Archives du mois de juin 2019

Approcher les secrets du « Venise à double tour » de Jean-Paul Kauffmann : une récapitulation

30juin

Voici,

pour commodité d’accès,

un récapitulatif de la suite de mes lectures du Venise à double tour de Jean-Paul Kauffmann,

aux dates du

jeudi 13 juin (Enfin de justes mots…),

mardi 18 juin (Le mystère de l’espace I…),

vendredi 21 juin (Le mystère de l’espace II…),

dimanche 23 juin (Le mystère de l’espace III…),

lundi 24 juin (Le mystère de l’espace IV…),

et mardi 25 juin (Le mystère de l’espace V…) :



Je compte rédiger aussi, quelque jour,
en forme de conclusion de mon regard sur ce livre passionnant,
une sorte de regard synthétique sur cette suite de lectures…
Ce dimanche 30 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter mieux les silencieux, avec Laurent Vilarem

29juin

Samedi dernier matin, à la toujours intéressante émission Sous la couverture de Philippe Venturini sur France Musique,

je découvrais le livre Les Silencieux _ sous-titré Les Compositeurs à l’épreuve du silence _ de Laurent Vilarem ;

qui a vivement intéressé l’amoureux de la Musica callada de Federico Monpou (1893 – 1987) que je suis.

Et voilà que sur le site de Res Musica,

et sous la plume de Vincent Guillemin,

je découvre un article consacré à ce travail…


Le voici.

LES SILENCIEUX, DE LAURENT VILAREM

Les Silencieux. Les compositeurs à l’épreuve du silence. Laurent Vilarem. Éditions Aedam Musicae. 99 p.

12,90€. Avril 2019

Les-silencieux-Les-compositeurs-a-l-epreuve-du-silenceAxé sur le silence, choisi ou forcé, le premier livre de Laurent Vilarem soulève de nombreuses questions sur des personnalités musicales de tous temps, principalement de la musique classique, mais aussi du XXe siècle dans la variété et le rock, pour tenter de comprendre pourquoi ou comment un compositeur peut devenir muet _ pas seulement, et même loin, très loin de là ! ; car une telle interprétation du sens du propos de Laurent Vilarem serait terriblement réductrice de ce que l’auteur veut signifier là ! Car il est des œuvres, et parmi les plus belles, qui nous donnent à percevoir le silence (non vide, loin de là !) lui-même… au point que l’on peut même se demander si la musique (et plus largement toute vraie œuvre d’art) n’a pas pour but de rompre avec le discours et le bavardage afin de nous donner à accéder à la qualité de parole et de vie de ce qui pourtant ne dit rien et se tait…

Quatre-vingt-dix-neuf pages, quarante-six sous-parties, douze chapitres ouverts par un prologue et clôturés par un épilogue, une brève et luxueuse introduction de Philippe Jaroussk. C’est avec cette matière et un style d’écriture extrêmement fluide et rapide _ le même qu’à l’oral dans l’émission de Philippe Venturini : alerte et très vivant _ que notre ancien collaborateur _ dont acte _, Laurent Vilarem, tente _ mais c’est presque péjoratif… _ de traiter une question rarement abordée d’une manière globale _ vraiment ? _  : celle du silence chez les compositeurs _ cette formulation manque terriblement de précision.


Jamais trop vulgarisateur, ni en même temps jamais trop pointu ou limité à une partie de la musique ou du répertoire, le propos passe en quelques instants de Brel à Wolf, de Schumann à Gorecki. L’ouvrage ne se veut pas exhaustif et surtout, il ne tombe pas dans la facilité d’une psychanalyse de bon aloi, tellement habituelle aujourd’hui pour expliquer avec des concepts actuels des actes ou sentiments d’une autre époque et d’autres mœurs. Évidemment, l’auteur ne peut en si peu de mots couvrir intégralement le sujet, et ne chercher à établir aucune démonstration scientifique. Il pose des questions plus qu’il n’y répond, et tente par l’accumulation de thèmes et d’histoires _ c’est vague ; un thème, c’est un cliché ; et une histoire, c’est une anecdote : rien que du superficiel ! _ de faire ressortir de nombreux cas particuliers, parfois relativement similaires _ et confus. L’article ne nous fait pas entrer dans le détail du livre…

