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Quand, et avec son intensité stupéfiante, le Quatuor Tana nous fait découvrir aussi, après ceux de Steve Reich et Philip Glass, les 4 Quatuors (de 1983, 1984, 1985 et 2014) du compositeur polonais Krzysztof Baculewski…

22juin

Le 19 mai dernier, au soir d’un magique concert donné par le Quatuor Tana _ constitué de Antoine Maisonhaute, Ivan Lebrun, violons, Takumi Nozawa, alto, et Jeanne Maisonhaute, violoncelle _ au château de Mombet, à Saint-Lon-les-Mines, en Chalosse, dans le cadre de l’édition 2024 du « Mai musical Lucien Durosoir« ,

j’en ai rédigé un compte-rendu enthousiaste, « « ,

tant pour ce qui concerne les œuvres, stupéfiantes, les Quatuors n°3 de Lucien Durosoir (de 1934), et n°1 de György Ligeti (de 1954), que pour leur magistrale interprération par le splendide Quatuor Tana…

Du Quatuor Tana, je possédai à ce jour les 3 _ magnifiques ! _ CDs suivants :

_ le CD Megadisc Classics MDC 7877 « Steve Reich – WTC 9/11 – Different trains » _ enregistré au Studio Passavant au mois de juin 2016

_ le double CD Megadisc Classics MDC 7880 « Philip Glass – Seven String Quartets » enregistré à la Grande des Villarons et paru en 2018

_ le CD Soond SND 22020 « Philip Glass – Tana Quartet – String Quartet n°9 King Lear – String Quartet n°8 » _ enregistré au Théâtre d’Arras au mois de septembre 2021 ; et admirez ici cette vidéo de 11′ 48…

Aussi ai-je aussitôt très vivement aspiré à découvrir d’autres performances de tels interprètes aussi superbement intensément si justement « présents » en un tel concert…

Et ai-je illico presto commandé à mon disquaire préféré le CD « Krzysztof Baculewski – String Quartets« , le CD Dux 1238 _ enregistré à Luslawice, en Pologne, du 7 au 15 février 2017 ; et distribué par Distrart… _,

comportant les Quatuors n°1 (de 1984), n°2 (de 1985), n°3 (de 1986) et n°4 (de 2014) de ce compositeur polonais, né à Varsovie le 26 décembre 1950, toujours pleinement actif…

Et en recherchant dans les coins quelque attention portée par quelque critique mélomane,

j’ai découvert un site intitulé « operacritiques« , sous la signature d’un certain David Le Marrec, comportant, à la date mercredi 22 mars 2023 un long article développé intitulé « Quatuor & répertoire : entretien avec le Quatuor Tana » _ en l’occurrence le premier violon Antoine Maisonhaute _, dont je propose ici la lecture, et qui aborde un peu, au passage, l’œuvre de Krzysztof Baculewski, mais qui est surtout intéressant dans son effort de caractérisation du travail assez original et singulier du Quatuor Tana, dont l’intensité de jeu a frappé aussi David Le Marrec, lors d’un concert, en avril 2019, à Bourron-Marlotte, en Seine-et-Marne :

dont je retiens _ moi, Titus Curiosus _ un très vibrant et ô combien justifié, sinon indispensable !, éloge de la curiosité

de la part de ces splendides interprètes que sont, au disque comme au concert, les Tana…

Voici donc ce riche entretien d’Antoine Maisonhaute avec David Le Marrec :

mercredi 22 mars 2023

Quatuor & répertoire : entretien avec le Quatuor Tana

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Une série spéciale en quatre épisodes autour de la question du répertoire du quatuor à cordes. Pour cela, je m’entretiens avec Antoine Maisonhaute, du Quatuor Tana.
…Vous pouvez l’entendre par ici :
…Le flux RSS (lien à copier dans votre application de podcast)
https://anchor.fm/s/c6ebb4c0/podcast/rssou sur :
Google
Spotify
Deezer
Amazon
¶ etc.

Vous pourrez aussi y trouver quelques podcasts de vulgarisation très généraux sur l’opéra, le début de la reprise de la série Musique ukrainienne, une brève histoire de l’opéra italien à la conquête du monde, ainsi que quelques comptes-rendus de concerts trop bavards pour mes traditionnelles recensions Twitter… J’attends d’être un peu plus aguerri pour me lancer dans la grande adaptation de la série Pelléas……
Et comme d’habitude, la transcription suit. D’une part mon script (ce qui explique le style plus relâché, les répétitions… c’est prévu pour l’oral). D’autre part, pour ceux qui ne souhaitent pas écouter le fichier sonore, un résumé des réponses d’Antoine Maisonhaute { entre accolades }.
…Bonne écoute ou bonne lecture !…


Bienvenue dans cette nouvelle série du podcast de Carnets sur sol  !

Aujourd’hui, j’inaugure des entretiens avec des professionnels de la musique _ voilà. C’est un format que je n’ai jamais pratiqué, parce que je trouve que le format est en général très convenu, on félicite les artistes de bien jouer, on pose quelques questions faussement intimes, et on fait la promotion du disque ou du concert du moment.

