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nov 28

Ce vieux Twain

Mark TwainA l’occasion de la rédaction d’un coup de coeur sur les deux superbes rééditions des chefs d’oeuvre de Mark Twain ( & Les Aventures de Tom Sawyer et Aventures de Huckleberry Finn chez Tristram), nous nous sommes, par devoir et par plaisir, mis en quête de quelques Twain que nous aurions oubliés. Et comme l’un de nous, parti chiner sur les Place des Quinconces, revint avec un antique recueil de nouvelles du grand homme, nous ajoutâmes, par acquit de conscience, ce Un pari de milliardaires trouvé sans doute au fin fond d’une malle et vendu à l’encan par un broc sans façon. Electre – notre base de données bibliographiques éditée par le Cercle de la Librairie –  réservant toujours des surprises à ceux qui prennent le temps de l’explorer, voilà ti pas que nous trouvons l’isbn de ce fameux pari d’un milliardaire, ce chiffre mystérieux qui permet aux libraires de commander n’importe quel livre. L’espoir était faible… Surprise aujourd’hui : nous parvient, au milieu des réassorts de nouveautés ou de fonds, un vieux livre d’un jaune passé, portant en quatrième de couverture la mention « MERCURE de FRANCE  paraît le 1° de chaque mois » et daté de MCMXLVII, qui reprend et augmente notre butin de la brocante, au prix défiant toute concurrence de 6,86 €… Ainsi, nous voilà en mesure d’offrir à ceux qui savent à quel point en plus d’être un très grand romancier Mark Twain était un fameux nouvelliste, cocasse et ironique, maniant l’art de la parodie comme personne, un délicieux recueil de nouvelles : la première, qui donne son titre au volume, nous narre les aventures d’un malchanceux qui, parti de son Amérique natale en voilier, fait naufrage, se fait recueillir par un navire puis débarquer dans un port anglais sans le sous ni espoir de revenir. Quelques jours de misère à souffrir de la faim et, coup du sort, un duo de milliardaires, amateurs de paris (une spécialité britannique, apprend-on), lui propose une enveloppe contenant un billet véritable de plusieurs millions de livres, chaque parieur se persuadant pur l’un que sa fortune est faîte pour l’autre que c’est le début des ennuis. Va s’ensuivre une amusante aventure d’un jeune homme plein de grandes espérances et riche d’un papier impressionnant que personne ne veut. La tonalité des nouvelles qui suivent est la même, occasion en or de se faire une idée de cet humour fin que Twain manipula en orfèvre. Notre moisson nous a d’ailleurs permis de nous rappeler que le Mercure avait il y a vingt ans édité l’intégralité des Contes humoristiques, et ce gros recueil est disponible, lui aussi, à un prix pour non-milliardaires. La morale de cette petite tranche de vie de libraire est donc celle-ci :il est inutile d’aller en chine pour relire Mark Twain…

PS : on prévoira un coupe-papier pour découvrir ce Pari car le livre se présente comme un bouquin d’alors : non massicoté.

Mark Twain

3 commentaires

  1. Titus Curiosus

    Bravo ! Un bel exemple de démarche _ effective _ de curiosité !

    Combien de grands livres dorment-ils, ainsi, dans des stocks d’éditeurs (ou de libraires), ayant échappé, on ne sait trop comment, au pilon des logiques de « rentabilité » (du stockage) ?

    Merci, aussi, Martine, de nous en faire part (et ainsi _ généreusement _ le partager, à grande échelle (des lecteurs de livres d’une librairie) ; à rebours des logiques de thésaurisation…

    Enfin, un ami américain (de l’Oregon) considère Mark Twain comme le modèle même des romanciers américains…

    Titus Curiosus

  2. emule

    trop interessant ce type!

  3. Pierre Fraser

    Effectivement, Mark Twain fait définitivement partie des maîtres du roman américain, sinon le maître.

    Comme vous le dites si bien, une «occasion en or de se faire une idée de cet humour fin que Twain manipula en orfèvre».

    S’il y avait plus de romanciers au ton mordant comme Twain, peut-être que la littérature moderne y gagnerait grandement.

    Pierre Fraser, Québec
    Fan fini de Twain.

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