«

»

avr 23

Espions et cheveux longs

Ah ! Les années 70 ! Le temps des cheveux longs, des robes à fleurs, et d’une jeunesse qui s’agite en musique, ivre de liberté…Mais qu’en est-il à Berlin-est, à quelques heures de Paris, derrière le Mur ?

Berlin-Est. 1972. Alex Ostermann, élève modèle et sans histoires joue comme la plupart de ses camarades avec les limites imposées, essaie d’avoir les cheveux les plus longs possibles (sans pour autant déroger à la règle), écoute en secret des disques venus de l’Ouest et s’autorise parfois à rêver d’un monde plus coloré, moins standardisé, d’un monde libre… Mais comment confier ce genre de pensées, jugées subversives et hors-la-loi dans un pays où votre meilleur ami travaille peut-être pour la redoutable Stasi, le service d’espionnage en garde de la sûreté de l’Etat ? Dans ce climat de suspicion permanente, comment se sentir un tant soit peu libre d’agir à sa guise, de rêver et d’être différent dans une ville grise où tout est standardisé et où il est mal vu de tenter de mettre en avant sa singularité, ne serait-ce qu’en cousant des boutons différents sur ses vêtements ?

Alex trouve en Sophie dont il tombe amoureux une oreille complice : tous les deux partagent ce rêve de l’évasion vers l’Ouest et tous les deux en connaissent le prix. En cas d’échec, c’est la mort ou au mieux, la prison et la rééducation pour de longues années…

Sektion 20 est une passionnante immersion dans la vie quotidienne d’une famille de la RDA prise au piège de la Stasi dans un chantage dont on ne peut deviner l’issue. Avec une abondance de détails qui permettent au lecteur de mieux s’imaginer la vie quotidienne derrière le rideau de fer et de comprendre les mécanismes d’embrigadement, Paul Dowswell réussit à mêler la grande Histoire (les jeux de Munich, la Fraction Armée Rouge, les services secrets, la guerre froide) au destin de ses personnages de fiction. Fascinant jeu de chat et de souris qui garde le suspense jusqu’à ses dernières pages, Sektion 20 tient tout autant du roman d’espionnage que du roman historique et porte sur le régime autoritaire de l’Allemagne de l’Est un regard très subtil, loin de toute caricature et pose la question, tout comme dans Etranger à Berlin, du libre-arbitre face à la dictature.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*


* 4 = twelve

Vous pouvez utiliser les balises HTML suivantes : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>