fév 17

Les retrouver

Cass, 16 ans, est une jeune fille studieuse et se destine à un avenir brillant. Elle semble s’être totalement adaptée à sa nouvelle famille et on la comprend aisément : des kerenparents aimants, un petit frère à choyer, une grande et jolie maison anglaise, de bonnes notes qui lui assureront peut-être une place prestigieuse à Oxford… Car avant de devenir une Montgomery, Cass était une Jones et malgré ses souvenirs flous et incertains, elle a conscience que la chance lui a souri.

Mais voilà que la forteresse qui la protège menace de voler en éclat : son père, député influant, se retrouve au coeur d’un scandale et pas des moindres. Sa liaison avec sa secrétaire de 23 ans est révélée au grand jour lorsque tout le monde apprend que cette dernière est enceinte et qu’il souhaite désormais partager sa vie avec elle. L’univers si bien ficelé de Cass s’effondre et elle oscille entre une rancoeur tenace contre son père et la nécessité de garder ses projets d’avenir en tête tout en se devant d’être un pilier pour sa mère qu’elle voit sombrer peu à peu.

Une épreuve n’arrivant jamais seule, voilà que cet étrange garçon, Will Hugues, beau gosse populaire et excentrique, se met à lui tourner autour, mais elle n’est pas dupe : aucune envie d’être un énième trophée sur son tableau de chasse. Il a l’air, de surcroît, assez sûr de ses charmes, ce qui a le don de l’agacer au plus haut point.

Pour couronner cette période éprouvante, Aidan resurgit précipitamment dans sa vie en la contactant via Facebook. Un message concis, troublant, entouré de mystère: « Cass, je crois que je suis peut-être ton frère« … Est-ce que c’est une blague? Un mauvais plaisantin qui cherche à la piéger? Cass en a plus qu’assez qu’on se mêle de sa vie privée sous prétexte que son père fait la une des tabloïds . Le doute s’immisce en elle et son coeur palpite; se peut-il qu’elle soit réellement en train de recevoir un message de son frère biologique qu’elle n’a pas vu depuis ses 2 ans?

Ce roman, bouleversant de force et de vie, est l’histoire d’un frère ballotté de foyers en foyers, qui s’est construit seul et qui n’a tout simplement pas eu la chance d’être adopté à son tour par une famille aimante. Un frère qui n’a eu de cesse de penser à sa petite soeur qu’il savait protégée et en sécurité mais désespérément loin de lui, sans adresse. Aidan a appris seul à évoluer en adulte responsable, pour Holly d’abord, sa petite amie, et puis pour son fils à elle, Finn, qu’il considère comme le sien. Il a maintenant un travail stable et ils vivent dans ce charmant petit appartement, même si ses vieux démons ont tendance à refaire surface. Surtout, ne pas les décevoir…

Un roman à deux voix, si troublant de justesse que l’on se surprend à considérer Aidan et Cass comme des amis, des membres de notre propre famille…Un roman que l’on referme (on peut bien vous l’avouer) les larmes aux yeux car on a le cœur lourd à l’idée que l’on restera sans nouvelles d’eux désormais.

Toutefois, ce qui subsiste à la fin de cette lecture est infiniment plus grand qu’un sentiment de frustration. Ce message même qui est tatoué sur la nuque d’Aidan que l’on voit en couverture « HOPE ».

Car il s’agit d’un livre qui parle d’amour, d’adoption, d’amitié, de secrets de famille, de courage, dans lequel vont s’entrechoquer deux classes sociales, mais c’est avant tout un magnifique roman d’espoir.