Vous verrez que sur tous ces points, cet entretien adopte d’autres perspectives. Tout ce que vous n’avez peut-être même pas pensé à demander sur le quatuor à cordes !

Épisode 1  : Ma vie / La rencontre

Je commence à vous raconter pourquoi ce quatuor est singulier _ excellente perspective ! _, et d’où me vient cette envie d’échange. En vous livrant un peu de ma vie.

1.1. Les nouveautés

Nous sommes en avril 2019. Je tâche depuis peu de me tenir au courant des nouveautés, pas tant pour le dernier récital de la vedette Deutsche Grammophon que pour ne pas manquer les pépites de compositeurs que je ne connais pas _ voilà ! _ chez de petits labels riches en découvertes _ voilà une tout à fait excellente curiosité ! _ : comme je ne connais pas même leurs noms, si je les laisse passer, je ne les rencontrerai jamais ! _ et rencontrer vraiment, et pas superficielement, ni trop vite, est aussi essentiel ! Par ailleurs, il m’est déjà arrivé de croire pendant des années qu’une œuvre n’était pas disponible (ou pas dans une interprétation satisfaisante) et de me rendre compte par hasard que, depuis ma dernière vérification, plusieurs années plus tôt, on disposait d’un disque !

Je me suis donc mis à suivre les parutions de nouveautés discographiques, en particulier chez CPO (le label spécialiste des romantiques et décadents germaniques) et DUX (un label polonais qui ne publie que des œuvres exaltantes) _ et bien distribué en France par Distrart…

Je lance donc, sans rien y connaître, le disque _ des Tana _ de quatuors de Krzysztof Baculewski, un compositeur polonais né en 1950, et dont les quatuors (1984, 1985, 1986, 2014) semblent suivre l’évolution des esthétiques germaniques du premier XXe siècle, avec plus de radicalité au fil des œuvres, mais aussi plus d’épure et de concentration. Corpus absolument admirable _ oui, oui ! _, que j’ai beaucoup réécouté.

Je note mentalement le nom du Quatuor Tana, que je suppose polonais, et dont j’admire le mérite et l’engagement _ voilà : superbe et généreux ! _, pour enregistrer quelque chose d’aussi rare et qui leur sera si peu demandé en concert  !

1.2. Le concert

Un mois plus tard, en mai 2019. Comme chaque année, je parcours l’ensemble de la programmation de musique classique d’Île-de-France, et ce samedi-là, j’avais jeté mon dévolu sur un programme contenant le Quatuor de Debussy, le Premier Quatuor de Hahn, et un quatuor du compositeur (vivant) Jean-Paul Dessy Tuor Qua Tuor, dans une petite église du Gâtinais.

L’association ProQuartet, qui promeut le quatuor à cordes en Île-de-France, a deux bases d’opération  : un siège à Paris, mais aussi une zone d’influence dans le Sud-Ouest de la Seine-et-Marne (le long du Transilien R, qui passe par Fontainebleau, puis Nemours ou Montereau). Le choix du lieu, excentré par rapport à la capitale, mais dans un lieu où un public régulier et cultivé est assez présent, n’était pas totalement dû au hasard  : Reynaldo Hahn a séjourné dans la ville _ tiens, tiens !

Me voilà donc parti un samedi après-midi pour Bourron-Marlotte : une heure de train depuis la Gare de Lyon, avec une fréquence d’un train par heure… transi sous la neige fondue du mois de mai, j’ai même dû, au retour, monter dans un train en sens inverse pour me tenir chaud et ensuite patienter dans un couloir de la gare de Nemours où les dealers de coke opéraient à leur aise. L’église Saint-Sévère, qui conserve encore sa masse du XIe siècle (époque où elle était carrée), quoique largement remaniée au XIXe siècle, a trois particularités  : 1) des collatéraux qui s’arrêtent net au niveau du transept (sans croisillons, sans doute une économie au moment de l’élargissement de la nef) 2) des culs-de-lampe très expressifs aux visages simiesques 3) elle est loin de la gare.

Je me souviens encore d’être saisi par l’humidité glaciale de la neige fondue, traîtrement survenue en ce début de mai.

Du concert, j’avais surtout retenu le quatuor de Dessy, qui avait la particularité rare d’être un quatuor mené par le violoncelle – qui impulse la matière, commence les mouvements, régle le tempo… La matière première pourrait être qualifié d’essentielle, ni tonale (ce n’est pas aussi rudimentaire), ni atonale complexe, ni postmoderne-planante, vraiment une belle exploration de matériaux simples, qui s’achève en un souffle incantatoire – souffle littéral également, les deux violons pour finir soufflent dans leur âme.

Un petit goûter était organisé ensuite, dans la base du clocher-porche. Je n’ai pas osé déranger, et j’ai beaucoup regretté de ne pas avoir vu le bonheur sur leurs visages en annonçant que j’avais adoré leur disque Baculewski _ voilà ! _, sur lequel je me figurais qu’ils ne devaient pas avoir eu beaucoup de retour de la part de leur public de concert. (A fortiori alors qu’il venait de sortir quelques jours plus tôt.)

