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Relire un article de janvier 2012 :  » « Afin que le principal se dégage » : vie et oeuvre (et présence) de Silvia Baron Supervielle en la probité et pudeur de ses approches »

31juil

Il n’est pas déplaisant de relire, un peu par hasard, à quelque occasion que ce soit,

un ancien article de son blog ;

et de constater que rien n’a vieilli !

Ici cet article-ci, du 8 janvier 2012 :

« Afin que le principal se dégage » : vie et oeuvre (et présence) de Silvia Baron Supervielle en la probité et pudeur de ses approches

à propos de ma rencontre du 17 novembre 2011 avec Silvia Baron Supervielle,

présentant rue Porte-Dijeaux son récent _ alors _ Le Pont international ;

puis de mes lectures, en suivant, de quelques un de ses ouvrages précédents :

Le Journal d’une saison sans mémoire (de 2009), L’alphabet du feu (de 2007), Le Pays de l’écriture (de 2002) et La Ligne et l’ombre (de 1999)…

Le 17 novembre 2011, je suis venu écouter (et rencontrer) Silvia Baron Supervielle venue présenter son plus récent ouvrage, Le Pont international, à la librairie Mollat. Bien que je sache parfaitement qu’elle était très proche de mes cousins (argentins) Adolfo Bioy et Silvina Ocampo (dont elle a traduit en français plusieurs ouvrages _ et pas seulement par le voisinage de la rue Posadas, à Buenos Aires : où résidaient les Bioy et l’oncle (traducteur) de Silvia _), je n’avais pas encore fait sa découverte jusqu’ici ; même si je devinais que ce ne serait pas rien…

Eh bien, ce fut quelque chose _ dont on pourra se faire un début de commencement d’idée avec ce podcast de 38′ qui permet de percevoir sa voix, son rythme, son souffle… _, tant la qualité de présence

_ voilà ! sur la « présence », cf deux admirables pages, aux pages 270-271 du Pays de la lecture : « La présence est un autre « don de vie ». Le fait que quelqu’un partage avec soi une chambre ne signifie pas que l’on perçoive sa présence. Certaines personnes en sont dépourvues. D’autres en ont trop, qu’elles soient loin ou près de nous. D’autres l’acquièrent lorsqu’elles s’absentent.

Présence veut dire lien, battement _ cf mon article Dans et par le battement des images, les aventures du sujet (tenir bon ou céder) vers sa liberté : le livre (montanien !) « Images (à suivre) _ de la poursuite au cinéma et ailleurs » de Marie-José Mondzain sur  l’admirable Images (à suivre), de Marie-José Mondzain _, existence ; elle émerge du visible et de l’invisible.

Je la reconnais dans un livre, de même que dans un tableau, une maison, un objet. Et à l’intérieur d’une ombre, de la lumière, du silence.

La mer est présence, autant que l’horizon et l’arbre. Un jardin en est possédé ou dépossédé. Dans le second cas, serait-il somptueux, le tableau est désolant.

Au théâtre… (…)

La présence dans les personnes, les choses, les lieux est la conséquence d’une offrande. Pour se donner et habiter un espace, il faut être intensément habité soi-même. Je songe aux comédiens, mais aussi à tous les interprètes, chanteurs et danseurs habités par cette intensité qu’ils donnent en partage.

Aucune technique ni savoir ne sauraient s’y substituer. J’ignore si la présence est une faveur du ciel ou de l’enfer, mais je suis certaine qu’elle a le pouvoir de donner la vie et qu’elle effleure la mort.

Dans un livre, la présence retient le lecteur parce qu’elle lui procure un visage. Dès qu’il lit les premières pages, il la ressent même s’il ne connaît pas la langue dans laquelle l’ouvrage est rédigé. La présence appartient à l’auteur, certes, et se dégage de son style, mais elle est également une présence anonyme, générale, qui sort de son souffle et descend par les fines veines de son poignet pour se mêler à l’écriture.

