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avr 18

Charlotte, de David Foenkinos

David Foenkinos nous invite sur son petit nuage de délicatesse. Habituée à un univers empreint de légèreté, d’humour et d’extravagance, Charlotte apporte une douceur et une pureté à l’écriture de Foenkinos. Ce personnage, comme de nombreux autres chez l’auteur, reste naïf, mais d’une naïveté tendre et attachante. Charlotte a cette façon bien à elle de voir le monde, cette vision des artistes, nébuleuse et juste.
On image sans mal la plume d’un auteur possédé par son personnage glisser sur le papier. Voilà la réelle question : qui est l’auteur, qui est le personnage ? En effet, si, pour la première fois, l’auteur utilise la troisième personne, il se cache dans l’ombre de Charlotte, on les découvre tous deux alors que lui-même se découvre à travers son personnage.
Un personnage seulement cette Charlotte ? Non, une femme, une artiste, un visage, une pensée… Charlotte est là, si proche de nous et pourtant, la versification du texte installe une distance. Charlotte a existé mais n’est plus. Charlotte est réelle mais l’auteur ne la connaissait pas, ne l’a jamais rencontrée. Comment pourrait-il alors avoir la prétention de la décrire dans sa réalité, dans sa vérité ? Foenkinos nous rappelle finalement que l’importance n’est pas de savoir qui sont ces victimes de la folie des Hommes, mais pourquoi nous ne les connaissons pas. Avant d’être des Juifs et des numéros, des victimes, ils étaient des peintres, des artistes, des chefs d’entreprise, des hommes, des femmes qui aimaient, pleuraient, s’émerveillaient, se révoltaient…
Finalement, Foenkinos ne porte aucun jugement, il reste neutre. Comme nous, comme elle, il ne comprend pas. Il nous peint ce personnage, cette femme comme s’il était-elle mais en même temps, il ne cesse de nous rappeler qu’il n’est pas son personnage en intervenant en tant qu’auteur dans la narration. Il ne pourra jamais comprendre, comme nous-même ne le pourrons jamais. Et si la fin du roman est marquée par la disparition de la jeune fille, à laquelle on s’attendait depuis le début, cet au-revoir est douloureux. Un regret pince notre cœur, le regret de perdre Charlotte qui était devenue cette amie littéraire au fil des pages.

Elise Attinault

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