lieu…
…
Les deux villes sont toutes deux très emblématiques _ cf la Dresde au quotidien des jours du nazisme, de Victor Klemperer en son extraordinaireJournal… : un témoignage absolument indispensable ! _,
mais pas pour les mêmes raisons.
…
Mais il faut aussi souligner que l’écriture d’Hélène Cixous, en ce 1938, nuits, est d’abord de l’ordre de la littérature ;
et pas de l’ordre de l’enquête historique…
…
D’ailleurs, au cours de l’entretien,
l’auteure nous prévient elle-même de ne pas prendre nécessairement pour vérité de fait sa présentation dans 1938, nuits, du document de Siegfried-Fred Katzmann _ qu’elle aurait peut-être, affirme-t-elle non sans humour, inventé… _ ;
alors que ce document de Fred Katzmann est accessible _ et de son initiative _ sur le web…
…
…
Même si Hélène Cixous met aussi en relief la nécessité pour son récit _ de littérature d’absolue liberté… _ de disposer d’un fond historique _ de grande dimension en son fond tragique _ de vérité.
…
…
Ce vendredi 14 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa
La discographie de l’Ode à Sainte-Cécile où Haendel rend un hommage à peine masqué _ en effet _ au génie de Purcell ; avait-elle besoin d’une nouvelle version ? Même si John Butt ne dispose pas d’une soprano aussi radieuse que Teresa Stich-Randall, Felicity Lott ou Lucy Crowe – Carolyn Sampson y récidive ici, en petite voix hélas (hélas oui ! ) – la réponse est oui _ mais pas pour moi..
…
…
L’élégance un peu inquiète de l’Ouverture introduit une atmosphère différente, ce sera une vraie ode, lyrique, poétique, et non la célébration solaire _ voilà ! _ que Pinnock _ très heureusement, à mon goût _ proclamait. Le pari était osé, mais comment ne pas entendre que John Butt retrouve les lumières ambigües qu’y peignait Nikolaus Harnoncourt ? _ tiens donc…
…
…
Même fatigué, Ian Bostridge _ que j’adore _ atteint à une vraie émotion, mais pour l’entendre, il faut oublier les perfections d’Anthony Rolfe Johnson et de Richard Croft, ce ne sera pas en vain.
…
…
Un chœur ardent et nombreux serait-il l’autre atout de cette lecture plus tendre que festive ? Peut-être, et prenant d’ailleurs à rebours les habitudes du temps. De plage en plage, il y aura beaucoup à glaner dans cette version qui s’éloigne du théâtre _ ce théâtre qu’aime tant Haendel ! _ et à mesure gagne en spiritualité _ mais Haendel n’est pas Bach… L’ajout du Concerto grosso Op. 6 No. 4 lui fait un postlude teinté d’une certaine mélancolie.
…
…
LE DISQUE DU JOUR
…
…
Georg Friedrich Haendel(1685-1759) Ode for St. Cecilia’s Day, HWV 76 Concerto grosso, Op. 6 No. 4
…
…
Carolyn Sampson, soprano Ian Bostridge, ténor Chœur de la Radio Polonaise Dunedin Consort
Morto Guido Ceronetti, lo scrittore prestato al teatro
…
..;
…
…
Si è spento a Cetona _ un magnifique village au sud-est de la Toscan, non loin de Chiusi _ a 91 anni. Una lunga attività e una passione per le scene nata con le marionette.
…
di ANNA BANDETTINI
…
…
13 settembre 2018
…
…
Se ne è andato stamane Guido Ceronetti, pensatore, saggista , scrittore, traduttore e studioso di liberi sacri. E’ morto nella casa di Cetona dove da giorni non stava bene, non rispondeva più al telefono che era diventato il suo unico contatto col mondo. Amici, cultori ceronettiani avevano temuto il peggio. Già con il cuore affaticato e una broncopolmonite aveva compiuto in ospedale il 24 agosto i suoi 91 anni. E poi non ce l’ha fatta.
