En comparant les nécessaires choix éditoriaux de « Deux Musiciens dans la Grande Guerre », en 2005, et « Ma Chère Maman, Mon Cher Enfant _ the Letters of Lucien and Louise Durosoir 1914-1919″, en 2022 : l’apport considérable de ce nouveau travail d’édition (et traduction en anglais) d’Elizabeth Schoonmaker Auld…
Si l’on compare ce que nous offrent, de la correspondance de guerre de Lucien Durosoir _ échangée avec sa mère Louise Durosoir _,
les éditions de « Deux Musiciens dans la Grande Guerre« , en 2005, aux Éditions Tallandier _ et par Luc Durosoir _, d’une part
_ en 185 pages (sur les 358 que comporte au total le livre : les autres pages étant consacrées aux Carnets de guerre du violoncelliste Maurice Maréchal) _,
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et de « Ma Chère Maman, Mon Cher Enfant _ the Letters of Lucien and Louise Durosoir 1914-1919« , en 2022, aux Éditions Blackwater Press _ et par Elizabeth Schoonmaker Auld _, d’autre part
_ en la moitié environ, soit 269 pages (sur les 538 que comporte au total le livre : l’autre moitié environ étant consacrée aux lettres de l’« interlocutrice« de Lucien : sa mère, Louise) _,
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il nous faut bien mesurer l’apport considérable de ce très remarquable travail d’Elizabeth Schoonmaker Auld,
déjà en nombre de lettres retranscrites, ainsi qu’en nombre de pages,
qui sont ainsi offertes à notre désir de connaissance…
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Outre l’accès _ très important _ que nous offre désormais l’édition d’Elizabeth Schoonmaker Auld aussi aux lettres de Louise Durosoir, l' »interlocutrice » de son fils bien aimé
_ ainsi, par comparaison, dans la correspondance accessible aujourd’hui de Madame de Sévigné avec sa fille adorée Madame de Grignan, nous font hélas défaut les lettres de son « interlocutrice« , Madame de Grignan, détruites par sa fille : a ainsi tristement disparu une très importante partie du cacaractère « conversationnel« de ces toujours, pourtant, si vivantes lettres de Madame de Sévigné… _,
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il faut reconnaître que Luc Durosoir, en 2005, avait dû se résoudre _ pour diverses raisons éditoriales circonstancielles, à ce moment-là : raisons qu’il me faudra préciser… _ à traiter différemment les « Lettres du front de Lucien Durosoir » des années 1914 et 1915, très détaillées et soigneusement datées (dont des extraits choisis assez substantiels sont assez abondamment donnés aux pages 19 à 153) de ce « Deux Musiciens dans la Grande Guerre » de 2005,
des lettres de celui-ci des années 1916, 1917, 1918 et 1919, bien davantage survolées, en ce volume _ afin d’y faire place aussi aux 128 pages (page 215 à page 343) des « Carnets de guerre de Maurice Maréchal _ 3 mai 1914 _ 5 novembre 1918 » : en 2005, le nom du violoncelliste Maurice Maréchal (1892 – 1964) était bien connu des mélomanes ; alors que celui de Lucien Durosoir (1878 – 1955) était encore totalement inconnu !.. _, et hélas délestées de leurs remarques musicales _ supposées probablement moins intéressantes alors pour de futurs lecteurs passionnés davantage d’Histoire que de Musique… _ et dont les extraits simplement aboutés et beaucoup plus courts étaient seulement classés par mois d’envois _ Elizabeth Schoonmaker Auld nous rendant accessible aussi l’essentiel de ces bien intéressantes informations musicales… _, aux pages 155 à 213 de ce « Deux Musiciens dans la Grande Guerre« …
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Le complément que vient donc nous offrir, cette année 2022, ce monumental travail éditorial-ci d’Elizabeth Schoonmaker Auld, est donc considérable ;
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et à la hauteur de ce que les éditions de l’ensemble des partitions, d’une part,
et les enregistrements de tout l’œuvre composé par Lucien Durosoir, au disque _ ainsi, bien sûr, que des performances de concert _, d’autre part,
par les formidables efforts de Luc et Georgie Durosoir,
ont pu déjà donner à beaucoup mieux appréhender _ et mesurer… _ la très haute qualité musicale de l’œuvre musical laissé par Lucien Durosoir, réalisé _ sereinement et avec fermeté ; sans pression de quelque superficiel souci de réception immédiate que ce soit… _, par le compositeur qu’il a été entre 1919 et 1950.
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Et afin de bien mesurer l’énorme apport de ce nouveau traitement éditorial de la correspondance accompli par Elizabeth Schoonmaker Auld, par rapport à celui réalisé naguère par Luc Durosoir en son travail pionnier de 2005,
il n’est que de comparer un peu attentivement les 2 pages de « Traitement éditorial » de Luc Durosoir, aux pages 27 et 28 de son « Deux Musiciens dans la Grande Guerre » en 2005,
avec les 2 pages de l’ « Editorial Treatment » d’Elizabeth Schoonmaker Auld, aux pages ix et x de son présent « Ma Chère Maman, Mon Cher Enfant _ the Letters of Lucien and Louise Durosoir 1914-1919« …
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Le gain qui en résulte est en effet proprement considérable ;
et un caractère très important de la nouvelle présentation de ces lettres croisées entre le fils Lucien et sa mère Louise, était que soit « maintained the conversational aspect » de ces lettres échangées entre ces deux formidables interlocuteurs.
