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mar 10 2009

L’Etoile Mystérieuse par Didier Ters

etoilemysterieuse1.jpgPourquoi L’Etoile Mystérieuse? me demandez-vous. Bien que je n’ai pas hésité longtemps avant de choisir cet album, la réponse est finalement moins évidente que prévu. Essayons tout de même. Venant après le Crabe aux pinces d’or, le capitaine Haddock y fait sa deuxième apparition, mais en vrai capitaine cette fois. C’est lui qui commande et qui pilote le bateau. Tintin y représente « la presse d’informations »; les choses sont bien en ordre, le marin et le journaliste sont à leurs postes.

Précédant l’arrivée de Tournesol deux albums plus loin, le professeur Calys y campe un savant prémonitoire. Donc, les trois personnages centraux de l’œuvre de Hergé sont ici associés pour la première fois, et pour résoudre un mystère. Sur ce point l’Etoile est un album fondateur. A ce trio s’ajoute une galerie de portraits aussi inoubliables que les protubérances solaires du savant suédois. Quelques images fortes, ensuite . « Une larme, un soupçon » me fait rire depuis 50 ans. Même chose pour le personnage en pyjama bleu, page 10, le blaireau à la main. Philippulus le prophète n’est intéressant que pour ce qu’il incarne en rêve. Ces rêves si importants chez Hergé, comme on le voit aussi au Tibet, dans les Sept Boules de Cristal et le Temple su Soleil, notamment.

Réglons d’un mot le problème de l’antisémitisme. Hergé n’aimait pas plus les juifs que les Japonais ou les communistes, d’accord sur ce point avec les lecteurs de son temps. Bohlwinkel est une caricature comme Mitsuhirato, Coco ou Rastapopoulos. Il incarne le Mal, contre lequel le Bien (Tintin) est en lutte permanente. Toute l’œuvre de Hergé est traversée par cette dualité.

Reste cette merveilleuse histoire, l’aventure à l’état pur, où le petit avion de l’Europe scientifique défie avec succès le gros bateau de l’argent américain. Dans les premières éditions, le Peary bat pavillon américain, que Hergé a ensuite supprimé. L’Etoile si mystérieuse garde tout son mystère. Ce champignon à l’allure toxique d’une amanite phalloïde, parait tout aussi explosif que celui d’Hiroshima, les victimes en moins. Et l’on ne saura jamais de quoi est fait le calystène.

Mais la science désintéressée a triomphé de la cupidité, c’est le message que Hergé voulait faire passer à ses petits lecteurs. On pourra seulement lui reprocher de donner d’étranges gages à l’occupant allemand en ces années de guerre : anti-américanisme, antisémitisme, savants issus de pays neutres ou amis de l’Allemagne…. Tout cela valut à Hergé d’être inquiété à la Libération. Et à l’Etoile Mystérieuse de traîner encore aujourd’hui une fâcheuse réputation. Ce qui est bien dommage et un peu injuste.

Didier Ters Février 2009

 

 

Visuel : © Hergé/Moulinsart 2008

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