…
Per il suo addio aveva già predisposto tutto: tre giorni di veglia lì, nella casa di Cetona, poi la funzione religiosa tra sabato e lunedì, e quindi la tumulazione a Andezeno dove è la tomba di famiglia. Giorni fa si era fatto anche impartire il Consalamentum, il rito di passaggio dei catari. « Non ho paura di morire. Solo di soffrire. Uno ha già tribolato fin qui, e adesso tribolare in un letto di ospedale, no grazie« , aveva detto come in una delle sue apocalittiche profezie in un’intervista. Non stava bene da molto tempo ormai. Il corpo sofferente, quasi piegato in due, lo costringeva a muoversi con l’aiuto di un deambulatore anche in casa.
…
…
Eppure era debole ma presente, l’intelligenza audace e sempre viva non ha mai smesso di pensare. L’intellettuale, il saggista, lo scrittore che ha tradotto cinque libri della Bibbia, amando Celine, che con il suo amico Cioran sosteneva « l’uomo è perduto qualunque cosa faccia« , ancora a fine luglio nella cucina della casa di Cetona in provincia di Siena _ et non loin de Chiusi _ dove viveva con signorile ma molto sofferta indigenza (dal 2008 era beneficiario della legge Bacchelli per i cittadini illustri) continuava a progettare. Da non molti mesi erano usciti Il Messia da Adelphi e prima ancora Per le strade della Vergine, stramba autobiografia fino al 98, pensata postmortem e poi pubblicata con lui in vita. Ma già pensava a nuove traduzioni degli Epigrammi di Marziale che era tra le sue opere più amate, insieme a quelle dei Salmi, delle poesie di Catullo, del Qohélet; aveva nuove idee di teatro, dopo che lo scorso marzo Einaudi aveva pubblicato Le regie immaginarie, romanzi e testi celebri rimontati per ipotetiche messe in scena teatrali.
…
…
Mezzo secolo di teatro
…
…
Sì, perché insieme alla Bibbia, ai testi sacri e sapienziali e ai Catari, Ceronetti ha sempre amato sul serio il teatro al punto da avere la trasgressiva idea di farlo. Da pessimista incallito lo spiegava così: « Il grande Louis Jouvet diceva che, impotenti a risolvere l’enigmaticità dell’universo, gli uomini hanno inventato il teatro« . Effettivamente gli storici del teatro dovrebbero fare i conti con uno come Ceronetti « accompagnato per quasi mezzo secolo dal teatro« , vissuto con una partecipazione attiva anche se poco ortodossa. « A 40 anni ero un biblista, ma con mia moglie volevamo adottare dei bambini e pensavamo che sarebbe stato bello intrattenerli facendo per loro un teatro di marionette, consapevoli che quando avremmo detto alle assistenti sociali che ai nostri figli avremmo fatto vedere le marionette invece che la tv ci avrebbero chiesto chissà quante carte. Ci bocciarono direttamente la richiesta. A quel punto il teatro di marionette l’abbiamo fatto per i vicini di casa« , raccontava.
…
…
Guido Ceronetti nel trailer del documentario »Il filosofo ignoto »
…
…
E ci sono le date: era il 1970, quando con la moglie Erica Tedeschi fonda Il Teatro dei Sensibili : lui e lei nel tinello della casa di Albano Laziale offrivano te, i crumiri di Casale, mele cotte e spettacoli di marionette. Poi a partire dal 1985, con La iena di San Giorgio, il Teatro dei Sensibili diventa pubblico e itinerante. « Sono stato chiamato dalla strada, come suonatore d’organo di Barberia, all’età di sessantaquattro anni, e poi come artiste de la rue, con numeri d’invenzione, addirittura a settanta« , scriveva con divertita ironia ripensando a quel pezzo di vita girovaga con la baracca delle marionette ideofore, portatrici anche nelle sembianze di una idea.
