Musique et peinture en vrac _ partager enthousiasmes et passions, dans la nécessité et l’urgence d’une inspiration

— Ecrit le samedi 21 mars 2009 dans la rubriqueArts plastiques, Blogs, Musiques”.

Beaucoup d’articles en suspens, à l’écriture réservée, mise en quelque sorte sous le coude, dans l’attente de davantage de disponibilité à l’écoute d’une authentique inspiration-respiration (pour l’écriture d’un article : on n’écrit ni n’importe comment ; ni n’importe quand ! il faut que la rencontre de l’énergie et de l’inspiration, face à l’objet, face à l’œuvre, soit bien là !!! et puisse « se donner » au partage, par l’écriture…).

Par exemple, demeurent ainsi « en attente » (de rédaction) un article sur le superbe album « Hammershøi« , par Felix Krämer, Naoki Sato, et Anna-Birgitte Fonsmark, aux Éditions Hazan (paru au mois de septembre 2008 ; et à l’occasion d’une exposition rétrospective de l’œuvre de Vilhelm Hammershøi (1864-1916) à la Royal Academy of Arts, à Londres et au National Museum of Western Art, à Tokyo, de juin à septembre, puis septembre à décembre 2008) ;

ou un autre sur le passionnant (!) travail de peinture _ en cours, lui : une très grande découverte, pour moi ! allez très vite y regarder !!! _  de « Didier Lapène« , aux Éditions Le Festin, à l’occasion d’une exposition panoramique très complète de l’œuvre réalisé à ce jour par ce jeune artiste, du 18 décembre 2008 au 31 mars 2009  _ il est encore temps de s’y rendre et de la découvrir sur les cimaises !_ au Musée des Beaux-Arts de Pau, par Guillaume Ambroise, Vincent Ducourau, Dominique Vasquez, Jacques Battesti, Olivier Ribeton et Dominique Dussol, aux Éditions Le Festin (paru au mois de décembre 2008).

Deux albums de peinture tout à fait « essentiels », si je puis dire ; et qui nous « parlent » de ce que « peindre » continue, pour un artiste-plasticien, de « vouloir dire »…

Vilhelm Hammershøi, artiste danois, né le 15 mai 1864 et mort le 13 février 1916 à Copenhague ; et Didier Lapène, artiste français (et gascon), né le 20 mai 1964 _ exactement un siècle plus tard que Vilhelm Hammershøi _, à Aureilhan, Hautes-Pyrénées, et demeurant dans les Pyrénées-Atlantiques ; à Biarritz tout particulièrement…


De même pour pas mal d’articles de musique

« s’impatientant »…

Ainsi me suis-je promis _ peut-on, dixit l’ami Charles Ramon, ou ne peut-on pas, se faire une promesse à soi-même, seul, ou devant témoins ? peut-on, dixit l’ami Jean-Philippe Narboux, se faire un cadeau à soi-même ? : ce furent des questions, l’autre soir, au dîner convivial qui a suivi la conférence de l’amie Sophie Guérard de Latour (« De la citoyenneté multiculturelle à la république des différences« , à la Bibliothèque municipale de Bordeaux, le mardi 17 mars) _ ;

ainsi me suis-je promis de consacrer quelques articles à quelques grands CDs de musique :

d’abord, le très beau CD Alpha Rameau « Que les mortels servent de modèles aux dieux…« , une « suite » composée d’extraits des opéras « Zoroastre«  (« Opéra en cinq actes Représenté pour la première fois par l’Académie Royale de Musique, le 5 décembre 1749 et remis au Théâtre le mardi 4 Janvier 1756 » sur un livret de Louis de Cahusac), et « Zaïs«  (« Pastorale héroïque » de Jean-Philippe Rameau, composée, elle aussi, sur un livret de Louis de Cahusac : « la pièce comporte un prologue et quatre actes ; et a été créée à l’Académie Royale de Musique le jeudi 29 février 1748« ) ; qu’interpète, cette riche « suite » _ tout en contraste de « couleurs » : côté « ombres », pour « Zoroastre » ; côtés lumières, pour « Zaïs« … _, l’Ensemble Ausonia, que dirige l’excellent Frédérick Haas (avec Mira Glodeanu, comme premier violon et « maître de concert« ) ; et Eugénie Warnier, soprano, et Arnaud Richard, basse _ tout à fait convaincants ! :

un choix très intelligent et fort judicieux de pièces orchestrées et chantées (et dansées !!!)

