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La perfection du triple album « The three seasons » vivaldiennes, de Giuliano Carmignola, avec l’Accademia dell’Annunciata de Riccardo Doni…

01nov

Une fois encore Giuliano Carmignola _ né à Trévise le 7 juillet 1951 _ fait la preuve de l’époustouflante perfection de son jeu de violon, avec l’Accademia dell’Annunciata sous la direction de son ami Riccardo Doni,

dans le superbe triple album « The three seasons – Concertos for violin and strings » d’Antonio Vivaldi, Arcana A550 (de 180′ 29), enregistré à Abbiate grosso, en Lombardie, aux mois de janvier, février et mars 2023, et tout récemment paru, le 8 septembre dernier…

Le programme des 18 Concerti choisis ici ayant bénéficié des soins ultra-compétents du musicologue tout spécialement expert de Vivaldi (et de la musique à Venise), Olivier Fourès, auteur de 7 pages de la présentation du livret, intitulées « Donner du temps au temps« …

Dont voici une rapide présentation, en anglais :

The Three Seasons of Antonio Vivaldi

Giuliano Carmignola (violin) ; Accademia dell’Annunciata/Riccardo Doni (Arcana)

 

Vivaldi


The Three Seasons of Antonio Vivaldi – Violin Concertos
Giuliano Carmignola (violin) ; Accademia dell’Annunciata/Riccardo Doni
Arcana A550   180:29 mins (3 discs)

The title refers not to Vivaldi’s most famous works but to the three ‘seasons’ – early, middle and late – of his career. Italian violinist Giuliano Carmignola and the Accademia dell’Annunciata journey through 18 solo concertos _ RV 343, 240, 230, 332, 265 et 210 ; puis 189, 33, 289, 197, 330 et 380 ; et enfin 201, 371, 353, 367, 327 et 390 _, tracing the composer’s ever-evolving idiom as he transforms from priest to teacher to virtuoso soloist, opera director and impresario. Sober ‘stile antico’ works, grounded in old-style contrapuntal writing, give way to frothy concertos in the fashionable ‘style gallant’; then there are virtuosic, experimental works in which Vivaldi exploits all the colouristic effects of a great Venetian painter, while elsewhere he embraces the drama and lyricism of opera or anticipates the passion and pathos of the ‘Sturm and Drang’ movement.

Maestro of the Baroque violin, Carmignola combines his meticulous attention to the details of Vivaldi’s phrasing and expressive markings with a sense of interpretative freedom, rhetoric and theatre. He produces an exquisitely refined, cantabile sound from his 1733 Pietro Guarneri violin, on which he seems to sing Vivaldi’s lyrical slow movements, floating their plaintive, wistful, yearning melodies with a silky lightness of touch. When it comes to the more virtuosic movements, Giuliano Carmignola’s technique is flawlessly agile yet always at the service of musical expression.

Director-harpsichordist Riccardo Doni draws lyrical playing from his Milan-based period-instrument ensemble, the Accademia dell’Annunciata _ les trois périodes séances d’enregistrement ont eu lieu du 13 au 16 janvier, du 1er au 4 février et du 13 au 16 mars 2023, à Abbiategrosso, en Lombardie _, and they paint the changing seasons of Vivaldi’s style _ qualifiées successivement de « Primavera, « Al suon festante ». (« Services »)« , « Estate, « Tuona e fulmina il Ciel ». (« Privileges) » et « Autunno, « Del liquor di Bacco accesi tanti ». (Abuse) », en une remarquable présentation du livret, intitulée « Donner du temps au temps », sous la plume ultra-compétente du musicologue, spécialiste de la musique de Vivaldi, Olivier Fourès… _ with multifarious colours and timbres – by turns, luminous, warm, spectral and glassy. Their readings have a classical restraint, characterised more by an understated poise than overt virtuosity.

Kate Bolton-Porciatti

Avec ici un accès aux podcasts de ces 180′ de cette splendide interprétation de Giuliano Carmignola… 

Mon conseil :

