déc 02

Tabby et Eppo

9782330053789Avant même qu’il ait eu  temps de sortir son bout de carton marqué « Paris » , une voiture s’arrête devant Eppo. La chance, le destin, le hasard. Et le voilà embarqué aux côtés de Tabby, pipelette aussi intarissable que le jeune homme est silencieux mais si le silence est une évidence pour qui porte de lourds secrets et de grandes douleurs, être trop volubile peut servir tout autant à se dissimuler. Au fil de la route tracée ensemble, les questions de Tabby se font pressantes, indiscrètes tandis que les souvenirs d’Eppo, comme un flux intérieur, viennent délicatement faire affleurer les raisons de son départ. Peu à peu, les masques tombent et chacun se révèle peu à peu…

Ce qui séduit dans Le monde est derrière toi  est d’emblée l’écriture : le sens du rythme, de la composition, des dialogues. Tabby et Eppo prennent instantanément vie, dès le prologue où se perçoivent d’emblée la fantaisie de l’une et la retenue de l’autre. Marian de Smet alterne le récit de leur voyage avec les flashback qui occupent les pensées d’Eppo et très vite se dessine l’importance à ses yeux de Marteen, un ado de son âge dont ses parents ont souhaité s’occuper pour le sortir de la délinquance. Marteen, le presque frère, l’ami, le complice, le modèle… Tabby, quant à elle, cache derrière sa fantaisie la crainte d’avoir fait de mauvais choix et s’interroge sur son avenir…

Je ne vous dirais rien des secrets que cachent ces deux personnages mais sachez que la note finale est celle de l’espoir, de celles qui permettent aux lecteurs de se sentir réconfortés et émus au même titre que les personnages qui auront vécus avec eux le temps d’une lecture et peut-être même pour plus longtemps encore. Si vous êtes de ceux qui pensent que les personnages les plus beaux nous tendent leurs mains invisibles pour nous accompagner au quotidien, soyez sûrs que Marteen, Eppo et Tabby vont faire la route avec vous !

nov 25

Montagnes russes

Couv-Dysfonctionnelle-620x987Besoin de réconfort, d’une immersion dans un univers où la chaleur humaine le dispute à la tendresse sans l’ombre d’un commencement de mignonnerie sucrée mais sonne juste et vraie ? Voilà donc un roman qui pourrait bien être la prescription idéale et le remède à votre morosité !

Tout lecteur familier de l’oeuvre d’Axl Cendres aura repéré chez elle un goût prononcé pour ceux qui ne marchent pas dans les clous . Que ce soit un personnage à l’intelligence hors norme (Aimez-moi maintenant et Echecs et but), en proie à une douce folie (Mes idées folles) ou encore un autre dénué d’émotions (la drôle de vie de Bibow Bradley)  , les points communs se précisent d’un roman à l’autre : la jeune romancière aiment ceux que la société juge (mal) et rejette faute de les connaître et donc de les comprendre.

Avec ce nouveau roman Axl Cendres continue de broder le motif pour notre plus grand plaisir et c’est avec une galerie de portraits pétillants qu’elle crée le petit monde de cette famille Dysfonctionnelle : un papa toujours au mauvais endroit au mauvais moment et donc souvent en prison, une maman souvent à l’asile, terrorisée par la crainte de voir les nazis revenir et s’en prendre à ses sept enfants aux prénoms pour le moins originaux… Racontées par Fidèle (dite Fifi, dite Bouboule à cause d’une addiction au Nutella dans sa petite enfance), les tribulations de cette famille pas comme les autres font passer le lecteur par toutes les émotions  : dans ce bar Du bout du monde tenu par le père de Fifi, ça palpite, ça vibre, ça vous prend à la gorge et vous noue et un rire vous libère, bref, ça vit et vous embarque avec une facilité déconcertante !

Quand la fille de « folle et de taulard » au look de rockeuse se retrouve, grâce à son intelligence précoce et une extraordinaire mémoire photographique, dans un des lycées les plus prestigieux de Paris, le décor change du tout au tout mais pour Fidèle, c’est surtout toute sa vie qui bascule car c’est là, au milieu des Appoline, des Augustins et des Eléonore qu’elle découvre l’Amour, oui, avec un grand A, celui qui vous sauve une vie autant qu’il peut vous la mettre en lambeaux…

Si Dysfonctionnelle est un tel bonheur de lecture c’est qu’Axl Cendres en maîtrise toute la complexe architecture ; toute invisible qu’elle soit, la construction de son récit ressemble à un château de cartes au parfait équilibre où chaque personnage à son rôle, où chaque émotion à sa place, où flash back et souvenirs s’enchevêtrent avec fluidité pour décrire la vie comme elle va, entre fantaisie débridée et moments tragiques. C’est une leçon de littérature autant qu’une leçon de vie mais jamais une leçon de morale, juste un beau et fort roman qui permet de croire que l’on peut vivre ensemble tout en étant différents. Accrochez-vous bien, vous allez être tout chamboulé ! Un roman coup de coeur et je dirais même coup AU cœur (!) et encore un roman de la collection Exprim’ que je verrais bien sur grand écran !

nov 10

Un loser au ciné !