1.3. Le projet

Aussi, lorsque j’ai reçu la proposition d’entretien, j’ai bondi sur l’occasion  : d’abord de leur crier mon bonheur d’avoir connu Baculewski et Dessy grâce à eux, ensuite de leur poser non pas des questions traditionnelles, mais ce que j’avais réellement envie _ soit la curiosité du mélomane, aussi… _ de savoir. Elles sont peut-être un peu intrusives par certains côtés, mais c’était une occasion particulière d’avoir à ma disposition un ensemble aussi courageux et atypique.

Toutes les virgules de la série sont empruntées à un enregistrement libre de droits : il s’agit de la célèbre intégrale des Quatuors de Beethoven par le Quatuor Végh, sa première, celle de 1952 _ bravo ! Vous y entendez :

¶ en début d’épisode, un extrait du premier mouvement du quatuor n°10 ;
¶ en fin d’épisode, un extrait du deuxième mouvement du quatuor n°8 ;
¶ au début de chaque question, les accords introductifs du même quatuor n°8 ;
¶ à la fin de chaque question, le final du quatuor n°7.

Épisode 2  : Répertoire

QUESTIONS SUR LE REPERTOIRE

À l’occasion de leur concert aux Bouffes du Nord lundi 27 mars prochain, où ils joueront à la fois le Premier Quatuor de Ligeti et le Quintette Annonciation de Philip Glass, j’ai d’abord voulu les interroger sur leur répertoire très particulier _ en effet…

Il est exceptionnellement vaste, et contient surtout des compositeurs vivants _ voilà.

C’est Antoine Maisonhaute, le premier violon du quatuor, qui a pris le temps de me répondre.

1) Votre répertoire contient très peu des quatuors habituels du répertoire _ voilà ! _ : énormément de contemporain, et même pour les choses plus anciennes, beaucoup de raretés : Grétry, Nielsen, Lekeu, Caplet, Villa-Lobos, Durosoir _ nons y voici ! _, Wissmer, Alfvén (qui ne figure même pas dans les catalogues couramment disponibles du compositeur !)…  Pourquoi ce choix d’échapper au répertoire balisé ?  Est-ce le plaisir de la découverte, la volonté de se positionner sur un segment qui était peu occupé ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : En effet, le désir de découverte. }

2) Comment les projets se constituent-ils ?  Faites-vous les choix et cherchez-vous un label, ou des producteurs se proposent-ils ?
Typiquement, pour Baculewski, il y a toute une série chez DUX : est-ce le label qui vous a mandaté, vous qui lui avez proposé ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : DUX est bien venu les chercher en connaissant leur curiosité. J’ajoute que DUX a même publié dans les années précédentes tout un cycle de Baculewski, musique pour flûte, pour orchestre, pour chœur. Dans les autres cas, ce sont plutôt les Tana qui choisissent un éditeur susceptible de soutenir leurs projets originaux. }

Pour préciser, « Volts » est leur album regroupant des pièces au format inhabituel : quatuor à cordes avec bande préenregistrée pour Romitelli, œuvres ouvertes avec parties improvisées (Deejay de Gilbert Nouno), et même des instruments construits par les membres du quatuor (qui incluent, si j’ai bien compris, un système d’amplification électronique interne et non externe comme d’ordinaire) pour les pièces de Canedo, Arroyo et Havel.

C’est aussi leur album que je préfère (avec Baculewski évidemment) : quatuors au langage assez radical (rien de tonal là-dedans), qui porte bien son titre, aussi bien avec les procédés d’amplification que les figuralismes électriques et la tension extrême de l’exécution _ un trait bien caractéristique de l’interprétation des Tana. Très dynamique et impressionnant. Ça peut s’écouter à l’instinct, en se laissant porter par l’énergie qui en émane _ oui, oui _, sans même comprendre la forme ou le langage.

(Je suis aussi impressionné par la façon dont les Tana parviennent à changer totalement leur timbre d’un disque à l’autre, d’une œuvre à l’autre… c’est une question que je leur pose après.)

3) Pour un quatuor qui n’a même pas de Schubert à son répertoire courant, est-il facile de vivre ?  [la liste que j’ai eue n’était pas à jour, il y en avait deux _ de Schubert _ et ils les jouent régulièrement !] J’imagine que vous avez dû en étudier tout de même pour des concours, ou à la demande de programmateurs pour des couplages ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Ils en font donc, appris pendant leurs études ! Davantage de classiques du XXe siècle, qui facilitent les transitions vers les œuvres contemporaines dans les programmes. }

4) D’un point de vue pratique (et économique), est-ce plus difficile parce qu’il faut sensibiliser le public à une musique plus diverse et difficile que les œuvres qu’il connaît par cœur (autrement dit, pas facile de remplir avec du quatuor contemporain), ou bien l’existence d’institutions qui financent et programment régulièrement la création permet-elle au contraire de bénéficier d’un confort matériel suffisant ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Les institutions et les festivals spécialisés financent en partie la musique contemporaine, oui. Les membres du quatuor sont persuadés que le public aime découvrir, s’il est accompagné (ils ont l’habitude de présenter les œuvres _ et c’est en effet  très important _, de « dédramatiser »). Peut-être l’avenir, au moment où les grandes maisons ne remplissent plus avec les œuvres anciennes et célèbres, même avec des stars. Serait-ce le moment du grand retour de la création ?  Les plus difficiles à convaincre sont les programmateurs. }