écouter en priorité les Concerti des CDs 2 et 3 caractérisant « l’été » et « l’automne » de la géniale création musicale d’Antonio Vivaldi, plutôt que les Concerti, pourtant bien plus célèbres _ tels que ceux extraits des célébrissimes recueils que sont « L’Estro Armonico«  Op. 3 (Amsterdam, 1711) et « Il cimento dell’armonia e dell’inventione » Op 8 (Amsterdam, 1724 ou 25), par la publication et le succès international desquels Vivaldi s’est fait un immense nom.. _, du « printemps » de Vivaldi,

pour reprendre la très judicieuse métaphore de ces « Three Seasons » de la carrière du compositeur, que, excellemment pour ce triple album, le grand ami et extraordinaire bassoniste Sergio Azzolini a suggéré _ lors d’une amicale conversation à Toblach, au mois d’octobre 2021 _ à Giuliano Carmignola, puis qu’a développée l’excellent musicologue Olivier Fourès, et lui aussi grand ami de Giuliano Carmignola, de décomposer et présenter, très judicieusement, en ce superlatif (!) florilège vivaldien de 18 Concerti pour violon et cordes sous les doigts de la plus parfaite finesse vivaldienne de Giuliano Carmignola…

Ainsi, par exemple, les podcasts des 4 mouvements du Concerto RV 390,

un des tous derniers qu’a écrits Vivaldi (Venise, 4 mars 1678 – Vienne, 28 juillet 1741), composé pour _ ou tout du moins acheté par _ le Comte de Collalto, au mois de juin 1741, et effectivement conservé depuis au château familial des Collalto, à Brtnice (ou Pirnitz), en Moravie :

1 Adagio (1′ 13) ;

2 Allegro non molto (5′ 28) ;

3 Larghetto (2′ 55) ;

et 4 Allegro (4′ 13).

Ce coffret vivaldien Arcana A 550 est _ mais est-il besoin de le dire ? _ rien moins qu’un pur ravissement,

sans cesse renouvelé en ses constantes surprises, de 210′, de ces 18 Concertijamais enregistrés jusqu’alors par Giuliano Carmignola…

Ce mercredi 1er novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quelques questions à propos des éditions successives, de 1535 (à Paris, Pierre Attaingnant), février 1539 (à Ferrare, Johannes de Buglhat, Henricus de Campis et Antonio Hucher), août 1539 (à Strasbourg, Peter Schöffer-le-Jeune) et 1555 (à Paris, Adrien Le Roy & Robert Ballard) du motet « Salus populi ego sum » de Pierre Cadéac : la diffusion-circulation des partitions et le carrefour civilisationnel de Ferrare…

07sept

En me penchant d’un peu plus près sur les découvertes présentées hier 5 septembre en mon article «  » _ à écouter ici en une durée de 5′ 09, dans l’interprétation de l’Ensemble Siglo de Oro dirigé par Patrick Allies, dans ce très intéressant CD « The mysterious Book of Motets 1539«  Delphian DCD34284 qui m’a fait et découvrir cette œuvre, et me passionner pour elle depuis… _ concernant quatre éditions successives, en mai 1535 à Paris, en février 1539 à Ferrare, en août 1539, à Strasbourg, et puis en 1555, à Paris, du Motet « Salus populi ego sum » de l’auscitain Pierre Cadéac (ca. 1505 – ca. 1565) :

_ à Paris, au mois de mai 1535, par Pierre Attaingnant (ca. 1494 – ca. 1552) _ au sein (le n° 17) du recueil collectif « Motettorum, Book 13 » de 18 Motets de 14 compositeurs différents (Rogier Pathie, Corneille Joris (2), Jodon, Matthieu Lasson, Jean Lhéritier, Claudin de Sermisy (2), Johannes Lupi (2), Colin Margot, Florentius Vilain, Pierre de Manchicourt, Jacquet de Mantoue, Nicolas Gombert, G. Harsius et Pierre Cadéac (2))  … _

_ à Ferrare, au mois de février 1539, par Johannes de Buglhat, Henricus de Campis et Antonio Hucher _ une édition dédiée à Ercole II d’Este, le duc de Ferrare ; sur Jean de Buglhat, actif à Ferrare à partir de 1528 (où il arrivé dans le bagages de Renée de France, l’épouse d’Ercole II, le 28 mai 1528, à Paris), et décédé en 1558, lire la notice détaillée de Camilla Cavicchi, aux pages 434-435 du « Guide de la Musique de la Renaissance » des Éditions Fayard en novembre 2011 ; ainsi que l’article « the battle of the woodcuts« , à propos de la rivalité des imprimeurs de musique Antonio Gardano, à Venise, et Johannes de Buglhat, à Ferrare… ;

au sein (le n° 4) du recueil collectif « Moteti de la simia » de 20 Motets de 12 compositeurs différents (Nicolas Gombert (3), Jacques Arcadelt (2), Pierre Cadéac, Jaquet de Berchem (3), Nicolle Celliers de Hesdin (2), Claudin de Sermisy, Ivo Barry (2), Jacques du Pont, Jacquet de Mantoue (2), Dominique Pinot, Maistre Jhan et Adrian Willaert) _ ;

