Autant le dire tout de suite « Vol 714 pour Sydney » est loin d’avoir la verve des aventures précédentes, la qualité de l’histoire n’a pas le génie des deux précédents albums, Tintin au Tibet et les Bijoux de la Castafiore. Pour les critiques c’est au mieux une aventure de plus, au pire l’album de trop. Ce n’est pas mon album préféré mais c’est sans doute celui pour lequel j’ai une certaine tendresse.
C’est d’abord l’album des retrouvailles, on y croise un grand nombre de personnages des albums précédents qui vont se retrouver dans cette nouvelle aventure de notre ami. Les gentils restent gentils mais avec l’humour en plus (Le Professeur Tournesol perd enfin son sérieux en voulant faire une démonstration de savate française) ; les méchants sont ridiculisés, du statut de gangster (Rastapopoulos dans Coke en Stock) ils passent au statut de pieds nickelés, pitoyables et grotesques (Rastapopoulos en costume de cow-boy rose et violet)
22ième album de la série et arrivée d’un nouveau et important personnage en la personne du milliardaire Laszlo Carreidas, l’homme qui ne rit jamais, mélange de Marcel Dassault et Howard Hughes. Un personnage extraordinaire dans la série : lui, il n’est ni foncièrement mauvais ni foncièrement gentil (enfin un humain diront les mauvaises langues…). Un « gentil » tricheur (à la bataille navale) et radin aux pensées ambigües : le sérum de vérité qui lui est injecté lui fait révéler tous ses méfaits. Dans les aventures de Tintin c’est du jamais vu !!!!. (le scoutisme et la morale pour les jeunes gentils et sages lecteurs des aventures de Tintin, c’est loin).
Egalement très présent dans l’album, dans plus du tiers des planches : l’avion « LE CARREIDAS 160 » qui a lui tout seul vaut une mention spéciale.
C’est aussi le côté prémonitoire de cette aventure avec un détournement d’avion (l’histoire parait en septembre 1966 dans le journal Tintin) et d’innombrables explosions qui feront la une quelques années plus tard de notre actualité bien réelle.
Même les extra-terrestres interviennent via un personnage énigmatique et étrange, Mik Ezdanitoff, qui sauvera les bons tout en effaçant de leur mémoire l’aventure vécue. Le début et la fin de l’histoire se rejoignent, seul Milou reste le témoin de l’aventure vécue : « Ah,si je pouvais raconter tout ce que j’ai vu ! Mais on me croirait pas »
Vol 714 pour Sydney est également l’objet d’une anecdote particulièrement touchante concernant l’avant-dernière vignette de l’histoire (une vidéo prochaine vous la révélera). Voilà pourquoi, pour moi, « Vol 714 pour Sydney » est l’album qu’il faut relire.
Erick Descudet
(*) 22ème album de la série : Les Aventures de Tintin par HERGE, édité en 1968 par CASTERMAN – 62 pages. Prépublication dans le Journal de Tintin le 27 septembre 1966. Adapté dans la série animée de 1992.
Voir :
– Album Vol 714 pour Sydney – Hergé – Casterman 1968
– Le Monde d’Hergé – Benoit Peeters – Casterman 1983
– Hergé – Pierre Assouline – Plon 1996
– Web – Vol 714 pour Sydney – Wikipédia 2008
Visuel : © Hergé/Moulinsart 2008
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