«

»

mai 16

Traverser la nuit

Traverser la nuit est de ces romans qui vous laisse un peu sonné, contraint de digérer une lecture qui vous a laissé, presque au cœur de la nuit, des images devant les yeux, puissantes, et dans la tête le souvenir de phrases sublimes qui vous ont fait trembler. Les pages se sont tournées presque malgré vous, tenté que vous étiez de vous arrêter davantage pour vous délecter des trouvailles, tenté aussi de percer à jour les secrets de ce si tranquille petit village picard d’Etrenjoie…

Il ne se passe jamais rien à Etrenjoie, rien jusqu’à ce jour où l’on découvre, noyé dans une mare, Jacques Jaron, figure bien connue du patelin. Pour Vilor, jeune flic qui voudrait bien nettoyer tout ce qu’il y a de sale au monde, l’affaire est compliquée : pas plus d’indices que de témoins, des mobiles incertains, des suspects peu convaincants et puis surtout des sentiments trop forts pour la fille de la victime, Blanche, 17 ans, sensuelle et affolante. Depuis ses 12 ans et une métamorphose spectaculaire, l’ingénue met tous les hommes du village au défi de garder leur sang-froid par ses seules apparitions et rappelle, par sa fausse candeur, les plus grandes héroïnes des romans noirs.

Sous les lumières de  Picardie auxquelles Martine Pouchain rend un superbe hommage, dans ce décor d’air et d’eau qui chaque soir rougeoie et tombe dans la nuit, les langues se délient, le doute s’invite à la fête, les révélations   s’emboîtent  sans que le motif du puzzle n’apparaisse encore. Les personnages prennent chair tandis que leurs secrets s’éventent, que leurs failles les éclairent et que le lecteur s’interroge, traquant  l’indice décisif qui le fera entrer dans le secret des Dieux.

Traverser la nuit transpire de chagrins enfouis, de sentiments qui cognent, de solitude et de douleurs jamais apaisées et résonne comme un requiem : une messe pour âmes seules et abîmées, que rien ne pourra réparer.

Après La ballade de Sean Hopper, Martine Pouchain confirme s’il était nécessaire qu’elle excelle à donner la parole aux plus simples, à ces gens ordinaires qui, sous sa plume, font entendre leur voix singulière. Absolument incontournable !

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*


+ 4 = eight

Vous pouvez utiliser les balises HTML suivantes : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>