Passant de la main aux couleurs et des couleurs aux formes, elle donne à la peinture sa splendeur éternelle. Quelquefois la présence dans un tableau est à peine perceptible. Pourtant elle oblige le spectateur à revenir sur ses pas. (…) Lorsqu’elle palpite immobile dans la lumière, elle atteint sa sensibilité la plus profonde et se rend inoubliable« … _

tant la qualité de présence

de celle qui parle ici

est intensément sensible, nonobstant la discrétion de son ton, et du français _ merveilleux _ qu’elle parle : mais « la langue française est pour moi le miracle de la non-langue _ en sa capacité (rare) de discrétion libératrice ! avec, par exemple, le jeu de ses e muets… _, dont la musique s’élève dans un espace incommensurable« ,

celui-là même dont sa liberté et sa quête de vérité

_ si fondamentales ! « afin que le principal se dégage«  ! dit-elle, cf page 138 de L’Alphabet du feu _ Petites études sur la langue : « L’art est art lorsqu’il surgit de lui-même, par lui-même. S’abstraire veut dire se passer des accessoires pour que le principal se dégage«  ; car « les écrivains sont abstraits, autant celui qui a changé de langue et n’a plus de mots que celui qui écrit avec ses mots dans la langue de sa musique subjective«  : voilà !.. ;

cf aussi, page 53 de La Ligne et l’ombre, ceci : « Lors de cette tentative d’écrire dans une langue extérieure _ qui le restera toujours _, je découvris entre elle et moi une sorte d’enclave dénudée où je me suis reconnue et que je choisis à l’instant comme lieu de travail. Ce no man’s land discordant entre soi et la langue, comparable à la discordance entre soi et la vie, soi et les autres, soi et soi-même, fut pour moi la révélation d’un langage. A mesure que les gouttes s’égrenaient sur les feuilles, je me dépouillais des timbres de l’espagnol qui venaient à ma bouche et qui n’avaient plus de rapport avec la voix de l’enclave«  ;

car, page 54 : « Les mots expriment ce qu’ils disent et autre chose : ils ont un visage, un regard, le son d’une voix.

J’ai une prédilection pour les œuvres en anglais, en italien, en portugais, langues que je comprends suffisamment et qui restent pour moi singulières. Lorsque je les parcours, l’endroit où je suis se peuple de mystère, et à la fois les choses se font claires, diaphanes. Le mystère est une promesse : la ligne se dirige vers les régions intimes«  ;

et encore, page 55 : « écrire équivaut à changer de langue et traduire amalgamés«  ;

et aussi, page 57 : « J’ai une préférence pour les écrivains qui se libèrent d’une culture pour faire la conquête d’un langage. (…)

Les langues sont des matières sensibles appelées à se démembrer et à s’exiler. A l’image de l’homme, elles sont toujours en voyage et en rêve. Il convient qu’elles ne se séparent point du rêve de l’homme ; qu’elles ne résultent pas de l’idée qu’il se fait d’elles : qu’elles jaillissent de leur instinct à nu«  _,

celui-là même _ « espace incommensurable » : de création mieux lucide _ dont sa liberté et sa quête de vérité

ont très précisément besoin

(j’emprunte cette phrase citée à la page 136 de L’Alphabet du feu _ Petites études sur la langue ;

où elle précise : « Je n’aurais jamais pu voir _ de sa voyance : il faudra y revenir ! _ et écrire ce que j’écris dans une autre langue que le français, et précisément de ce côté-ci de la mer, dans l’écartement où elle se trouve«  ; et précise encore : « Symbolise-t-elle le sentiment de l’exil ? Il faudrait se demander à quel moment il vous touche. Il se peut que je l’aie depuis ma naissance _ même si l’aggrava la perte (précoce) de sa mère (morte à l’âge de 28 ans), « ma mère s’endormit quand j’avais deux ans«  (ibidem, page 36). Peut-être ai-je traversé l’océan pour lui _ à ce « sentiment de l’exil »-là… _ donner parole _ via l’écriture, aussi ; cf Le Pays de l’écriture Pour qu’il s’ébauche _ s’élance et se trace : se déploie… _ dans l’espace. Pour que la nostalgie générale, avec laquelle je suis née, se tisse autrement. Le paysage est quelque chose qui se dessine dans l’âme, comme un portrait, et en même temps se projette au loin à l’image d’un horizon fabuleux « , toujours page 136)…

