Comment croire aux propos de Louise alors qu’elle n’y comprend rien elle-même ? Comment une jeune fille, brillante élève de terminale, plutôt sage, gaie et sans histoires, au visage d’ange et à l’allure légère, a t-elle pu donner naissance à un petit garçon de 3,3 kg, en parfaite santé, sans jamais s’être rendue compte qu’elle était enceinte ? Comment Louise, qui, de son propre aveu n’a jamais eu de relations sexuelles, se retrouve t-elle un matin à accoucher seule dans les toilettes du lycée ?
Ce qui arrive à Louise a un nom : le déni de grossesse. Une grossesse invisible pour l’entourage, inconsciente pour la mère qui n’en n’éprouve aucun des symptômes habituels pas plus qu’elle ne prend de poids. Et pourtant, l’enfant est là, comme une réalité intangible. Un choc aussi.
Comment aimer un enfant que l’on n’a pas eu le temps de désirer ? Comment trouver en soi la force d’accepter ce qui paraît impossible ? Aidée par le personnel soignant et les éducateurs qui l’entourent dans le centre d’accueil maternel où elle est hébergée avec son fils , coupée de ses parents désorientés, Louise va devoir affronter des choix essentiels et prendre une décision quant au devenir de son enfant. Mais comment décider sans comprendre même comment cet enfant a été conçu ? Louise se trouve face à un embranchement : quelle route choisir ? Comment être certaine de faire pour le mieux ?
Dans un roman aux voix multiples qui peu à peu amènent vers la lumière et l’apaisement, Isabelle Pandazopoulos évoque avec sensibilité et finesse cette relation à l’enfant non désiré avec tout ce que cela suppose de bouleversements pour la jeune mère comme pour son entourage. Loin de tout pathos et de tout cliché, Isabelle Pandazopoulos brosse le portrait d’une jeune fille somme toute assez banale dont l’insouciance se trouve balayée par le poids de cette responsabilité d’autant plus lourde qu’inattendue.