_ à Strasbourg, au mois d’août 1539, par Peter Schöffer-le-Jeune _ au sein (le n° 8) du recueil collectif « Cantiones quinque vocum selectissimae » de 28 Motets de 14 compositeurs différents (Maistre Jhan, Nicolas Gombert (9), Jean Conseil, Jacquet de Mantoue (4), Adrian Willaert (3), Pierre Cadéac, Andreas de Silva, Johannes Lupi (2), Dominique Phinot, Simon Ferrariensis, Jehan Sarton, Jhan Billon, Philippe Verdelot et Jacques Arcadelt) _ ;

_ et à Paris, en 1555, par Adrien Le Roy & Robert Ballard _  le n° 14 du recueil de 18 « Moteta quatuor quinque et sex vocum liber primus » de Pierre Cadéac seul, cette fois… _,

vient s’éclairer davantage le lien _ a priori un peu étonnant : Pierre Cadéac n’est ni parisien, ni flamand…_ à Ferrare du Motet « Salus populi ego sum » de Pierre Cadéac…

La présence effective de compositeurs ou chanteurs ou instrumentistes français ou flamands à Ferrare, à partir de 1528, de même que la présence de partitions _ manuscrites, ou imprimées _ de ces compositeurs à la cour de Ferrare, est en partie liée à _ ou plutôt réactualisée (la fine-fleur des musiciens franco-flamands est en effet très présente à Ferrare dès la fondation de la chapelle musicale des Este par Leonello d’Este, en 1441 ; et même un peu avant, lors du brillant concile tenu à Ferrare en 1438-1439, en présence du pape Eugène IV, sous le règne du père de Leonello, Niccolo III d’Este… ; cf mes articles des 2 et 3 septembre derniers : « «  et « « …) ; ou plutôt réactualisée, donc, par _ la présence à Ferrare, et au cœur même de la vie de cour ducale, de la duchesse Renée de France (Blois, 25 octobre 1510 – Montargis, 12 juin 1575) _ fille du roi Louis XII (Blois, 27 juin 1462 – Paris, 1er janvier 1515) et son épouse la reine Anne de Bretagne (Nantes, 25 janvier 1477 – Blois, 9 janvier 1514), et belle-sœur du roi François Ier (Cognac, 12 septembre 1494 – Rambouillet, 31 mars 1547) : la sœur aînée de la duchesse Renée était la reine Claude (Romorantin, 13 octobre 1499 – Blois, 15 juillet 1524)… _, l’épouse du duc Ercole II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559) ; dont le mariage venait d’avoir eu lieu, à Paris,  le 28 mai 1528.

Et la duchesse Renée sera _ très (voire un peu trop) _ présente, avec son entourage français _ seront ainsi présents, un moment, à Ferrare, entre autres notables hôtes personnels de la duchesse Renée : le poète Clément Marot (ca. 1496, Cahors – Turin, 12 septembre 1544), d’avril 1535 au carême 1536, et le théologien de la Réforme Jean Calvin (Noyon, 15 juillet 1509 – Genève, 27 mai 1564)… _, à Ferrare jusqu’au décès de son époux, le 3 octobre 1559 ; le nouveau duc, leur fils Alfonso II d’Este (Ferrare, 22 novembre 1533 – Ferrare, 27 octobre 1597), s’empressant de renvoyer alors la duchesse douairière, sa mère, en France, où elle décèdera, à Montargis, le 12 juin 1575. Mais la duchesse Renée eut auprès d’elle nombre d’artistes, mais aussi entre les mains nombre de poèmes et de partitions de ses musiques aimées :

ont ainsi composé pour elle, entre autres, Jakob Buus (Gand, ca. 1500 – Vienne, août 1565), qui lui dédie en 1543 son « Primo libro di canzoni francesi«  ; mais aussi Adrian Willaert et Cipriano de Rore, qui ont composé sur la « Méditation de Savonarole » _ Jérôme Savonarole (Ferrare, 21 septembre 1452 – Florence, 23 mai 1498) était en effet ferrarais… _ du compositeur Simon Joly (1524 – 1559)…