_ de la part de Frédérick Haas : cf ses choix, déjà remarquablement « intelligents », pour nous faire entrer avec délicatesse et clarté dans le massif si richement diapré et infiniment subtil et simple, tout à la fois, des « pièces de clavecin » (et les « Ordres« ) de François Couperin (CD Alpha 136 « Pièces de clavecin des Livres I & II » de François Couperin) _

qui nous donne enfin à ré-entendre un peu (!) de la musique de scène, sublime _ avec orchestres, solistes (aux deux créations, chantaient les très grands Jélyotte et Marie Fel : lui de Lasseube, en Béarn _ entre Oloron et Pau _ ; elle, bordelaise…) ; n’y manque (un tout petit peu) qu’un (petit) aperçu des chœurs, très heureusement présents, aussi, dans ces œuvres scéniques si festives… _ de Jean-Philippe Rameau :

quelle peine, voire quel scandale, de le (= l’œuvre de Rameau) donner _ sur la scène, à l’opéra, au concert et au disque _ si peu !.. Au moins, ce CD répare-t-il un brin pareille injustice !…

J’annonce aussi, ici, de futurs « aperçus » sur des CDs mettant merveilleusement en valeur deux très grands musiciens de « style français », venus, tous les deux, et chacun, du cœur de l’Europe centrale et orientale _ quand la France rayonnait de ses Arts… _ :

Georges Enesco et Bohuslav Martinů !

un magnifique CD de la musique du très grand Georges Enesco (Liveni, en Roumanie, 19 août 1881 – Paris, 4 mai 1955) : le CD « String Octet & Violin Sonata N°3 » de George Enescu _ en une magnifiquement inspirée version pour orchestre de Lawrence Foster, pour ce qui concerne ce chef d’œuvre qu’est l’Octuor (opus 7 _ il fut achevé de composer le 5 décembre 1900), par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, que dirige Lawrence Foster, et Valeriy Sokolov, violon, et Svetlana Kosenko, piano : un CD Virgin Classics 50999 519312 2 2 _ quel immense chef d’œuvre que cet « Octuor » !!! ;

ainsi qu’un tout aussi magnifique double CD (+ un DVD) Bohuslav Martinů (né le 8 décembre 1890 à Polička, en Bohême, mort le 28 août 1959 à Liestal, en Suisse) : le CD Alpha 143 « H.36«  _ c’est son titre _, par l’Ensemble Calioppée, avec Karine Lethiec à la direction artistique,

et comportant l’inédit _ et pour cause ! _ « Trio à cordes n°1 _ H. 136« , ainsi numéroté au catalogue des œuvres de Martinů par Harry Halbreich (honorant, aussi, de sa présence le très beau DVD d’Olivier Segard présentant la découverte de cet opus disparu, de 1924, en l’occurrence le manuscrit original de Martinů, perdu (détruit ? ou volé ? lors de l’occupation de la Tchécoslovaquie par les nazis…), ayant été tout récemment retrouvé par hasard à la bibliothèque de Copenhague par la musicologue tchèque Eva Velicka) _ ; le sextuor « Musique de chambre n°1 (Fêtes nocturnes) _ H. 376« , de 1959 ; le « Quatuor avec piano _ H. 287« , de 1942 ; et le « Quintette à cordes _ H. 164« , de 1927 :

soit une « coupe » merveilleusement parlante (et chantante) de l’œuvre de musique de chambre de Martinů, au fil de ses années, de 1924 à 1959 ; et supérieurement représentative de son « goût français » : goût pour lequel Martinů était tout spécialement venu à Paris, se présentant « le 15 octobre 1923 chez Albert Roussel«  :

« Prévu pour trois mois, son séjour s’étendit à dix-sept ans _ précise le livret, page 13, sous la plume de Harry Halbreich _, jusqu’à ce que l’invasion de la France par les nazis le chassât vers l’exil américain. Plus tard, il devait expliquer : « Je ne suis pas allé en France pour y chercher mon salut, mais pour y vérifier _ on lit bien ! _ mes opinions. Je n’y ai cherché ni Debussy _ disparu le 25 mars 1918 _, ni l’impressionnisme _ musical _, mais les vrais fondements de la culture occidentale _ rien moins !!! _, qui à mon avis correspondent bien à notre propre caractère national _ tchèque _ qu’un labyrinthe de suppositions et de problèmes. » « Il voulait désigner par là la conception expressionniste et métaphysique d’essence germanique« , commente Harry Halbreich… Ce qui nous éclaire parfaitement sur le rayonnement alors du « style français »…