Ainsi se plonge-t-on dans un univers de névroses, de faiblesses ou de problèmes, jusqu’à la mort, cause la plus évidente _ certes… _ de silence _ mais ce sont bien davantage les silences des musiques elles-mêmes que les péripéties de vie des compositeurs qui sont porteuses de sens… C’est l’histoire de la Symphonie n° 8 de Jean Sibelius, de l’album Les Marquises de Jacques Brel, de Charles Ives qui arrête d’écrire lorsqu’il quitte son métier d’assureur pour la retraite, de Gioachino Rossini et son boursicotage des dernières années. L’histoire des femmes aussi, trop longtemps bloquées par la société, ou par leurs maris, à l’image d’Alma Mahler. Toutes ces tranches de vies sont énoncées succinctement, sans interruption, d’une main parfois lapidaire, mais toujours haletante _ ou passionnante ? _, à même de capter l’attention _ dans quel but ? Nous proposer d’y penser ? _ à chaque ligne, pour un parcours centré sur le vide _ mais les vides ne sont pas nécessairement déserts, bien au contraire _, celui du silence.


J’ai commandé le livre de Laurent Vilarem il y a une semaine.

Et j’attends avec une certaine impatience d’en découvrir et me pencher sur son détail…


Ce samedi 29 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Josquin : aussi un mélodiste ! L’événement du CD « Josquin Adieu mes amours », de Dulces Exuviae

28juin

Le premier grand mérite du CD Josquin Adieu mes amours

_ le CD Ricercar RIC 403 _

de l’ensemble Dulces Exuviae,

constitué du baryton Romain Bockler et du luthiste Bor Zuljan,

est de nous offrir une facette originale de Josquin Des Prez (c. 1450 – 1521) :

le mélodiste ;

et non pas le génie de la polyphonie.


Les interprètes et concepteurs de ce très réussi projet _ et original _ discographique

ont pris appui sur plusieurs remarques de Baldassare Castiglione, en son célèbre Il Cortigiano,

mentionnant le succèss des interprétations par un chanteur et un luth,

d’adaptations de chansons polyphoniques

_ en particulier par un certain Antoine Colebault.


Ce très intime et intense CD

m’a donné aussi l’occasion de revenir prêter une oreille

à un précédent CD dont une des chevilles ouvrières était déjà Bor Zuljan,

le CD Gorzanis La Barca del mio amore _ Napolitane, Balli e Fantasie _ le CD Arcana A 450 _,

avec son ensemblee La Lyra,

constitué ici de Pino de Vittorio, le merveilleux chanteur,

Fabio Accurso, au luth,

Domen Marincic, à la Viole de gambe,

Massimiliano Dragoni, aux percussions,

et Bor Zuljan lui-même. au luth et à la guitare Renaissance, et à la direction.

Ce qui m’a permis aussi d’apprendre

qu’autour de Bor Zuljan, Romain Bockler, Pino de Vittorio et les musiciens de La Lyra,

auraient lieu au château de Bournazel _ dans l’Aveyron, entre Rodez et Villefranche-de-Rouergue _

trois soirées de concerts,

avec le patronage de mon ami Jean-Paul Combet.

Ce vendredi 28 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’admirable spiritualité lisztienne de Francesco Piemontesi

27juin

J’avais admiré le naturel de Francesco Piemontesi dans la grâce mozartienne ;

puis l’intensité de son second CD Liszt, dans le versant italien, deuxième année, des Années de pélerinage :

cf mon article du 6 juin dernier, il a juste trois semaines :

C’est donc avec plaisir que je prends acte

que Jean-Charles Hoffelé partage pleinement mon point de vue

sur ce CD Orfeo C 982 191

en son article de Discophilia

intitulé : DE LA SPIRITUALITÉ.

DE LA SPIRITUALITÉ



L’année romaine de Liszt aura encouragé les pianistes à tous les vices, langueur ou fureur ; pas Francesco Piemontesi qui poursuit _ sans langueur, ni fureur, donc _ son voyage dans le pèlerinage du virtuose hongrois _ après la première année, Suisse _ avec une pureté de ton _ oui ! _, une absence d’effets _ oui ! _, exhaussant Après une lecture du Dante au même niveau que celles, si nombreuses, de Claudio Arrau : aucun effet, mais un chant pur _ oui, oui _ et des abîmes vertigineux _ absolument ! Le pianiste suisse sait créer des espaces de retrait stupéfiant dans une œuvre qui démultiplie le clavier. Et tout cela toujours tenu, maîtrisé _ oui _, écoutez simplement le chant d’allégresse avant la coda.

Les trois Sonnets de Pétrarque rappellent par leur élévation la beauté du toucher de Kempff, rien moins ; et sont autant des déclamations contenues que des prières, évoquant Spozalizio qui ouvre l’album, où Piemontesi dore l’aigu de son piano comme le fond d’un Lorenzetti _ le siennois.