Par conséquent, c’est très probablement dans ce contexte culturel ferrarais que l’imprimeur Jean de Buglhat _ en rivalité avec le grand imprimeur vénitien Antonio Gardano (Gardanne, 1509 – Venise, 28 octobre 1569), installé Calle della Simia, non loin du pont du Rialto… _ fait paraître en février 1539, à Ferrare _ où Buglhat demeurera désormais toute sa vie durant : il décède à Ferrare en 1558 ; sur l’éditeur Jean de Buglhat, lire la notice de Camille Cavicchi aux pages 434-435 du « Guide de la Musique de la Renaissance«  _ le recueil de 20 motets _ intitulé par pure provocation professionnelle ! _ « Moteti de la simia« , dans lequel Buglhat intègre, très probablement emprunté au recueil de 18 Motets « Motettorum, Libro 13 » publié au mois de mai 1535 à Paris par Pierre Attaingnant, en raison de sa beauté singulière, le Motet de Pierre Cadéac « Salus populi ego sum« .

Et c’est probablement par ce biais ferrarais-là des « Moteti de la simia » de Buglhat, de février 1539, et via la diffusion-circulation _ jusqu’à la cour si mélomane de Ferrare ; et en 1535, justement, Clément Marot y séjourne depuis le mois d’avril de cette année-là… _ du recueil de Motets « Motettorum, Libro 13 » de Pierre Attaingnant publié à Paris en mai 1535, qu’a pu en prendre connaissance, à son tour, à Milan, le maître de chapelle de la cathédrale de Milan, le flamand Matthias Werrecore (Warcoing-Pecq, ca. 1500 – après 1574) _  dont l’envoi et la réception strasbourgeoise a permis l’édition de ce motet « Salus populi ego sum«  de Pierre Cadéac au sein des 28 « Cantiones quinque vocum selectissimae » qu’a fait paraître, six mois plus tard, au mois d’août 1539, l’éditeur- imprimeur strasbourgeois Peter Schöffer-le-Jeune ; recueil de Motets sur lequel Daniel Trocmé-Latter a travaillé en son « The Strasbourg Cantiones of 1539« , qui a servi de source au CD Delphian « The mysterious Book of Motets 1539 » de l’Ensemble Siglo de Oro, qui m’a permis, lui, de découvrir et admirer ce superbe motet de Pierre Cadéac…

Lequel milanais Matthias Werrecore, lié lui-même _ d’une manière qu’il serait bien intéressant de préciser… _ au brillant et très mélomane cardinal Ippolito II d’Este (Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572 _ en 1519, Ippolito II d’Este (âgé alors de 10 ans) avait hérité de son oncle le cardinal Ippolito I d’Este (Ferrare, 14 mars 1579 – Ferrare, 3 septembre 1520) l’archevêché de Milan ; et il est possible que le jeune Ippolito II ait sinon résidé du moins séjourné un peu, ces années-là à Milan, en particulier entre 1519 et 1527 au moins (je retiens cette année de 1527, parce que le brillant Adriaen Willaert, après avoir été pendant cinq années (1515-1520) au service de l’oncle le cardinal archevêque de Milan Ippolito I d’Este, quitte le service musical du neveu, Ippolito II, lui aussi archevêque de Milan, mais résidant à Ferrare à la cour de son père Alfonso I ; un service musical attesté par des paiements entre décembre 1524 et avril 1525 _ cf Giuliano Danieli : « La musica nel mecenatismo di Ippolito II d’Este« .., aux pages 97 et 199 _, pour aller prendre le prestigieux poste de maître de chapelle de la basilique Saint-Marc à Venise ; en 1527, Ippolito II a alors 18 ans ; cf mon article du 11 août dernier : « «  _,

a adressé, de Milan, à l’imprimeur-éditeur alors installé à Strasbourg Peter Schöffer-le Jeune (Mayence, ca. 1475 – Bâle, 1547), qui l’a publié au mois d’août 1539 au sein de son recueil de Motets « Cantiones quinque vocum selectissimae« , dont il faisait partie, en huitième position, le Motet « Salus Populi ego sum » de l’auscitain Pierre Cadéac…

