Ecouter Bohuslav Martinu

— Ecrit le mardi 11 décembre 2018 dans la rubriqueMusiques”.

Parmi les compositeurs tchèques,

Bohuslav Martinu (1890-1959)

est des plus intéressants,

riches, surprenants

dans le premier XXe siècle _ un peu élargi.

Ainsi ai-je beaucoup apprécié le récent CD Supraphon

comportant de Martinu

son What men live by (de 1852)

et sa première symphonie (de 1942),

interprétés en live

par la Philharmonie tchèque

sous l’éminente direction du regretté Jiri Belohlavek...


Voici l’analyse de ce marquant CD Supraphon SU 4233-2

INÉDIT ET DÉCOUVERTE

que vient d’en donner hier

le perspicace Jean-Charles Hoffelé :

INÉDIT ET DÉCOUVERTE

Le cycle des symphonies de Bohuslav Martinů entrepris par Jiří Bělohlávek et sa chère Philharmonie Tchèque entre 2007 et 2009 resta inachevée : les deux premières symphonies ne furent jamais enregistrées, le chef et son orchestre ayant gravé la Première pour Chandos.


Dommage que vient réparer enfin une captation en concert de cette même Première Symphonie en janvier 2016 : quelle inquiétude dans les paysages d’orage du Moderato, quelle tension martiale dans le Scherzo, une vraie symphonie de guerre (1942) qui deviendrait quasiment la plus sombre du cycle avec l’ultime, celle des Fantaisies symphoniques. Le Largo est un tombeau, dont la noirceur s’augmente encore par contraste lorsque paraît le Finale, âpre triomphe. Quelle lecture !, qui si on la compare avec la gravure pour Chandos éclaire l’œuvre de teintes autrement sombres.

Cette exhumation vole la vedette à la pastorale théâtrale What Men Live by, enregistrée en première mondiale, récit de la visitation d’un vieux cordonnier par Dieu prenant l’apparence de trois inconnus auquel il porte secours : le récit de Tolstoï (« Là où est l’amour, là est Dieu »), partition modeste dans le ton et la forme des opéras radiophoniques, qui fut créée dans sa version avec orchestre par le Hunter College Opera Festival le 20 mai 1955.


La parabole tire un rien à la ligne, Martinů écrivant en mode automatique, il n’y retrouve pas les audaces de La Comédie sur le pont et son opus théâtral suivant, Le Mariage d’après Gogol aura bien plus de sel. Mais voilà, Jiří Bělohlávek, qui réalisa pleinement son art au travers des œuvres de Martinů ne voulait pas oublier cette partition délaissée, acte d’amour qu’on écoutera avec gratitude avant de retourner aux abîmes de cette stupéfiante Première Symphonie. Et maintenant, Supraphon doit nous retrouver la Deuxième Symphonie.


LE DISQUE DU JOUR


Bohuslav Martinů
(1890-1959)
What Men Live By, opéra-pastorale en un acte, H. 336
Symphonie No. 1, H 289

Ivan Kusnjer, baryton (Ivan Avdeitch)
Petr Svoboda, basse (Le vieux paysan)
Jan Martiník, basse (Stepanitch)
Lucie Silkenová, soprano (Une femme avec son enfant)
Ester Pavlů, contralto (Une vieille femme)
Jaroslav Březina, ténor (Le narrateur, rôle chanté)
Josef Špaček (Le narrateur, rôle parlé)
Lukáš Mareček (Un jeune garcon, role parlé)

Ensemble de voix Martinů
Orchestre Philharmonique Tchèque
Jiří Bělohlávek, direction


Un album du label Supraphon SU 4233-2

Photo à la une : © DR

 

Ce mardi 11 décembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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