Archives de la catégorie “Cinéma”

Superbe et passionnant « Anatomie d’une chute » de Justine Triet…

01jan

Ce dimanche après-midi 31 décembre,

j’ai regardé avec passion le DVD du superbe « Anatomie d’une chute«  de Justine Triet, qui nous tient en haleine les 130 minutes du film…

Et consultant au passage et a posteriori un répertoire d’avis de spectateursje suis une fois de plus stupéfait de la violence et l’injustice _ les deux allant le plus souvent de pair… _ de certains de ces jugements _ cinématographiques _ à l’emporte-pièces : serait-ce du fait d’une trop forte propension de certains visionneurs à l’identification projective par trop brute avec certains des personnages dessinés sur l’écran ?…

Un film admirable !

Ce dimanche 31 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ferrare, quand tu nous tiens… : Italo Calvino, Giorgio Bassani, Michelangelo Antonioni et l’ultra-raffinée civilisation ferraraise des Este : affinités et philiations…

16déc

Hier vendredi 15 décembre, de 17 h à 20h, au château de Thouars, à Talence,

à la très aimable invitation de Stefania Graziano-Glockner qui préside la dynamique Association talençaise « Notre Italie »,

j’ai assisté  à une belle soirée d’hommage _ principalement en italien : quel plaisir !!! _, à l’occasion du centenaire de la naissance (à Santiago de Las Vegas, à Cuba, le 15 octobre 1923), d’Italo Calvino (décédé à Sienne, le 19 septembre 1985).

Au cœur de cette bien amicale soirée talençaise,

une conférence-conversation _ en direct de chez lui, à Ferrare _ de l’historien Gianni Venturi _ longtemps « co-curatore » du « Centro Studi Bassaniani » de Ferrare _ intitulée « Italo Calvino – Giorgio Bassani. Relations, contiguïté et différences entre 2 classiques de la contemporanéité« , à propos des riches liens littéraires entre Italo Calvino _ dont vient tout juste de paraître, traduit en français par l’ami Martin Rueff, le passionnant « Le Métier d’écrire : correspondance (1940-1985)«  _ et Giorgio Bassani (Bologne, 4 mars 1916 – Rome, 13 avril 2000), éminent ferrarais _ auteur de l’immortel « Roman de Ferrare« , réunissant : I. Dans les murs ¤ II. Les Lunettes d’or ¤ III. Le Jardin des Finzi-Contini ¤ IV. Derrière la porte ¤ V. Le Héron ¤ VI. L’Odeur du foin ¤ _, et grand ami de cet autre éminentissime ferrarais qu’est Michelangelo Antonioni (Ferrare, 29 septembre 1912 – Rome, 30 juillet 2007) _ auteur du magnifique et encore bien trop méconnu (!!!) « Al di là delle nuvole«  (1995), avec sa sublimissime séquence d’ouverture ferraraise (d’après son propre « Ce Bowling sur le Tibre« , de 1984…)… _,

nous a replongés dans la merveilleusement raffinée et infiniment riche civilisation ferraraise de la cour des ducs d’Este (1471 – 1598),

dont l’âme et l’esprit subtilissime continuent, depuis 1598, de nourrir et vivifier en secret, quasi tacitement, de son indélébile empreinte magicienne l’âme artiste _ poésie (Le Tasse (Sorrente, 1544 – Rome, 1595) : L’Arioste : Reggio, 1474 – Ferrare, 1533), musique (cf notamment mes récents articles à propos d’Adriaen Willaert (Rumbeke, 1470 – Venise, 1562), Cipriano de Rore (Renaix, 1515 – Parme, 1565), Luzzasco Luzzaschi (Ferrare, 1545 – Ferrare, 1607), etc. : tous ayant profondément marqué la musique en la Ferrare des Este ; ainsi que le natif de Ferrare (et élève de Luzzasco Luzzaschi) Girolamo Frescobaldi (Ferrare, 1583 – Rome, 1643)… ; par exemple mes articles des 1er, 2, 3 et 4 septembre derniers : « «  ; « «  ; « «  ; et « « …), peinture (l’école ferraraise de peinture : Cosme Tura (Ferrare, 1430 – Ferrare, 1495), Francesco Del Cossa (Ferrare, 1436 – Bologne, 1477), Ercole De Roberti (Ferrare, 1450 – Ferrare, 1496), Dosso Dossi (Mirandola, 1485 – Ferrare, 1542), etc. ; et au XXe siècle, Filippo De Pisis : Ferrare, 1896 – Milan, 1956), littérature, cinéma, photographie _ si singulière et profonde, ultra-raffinée et labyrintique, des Ferrarais…