5) Contrairement à la plupart des ensembles spécialisés, vous disposez d’un répertoire qui couvre un nombre considérable d’esthétiques : depuis les partitions radicales de Lachenmann jusqu’à la simplicité extrême de Glass, en passant par tout le continuum des musiques qui revendiquent l’héritage tonal , ou syncrétiques comme Fedele… Je me demandais la discipline que cela requérait en termes de culture musicale, pour savoir ce qui est attendu dans des univers aussi différents. On l’entend très bien dans vos disques, le timbre de l’ensemble, les phrasés diffèrent totalement, ce doit être un travail colossal pour concevoir et réaliser cela ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Travail très spécifique pour être capable de changer le son, notamment en fonction des lieux. Ne jouent pas de la même façon selon les salles, et peuvent s’adapter au dernier moment. }


Épisode 3  : Les concerts

6) Comment parvenez-vous à toucher le public avec un répertoire qui est si différent de ses habitudes (ils sont peu donnés et entendus, et bon nombre de quatuors qui échappent aux logiques tonales) : avez-vous des astuces ?  Vous reposez-vous d’abord sur la qualité de la musique (et l’ardeur _ oui ! _ de l’exécution) ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Donner des pistes d’écoute au public. Ne servirait à rien de chercher une logique tonale. Le public se sent plus en confiance lorsqu’il repère des éléments. La qualité de la musique de création dépend bien sûr des œuvres, mais le quatuor les sert toutes avec le même dévouement. }

7) Evidemment, une question me brûle les lèvres : que pensez-vous du répertoire actuel de quatuor ?  De mon point de vue de spectateur très régulier des concerts de quatuor, j’ai l’impression que les ensembles les plus célèbres rejouent toujours les quelques mêmes dizaines de titres, et que le jeu est plutôt de présenter une nouvelle version d’oeuvres déjà très bien connues du public _ en effet… J’étais curieux, considérant votre démarche complètement opposée, de la façon dont vous le perceviez.

J’ai été très heureux de la réponse. Antoine Maisonhaute n’a pas retenu ses coups. En écoutant son analyse, je criais « tue ! Tue ! » comme si j’assistais à un match de MMA (oui, on ne crie pas « tue » à un match de MMA, mais j’ai les images mentales que je veux). Avec beaucoup de pondération, il dresse en tout cas un état des lieux que je constate et partage – notamment autour du risque de muséification et d’atrophie _ voilà _ de toute la musique classique.

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Tendance à ronronner avec des œuvres qui ont fait leurs preuves, et toujours réinventer le fil à couper le beurre. Peu de prises de risque. Entretiennent un musée, et participe un peu à l’extinction du genre. Pas en phase avec les préoccupations de notre époque. Alors qu’il y a un siècle, les interprètes vedettes faisaient beaucoup de créations, voire composaient. Dommage de jouer à l’infini les mêmes œuvres, ce qui n’apporte plus rien à la musique ou au répertoire, et d’une certaine façon empêche penser les enjeux du classique aujourd’hui. }

BOUM.


8) Du point de vue l’identité sonore, comment définiriez-vous le Quatuor Tana ?  J’ai l’impression que votre son s’adapte énormément au répertoire, mais vous avez sans doute des tropismes ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Son assez clair et projeté. Dépend du répertoire, mais comme ont travaillé énormément d’esthétiques, jouent différemment aujourd’hui à partir de ce qu’ils ont observé dans le contemporain, en termes de son. Tentative du pianissimo le plus extrême chez Debussy tenté sul ponticello, sur le chevalet, avec du souffle dans le son, expérience vécue auparavant dans la musique contemporaine, expérience qui sert donc ensuite à s’approcher de l’indication de Debussy. }


Épisode 4  : Les corpus

Pour parler de concret, j’avais envie d’avoir votre opinion sur certaines musiques que vous jouez.

9) Je commence par Baculewski bien sûr : qu’est-ce que cette musique apporte au répertoire selon vous ?  Quelles sont les qualités qui vous ont frappé ? (Pour ma part, en tant qu’auditeur, c’est l’intégration des langages passés et l’évolution du style au fil des quatuors, mais du point de vue des interprètes, je ne sais pas.)

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Comme d’autres musiques des pays de l’Est, grand rapport à la tradition et en même temps dans l’air du temps. Pēteris Vasks par exemple. Très virtuose, instrumental, mais aussi beaucoup de finesse dans la recherche d’une nouvelle façon de composer pour le quatuor. Ils n’ont pas hésité à accepter, mais ont dû travailler très longtemps, musique particulièrement virtuose. Musique de réconciliation de la modernité et de l’auditeur, sans être passéiste. Beaucoup d’émotions passent malgré sa nouveauté. }

Ce point de vue de l’intérieur est très intéressant : je n’aurais pas spontanément rapproché Vasks de Baculewski, en tout cas le Vasks pour cordes (je le sens davantage dans sa musique chorale), mais je partage tout à fait l’idée de cette sensibilité particulière des nations « périphériques » à la création d’avant-garde, aussi bien en Scandinavie que chez les Slaves, qui écrivent de la musique nouvelle dans un langage qui a évolué mais conserve des liens évidents avec la tradition, de façon parfois plate, ou bien, dans les œuvres réussies, de façon particulièrement touchante, riche et stimulante.