L’aventure d’écriture (mais aussi traduction, lecture, contemplation) de Silvia Baron Supervielle

est une aventure de déploiement de la vérité et de la liberté,

par approches, très patientes et infiniment humbles :

« approcher le mystère, non le dévoiler » absolument, jamais,

dit-elle page 147 du stupéfiant Journal d’une saison sans mémoire,

au sein de ce passage obliquement lumineux, pages 146-147 :

« Réticence _ respectée : au lecteur de beaucoup deviner _ à nommer les êtres et les lieux qui sont près de moi. Par leur nom ou un pseudonyme, la tâche me paraît dégradante. Cela veut dire entrer dans une intrigue individuelle qui banalise _ au-lieu d’approcher la singularité du « mystère«  du réel individué : voilà le premier tort du genre même du roman _ le mouvement de la main et de la pensée.

De plus, je ne suis pas sûre _ mystiquement, presque, en cette réalité parfaitement prosaïque pourtant du « mystère« , mais assez peu le voient _ que cette intrigue soit la mienne. Je la vis parce qu’elle m’a été impartie, mais j’aurais pu en avoir une autre, ou aucune. Que mon entourage soit reconnaissable et situé avec précision me dérange. Buenos Aires est une illusion, Montevideo un rêve, le fleuve qui les sépare n’existe pas. Aucune ville, ni pays, ni langue, ni amour _ non plus _ ne sont miens. Ils ont l’air _ d’un peu loin, vite fait _ d’être miens, mais ils ne le sont pas _ de plus finement près, en cette vie qui toujours bouge _, ils ne le seront jamais _ par quelque coïncidence (bêtement) parfaite.

Or, pour satisfaire le lecteur _ lambda : celui qui sera comptabilisé dans les chiffres de vente des livres _, il faudrait se ranger à la platitude _ qui se voudrait rassurante, en l’abstraction de tout relief _ biographique ou autobiographique et mettre fin à l’hymne _ voilà : c’est un chant ! poïétique… _ de l’intimité du rien  _ ou (modestement) peu, du moins _ avec rien.

Le récit de ma vie est perceptible _ oui ! à qui apprend à lire vraiment, et seulement _ lorsque je parle d’autre chose _ dans le bougé : cf ici l’art de la photo de l’ami Plossu. Dans les biographies des écrivains aucun événement ni détail _ ou presque _ n’est omis, mais ont-ils eu une influence _ et laquelle ? tout cela est grossier _ sur leur œuvre ? La réalité de l’écrivain, racontée par un biographe, n’a pas de rapport avec la réalité imaginaire _ et poïétique _ qui l’habite et dont il se sert pour écrire. Un écrivain n’a pas de vie _ autre, ou ailleurs _ : il la verse entièrement dans les papiers. Il écrit pour approcher le mystère, non pas  pour le dévoiler » !..

J’ai rarement entendu une voix aussi précise et juste, tant dans le choix de ses expressions, que dans les nuances chatoyantes de ses inflexions pourtant discrètes, au service d’une extrême finesse de l’analyse du réel, du senti et vécu.

Une voix passée au tamis de la parole poétique…

Peut-être celle de Aharon Appelfeld,

et alors qu’il ne s’exprimait même pas en français, mais en hébreu ; et qu’une seconde chance de compréhension nous était donnée par le travail sur le vif de la traductrice…

Et pour l’heure, je n’ai lu ni la poésie _ celle en français, et celle en espagnol _, ni la prose poétique

de Silvia Baron Supervielle ;

seulement _ mais deux fois attentivement _ son écriture de réflexion sur la création _ et pas seulement littéraire _ :

La Ligne et l’ombre, récit (paru en 1999) ;

Le Pays de l’écriture, essai (paru en 2002) ;

L’Alphabet du feu _ Petites études sur la langue, essai (paru en 2007) ;

et Journal d’une saison sans mémoire, essai (paru en 2009).

Titus Curiosus, ce 8 janvier 2012

Très peu de tout cela a vieilli, donc…

Ce mardi 31 juillet 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chet Baker sings « It could happen to you », en 1957

30juil

Et pour changer,

cette réédition du CD de Chet Baker qui chante :

It could happen to you,

un récital  _ avec quelques bonus glamourissimes… _ de décembre 1957 : un CD Crackerjack Record 63200.