…
Jouvet diceva che, impotenti a risolvere l’enigmaticità dell’universo, gli uomini hanno inventato il teatro
…
…
All’appassionata attività di artista di strada si unisce quella nei teatri dove presto viene invitato e le marionette iniziano ad alternarsi sulla scena con gli attori, giovani che gli sono stati accanto fino all’ultimo: Luca Mauceri, Filippo Usellini, Elena Molos, Valeria Sacco, Elisa Bartoli, i quali, nel Teatro dei Sensibili, prendevano un nome d’arte assegnato dal « Maestro« , Baruk, Nicolas, Egeria, Dianira… L’utima data sarebbe il 2011, annunciato congedo dal teatro, al Festival delle Colline di Torino con Finale di Teatro, dove ripercorre i quasi quattro decenni sulla scena, Macbeth, I misteri di Londra, Faust, Furori e poesia della rivoluzione francese e la famosa Rosa Vercesi, Mystic Luna Park, Mi illumino di Tragico, Ceronetti circus. Testi o pubblicati o conservati nell’archivio di Lugano, dove da tempo ha trovato posto il Fondo Ceronetti (e non ha mai voluto fare scandalo per questo esilio delle sue carte lontano dall’Italia).
…
…
Un lungo addio
…
…
In realtà col teatro Ceronetti non chiuse affatto. « Ci sono ricompense vertiginose, quando quattro o cinque paia d’occhi incantati ti fissano per almeno mezz’ora, e per loro vorremmo avere almeno dieci anime da dargli in nutrimento e mani per guarirne tutti i mali futuri. Allora si è vivi davvero e il disfacimento urbano, il crimine che la città è diventata […], incontra una renitenza pulita, un semino fertile di riscatto« , scrisse.
Ci furono altri commoventi spettacoli : Pesciolini fuor d’acqua (2012), il bellissimo Quando il tiro si alza – Il sangue d’Europa 1914-1918, prodotto nel 2014 dal Piccolo Teatro di Milano, in occasione del centenario della prima guerra mondiale, l’ultimo lavoro dove si è visto Ceronetti ancora in scena, seduto dietro a una scrivania con il basco di lana nera sui capelli bianchi, sempre più simile all’amato Artaud, una presenza struggente e sciamanica. Seguirono, senza di lui, Otello nel 2016, e Novant’anni di solitudine nel 2017 solo con gli attori del Teatro dei Sensibili.
…
…
« Tra incanto infantile e amaro disincanto«
…
…
Sergio Escobar direttore del Piccolo Teatro lo ricorda così: « Porterò sempre con me il ricordo del suo spirito, libero e incapace di ipocrisie, del suo amore, appassionato, disperato, per la vita, della grazia, tenera e profonda, delle sue immaginazioni, delle sue poetiche acrobazie, ovunque si esprimessero, sulla carta o sulla scena, sempre in delicatissimo, raffinatissimo equilibrio tra incanto infantile e amaro disincanto verso ogni rassicurante superficialità« .
…
…
Sì perché l’attività teatrale di Ceronetti è sempre stata divertita e incessante, piena di emozione. « Nel teatro (non di teatro) ho vissuto da clandestino col biglietto in tasca fornito dal destino« , diceva sminuendo il suo originale talento scenico, nuovo ma così lontano dall’oppressione dello sperimentalismo, ispirato solo dalla tradizione, del teatro di strada e di animazione, svago concettuale tanto da essere visto da spettatori come Eugenio Montale, Federico Fellini, Goffredo Parise, Guido Piovene, Angelo Ripellino, Natalia Ginzburg, Alberto Ronchey, Nicola Chiaromonte e dai bambini per l’aspetto gioioso e ironico.
…
…
Il teatro, diceva, è come una religione. « Culto e occulto. Come per Jean Louis Barrault, Artaud che ho tanto amato. Ciò che vedi oltre il corpo dell’attore, le sue parole. Non lo spettacolo, le trovate sceniche, ma un’educazione dell’anima« .
…
…
Ce jeudi 13 septembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa