1977. L’Italie des grandes manifestations étudiantes, des Clashs, des Brigades Rouges, des Sex Pistols, des répressions sanglantes, des jeans pattes d’éph’ et de la télé couleur.
©AFP/Archives
Ils sont trois potes, à la vie, à la mort. Mollo, le petit gros fan de la Juventus passe son temps à faire des listes (les meilleurs joueurs, les meilleurs matchs, les meilleurs arbitres…) et dévore la presse sportive histoire d’oublier qu’il est souvent le dindon de la farce. Franz, dit Zazzi pour les intimes est l’élément incontrôlable du groupe : provocateur, fin connaisseur des oeuvres du Duce, s’exprimant dans un langage des plus vulgaires, ce petit néo-nazi au look maitrisé (perfecto, « jean flingué à la Javel », et tee-shirt à messages) est aussi grand lecteur de magazines de charmes très illustrés … Attilio, (dit Attila pour les copains) est le tendre de la bande, le plus discret, l’amoureux, celui qui rougit, surtout devant les filles. Et des filles, dans son coeur, il y en a deux : Alice-yeux bleux-tresses rousses-, sa grande soeur partie vivre à Milan et puis surtout la blonde Margherita, soleil de ses jours, qui lui fait jaillir le coeur hors de la poitrine.
S’il y avait un remède au dégoût de la lecture, Le pays des merveilles pourrait sans conteste figurer sur l’ordonnance ! On hurle littéralement de rire à la lecture des dialogues de ce roman qui pourraient bien devenir cultes. Giuseppe Culicchia a une plume irrévérencieuse en diable, véritablement trempée dans l’acide. Des dents vont grincer ! Par la voix de son narrateur Attilio, le jeune auteur italien fait le portrait d’une jeunesse qui doute, s’interroge, découvre, s’inquiète, expérimente, rêve…et redoute de devenir un jour comme ces adultes qui rentrent du travail, éteints.
Les trois garçons ont le verbe cru, et haut en couleur, la provocation facile et des coeurs gros comme ça. Paillards -ils ne pensent qu’à « ça » – et timides, avides de jouir de la vie mais troublés par les violences que subit le pays, ils sont l’âme du pays des merveilles, celui où l’on n’est pas encore adulte, où on peut encore rêver que tout peut arriver.
Lisez le Pays des merveilles, on en sort enchantés, émus, une larme au coin de l’oeil et le doux souvenir d’avoir tant ri.
4 commentaires
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Divan le terrible
17 août 2009 à 18:02 (UTC 2) Lier vers ce commentaire
A quoi peut-on s’attendre en lisant la première phrase du livre : « j’ai mal à l’utérus », et en découvrant qu’elle est prononcée par un garçon ? A beaucoup de choses, mais certainement pas à ce petit bijou de la littérature , hilarant du début à la fin, sans pour autant tomber dans le grotesque. Amateurs de rire, de foot, de punk, de carbonara ou tout simplement de bon livre : n’hésitez pas ; ce livre est pour vous.
Damien
28 septembre 2009 à 22:22 (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Mon roman culte ! Je le fais lire à tout le monde ! GENIAL !!!!
Antoine
28 janvier 2010 à 12:27 (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Ah… Enfin une critique pour ce petit bijoux. Parce qu’en effet, ce livre est génial. Je l’ai lu par hasard, et je dois remercier cette rencontre sur ma route. J’ai rigolé comme pas deux, j’ai été secoué de l’intérieur, j’ai eu comme une soudaine envie de vivre… Vive Culicchia…
J’ai aussi écrit une critique. Go and see.
Lea G.
19 avril 2010 à 18:11 (UTC 2) Lier vers ce commentaire
Un livre libérateur, pour sur. Les dialogues ont effectivement du potentiel pour devenir cultes, mais le must c’est quand meme le personnage de Franz Zazzi, nazillon indécrottable et designer punk autodidacte.
Par rapport au titre… « Le pays des Merveilles », c’est celui d’Attila qu’Alice quitte pour grandir, vieillir, et … .
Celui de l’illusion d’innocence et d’invincibilité.