Et de même que les deux cardinaux d’Este, Ippolito II et son neveu Luigi, n’ont jamais mis les pieds de leur vie dans leur diocèse d’Auch,

de même Pierre Cadéac ne s’est jamais rendu ni à Ferrare, ni à Venise, ni à Milan, ni à Strasbourg, et probablement jamais non plus seulement à Paris _ où très tôt (dès 1534 pour la chanson « Je suis deshéritée« ) Attaingnant publie sa musique, sacrée comme profane : et c’est très vraisemblablement Clément Janequin (Châtellerault, ca. 1485 – Paris, ca. 1558), passé par Auch vers 1531-1532 (cf le remarquable article de Rolf Norsen « Les compositeurs de musique Clément Janequin et Pierre Cadéac à Auch au début du XVIe siècle«  cité en mon article « «  du 16 août dernier) qui lui avait ainsi mis le pied à l’étrier éditorial de l’éditeur-imprimeur de musique si important et décisif pour la plus large diffusion et circulation de la musique à ce moment, qu’a été Pierre Attaingnant _ :

mais son œuvre, elle, a brillamment voyagé pour lui, ainsi jusqu’à Ferrare et Milan en février et août 1539, et aujourd’hui, jusqu’à nous : en partitions à déchiffrer et lire, et maintenant en disques (et concerts) à écouter ici _ et savourer…

Ce mercredi 6 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter et goûter les 25 Madrigaux de Pétrarque de la « Musica Nova » (Venise, 1559) d’Adriaen Willaert (1490 – 1562), par l’Ensemble Singer Pur, en 2009…

29août

L’album double « Adrian Willaert – Musica Nova – The Petrarca Madrigals« , par les 6 chanteurs de Singer Pur auxquels s’est joint, pour les Madrigaux à 7 voix, le contreténor Franz Vitzhum,

du label Œhms paru en 2009 _ soit le double CD Œhms OC 814, enregistré à Munich du 25 au 27 janvier, puis du 24 au 27 mars 2009 _

offre une magnifique occasion de découvrir et goûter cet aspect capital de la création musicale d’Adriaen Willaert que sont ses Madrigaux, à côté de sa très importante, aussi, musique religieuse.

Le splendide recueil intitulé « Musica Nova » _ « Musica nova di Adriano Willaert all’illustrissimo et eccellentissimo signor il signor donno Alfonso d’Este prencipe di Ferrara. Cantus«  _ commandité à l’imprimeur-éditeur de musique installé à Venise Antoine Gardane (Gardanne, 1509 – Venise, 28 octobre 1569) _ sur lui, lire le très intéressant article (en 2004) de Marie Viallon-Schoneveld : « Les Gardane, imrimeurs de lusique à Venise« … _ par Alfonso d’Este _ qui deviendra duc de Ferrare au décès de son père le duc Ercole II d’Este, le 3 octobre 1559 ; c’est en décembre 1554 qu’à peine âgé de 21 ans, Alfonso d’Este (Ferrare, 22 novembre 1533 – Ferrare, 27 octobre 1597) a acheté à la chanteuse florentine, et amie proche d’Adriaen Willaert, Polissena Pecorina, cet exceptionnel manuscrit musical, en lui assurant, par contrat, une rente viagère de 50 ducats d’or à lui verser chaque année ; la dite Pecorina, chanteuse et luthiste, et Adriaen Willaert, se connaissaient dès les années 1540, participant aux très raffinés concerts privés des exilés florentins à Venise les banquiers Neri Capponi (1504 – 1594) et Ruberto Strozzi (ca. 1512 – 1566)…  _ comporte en effet deux volets de l’œuvre musical si novateur d’Adriaen Willaert : un volet sacré, constitué de 33 motets, et un volet profane, de 25 madrigaux pour 4, 5, 6 ou 7 voix ;

tel une sorte de pré-testament musical en forme d’apothéose du compositeur…

Écoutez ici ce bref extrait (de 1′ 30) du madrigal « Passa la nave« (d’une durée de 5′ 32)

dans cette superbe interprétation des 6 chanteurs du Pur Singer en 2009…

Ce mardi 29 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Comparer les écoutes des « Dixit Dominus » de Willaert (1550), Monteverdi (1610), Haendel (1707) et Vivaldi (1737)…

28août

En complément de mon article d’hier dimanche 27 août « « ,

dans une incise duquel j’indiquais que le « Dixit Dominus » d’Adriaen Willart (avec Jachet de Mantoue : Vitré, 1483 – Mantoue, 2 octobre 1559 ; et lui aussi est passé par la cour des Este, à Ferrare et Modène…) _ ce « Dixit Dominus«  est d’une durée de 6′ 31 dans le CD « Vespro della Beata Vergine » d’Adriaen Willaert interprété par la Capilla Flamenca de Dirk Snellings, enregistré en 2012… _, publié au sein du recueil « Di Adriano e di Iachet i salmi appartenenti alli Vesperi » publié à Venise en 1550 par l’éditeur Antonio Gardano,

avait été l’inspirateur de plusieurs autre célèbres « Dixit Dominus » :

dont celui de Claudio Monteverdi (en 1610, à Mantoue, mais à destination de Venise),

celui de George-Frédéric Haendel (en 1707, à Rome),

et celui d’Antonio Vivaldi (en 1737, et à Venise _ pour ce qui concerne celui des trois « Dixit«  de Vivaldi qui est catalogué RV 595 _),

je me propose de les donner ici à écouter et comparer, tous les quatre :

