Un compositeur tchèque tout à fait singulier : Josef Suk (1874-1935)

— Ecrit le samedi 30 juin 2018 dans la rubriqueMusiques”.

Josef Suk (4 janvier 1874 – 29 mai 1935)

est référencé dans les histoires de la musique surtout comme le gendre d’Anton Dvorak _ dont en 1898 il a épousé la fille Ottilie (1878 – 1905).

Mais ce n’est pas du tout rendre l’honneur qu’elle mérite pleinement à sa musique même

de la considérer seulement comme l’œuvre d’un simple épigone d’Anton Dvorak (8 septembre 1841 – 1er mai 1904) !

Sa Fantaisie pour violon et orchestre à cordes, opus 22 (de 1902)

est un pur et admirable chef d’œuvre ;

de même que sa symphonie Asraël, opus 24 (de 1906).

Eh bien, ses œuvres pour piano sont particulièrement originales et singulières

_ même si c’est d’une manière différente des œuvres bien mieux connues du génial Leos Janacek…

..

Après un récent CD Piano works (MDG ) du pianiste Karl-Andreas Kolly,

comportant les opus 10 (Moods) et 30 (Things lived and dreamt),

ainsi que le Chant d’amour opus 7, 1 et la Dumka, opus 21, 3

Cf l’article récent Suk’s Underrated and Undervalued Piano Works de Jed Distler

sur le site de Classicstoday. com :

Suk’s Underrated and Undervalued Piano Works

Review by: Jed Distler

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Unlike his massive orchestral tone poems, most of Josef Suk’s piano music is smaller in scale and often elegiac in nature. Yet it also is skillfully and idiomatically deployed for keyboard, and you can only wonder why pianists generally ignore such substantial, imaginative, and communicative piano music.

Certainly the Op. 10 cycle’s opening Legend has everything a Romantically inclined virtuoso could wish for : soaring melodies, lush textures, just enough polyphony, and a grand climax. The Capriccio’s restless modulations and disarmingly humorous thematic material engage the mind as much as they tickle the ears. The Dumka’s gorgeous lyricism and evocations of speech patterns add up to a miniature masterpiece: Rachmaninov meets Janácek, perhaps?

The 10 pieces encompassing Suk’s 35-minute-long piano cycle, Things lived and dreamt, find the composer in particularly inspired fettle. No. 5’s mutedly sardonic broken octaves and clipped phrases backed up by quirky arpeggios suggests an animated cartoon accompanied by late Liszt. No. 6 is akin to a Dvorák Slavonic Dance, but harmonically updated and rhythmically displaced. No. 14’s lilting demeanor and witty embellishments suggest a Czech rag, while the extraordinary final piece’s soft and sparse left-hand accompaniment and rhapsodic right-hand lines foreshadow similar textures in Messiaen’s bird-inspired works.

Pianist Karl-Andreas Kolly not only plays marvelously well from a technical standpoint, but he also understands how to use tone color to bring out each work’s appropriate atmosphere, and how to keep the underlying rhythms alive. Furthermore, his artistry is enhanced by MDG’s multi-channel concert hall ambience and the singular qualities of its 1901-vintage house Steinway grand. All I can say is that MDG ought to enlist Kolly to set down more Suk, and not just because Supraphon’s reference edition of the composer’s complete piano music with pianist Pavel Stepán is hard to source as of this writing. Enthusiastically recommended.

Recording Details:
Reference Recording : Suk Complete Piano Works : Stepán (Supraphon)

  • SUK, JOSEF:
    Nálady (Moods) Op. 10; Dumka Op. 21 No. 3; Things lived and dreamed Op. 30; Love Song
  • Karl-Andreas Kolly (piano)
  • MDG – 903 1956 6
  • SACD

voici que paraît maintenant chez Hyperion

un très remarquable CD Suk (CDA 68198)

du pianiste Jonathan Plowright,

comportant les opus 7 (Piano pieces), 10 (Moods), 22a (Spring) et 22b (Summer impressions).

Jean-Charles Hoffelé vient de lui consacrer un excellent et très justifié article,

intitulé Jardin secret,

sur son site,

le 18 juin dernier :

JARDIN SECRET

Asraël, Maturation, Conte de printemps, tout le génie de Josef Suk s’est employé à son sombre orchestre. Mais il composa aussi pour la chambre et même pour le piano : des cahiers modestes aux charmes étranges, dont le romantisme secret, les ramages élégants (écoutez le mirifique Printemps), n’ont pas le caractère secret, la poésie désarmante des opus de Janáček.

….

Mais tout de même, ce piano de plein air a de sacrés attraits, surtout si subtilement défendu par Jonathan Plowright qui en comprend le tactus complexe, les rythmes fuyants, le langage des trilles qui transforme le clavier en rossignol. Au point que revenant sans cesse à cet album, je ne m’explique pas que ces opus ne soient pas plus courus au concert, en Tchéquie comme ailleurs.

Pavel Štěpán, surtout Radoslav Kvapil pour Unicorn, en avaient jadis signé de belles anthologies, mais il y a chez Jonathan Plowright une imagination supplémentaire dans les timbres, l’allant des mélodies, la finesse des traits et des contrechants, qui nous plongent dans l’intimité de cet univers souvent délicieux.

Mais d’où vient donc ce piano si singulier ? De celui de Zdeněk Fibich probablement, qui lui aussi collectionna de petits cahiers assemblés en vastes cycles, ces Humeurs (Moods) auquel Suk sacrifie aussi dans son Opus 10, où le sens du caprice s’équilibre avec un certain goût du mystère : la Légende est une merveille que tous les pianistes devraient jouer en bis.

Et si Jonathan Plowright poursuivait avec un second volume ? La Suite Op. 21, et surtout le grand cahier où Suk dressa le portrait musical de sa mère, l’espèrent bien.

LE DISQUE DU JOUR

 

 

 

 

 

 

 

 

Josef Suk (1874-1935)


Printemps, Op. 22a
Impressions d’été, Op. 22b
Pièces pour piano, Op. 7
Humeurs, Op. 10

Jonathan Plowright, piano

Un album du label Hypérion CDA68198

 

Photo à la une : © DR

Ce samedi 30 juin 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa 

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