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Elizabeth Schoonmaker Auld, ajoutant malicieusement, page ix, à propos des conversations beaucoup plus intimes qui ont eu lieu, de vive voix _ et sans menace de regard et d’éventuelle censure de la part des autorités militaires _, entre la mère et le fils aux moments des permissions du soldat, retournant alors au domicile familial de Vincennes, ceci :
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« One would like to have had a microphone on the wall to capture their discussions ; Lucien was free to talk about things he couldn’t describe in his letters. We have only the letters after each home leave as clues to their conversations » _ en effet !
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Et j’attirerai ici, au passage _ et il me faudra bien sûr y revenir ! Car c’est très important pour mieux cerner les deux personnalités de fond de Lucien et de Louise…_, l’attention portée à la personne de la demoiselle Muller _ le nom de celle-ci n’est prononcé que deux fois dans les lettres échangées entre Lucien et sa mère Louise : une première fois, dans la lettre du 1er avril 1917 de Lucien à sa mère, page 341 du livre ; et le 3 mai, dans une autre lettre de Lucien à sa mère (page 359) _ d’Abainville _ village paisible (éloigné du front de Verdun et Les Éparges) du sud du département de la Meuse dans lequel Lucien séjourne aux mois de février-mars 1917 (cf les pages 329 à 338), et où il donne divers concerts dans les villages voisins d’Abainville : Gondrécourt, Houdelaincourt, Delouze, Bonnet, Badonvilliers, tous villages limitrophes de celui d’Abainville...
Et ils se trouve que je connais personnellement un peu cette (belle) région, une sorte de verdoyante petite Suisse, qui est la région natale de mon beau-père, né à Osne-le-Val, en la toute proche Haute-Marne. Mon épouse et moi-même, et notre fille aînée, avions rendu visite, l’été 1977, à la sœur de mon beau-père, à Thonnance-lès-Joinville (Haute-Marne), et à sa belle-sœur, à Toul (Meurthe-et-Moselle): nous étions donc passés par Abainville pour rejoindre la douce vallée, aux belles prairies, de la belle Meuse « endormeuse » afin de rejoindre Toul… Fin de l’incise.
C’est le 13 février 1917 que Lucien arrive et s’installe au riant village _ de 500 habitants alors _ d’Abainville (pages 330-331), en arrière du front. Mais c‘est lors de son séjour de permission, à Vincennes, entre le 9 ou 19 mars et le 24 ou 25 mars 1917, que, de vive voix, Lucien osera parler à sa mère Louise des sentiments éprouvés pour cette Melle Muller d’Abainville…
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Mais au retour de Lucien dans l’Est _ Lucien se trouve à Nancy au moins le 26 mars, pour un concert auquel il participe, en une salle magnifique d’au moins 800 places (page 339) ; mais Lucien a-t-il alors définitivement quitté Abainville ? Ou pas encore ?.. Ce n’est pas clairement mentionné en aucune des lettres de Lucien qui suivent… _, si le nom d’Abainville revient à diverses reprises dans les lettres échangées entre Lucien et sa mère Louise _ le 6 avril (page 345), le 7 avril (pages 342 et 343), le 8 avril (page 343), le 11 avril (page 345), le 19 avril (page 353), le 5 mai (page 360) _,
c’est pour évoquer, au passé, et sans prononcer son nom _ une fois seulement, Lucien, le 3 mai (page 359)… _ cette Melle Muller d’Abainville : cette « jeune femme qui était douce, timide, charmante« .
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Et cela nous dit beaucoup aussi des choix, tant disons « affectifs« , que disons « de travail« , auxquels a dû se résoudre Lucien à ce tournant de sa vie d’adulte, déjà au milieu de sa vie, et, pour l’heure, encore en pleine guerre ; en ce printemps 1917 de la Grande Guerre, Lucien, né le 5 décembre 1878, a en effet atteint sa 39e année de vie… Et tant sa vie affective que sa vie professionnelle de musicien violoniste virtuose sont alors réduites à rien.
Tout sera donc à construire et re-construire, une fois la paix revenue ; et par étapes successives ; et en ayant à faire face, aussi et bientôt, à l’accident domestique _ chute dans un escalier _ qui rendra sa mère impotente et complètement dépendante de ses soins : ce qui viendra ruiner le projet de Lucien de rejoindre à Boston, comme premier violon, l’orchestre que dirigeait désormais son ami Pierre Monteux…
Mais ce sera là une autre histoire, celle du devenir-compositeur de Lucien Durosoir _ cf mon article « Une poétique musicale au tamis de la guerre : le sas de 1919 – la singularité Durosoir« pour le colloque « Lucien Durosoir : un compositeur moderne né romantique » du Palazzetto Bru-Zane à Venise en février 2011, qui met l’accent sur l’importance décisive pour le devenir-compositeur de Lucien Durosoir de ce que je nomme le « sas« de l’année 1919…
Avant, suite au décès de sa mère le 16 décembre 1934, et le principal de l’œuvre de musique alors achevé, l’acte au moins aussi important pour lui de fonder, le 17 avril 1935 _ Lucien est alors en sa 57e année… _, à Bélus, sa propre famille…
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Ce lundi 19 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
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