Te retrouver est paru aux éditions Hugo Roman dans la collection New Way (Young Adults). Son auteure, Keren David vit à Londres avec sa famille…et ses cochons d’Inde! Elle a commencé sa carrière dans le journalisme à 18 ans et a vécu entre autres à Glasgow et Amsterdam. Te retrouver est son premier roman (et nous espérons qu’il y en aura d’autres!).

fév 10

Curry, jelly et brin de folie

londonEntre Lucie et sa prof d’anglais, le moins que l’on puisse dire, c’est que les relations sont plutôt unfriendly. Aussi la pauvre Lucie se retrouve t-elle exclue d’office d’un voyage scolaire to London. Qu’à cela ne tienne, ne serait-ce que pour embêter sa prof et la voir rager, la jeune lycéenne mobilise ses neurones pour trouver une solution qui l’amènera au pays des scones et du tea time sans casser sa tirelire dont le contenu avoisine le zéro que ce soit en livres ou en euros. Eureka ! La solution s’appelle Abu ! Lucie ne sait pas grand chose de ce camarade si ce n’est qu’il est indien et qu’il fait fréquemment des voyages  à Londres pour y retrouver lors des vacances ses tantes, oncles  ou cousins. Devant un plat de poulet tandoori, le deal se met en place : Lucie paiera son billet d’Eurostar et sera accueillie par tonton Vinesham à Londres à condition de faire « Makjidham » et Abu la prévient, son oncle est influent, très important et ne supporte pas que l’on se moque de lui…

Un seul problème se pose désormais : comment prendre l’Eurostar sans billet (because Lucy’s moneybox is empty, remember ?). « Impossible n’est pas français »  (comme disait l’ennemi juré de la perfide Albion, notre bien-aimé Napoléon)* et Lucie va se retrouver dans la place, babysitter un peu malgré elle au coeur d’une famille so british mais un rien déjantée… Mais don’t panic, Lucie assure dans (presque) toutes les situations !

Et que se passe t-il après ? Et bien pour le savoir, il vous reste à tourner les pages de London panic,  roman virevoltant à souhait, où le tempo donné par Marie Vermande-Lherm ne laisse aucun répit ! Une comédie fraîche, pleine de peps, de celles qui donnent la pêche et vous font oublier le fog et le blues !

*french humour

jan 24

La fille qui venait du futur

Attention, remède anti-morosité97827485206510-3131554-205x300 en vue ! Si vous avez envie d’un roman au rythme endiablé, où l’humour le dispute à l’intelligence du propos, sachez que nous l’avons trouvé !

2019. Andrea, 16 ans mène une existence tranquille entre son père et ses deux frères et prépare avec son meilleur ami un long voyage à travers l’Europe pour les vacances d’été. Partira, partira pas ? Les négociations père-fille vont bon train et l’affaire est loin d’être gagnée pour Andrea. Alors qu’elle cherche le moyen de persuader son père va lui tomber dessus un de ces imprévus qui changent un destin : Pénélope.

Qui est cette fille plantée là, aux abords du lycée, sans bouger, sans manger, sans boire, qui semble en état de panique et demande son aide à Andrea avant de se raviser et de refuser de bouger comme de s’expliquer sur sa situation pour le moins curieuse? Bizarrement accoutrée, le visage ravagé par l’acné, le cheveu gras, elle paraît si perdue… Et pour cause ! Pénélope avoue venir du futur, de 2171 très exactement. Mensonge ou réalité ? Une chose est sûre, pour Andrea, les ennuis ne font que commencer et les révélations de Pénélope n’ont pas fini de la surprendre !

Voilà le genre de roman sur lequel on aurait envie de tout dire, de donner envie en racontant les mille et une trouvailles qui font le charme de cette histoire pétillante et malicieuse. On vous dira juste que loin d’être le laideron que l’on croyait, Pénélope s’avère être une fille à la beauté stupéfiante (comme, dit-elle, le sont toutes les femmes de son temps) doublée d’une enquiquineuse de première catégorie, et que son rapport à la gent masculine est comment dire… plutôt singulier.

Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous est non seulement un roman addictif dont les pages se tournent avec bonheur mais aussi et surtout un roman qui parle de féminisme (et oui !) avec beaucoup de pertinence et d’humour. Mais l’humour n’est pas la seule tonalité du roman puisque les révélations vont aussi bon train et que la tension dramatique est maintenue jusqu’au point final. Reste à savoir  ce que nous réserve Nathalie Stragier pour le prochain opus à paraître en juin 2016 et inutile de dire que nous sommes déjà impatientes de la lire !

déc 22

Une gourmandise !

le-chateau-de-cassandraPrenez un père écrivain qui se refuse à écrire, une belle-mère aussi ravissante que fantasque, une sœur aînée qui désespère de pouvoir un jour trouver un prince même peu charmant qui veuille bien d’elle, un jeune frère espiègle. Faites-les vivre très chichement dans un magnifique manoir aux charmes plus que désuets  : vous avez là le portrait complet de la famille de Cassandra, 17 ans. Loin de se complaire dans la morosité ambiante, la jeune fille passe l’essentiel de son temps dans la rédaction de cahiers, racontant par le menu sa vie, ses rêves, ses interrogations,  se livrant ainsi sans fin à sa seule passion : l’écriture. Si elle rêve comme sa sœur d’une vie meilleure, sa principale question reste de savoir si elle préfère Charlotte Brontë ou Jane Austen ! La vie des deux sœurs va prendre soudainement un tout autre tournant -romanesque en diable – avec l’arrivée de deux jeunes et charmants américains dans le voisinage.

Ce roman de Dodie Smith, paru en 1947 en Angleterre reste outre Manche un véritable classique et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas pris une ride. Frais, enlevé, touchant, drôle, Le château de Cassandra se lit comme un journal intime puisque le texte est composé des différents cahiers écrits par Cassandra, tout en ayant le souffle d’un roman d’aventures avec force péripéties et rebondissements.

A recommander notamment aux fans de littérature anglaise victorienne et aux amoureux de Jane Austen et de Charlotte Brontë en particulier qui verront dans ce roman des allusions nombreuses à leurs romancières favorites.

Née en 1896  dans le Lancashire, Dodie Smith a étudié l’art dramatique à la Royal Academy of dramatic Art. Emigrée aux Etats-Unis avec son mari lors de la seconde guerre mondiale, elle y écrira de nombreux scénarii pour Hollywood. Si c’est Le château de Cassandra qui la rendra célèbre, c’est son autre passion pour les chiens blancs à pois noirs qui fera d’elle une star via l’adaptation que Walt Dismey fera de son roman, …Les 101 dalmatiens ! Dodie Smith s’est éteinte à l’âge de 94 ans.*

*Sources : Gallimard jeunesse

déc 12

Entre quatre murs

CouvPageLaVie-copieDeux ados enfermés entre quatre murs : elle c’est Flora, en centre de détention pour mineures pour s’être acharnée sur une camarade désormais dans le coma à l’hôpital et lui c’est Max, lycéen comme elle mais qui, en proie à des épisodes de panique qui le paralysent, ne sort plus de chez lui. Lorsque Flora reçoit la première lettre de Max , c’est une petite fenêtre qui s’ouvre dans sa vie et au fil de la correspondance tissée entre ces deux êtres blessés et fragiles, une belle histoire d’amitié qui commence et même une vraie leçon de vie qui se dessine…

Ecrit à quatre mains par Coline Pierré et Martin Page, La folle rencontre de Flora et Max est un roman épistolaire au charme fou où  tendresse, écoute, bienveillance et humour deviennent les maîtres mots qui permettent d’accepter l’autre dans sa différence et de mieux le comprendre. Ce sont des lettres pleines de fantaisie qui s’échangent entre ces deux vilains petits canards que la société a eu vite fait de mettre dans des cases qui sont devenues des cages. Flora est en réalité plus victime que coupable puisqu’elle a répondu (par la violence, certes) au harcèlement d’une camarade de classe et Max est un personnage que l’on retrouve dans nombre des romans de Martin Page, névrosé un peu lunaire, d’une grande douceur, en proie à l’empathie mais trop fragile pour un quotidien qui confond bienveillance avec faiblesse, gentillesse avec naïveté.

Voilà des mots qui font du bien, qui prônent l’air de rien le droit à la différence, à la fantaisie débridée. Lire La folle rencontre de Flora et Max c’est comme manger du miel quand on a mal à la gorge, s’envelopper dans une grosse écharpe par temps de brouillard ou trouver la lumière alors que la nuit s’installe. Bref, lisez-le, ce livre fait vraiment du bien !

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