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déc 05

Bon appétit en poésie !

« Dédaignons la mouillette

Et la côte au persil.

Crépite sur le gril,

ô ma fine andouillette !

Certes, ta peau douillette

Court un grave péril.

Pour toi, ronde fillette,

Je défonce un baril. »

Charles Monselet

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En cette période de fêtes, où les plaisirs de la table sont pour certains au coeur des préoccupations tandis que pour d’autres, il sera plutôt question de savoir comment ne pas engraisser pendant ces repas fastueux, il était presque indispensable de rendre hommage aux poètes de la bonne chère.

Car il existe bel et bien une poésie gastronomique et c’est Kilien Stengel, passionné de gastronomie et enseignant dans les métiers de l’hôtellerie et de la sommellerie, qui a eu la bonne idée de construire cette anthologie drôle, ludique et poétique. Quelle joie en effet de se retrouver autour d’une table et partager un bon repas, ou bien de se promener dans un marché où toutes les odeurs se mêlent.

Dans cette anthologie, on croisera au hasard des victimes du réveillon, l’épicier du coin, le glouton, un ivrogne. On nous expliquera l‘art de diner en ville, la naissance de Pantagruel, le remède contre la peste, le déjeuner au soleil. Enfin, les gourmands pourront déguster de la bisque, un chou gras, du melon, des haricots homicides, un menu saintongeais, des crêpes de blé noir, la cancoillotte et l’inévitable dinde aux marrons.

Après cela, avec le ventre rond comme un ballon, vous prendrez bien un petit digeôt devant un bon feu de cheminée, en compagnie de Ronsard et Boris Vian, de Rostand et Cendrars et de La Fontaine et Verlaine.

 

« Toi seule satisfait mes sens inapaisés

Ta langue est un fondant,tes dents sont des amandes.

Viens, je détaillerai tes voluptés gourmandes.

Apparais-moi, je vais te manger de baisers ! « 

Léon Guillot de Saix

1 commentaire

  1. Dominique JUILLARD

    Une bien jolie recette (poétique et sensuelle !) mais tellement appétissante…de ce plat méridionnal : La ratatouille !!!!!

    « Prenez quelques belles aubergines, brillantes, bien en chair, la peau tendue, couchées dans le lit dune cocotte (en fonte). Dès qu’une douce chaleur les envahit, elles s’alanguissent, s’offrent. Le poivron, aux aguets, approche, constate leur disponibilité, et sans même demander leur approbation, se glisse sur elles. L’aubergine n’est pas raciste, rouges, verts ou jaunes, elle les accepte tous, dès l’instant où ils sont déshabillés, épépinés. Séduit, le poivron fond.

    La courgette, pudique mais excitée elle se tripote le pédoncule depuis un moment – attend les premiers signes de fatigue pour s’introduire auprès d’eux et ranimer les ardeurs. Impatiente elle n’a pas l’air comme ça la courgette – elle enjambe la cocotte et très vite se mélange, une main sur l’aubergine, la bouche sur le poivron. Elle est disponible, elle en veut, elle en a, partout et sauvagement.

    La tomate, grande prêtresse des mélanges, attend le moment propice. Les soupirs de l’aubergine, les gémissements de la courgette, la fougue du poivron la mettent au comble de l’excitation. Elle veut du plaisir. Sans tarder, elle pénètre dans la débauche des parfums déjà mêlés, embrasse, étreint, ranime et se laisse enfin prendre par toutes les turgescences. Les odeurs s’unissent, les jus se mélangent. L’orgie est à son comble.

    L’ail a peur de ne pas en être, il se déshabille rapidement, enlève sa pelure et la gousse gonflée se précipite dans la bacchanale et apporte sa note d’originalité.

    Le laurier qui aime tout le monde et que tout le monde aime, sait se montrer indispensable, posant sa feuille de l’un à lautre. Il se fait léger, superficiel, volatile, attentif à ne pas gâcher par son amertume la suavité de ces ébats incestueux.

    Le thym, fébrile, ne veut pas être en reste, il se précipite, impatient de se répandre au milieu de toutes ces fragrances.

    Quand tous les participants commencent à se fatiguer, certains même à s’effondrer, le piment fait son apparition, triomphant, volant comme un oiseau au secours des défaillances des uns et des autres, exaltant par son énergie les plus indolents.

    En langage légume , cela s’appelle faire une ratatouille !!!! »

    J’appelerai ça de l’érotisme culinaire !!! …après la lecture d’une telle recette on ne voit plus ces légumes du soleil du même oeil…mais on se régale toujours autant à déguster un tel plat !!! (surtout s’il est cuisiné avec autant de sensualité !!!)

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