Cf mon essai inédit « Cinéma de la rencontre : à la ferraraise _ ou un jeu de halo et focales sur fond de brouillard(s) : à la Antonioni« , en 2007

_ cf notamment mon récent article «  » du jeudi 31 août 2023…

Par là,

par son amitié avec Giorgio Bassani comme avec Michelangelo Antonioni,

tous deux consubstantiellement et indéfectiblement ferrarais,

Italo Calvino, bien qu’ayant surtout vécu à San Remo et Turin, a quelque chose, lui aussi, telle une marque _ par « affinité« , dirait le cher François Noudelmann (en son « Les Airs de famille : une philosophie des affinités« ) ; par « philiation« , dirait la chère Marie-José Mondzain (en son « Accueillir : venu(e)s d’un ventre ou d’un pays« )… _ secrète mais reconnaissable, de cette singularité magique _ et subtilement aristocratique _ ferraraise…

Ce samedi 16 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Après le visionnage sur DVD du splendide « Tre Piani » (de 2021), poursuite de ma cure de rattrapage de découverte des plus récents films de Nanni Moretti, éternellement jeune : « Mia madre » (de 2015), puis « Vers un avenir radieux » (de 2023)…

16nov

Le très grand plaisir pris au visionnage sur DVD de « Tre Piani«  _ cf mes 2 articles «  » et «  » de samedi 11 et dimanche 12 novembre derniers…  _, ce splendide film sorti sur les écrans en 2021 _ et pour la première fois d’après un scénario à partir d’un roman, le « Trois étages » de l’israëlien Eshkol Nevo _

m’a incité très vivement à découvrir les films de Nanni Moretti ayant précédé et suivi celui-ci,

soient « Mia madre » (sorti en 2015) _ je disposais déjà de son DVDet « Vers un avenir radieux » (sorti en 2023) _ je me suis empressé de m’en procurer le DVD : d’autant qu’il vient tout juste de sortir, ce 2 novembre… _ ;

deux films qui déstabiliseront un peu moins, à coup sûr, les amateurs de la forme d’humour reconnaissable entre toutes, et universellement appréciée, de Nanni Moretti _ même si « Mia madre » est tout de même très sombre ; et  « Vers un avenir radieux«  loin d’être uniformément joyeux…

Deux films sur un scénario, de nouveau, et c’est très reconnaissable !, de Nanni Moretti lui-même…

Et Nanni Moretti précise dans les compléments du DVD de « Vers un avenir radieux« , que le projet de ce film avait immédiatement succédé à la réalisation de « Mia madre« , avait été interrompu pour la réalisation de « Tre Piani« , et repris et réalisé après la sortie de « Tre Piani« …

On comprend d’autant mieux ainsi que « Vers un avenir adieux » et « Mia Madre » soient comme les deux faces d’une même trame scénaristique :

les difficultés du cinéaste _ interprété une fois par Margherita Buy en « Mia Madre » et l’autre fois par Nani Moretti lui-même en « Vers un avenir radieux«  _ à surmonter, et cela au jour le jour, les difficultés ou bien internes au sujet même du film à réaliser (il s’agit de luttes sociales en une entreprise, pour « Mia Madre« ), et les tergiversations des membres du Parti communiste italien  face à l’écrasement par Moscou de la révolution à Budapest en 1956, dans le film à réaliser là-dessus, soixante-dix ans plus tard, dans « Vers un avenir radieux« ,

ou bien les difficultés circonstancielles survenant dans la vie personnelle du cinéaste (la maladie et la fin de vie de la mère de la cinéaste _ interprétée par Margherita Buy  _, dans « Mia madre« , et les problèmes de couple (son épouse _ interprétée ici par Margherita Buy _ cherchant à quitter le cinéaste _ interprété ici par Nanni Moretti dans « Vers un avenir radieux » _,

ainsi que la difficulté professionnelle de la cinéaste à maîtriser les incartades _ à moitié comiques… _ de jeu d’un acteur _ interprété par un désopilant et horripilant à la fois, John Turturo _ n’en faisant qu’à sa tête, dans « Mia madre« … 