9782264067890,0-2866936 (1)Voilà que je vous envie ! Oui, vous, futurs lecteurs du livre le plus drôle du moment ! Je n’irai pas par quatre chemins pour vous dire le fond de ma pensée : Le journal d’un loser va mettre vos zygomatiques à rude épreuve et je vous conseille ardemment quelques assouplissements avant lecture…

Premier roman du très prometteur Jesse Andrews, ce roman pour Young adults comme on le dit si bien en français ravira tous ceux qui, pour rien au monde, ne voudrait revivre la période dite heureuse de leur adolescence et de leurs années lycée. Pour Greg, 17 ans, le calvaire touche à sa fin et il n’est pas peu fier d’avoir réussi à devenir quasiment transparent en évitant soigneusement d’intégrer quelque groupe que ce soit : ni dans les intellos, ni dans les sportifs, ni dans les gothiques … Il n’est nulle part. Ses relations avec les filles seraient toutes dignes de figurer dans le Guiness book s’il y avait une rubrique « les plus beaux râteaux pris avec une personne de sexe opposé » et seul son meilleur ami, Earl, lui rappelle qu’il a une vie sociale. Les deux copains passent leur temps libre à s’essayer au métier de réalisateur de cinéma (tout en assumant aussi tous les autres métiers nécessaires à l’élaboration d’un film) et nourrissent depuis l’enfance une vraie (et étrange ) passion pour Werner Hertzog.
Alors que les deux plus grands losers de l’univers se la coulent douce en attendant la fin des cours et que sonne le glas qui marquera pour eux enfin l’heure où ils seront libérés du lycée à jamais, la mère de Greg lui confie une drôle de mission : remonter le moral de Rachel, une fille du lycée, atteinte d’une leucémie… Parler à une fille est déjà un défi alors parler à une fille malade qui va peut-être mourir et qui en a peut-être conscience et qui, en plus, n’est même pas jolie ! Non mais…
Vous avez dit morbide ? Vous avez tout faux ! Ce roman est juste d’un bout à l’autre parce qu’il y a là un vrai talent pour l’immersion dans le comique de situation, une vision (autobiographique ?) du mal être de l’adolescent mâle dans toute sa splendeur, une grande pudeur cachée sous les blagues potaches parfois à la limite du bon goût mais qui sonnent comme autant de futures répliques cultes*, une tendresse réelle pour les personnages qui apprennent à faire avec leurs maladresses.
Jesse Andrews est un nom que vous devez retenir : il est jeune, américain et semble se prendre pour un corgi (pour ceux qui ne sont pas amis des bêtes, le corgi est un chien) qui écrit des histoires !

Au cinéma dès le 18 novembre sous le titre « This is not a love story », Grand Prix du festival de Sundance et Prix du public.

* »Ma cervelle et mes tripes d’écureuil étaient étalées sur l’humus de la jungle comme des bouts de pizza et de frites.

nov 04

Loin

106401035_o« Un, deux, trois, partez ! » C’est comme cela que tout a commencé. Comme un jeu. Un défi. A moins que ce ne soit une pulsion de vie. Deux ados de 14 ans en position accroupie comme sur la cendrée d’un stade et les voilà qui se mettent à courir comme des fous, lancés à perdre haleine. La question de savoir qui court le plus vite se pose à peine qu’elle est oubliée et le rythme ralentit. Ce sera une longue course, une course de fond, une course d’obstacles aussi. Ce sont bientôt deux corps en mouvement, deux souffles qui s’épient et des pensées qui vont et viennent tantôt au premier plan de la conscience du jeune narrateur, tantôt enfouies dans sa mémoire et son inconscient par l’effort physique demandé. Très vite, au bout de quelques heures, les deux coureurs étonnés de leur capacité à résister à la fatigue et à la douleur sont certains de leur choix : ils vont aller aussi loin que possible,  ensemble,  de leur quotidien tissé de craintes et d’inquiétudes, animés par une formidable et joyeuse envie de liberté.

Dans les romans d’Eric Pessan, les ados ont un besoin d’air  viscéral qui se manifeste par la nécessité de s’éloigner de l’enfermement  du quotidien : monter sur le toit d’un immeuble dans Plus haut que les oiseaux, chercher à se rapprocher des étoiles dans Et les lumières dansaient dans le ciel et franchir les limites de la ville, courir sans but apparent dans Aussi loin que possible.

Si l’amitié et la complicité qui unit les deux personnages est au cœur de son nouveau roman, Eric Pessan propose aussi la peinture d’une société en voie de déshumanisation. Sans effet mélodramatique mais par des descriptions minutieuses des différents types de paysages traversés – urbains, péri-urbains, villages et paysages de campagne – , nous est décrit une société volontiers indifférente, frileuse, en proie à un consumérisme galopant dont les deux coureurs constatent les effets sur leur trajet. Loin des tendances éditoriales du moment, l’auteur de Muette  nous offre un livre dans lequel sans doute beaucoup d’ados pourront se reconnaître tant les pensées intérieures du narrateur sonnent juste. Et lorsque je vous aurai dit que l’écriture est somptueuse, d’une grande élégance et sert à merveille la construction du roman qui permet de découvrir à petits pas quels sont les motifs qui poussent nos deux héros sur les routes, vous ne serez pas surpris que ce roman soit sélectionné pour la Pépite du meilleur roman européen de l’année au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil !

oct 31

Que le meilleur gagne !

1507-19782364747791guéraudproduct_9782070666751_195x320ob_6eb88e_ghost-city97822111083170-2703681-202x300

Qui sera la Pépite 2016 ? Décerné tous les ans au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, le prix du meilleur roman européen de l’année est des plus convoité ! Réponse le 24 novembre ! En attendant, cliquez sur les couvertures pour en savoir plus et venez nous voir si vous voulez connaître nos favoris !

Articles plus anciens «

» Articles plus récents