Un bonheur de musique à l’état pur  !

Ce lundi 30 juillet 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

La musique d’harmonie de Haydn et des fils Bach, aussi jubilatoire que celle de Mozart

29juil

La musique d’harmonie de Mozart est _ toute entière ! _ enthousiasmante.

Celle des fils Bach _ ici Wilhelm Friedemann et Carl Philipp Emanuel _ 

et celle de Joseph Haydn, aussi.

Tout particulièrement quand elles sont interprétées,

comme en ce double CD Trios for Oboe, Bassoon and Piano,

le double CD  Sony 19075820812,

par Maurice Bourgue, hautbois, Sergio Azzolini, basson, & Kimiko Imani, piano.

Les instruments ne sont certes pas des instruments anciens,

mais la rythmicité très entraînante du jeu des trois instrumentistes _ et tout spécialement celui de la pianiste _

emporte très juyeusement notre pleine adhésion…

A nouveau un disque épatant,

de rafraîchissante et allègre fête d’été…

Ce dimanche 29 juillet 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Arcangelo et son chef, Jonathan Cohen : suite…

28juil

Pour poursuivre mes éloges de l’Ensemble Arcangelo et de son chef Jonathan Cohen

_ cf mes articles récents du 18 avril, 10 juin et 19 juin derniers :

Un merveilleuxx Magnificat de Jean-Sébastien Bach, par Arcangelo et Jonathan Cohen

Un chef baroque vraiment épatant : Jonathan Cohen à la tête d’Arcangelo

et A nouveau Arcangelo et Jonathan Cohen dans de parfaites Leçons de Ténèbres de Marc-Antoine Charpentier _,

je désire signaler

que ma relative déception à l’égard du CD tout récent Handel’s Finest Arias for Base Voice-2, de l’ensemble Arcangelo et la basse Christopher Purves (un CD Hyperion CDA 68152), enregistré en 2016 et 17, et paru en 2018,

est largement compensée par l’écoute du premier volume Handel’s Finest Arias for Base Voice par les mêmes (CD Hyperion CDA 67842),

enregistré et paru en 2012.

Le contraste résulte

et du vieillissement de la voix du chanteur,

mais aussi du choix du répertoire interprété :

une veine lyrique et tendre _ telle celle de Polyphème dans Acis & Galathée _ lui convenant mieux qu’une veine héroïque…

Ce samedi 28 juillet 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Une superbe surprise ! Le « Concerto Zapico vol. 2″, par Aaron, Daniel & Pablo Zapico, et David Mayoral

27juil

Sur les conseils de Matthieu, le disquaire,

je jette une oreille au CD Concerto Zapico vol. 2,

dont il me vante l’excellence du rythme des danses ;

et immédiatement, ça me plaît.

Je prends donc le CD.

Cet après-midi, j’ai repassé en boucle ce CD Winter & Winter 910 248-2,

sous-titré « Forma Antiqva plays Spanish Dance Music« 

pour ma parfaite jubilation !

Il s’agit en effet de danses du répertoire baroque espagnol

_ intitulées (sic) : Canarios, Marionas, Xacara, Preludio, Cumbees, Faborita, Jacaras, Toccata & Bergamasca, Ensalada, Espanoletas, Villan di Spagna, Las Folias, Grabe, Allegro, Cecchina e Florida, Allemanda de Coreli, Pavanas por la D, Tirana del Coche de la Princesa, Kapsberger, Fandango de Leitarigos _,

de Gaspar Sanz (5), Antonio Martin y Coll (2), Francesco Corbetta, Santiago de Murcia (3), Francisco Tejada (2), Giovanni Battista Vitali, Sebastian Aguilera de Heredia, Giovanni Girolamo Kapsberger (2), Bellerofonte Castaldi, plus un Anonyme et un Traditionnel.

De merveilleuses interprétations

d’une musique superbe _ et endiablée ! _,

en une prise de son parfaite !!!

Un CD jubilatoire ! C’est idéal.

Merci, Matthieu, de cet excellent conseil discographique musical !

L’enthousiasme est partagé…

Ce vendredi 27 juillet 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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