Ce qui très personnellement me plaît le plus dans « Vers un avenir radieux« ,

c’est la formidable magie poétique _ un peu à la Fellini, ou/et à la Jacques Demy… _ du ballet collectif se déroulant, au final, ici aussi, sur le site (de banlieue) du film à réaliser ;

et qui rejoint la scène magnifiquement euphorisante de la foule des danseurs de tango, rassemblés Via Giuseppe Montanelli, vers le final, là aussi, du splendide _ et de bout en bout dramatique… _ « Tre Piani« … 

Nanni Moretti est décidément un cinéaste très fin, et jubilatoire,

éternellement jeune…

Ce jeudi 16 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Situer les lieux de tournage (dans Rome et aux alentours) du film « Tre Piani » de Nanni Moretti, de mars à mai 2019 ; sorti l’été 2021…

12nov

Amoureux éperdu de Rome (et sa géographie : à ardemment arpenter…),

et recherchant les lieux où a été tourné le magnifique « Tre Piani » de Nanni Moretti, de mars à mai 2019 _ achevé, le film a pu être présenté (et brillament accueilli par le public à sa séance de présentation) au Festival de Cannes, le 11 juillet 2021 ; et est sorti en salles peu après, le 3 septembre 2021 _,

j’ai découvert ce très judicieux site-ci, agrémenté de photos des divers lieux de tournage,

qui a pu satisfaire ma curiosité géographique, ainsi que d’éventuels désirs de futur arpentage… :

Davinotti Location

Mais les lieux (de tournage) sont un matériau d’art _ lire ici l’indispensable « Les Matériaux de l’art » de l’ami Bernard Sève (paru aux Éditions du Seuil, le 6 octobre dernier ; et lire aussi, bien sûr, le roman « Trois étages » d’Eshkol Nevo (dont l’action se situe, elle, dans la banlieue de Tel-Aviv), qui a servi de matériau de départ à ce désir filmique-ci de Nanni Moretti… _ d’assez peu de choses, confrontés à l’intensité des émotions recueillies sur les visages des personnages ainsi subtilement incarnés par les acteurs _ Margherita Buy, Riccardo Scarmucci, Alba Rohrwacher, Adriano Giannini, Elena Lietti, Alessandro Sperdutti, Denise Tantucci, Nanni Moretti lui-même, etc. _ tels que saisis, au tournage, par la direction du merveilleux Nanni Moretti…

Le film comporte trois saisons (d’hiver, printemps et été) séparées de cinq années chacune, marquant notamment les œuvres diverses du temps sur l’évolution (et parfois disparition-décès) des divers personnages ainsi suivis, et leurs relations affectives : assez difficiles…  

Le DVD de ce bouleversant « Tre Piani » de Nanni Moretti, paru en 2022, comporte aussi un très intéressant complément de 45′, « Les coulisses de Tre Piani« …

Ah! Le principal site de tournage, là où se situe physiquement, à Rome, cet immeuble de trois étages qui rassemble les quatre familles (celle de Lucio et Sara et leur fille Francesca, et celle de leurs voisins du rez-de-chaussée les vieux Renato et Giovanna ; celle de Monica et sa petite Beatrice, au premier étage ; et celle de Dora Simoncini et Vittorio Bardi, ainsi que leur fils Andrea, au second étage) des protagonistes de cette histoire se déroulant _ un hiver, puis un printemps, et enfin un été _, sur quinze ans,

se trouve dans le quartier de Prati, et tout proche du Tibre _ sur sa rive droite _, au 5 de la Via Giuseppe Montanelli (cette avenue large « tra viale Mazzini e il Lungotevere delle Armi« ), au carrefour du Lungotevere…   

