Le Baroque musical français religieux : le flamboyant cas Rameau (1683 – 1764)…

— Ecrit le samedi 19 février 2022 dans la rubriqueHistoire, Musiques”.

Dans mon article de mercredi dernier 16 février _ _,

« de Henry Du Mont (1610 – 1684) et Pierre Robert (1622 – 1699) jusqu’à André Campra (1660 – 1744), Michel-Richard Delalande (1657 – 1726) compris ; sans oublier, bien sûr, ni Jean-Baptiste Lully (1632 – 1697), ni Marc-Antoine Charpentier (1643 – 1704)« ,

je choisissais pour bornes de mon évocation de la présente production discographique les réalisations d’oeuvres allant de Henry Du Mont (1610 – 1684) jusqu’à André Campra (1660 – 1744), dans l’intention de m’en tenir aux compositeurs principaux disons du règne de Louis XIV (1643 – 1715).

En écartant le cas, plus tardif, de Jean-Philippe Rameau (1683 – 1764) ;

dont j’avais un peu oublié, pour des raisons que j’ignore et qui m’étonnent, sa production de Motets…

Or, voici que vient se rappeler à mon attention la parution d’un superbe CD intitulé « Grands Motets«  _ le CD CVS 052 du label Château de Versailles – Spectacles _, consacré aux 4 Motets dont nous disposons aujourd’hui de Jean-Philippe Rameau :

« Quam dilecta tabernacula« , « In convertendo Dominus« , « Laboravi clamans » et « Deus noster refugium« ,

interprétés par le Chœur et l’Orchestre Marguerite-Louise, sous la direction de Gaétan Jarry…

Ainsi voici l’article, intitulé « Motets d’opéras« , que Jean-Charles Hoffelé, sur son site Discophilia, a consacré, avant-hier 17 février, à ce superbe CD de ces 4 Motets de Rameau

_ au lendemain de l’article intitulé, lui, « Pour le Roi-Soleil« , consacré par Jean-Charles Hoffelé au CD « Grands Motets » de Michel-Richard Delalande (1657 – 1726), de l’Ensemble Correspondances, sous la direction de Sébastien Daucé, le CD Harmonia Mundi HMM 902625 : une réalisation discographique plus décevante, à mon goût du moins ; et pour une fois, pour ce qui concerne Sébastien Daucé… _ :

MOTETS D’OPÉRAS

Rameau n’a pas pu se réfréner : l’air de soprano qui ouvre le sublime Quam dilecta tabernacula pourrait être chanté par Clarine, les longues phrases ornementées de l’Et enim passer où le ténor volute avec la flûte sont absolument opératiques _ presque trop ! _ ; tout cela est déjà un théâtre des sentiments et des émotions avant même le coup de tonnerre _ en 1733 _ d’Hippolyte et Aricie proclamant soudain le génie dramatique qui conduira la tragédie lyrique à son second apogée.

L’ensemble des motets écrits entre 1712 et 1721 _ soit à la toute fin du règne de Louis XIX et sous la Régence de Phikippe d’Orléans _, est fascinant, Rameau y opère une synthèse entre le modèle lullyste, les tentations italianisantes qui pénètrent par instants ceux de Lalande (l’influence maudite _ cela dépend de quel point de vue… _ de Charpentier) et le génie, illustratif jusqu’à la sensualité _ oui ! _, de ceux de Pierre Robert, qui pourrait être le modèle par quoi Rameau s’émancipe, préférant faire raisonner les mots des Ecritures par leur sensible plutôt que par leur fulgurance dont le chœur s’emparera.

Le geste si puissant que Gérard Jarry déploie au long de ce disque éclairant me semble renouveler le sujet, par l’émotion qu’il imprime dans les couleurs mêmes des notes, par l’éloquence du chœur, par le ton singulier qu’il donne à chacun des quatre grands motets, et par la présence si prégnante de ses solistes. Mathias Vidal, somptueux, ne devra pas vous faire négliger les dessus et les tailles, magnifiques d’incarnation elles aussi.

Album rayonnant, indispensable _ sans nul doute ! _ à toute discothèque Rameau.

LE DISQUE DU JOUR

Jean-Philippe Rameau(1683-1764)


Quam dilecta tabernacula, RCT 15
In convertendo Dominus,
RCT 14

Laboravi clamans, RCT 16
Deus noster refugium, RCT 13

Maïlys de Villoutreys, soprano
Virginie Thomas, soprano
Mathias Vidal, ténor
David Witczak, baryton
François Joron, baryton

Chœur & Orchestre Marguerite Louise
Gaétan Jarry, direction

Un album du label Château de Versailles Spectacles CVS5052

Photo à la une : © DR

Ce samedi 19 février 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Commentaires récents

Le 16 juin 2022

[…] sur le travail de celui-ci, cf  mon article du 19 février dernier « Le Baroque musical français religieux : le flamboyant cas Rameau (1683 – 1764)…« , à propos de son CD des « Grands Motets«  de Jean-Philippe […]

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