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mai 22

Attentat d’Amélie Nothomb, par Soizic Billet

J’ai choisi ce livre par hasard, au détour d’un rayon en librairie… Dès les premières pages,
Amélie a su capter mon attention, j’ai été comme aspirée par le livre, dépoussiérant ma curiosité
dans le coma… Elle y arbore un personnage principal d’une laideur aveuglante, Epiphane, 29ans
amoureux d’une beauté décrite comme symbolique à la limite d’une sainte, Esther.
Epiphane a eu le temps pour réfléchir et accepter sa condition. Finalement d’en rire et même d’en
jouir, d’un certain plaisir, malsain certes. Quand il se décrit, les métaphores sont plus vomitives les
unes que les autres… « Mon visage… est concave avec d’absurdes boursoufflures qui, dans le
meilleur des cas correspondent à des zones où l’on attend un nez ou une arcade sourcilière, mais qui,
le plus souvent, ne correspondent à aucun relief facial connu. »
Quant à elle, La belle, est actrice dans un film expérimental. Epiphane répond à la demande de
casting « recherche homme hideux ». Au détour d’une discussion, ils se trouvent beaucoup de
points communs notamment leur indignation pour le monde qui les entoure. Son amour pour elle ne
cesse de croître, et en tant que lecteurs nous croyons presque à la possibilité d’une happy-end, un
« belle et la bête contemporain ». Mais elle rencontre un bellâtre, ce qui contrarie les plans
d’Epiphane… Désespéré d’entendre la belle lui raconter ces histoires de cœur , il n’a même plus le
courage de critiquer ce goujat qui ne traite pas sa bien-aimée, comme lui le ferait.
Dans le dernier acte Esther nous livre un magnifique ou affreux monologue faisant surgir non pas sa
beauté mais son incroyable intelligence dotée d’une capacité à observer et à analyser tout à fait
surprenante. En effet, quand Epiphane lui avoue son amour, elle reste de marbre. Refusant de le
revoir, Epiphane ne comprend pas cette réaction, il pensait soit à une colère dévastatrice, soit à une
moquerie ou dans les meilleurs des cas et là on peut parler d’utopie, à une déclaration commune
d’amour et de tendresse. Mais aucun de ces 3 cas, seulement un long et pesant silence. Alors il
décide d’aller la voir, elle lui exprime tout son dégoût pour cet amour avoué, lui jetant à la figure
des mots d’une blessante vérité : « Comment as-tu pu croire qu’une fille comme moi pouvait
t’aimer toi ! Vous croyez vous personnes moches que vous êtes les plus indignés au monde, mais
non ce sont les beaux qui doivent supporter votre reflet… Comment peux-tu me demander à moi ce
que toi tu serais incapable de faire ? Oui toi, si j’avais été moche m’aurais tu seulement adresser la
parole ? Pourquoi alors nous, nous devons faire l’effort […]Quel égoïsme ! Alors non je ne t’aime
pas Epiphane […] Je suis désolée. » Lui demandant une dernière fois de l’enlacer pour se quitter,
Epiphane lui transperce l’estomac avec un couteau, préférant finir sa vie en prison plutôt que la
sachant en vie aimée par des personnes qui selon lui ne la méritent pas.
Un sujet délicat qui peut choquer par sa liberté d’expression, Amélie est franche et ne fait pas de
détours. Un récit dont la fin fut inattendue, avec un sujet tabou ficelé autour d’une histoire d’amour
complexe, entre fascination et folie.

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