À l’écoute du disque, j’ai eu l’impression, un peu comme en écoutant Grażyna Bacewicz, qui n’est pas du tout de la même génération, de suivre l’évolution des esthétiques germaniques de la premier moitié du XXe siècle, traversant un nombre d’esthétiques sonores très variées, avec plus de radicalité au fil des œuvres, mais aussi plus d’épure et de concentration.

Je trouve ce corpus particulièrement admirable, et je vous recommande chaleureusement le disque chez DUX, le label à suivre avec CPO si vous aimez les découvertes qui ne déçoivent pas.

10) Pour Philip Glass, que vous donnez en concert bientôt aux Bouffes du Nord, je suis au contraire _ pas moi : j’ai bien lu ce qu’en dit Karol Beffa en son passionnnant « L’Autre XXe sièclee musical«  ; et regardez et écoutez  la vidéo (de 53′) de mon entretien avec lui à la Station Ausone le 25 mars 2022 : nous y abordons le cas Philip Glass _ très rétif (je trouve sa répétition oppressante, en plus des « fautes » d’harmonie qui prennent nos habitudes à rebrousse-poil). Ce qui me rend d’autant plus curieux de ce qui vous intéresse ou vous touche dans cette musique !  D’un point de vue plus pratique, comment faites-vous pour ne pas perdre le fil _ oui, oui… _ du nombre de réitérations des boucles ?  Y a-t-il des techniques spécifiques à ce répertoire minimaliste ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Touché par sa sincérité, l’absence de prétention, une forme d’authenticité. Particulièrement accessible en tant que personne, remarquable par son humilité, disponible pour aider les artistes à monter les œuvres. Énorme culture de la musique, en particulier de la musique européenne du XXe, et trace son propre sillon personnel, avec ces « fautes » délibérées. Beaucoup d’épigones ne parviennent pas à faire du Philip Glass en voulant l’imiter. Pour les répétitions des boucles, demande simplement de la concentration. }

Ce n’est pas totalement de la provocation si je relève que Philip Glass est gentil – en réalité, pour des compositeurs vivants, il n’est pas absurde que le caractère entre en ligne de compte, il n’est que de voir les musiciens vedettes qui font du mal autour d’eux.

Par ailleurs, il est toujours profondément stimulant d’entendre l’éloge – y compris chez certains de mes amis les plus proches – de musiques qu’on déteste, voire qu’on trouve médiocres. C’est l’occasion d’un décentrement _ toujours crucial et nécessaire ! Là-dessus, cf l’article programmatique (et parfaitement emblématique) de mon blog, paru le 3 juillet 2008 : « « , qui n’a pas vieilli d’un iota : « dans l’ouverture de grand air, ou plein vent, de pas trop vissées serré curiosités _ j’aime qu’il y ait un minimum de jeu, et que ça flotterisquer un œil à côté de la perspective incitée, en se déplaçant un pas plus loin que la place marquée, à peine, un brin, à l’écart, en ce coin-ci, passant la porte entrebâillée, ou derrière la palissade _ dans l’ouverture, donc, d’un peu larges et mobiles (boulimiques ?) curiosités plurielles« , écrivais-je même très précisément alors, en juillet 2008… _, de comprendre d’autres approches de la musique : cette répétition que je trouve à la fois ennuyeuse et oppressante crée chez d’autres au contraire une forme d’ivresse passive, de voyage intérieur… en tout cas Glass produit des effets assez singuliers _ voilà ! _, que je n’attribue pas forcément à la qualité intrinsèque de sa musique, mais qui sont bel et bien là. Et c’est toujours passionnant d’entendre les autres développer des éloges et des exégèses sur ce qui nous échappe _ c’est très juste !

A fortiori lorsqu’ils sont eux-mêmes engagés dans la production de cette musique : on ne peut pas soupçonner, vu leur répertoire totalement interlope, que les Tana jouent Glass pour faire comme tout le monde ou brosser les programmateurs dans le sens du poil !

11) J’accueillerais avec plaisir vos suggestions, parmi votre répertoire ou vos disques : par exemple un quatuor qui vous tient à cœur, que vous voudriez faire plus largement découvrir, ou encore qui pourrait recevoir un large succès auprès du public.

{ Résumé de la réponse d’A.M. : La musique de chambre de Jacques Lenot. Musique de grande qualité. Évolution musicale qui retrace des trajectoires de vie. }

Sélection surprise !  J’ai vraiment eu de la peine à venir à bout du disque lorsque je l’ai écouté il y a quelque temps, j’avais trouvé tout cela vraiment atonal-radical-ascétique, sans rien pour me raccrocher dans les textures ou les effets.

Cet éloge met à nouveau en évidence une chose très importante : plus on dispose de musiques différentes, plus on est susceptible de trouver un langage qui parle à notre sensibilité propre _ voilà. Tout cela est d’excellent bon sens, et au service de la culture.