Et les autre lieux du tournage romain,

par exemple celui choisi pour la séquence du Parc où se sont rendus la petite Francesca, la fille de Lucio et Sara, et son voisin le vieux Renato atteint de la maladie d’Alzheimer ; et celui de la séquence de l’école primaire de la petite Francesca, quand l’enfant a 7 ans ; et celui de la séquence du théâtre où se déroule le ballet dans lequel danse la petite Francesca alors âgée de 12 ans,

ne sont pas physiquement situés dans la proximité _ géographiquement vraisemblable… _ de l’immeuble de « Tre Piani » de ce quartier de Prati,

mais ont été choisis pour des raisons de photogénie et disponibilité cinématographiques :

_ le Parc filmé est ainsi le Parco della Vittoria, situé sur le versant occidental du Monte Mario, bien trop septentrional par rapport à Prati pour que le vieux Renato et la petite Francesca aient pu dans leur petite promenade à pied le rejoindre… ;

_ l’école filmée est la Scuola Primaria Principe di Piemonte, Via Ostense, jouxtant la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, bien plus au sud de Rome par rapport au quartier de Prati pour pouvoir être l’école que fréquentait quotidiennement l’enfant ;

_ le théâtre filmé est le Teatro Anfitrione, Via di San Saba, 24, situé au sud de l’Aventin, et donc lui aussi bien trop loin de Prati… ;

_ etc.

L’important se trouve sur les expressions tellement puissantes des visages et les inflexions des voix et des silences, d’abord, des protagonistes, ainsi que leurs gestes, et parfois même vêtements :

ainsi la jolie robe à fleurs rouge et verte _ « Un peu trop chère« , n’aurait pas manqué de dire Vittorio, son désormais défunt mari… _ qu’ose s’acheter Dora _ sublime Margherita Buy… _, devenue veuve du sévère _ et rigide _ Vittorio _ interprété, à contre-emploi, cette fois, par Nanni Moretti lui-même : mais les temps ont plutôt mal tourné, en Italie comme ailleurs aussi en Europe… ; et nous avons besoin d’un minimum d’espoir… _ ;

AlloCiné
Photo du film Tre Piani - Photo 2 sur 11 - AlloCiné

et qui est la clé du début de sourire enfin esquissé, c’est la toute dernière _ et on ne peut plus discrète… _ image _ d’une in extremis amorce de réconciliation… _ du film, sur le visage de son fils retrouvé, Andrea, désormais lui aussi père d’un fils…

Nous sommes au cinéma.

Ce dimanche 12 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Admirer le portrait tout en finesse, lumineux et bouleversant, d’une humanité dramatiquement troublée par quelques accidents de la vie, par Nanni Moretti dans son film « Tre Piani », de 2021…

11nov

C’est par le DVD que ce samedi 11 novembre j’ai admiré autant que jamais dans l’œuvre de Nanni Moretti le portrait en coupe sur trois étages (« Tre Piani« ) d’un immeuble romain du quartier de Prati, Via Giuseppe Montanelli, de l’humanité fine et lumineuse, bouleversante sans pathos, en sa complexité, de Nanni Moretti en ce « Tre Piani » de 2 heures _ dont voici la bande-annonce _, sorti en salles le 10 novembre 2021, il y a tout juste deux ans et un jour.

Et je suis une fois encore choqué de la virulence déchaînée des critiques qui ont accompagné la sortie de ce film, de la part de personnes qui discutent moins du film qu’ils viennent de regarder, que du film idéal qu’ils s’attendaient à voir, sans capacité de se décentrer suffisamment d’eux-mêmes _ et c’est horripilant…

Une œuvre magnifique…

Avec de merveilleux acteurs : Margherita Buy, Riccardo Scarmaccio, Alba Rohrwacher, au premier chef…

Ce samedi 11 novembre 2923, Titus Curiosus – Francis Lippa

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