_ le « Dixit Dominus » (de 6′ 31) d’Adriaen Willaert, en 1550 ;

_ le « Dixit Dominus » (de 7’47, sur les 90′ 44 que durent ces « Vespro » _ de 2′ 35 à 8′ 14 _) de Claudio Monteverdi, en 1610 ;

_ le « Dixit Dominus » (de 5′ 18) de George- Frideric Haendel, en 1707 ;

_ le « Dixit Dominus » (de 24′ 01) d’Antonio Vivaldi, en 1737.

On mesurera ainsi ce que Monteverdi, Haendel et Vivaldi peuvent diversement devoir à l’œuvre première de leur devancier, à Venise, Adriaen Willaert…

..

Ce lundi 28 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une surprise de ma discothèque : la découverte d’un CD, par le Huelgas Ensemble et Paul van Nevel, de la « Passio Domini Nostri Jesu Christi secundum Johannem », attribuée, en 1998, à Cipriano de Rore, quand, en 2022, Dionysos Now ! et Tore Tom Denys attribuent cette même « Passio secundum Joannem » à Adriaen Willaert…

22août

En poursuivant dans le sillage de mon article d’hier 21 août « « ,

ainsi que dans la résilience à ma double déception de ce jour de l’impossibilité présente :

d’une part, de commander le livre de Daniel Trocmé-Latter « The Strasbourg Cantiones og 1539 – Protestant City, Catholic Music  » _ absent pour l’instant de la liste des livres disponibles sur le site de leur éditeur, the Boydell Press, à Woodbridge, m’a-t-il été indiqué ; il me faudra donc patienter… _,

ainsi, d’autre part, de parvenir à joindre, par courriel, l’auteur, Daniel Trocmé-Latter : il est encore en vacances cette semaine..,

je me suis rabattu sur la recherche, dans le désordre des rangées et piles de ma discothèque personnelle, de CDs d’œuvres de Cipriano de Rore (Renaix, ca. 1515 – Parme, 1565),

le disciple et successeur, à la direction de la chapelle de la basilique Saint-Marc, à Venise _ les années 1563 et 1564 _, d’Adriaen Willaert (Roeselare, ca. 1490 – Venise, 1562)…

Et là,

voilà que je suis tombé, à ma grande surprise, sur un CD,

le CD Deutsche Harmonia Mundi RD 77994 « Johannes Passion », enregistré à Louvain du 28 au 30 octobre 1988 _ cela fait donc 35 ans ! _ par le Huelgas Ensemble sous la direction de Paul van Nevel,

de cette « Passio Domini Nostri Jesu Christi secundum Johannem« , attribuée, donc, en ce CD, à Cipriano de Rore _ à écouter ici en ce podcast de 67′ 18 _ ;

œuvre que le CD Evil Penguin Classic EPRC 0054, « Adriano 4« , de l’Ensemble Dionysos Now ! sous la direction de Tore Tom Denys _ à écouter ici en ce podcast de 49′ 28 _

attribue, lui à Adriaen Willaert !! _ sur ce CD « Adriano 4« , cf l’enthousiasme de mon article du 3 août dernier «  » ; enthousiasme déclencheur de la série d’articles et recherches qui ont suivi, depuis ce 3 août dernier, autour d’Adriaen Willaert, Hippolyte II d’Este, le recueil de Motets « Cantiones quinque uocum selectissimae«  de 1539, l’auscitain Pierre Cadéac, le strasbourgeois Peter Schöffer-le-Jeune, le milanais Matthias Werrecore, le CD « The mysterious Book of Motet 1539″, le musicologue à Cambridge Daniel Trocmé-Latter, la cour des Este à Ferrare, et les cités de Venise, Milan, Strasbourg, Auch, etc.

Une Passion marquante dans l’histoire de la musique « dans laquelle la force dramatique propre aux « rôles alternés » du chant grégorien apparaît ici pour la première fois dans une forme polyphonique », indiquait Paul van Nevel dans le livret de présentation de son CD de Rore, en 1988…

À suivre…

Ce mardi 22 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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