C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle je rouspète devant le conservatisme _ et l’étroitesse coutumière, dominante _ de la programmation, en particulier en concert. En Île-de-France, j’ai largement de quoi m’occuper au concert 465 jours par an, mais je pense à tous ceux qui n’ont pas d’appétence pour Mozart, Schumann ou Debussy, et qui ne trouvent pas leur place.

Exemple évident, le répertoire des concerts de piano seul. Moi, ce qui me touche au piano, ce sont surtout les cycles poétiques français du début du XXe siècle et la musique futuriste russe. J’ai longtemps cru que les récitals de piano n’étaient pas pour moi, parce qu’on ne jouait qu’une portion étroite du répertoire (classicisme et romantisme germanique, Debussy-Ravel, saupoudré d’un peu de Chostakovitch et de Prokofiev).

Et c’est vraiment le risque aussi avec le quatuor.


Je tiens à remercier vivement Antoine Maisonhaute, premier violon du quatuor Tana, d’avoir répondu aussi franchement à mes questions, peut-être insolites ou un peu intrusives. Et aussi, plus largement, de faire vivre le répertoire le plus varié au disque et au concert. C’est très précieux. En quelques années, le Quatuor Tana a ouvert plus de portes que des dizaines de quatuors vedettes (qui jouent certes très bien Beethoven et Schubert) pendant toutes leurs carrières combinées. Ils font une différence _ très salutaire et bienvenue _ dans le monde de la musique.

Vous pourrez les entendre aux Bouffes du Nord à Paris lundi 27 mars prochain, si vous supportez mieux que moi Philip Glass – mais les entendre dans le Premier Quatuor de Ligeti, justement une œuvre extraordinairement virtuose et zébrée de part en part de références sérieuses ou facétieuses au patrimoine, ce doit être une expérience remarquable _ absolument ! cf précisément là-dessus mon article du 19 mai dernier : « «  le soir du concert des Tana à Saint-Lon-les-Mines, auprès de mes amis Luc et Georgie Durosoir. J’avais été très marqué par ce qu’ils proposaient dans Debussy : beaucoup de respiration entre les accords, une belle netteté des volutes, des poussées inattendues de lyrisme, un goût évident pour ce tourbillon qui découle des empilements et mutations du motif-clef… J’imagine quelque chose de similaire, une réinvention des possibilités sonores _ voilà ! _ comme l’évoquait Antoine Maisonhaute précédemment.

Au disque, ils ont laissé une vaste palette de leur talent : monographies Baculewski, Lenot, Glass, Achenberg, mais aussi des anthologies très stimulantes comme Shadows (œuvres de Yann Robin, Raphaël Cendo, Franck Bedrossian) ou Volts dont j’ai parlé plus tôt.

S’il faut en recommander deux, Baculewski (chez DUX) pour le versant qui fait référence au patrimoine – ça peut quasiment s’écouter comme du quatuor romantique, on y trouve des progressions harmoniques enrichies très lisibles – et l’anthologie thématique Volts (chez Paraty), pour l’énergie hors du commun et l’originalité des profils sonores.

Je vous souhaite une belle exploration. À bientôt sur ce support ou un autre !

Les très intenses Tana sont absolument à suivre…

Et vive la curiosité !

Ce samedi 22 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Au coeur du plus intime de la musique, et dont l’écoute provoque et vient toucher la part la plus secrète de notre humanité : le quatuor à cordes…

24mai

Les déclarations liminaires à l’article « Quatuors enchantés » de Jean-Pierre Rousseau _ présentant deux récents coffrets de CDs, l’un du Quatuor Cleveland, l’autre du Quatuor Cherubini _ que je découvre ce matin, vendredi 24 mai 2024 sur son blogne sont pas sans me surprendre, de la part d’un mélomane avisé et expert tel que Jean-Pierre Rousseau, et cela pour aller à rebrousse-poil de ma prédilection personnelle de mélomane passionné envers le quatuor (et la musique de chambre) :