Enfin,

une toute récente découverte _ de pur plaisir _ et à quel degré ! _ :


le CD « Concerti & Ouvertüren«  _ rien que le mélange des langues (italien, français, allemand) dans ce terme d' »Ouvertüren » (!) est significatif de l’élégance d’une grande époque (de notre Europe) et de l’auteur remarquable que fut le compositeur Johann-Friedrisch Fasch (né à Buttelstädt, près de Weimar, le 15 avril 1688 et décédé à Zerbst le 5 décembre 1758) _ de Johann-Friedrich Fasch,

par le Kammererorchester Basel, que dirige exquisément, de son violon, Julia Schröder _ et avec le trompettiste Giuliano Sommerhalder, pour un concerto de trompette délicieusement virtuose… :

un CD Deutsche Harmonia Mundi 88697446412.

C’est là une musique festive pour la très brillante _ et délicate ; et délicieuse… _ cour des Princes d’Anhalt-Zerbst, en leur résidence de Zerbst _ dont le château a, malheureusement, été complètement détruit en 1945 : Fasch y avait été « maître de chapelle« , de 1722 à sa mort, en 1758 ; et le catalogue des œuvres de Fasch comporte à ce jour 96 « Ouvertures » et 68 « Concerti« … _ ; ou pour la plus brillante cour, encore _ royale !!! (deux princes-électeurs de Saxe ayant été successivement élus rois de Pologne aussi, alors : et ce fut l’apogée de la Saxe !) _, de Dresde _ ville dont on sait la terrible destruction lors du bombardement qui eut lieu du 13 au 15 février 1945 : « la ville fut pratiquement entièrement détruite par la Royal Air Force britannique et l’United States Army Air Forces » : cf le témoignage de Victor Klemperer en son (indispensable !!!) « Journal« ...


Cette musique de joie de Fasch est magnifiquement servie ici par une interprétation qui sait en rendre toute la vie _ les rythmes, les couleurs : dans les « suites » que sont les « Ouvertüren« , tout particulièrement : « à la française » ! _, et toutes les grâces. Quant au « Concerto » pour violon de ce CD _ en ré majeur, FWV L:D4a _, il fut écrit tout exprès pour Johann-Georg Pisendel (1687 – 1755), l' »élève » en Saxe de Vivaldi : à partir de janvier 1712 et jusqu’à sa mort, Pisendel travailla à la Chapelle de la Cour de Saxe à Dresde, d’abord comme violoniste, puis _ à compter de 1728 _ comme Kappelmeister ; le plus important des voyages qu’il fit pour se perfectionner, fut celui qui le mena en Italie en 1716 et 1717 : il put passer une année à Venise aux frais de son prince, et s’y lia d’une profonde amitié avec Antonio Vivaldi… Telemann, Bach, Vivaldi et le goût français _ soient « les Goûts réunis » de François Couperin… et Georg-Philipp Telemann _, étaient alors en verve, tant à la cour royale de Dresde qu’à celle, princière, de Zerbst-Anhalt… Des musiques qui, ainsi interprétées, n’ont certes pas pris une ride…

Je recommande donc très vivement, et en cette interprétation-là, cette « musique » toute de joie…


Titus Curiosus, ce 21 mars 2009

Commentaires récents

Le 11 avril 2009

[…] (un peu cavalièrement ! mais provisoirement) permise en un récent (le 21 mars) article “Musique et peinture en vrac _ partager enthousiasmes et passions, dans la nécessité et l’urgence…” _ en attente de mieux, de plus détaillé, il est vrai, promettais-je… Probablement […]

Le 22 mai 2009

[…] mars 2009 : “Musique et peinture en vrac _ partager enthousiasmes et passions, dans la nécessité et l’urgence…” (à propos de Rameau, Enescu, Martinů et Fasch : dans des oeuvres, toutes, d’esprit […]

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