Toute cette seconde année précédée par la prédication aux oiseaux de Saint François d’Assise est sous ses doigts un exhaussement, une élévation spirituelle _ parfaitement _, telle, déjà, la musique de l’Abbé Liszt qui va aux confins de l’harmonie et dissout le romantisme dans l’extase _ oui _ ; soit ici une lecture humble et parfaite _ totalement maîtrisée _ qui peine à cacher le virtuose insensé qu’est ce pianiste poète _ c’est parfaitement dit. En complément un DVD passionnant.


LE DISQUE DU JOUR


Franz Liszt
(1811-1886)…


Années de Pèlerinage. Deuxième Année – Italie,
S. 161

St. François d’Assise prêchant aux oiseaux – Légende No. 1, S. 175 No. 1


Francesco Piemontesi, piano



Un album (CD+DVD) du label Orfeo C982191

Photo à la une : le pianiste Francesco Piemontesi – Photo : © DR



Ce jeudi 27 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’inventivité de Johannes Pramsohler

26juin

Sur le site Res Musica,

une intéressante interview de l’inventif Johannes Pramsohler,

JOHANNES PRAMSOHLER, VIOLONISTE POUR SORTIR DES SENTIERS BATTUS

par Maciej Chiżyński


Le violoniste Johannes Pramsohler s’est affirmé ces dernières années comme l’un des instrumentistes les plus inspirés, tout autant que les plus inspirants dans le domaine de la musique baroque. Ayant fondé l’Ensemble Diderot et son propre label, Audax Records _ voilà ! _, il a maintenant la liberté dans le choix du répertoire qu’il voudrait aborder et présenter au public.


« La crise du disque a profondément changé le rapport entre label et artistes. »



ResMusica : Vous avez étudié auprès de grands maîtres du violon, notamment Reinhard Goebel et Rachel Podger. En quoi leur approche est-elle différente ?


Johannes Pramsohler : Je ne suis pas vraiment un « élève » de Reinhard Goebel au sens propre, car je n’ai jamais eu de cours de violon avec lui. J’ai eu la chance de travailler avec lui dans plusieurs projets d’orchestre ; et seulement depuis un an, je suis dans sa classe d’« interprétation historiquement informée » au Mozarteum de Salzbourg. Reinhard part toujours de l’analyse de l’œuvre, et il cherche une « vérité » dans la musique avec une grande passion. Il donne la priorité absolue à la fidélité au texte. L’approche de Rachel Podger est plus spontanée et plus libre. J’avais déjà suivi un cursus en violon moderne, mais je n’ai eu l’impression de vraiment comprendre la technique violonistique qu’au cours de mes années d’étude avec elle. Je suis gaucher, et elle m’a guidé avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité pour acquérir une solide technique de l’archet. Finalement, les deux se ressemblent dans la technique violonistique avec un bras droit parfaitement maitrisé et le poignet bas et contrôlé.

RM : Sur quel violon jouez-vous ?


JP : J’ai la chance de jouer sur le magnifique Pietro Giacomo Rogeri construit à Brescia en 1713, qui appartenait à Reinhard Goebel. C’est un violon avec un spectre harmonique très riche et équilibré qui est mon « partenaire » sur scène depuis maintenant dix ans. Reinhard me dit toujours : « Le violon connaît déjà l’œuvre, maintenant il faut juste que tu le travailles ». (rires) Pour mes projets avec des orchestres modernes, j’ai la chance d’avoir la possibilité de jouer de magnifiques Stradivarius et Guadagnini de la collection de la Royal Academy of Music de Londres.


RM : Vous avez fondé votre propre label. Pourquoi l‘avez-vous fait ?


JP : Généralement, les artistes enregistrent des disques pour laisser une trace ou avoir une « carte de visite ». Pour moi, cela se double d’une envie d’enrichir le répertoire.
La crise du disque a profondément changé le rapport entre label et artistes. Les stratégies de long terme avec des engagements sur plusieurs disques ne sont plus possibles ; et de surcroît, l’artiste doit dorénavant apporter une majeure partie du financement au label. Mes choix artistiques sont de plus difficiles à défendre auprès de directeurs de maisons de disques qui recherchent une rentabilité immédiate _ hélas. Avec Audax Records, j’ai une totale liberté, du programme jusqu’à la pochette, et même le marketing. Et le concept à 360° que nous poursuivons avec l’Ensemble Diderot permet de rester très flexible _ c’est bien.


RM : Quel est l’objectif du label Audax ? Qu’est-ce qui distingue cette étiquette des autres maisons de disques se spécialisant dans le domaine de la musique ancienne et baroque ?