« Je ne sais pas pourquoi, mais pendant longtemps j’ai très peu pratiqué l’écoute du quatuor _ tiens, tiens… _, tant au concert qu’au disque. Sans doute parce qu’on n’écoute pas un quatuor de Haydn, de Beethoven ou de Schubert distraitement _ justement ! Et alors ?.. Préfère-t-on privilégier des écoutes distraites ? Quel paradoxe !! _, comme on peut le faire d’une symphonie ou même d’un opéra qu’on connaît par cœur _ œuvres en effet plus composites et souvent plus bruyantes, et, pour la plupart, moins centrées sur l’essentiel (ces genres de musique s’adressant à un plus large public, ménageant, nécessairement, les capacités variables de durée et intensité d’attention-concentration de celui-ci ; là-dessus, consulter par exemple le significatif brillant pamphlet de Benedetto Marcello, paru à Venise en 1720 : « Le Théâtre à la mode« , qui visait notamment les productions opératiques ainsi qu’instrumentales d’Antonio Vivaldi – Aldiviva…) : existent aussi, bien sûr, de sublimes exceptions parmi ces symphonies et opéras… Sûrement aussi parce que c’est _ le quatuor, donc _ l’essence même de la musique _ mais oui, nous y voilà ! À dimension d’éternité, via le temps de la réalisation par les interprètes et de l’écoute attentive et hyper-concentrée de l’œuvre par l’auditeur… Est-ce alors à dire que cette essence même de la musique devrait être le moins souvent possible approchée, cultivée, et jouie ?.. _, qui s’adresse à l’intime _ voilà ! l’intime directement sollicité, et donc exposé (l’auditeur s’y exposant aussi lui-même) en cette plus intense, et souvent même brûlante, profonde et concentrée, attentive écoute _, qui provoque la part la plus secrète de notre humanité _ absolument ! Cette part-là, ainsi provoquée et touchée, doit-elle donc demeurer le plus possible préservée de notre habitus-fréquentation de mélomane ! Tout cela me surprend ! et presque me choque (j’ai même failli dire me révolte !) sous la plume d’un mélomane aussi avisé, d’expérience (et je dirais même compétent, expert), que’est Jean-Pierre Rousseau… Même si ces hyper-intenses moments d’exposition de soi au plus intime et essentiel de la musique, ne doivent certes pas non plus être galvaudés, banalisés, désensibilisés…

Ces derniers temps, j’ai de plus en plus souvent besoin _ oui, je note _ de me ressourcer _ mais oui ! la meilleure des meilleures musiques ressource en effet vraiment ! C’est là une de ses éminentes vertus… _ à l’écoute _ voilà _ de ces chefs-d’œuvre _ soit la crème la plus fine et la plus délectable du meilleur… L’effet de l’avancée en âge sans doute _ oui, bien sûr : aller désormais et de plus en plus à l’essentiel, se délester du poids finalement accablant des poussières du fatras de tout l’inessentiel ; cesser de gaspiller le temps d’écoute (ou de pratique) non infini qui nous reste ; là-dessus, cf le livre à paraître (aux PUF le 28 août prochain) de mon très avisé ami bruxellois Pascal Chabot « Un Sens à la vie _ enquête philosophique sur l’essentiel« , dont je savoure l’envoi très amical des épreuves… ; cf aussi la vidéo (de 64′) de mon entretien avec lui chez Mollat le 22 novembre 2022 à propos de son précédent excellent « Avoir le temps : essai de chronosophie« ... Avant de rencontrer Pascal Chabot lui-même en personne, et à diverses reprises (Bruxelles ne se trouvant pas tout à côté de Bordeaux), j’ai commencé ainsi à faire sa connaissance en le lisant très attentivement : à la lecture, lumineuse pour moi, à sa parution en 2013, de son lucidissime « Global burn-out«  _, la confrontation aussi avec l’évolution irréversible _ toute vie étant bien évidemment de passage (c’est-à-dire mortelle) : non infinie, toute vie (du moins pour les individus appartenant à des espèces sexuées) a eu et aura une fin _ des dégâts de la vieillesse chez ma mère _ la mienne est décédée en sa 101ème année de vie, le 27 octobre 2018 _ qui fête demain ses 97 ans _ fêter la vie est aussi un des grands pouvoirs thaumaturgiques de la musique (du moins celle qui est à son meilleur) ; cf ici mon recueil d’articles de « Musiques de joie« , rédigés au quotidien des jours du confinement du Covid, du 15 mars au 28 juin 2020, à fin précisément de ressourcement alors ainsi, et en priorité (et un ressourcement à partager éventuellement aussi avec qui me lira, puis écoutera cette musique…) : « « … La musique parlant et ressourçant vraiment très directement, oui !

Deux coffrets récents comblent mes attentes« …

Contribuer si peu que ce soit à partager, d’une manière ou d’une autre, de telles ressourçantes écoutes musicales est vraiment aussi _ et plus que jamais en ces temps disgraciés de barbarie endémique décomplexée… _ très important.

Et sur cette question qui me tient tout spécialement à cœur, de la civilisation face à la barbarie, je me permets de renvoyer à mon article « Oasis Versus désert » de 2016 pour le « Dictionnaire amoureux de la Librairie Mollat« , aux pages 173 à 177 :