JP :
Audax Records est un label d’artistes. C’est la plateforme d’expression des musiciens de l’Ensemble Diderot _ voilà. Il est géré par nous-mêmes, et chaque projet est construit avec soin et passion. L’objectif principal est d’enrichir le paysage musical avec des enregistrements d’œuvres méconnues voire inédites _ c’est bien ! _ et de proposer des programmes surprenants et toujours aussi un peu « didactiques ». Nous construisons des projets qui sortent des sentiers battus avec une réelle exigence musicale et musicologique, mais nous ne nous adressons pas à une « niche ». Nous nous adressons au public le plus large possible en le guidant vers de nouveaux territoires : la compréhension et l’illustration de l’entourage _ oui _ d’un compositeur connu (comme Bach ou Haendel), une plongée dans la vie musicale d’une ville, d’un pays ou d’une époque, ou encore la connaissance d’un genre musical précis _ soit un élargissement.


« Je ne cherche jamais activement des œuvres inédites : elles me tombent dans les mains ! »



RM : Quels critères choisissez-vous en abordant le répertoire méconnu ? Comment vous procurez-vous les partitions ?


JP : Je m’intéresse beaucoup aux biographies _ oui _ des compositeurs ; et ça m’amène aussi à lire les catalogues des bibliothèques _ c’est bien. J’ai des contacts étroits avec des musicologues du monde entier _ oui _ qui me permettent de trouver des réponses très vite à mes questions. C’est un travail continu qui a pour but de comprendre _ systématiquement, en proifondeur _ un compositeur ou une époque. Je ne cherche jamais activement des œuvres inédites – elles me tombent dans les mains en quelque sorte au cours de mes recherches. Ensuite, une chose mène à la suivante _ voilà ; tout s’enchaîne _ avec toujours de nouvelles idées de programmes.


RM : Combien de temps à l’avance démarrez-vous la mise en œuvre de vos projets discographiques ? Ces projets ont-ils un dénominateur commun ?


JP : La plupart des programmes subissent un temps de « maturation » d’environ cinq ans _ wow ! On commence par une idée et on essaie d’intégrer les œuvres dans nos programmes de concert ; et, peu à peu _ voilà _, le projet discographique se construit. On a beaucoup de projets qui ne voient jamais le jour. Le dénominateur commun est de ne jamais cesser d’être curieux _ oui ! _, ainsi qu’avoir une franche passion _ oui ! _ pour la musique.


Johannes_Pramsohler


RM : Vous trouvez également du temps pour donner des concerts, en solo, et avec l’Ensemble Diderot. Qu’est-ce que vous avec joué récemment ?


JP : Je viens de faire un programme Mozart avec un orchestre symphonique. Un Academie-Konzert comme le faisait Mozart à Vienne dans les années 1780 en mélangeant un concerto, de la musique de chambre, un air de concert, et le tout encadré par les mouvements d’une symphonie. J’aime travailler avec des orchestres « modernes », je trouve important de rester ouvert et curieux, et ces projets m’enrichissent aussi pour mon travail avec mon propre groupe.


À la Royal Academy of Music de Londres, j’ai récemment joué l’intégrale des sonates de Bach. Avec l’Ensemble Diderot, nous sommes en pleine tournée pour le lancement de nos deux disques The London Album et The Paris Album avec des sonates en trio du XVIIe siècle français et anglais.


La tournée de Didon et Énée de Purcell avec une mise en scène de Benoît Benichou se poursuit pour l’Ensemble Diderot qui s’est, pour l’occasion, élargi de son propre chœur. Il sera donné au Festival d’Hardelot, ainsi qu’en tournée sur la saison 2020-2021.


RM : Pourriez-vous nous annoncer vos prochaines activités musicales, et surtout les parutions discographiques ?



JP :
Notre prochain grand projet avec l’Ensemble Diderot est une production scénique de L’Offrande musicale de Bach. Damien Caille-Perret construit une scénographie sensible avec trois immenses écrans, et Pierre Nouvel va créer des vidéos illustrant l’œuvre d’une nouvelle façon, presque « immersive ». On donnera ce spectacle en tournée en Italie, Autriche et France durant l’automne 2019, de même que cinq représentations à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet à Paris en mai 2020.


Sinon on se penchera dans les prochaines années encore sur la musique du XVIIe avec le désir d’approfondir davantage notre connaissance des débuts de la sonate. La musique française ne manquera pas avec notamment un nouvel enregistrement des magnifiques sonates en trio de Leclair _ c’est bien ! Nous commençons également un travail important sur la musique berlinoise du milieu du XVIIIe avec plusieurs projets discographiques.


Crédits photographiques : Portrait 1 © Julien Benhamou ; Portrait 2 © Johannes Pramsohler

Ce mercredi 26 juin 2019, Titus – Curiosus – Francis Lippa

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