OASIS versus désert
Sans anticiper le réchauffement qui nous promet le climat de l’Andalousie ou celui du Sahel, et même si manquent en ses vastes espaces, lumineux, tout de plain-pied et d’équerre dans leur agencement, les palmiers-dattiers, fontaines-cascatelles et bassins à nénuphars de l’Alhambra de Grenade, l’image de l’Oasis sied admirablement à la librairie Mollat, et aux usages que j’en fais : face au désert qui gagne. Et cela, dans le style du classicisme français, en une ville dont le siècle d’accomplissement est celui des Lumières, et sur le lieu même où un temps habita Montesquieu.
Oui, la librairie Mollat est bien une luxuriante oasis de culture vivante, résistant au désert (d’absence de culture vraie)D’où mon attachement à elle, comme à la ville de Bordeaux, dont elle est le foyer irradiant de culture qui me convient le mieux : car par elle, en lecteur et mélomane toujours curieux d’œuvres essentielles, j’ai un contact tangible immédiat avec un inépuisable fonds (recelant des pépites à dénicher) d’œuvres de vraie valeur, à lire, regarder, écouter, avec lesquelles je peux travailler, m’entretenir-dialoguer dans la durée. Un peu comme Montaigne s’essayait en sa tour-librairie à ces exercices d’écriture qui feront ses Essais, par l’entretien avec les auteurs dont les voix dans les livres venaient conférer à demeure avec lui, leur lecteur, une fois qu’il fut privé de la conversation sans égale de La Boétie.
En son sens propre bio-géographique, le désert ne cesse de bouger : il avance-recule en permanence, mais si peu visiblement au regard ordinaire que la plupart de nous n’y prenons garde. Alors quand « le désert croît » (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra), l’oasis foyer de résistance à la désertification, est-elle d’un vital secours – nourricier, mais aussi succulent ! –, pour tous les vivants dont la vie (et la vie vraie, la vie de culture : à cultiver !) dépend. Contribuer à faire reculer le désert en aidant les oasis à résister, se renforcer-développer, resplendir, est l’essentielle mission de civilisation. A l’envers de (et contre) tout nihilisme, c’est à cette fin que Nietzsche appelle à ce sursaut qu’il nomme « le Sur-humain ».
Ainsi en va-t-il des mouvements d’une oasis de culture vraie – expression pléonastique : l’oasis n’existant que d’être, et inlassablement, mise en culture par une minutieuse et très entretenue, parce que fragile en sa complexité, irrigation ; la barbarie s’installe dans l’Histoire quand et chaque fois que sont détruits sans retour les systèmes d’adduction aux fontaines et jardins – comme à Rome ou Istanbul. Et ce qui vaut à l’échelle des peuples vaut à celle des personnes, en leur frêle (improbable au départ) capacité de singularité de personne-sujet, qu’il faut faire advenir contre les conformismes, et aider à s’épanouir. La singularité suscitant la rage de destruction expresse des barbares.
… 
Je parle donc ici de la culture vraie (authentique, juste, probe, vraiment humaine) face aux rouleaux-compresseurs – par réalisation algorithmique, maintenant, de réflexes conditionnés panurgiques – de la crétinisation marchande généraled’autant plus dangereuse que l’imposture réussit – par pur calcul de chiffre de profit, sans âme : les âmes, elle les stérilise et détruit – à se faire passer auprès du grand nombre pour culture démocratique ; et à caricaturer ce qui demeure – en mode oasis de résistance – de culture authentique, en misérable élitisme passéiste, minoritaire, dépassé (has been), comme le serinent les médias inféodés aux marques.
… 
Ainsi, en ma ville aimée de Bordeaux – cité classique -, la librairie Mollat – sise le long du decumanus tiré au cordeau de l’antique Burdigala – est-elle cette vitale oasis de culture vraie, tant, du moins, et pour peu qu’elle résiste assez à l’emprise des impostures des livres (et disques) faux ; et il n’en manque pas, de ces leurres jetés aux appétits formatés et panurgiques des gogos consommateurs ! Et là importe la présence effective de libraires-disquaires qui soient de vraies capacités de conseils de culture authentique, et par là, passeurs d’enthousiasmes – quand il y a lieu –, autant que de vigilants traqueurs d’imposture de produits promis à rapide et méritée obsolescence. Cette médiation-là constituant un crucial atout de la dynamique de résistance et expansion de pareille oasis de culture vraie. Mes exigences d’usager sont donc grandes.
… 
Sur un terrain plus large, celui du rayonnement plus loin et ailleurs qu’à Bordeaux, de l’Oasis Mollat, j’ai l’insigne chance de disposer, sur son site, d’un blog ami : En cherchant bien _ Carnets d’un curieux, signé Titus Curiosus, ouvert le 3 juillet 2008, où j’exprime et partage en parfaite liberté, mes enthousiasmes – l’article programmatique « le carnet d’un curieux » _ à lire ici _, qui reprenait mon courriel de réponse à Corinne Crabos me proposant d’ouvrir ce blog, n’a pas vieilli.
Parfois sur ma proposition, parfois à sa demande, la librairie m’offre de temps en temps, aussi, la joie de m’entretenir vraiment, une bonne heure durant, dans ses salons, avec des auteurs de la plus haute qualité : ce sont les arcanes de leur démarche de création, leur poïétique, qu’il me plaît là d’éclairer-explorer-mettre au jour, en toute leur singularité – dans l’esprit de ce que fut la collection (Skira) Les Sentiers de la créationPodcastables, et disponibles longtemps et dans le monde entier sur le web, ces entretiens forment une contribution patrimoniale sonore consistante qui me tient très à cœur. Pour exemples de ces échanges nourris, j’élis la magie de ceux avec Jean Clair _ lien au podcast _, Denis Kambouchner, Bernard Plossu _ en voici un lien pour l’écoute.
A raison de deux conférences-entretiens quotidiens, la librairie Mollat constitue une irremplaçable oasis-vivier d’un tel patrimoine de culture : soit une bien belle façon de faire reculer, loin de Bordeaux aussi, le désert.
 …
Voilà pour caractériser cette luxuriante Oasis rayonnante qu’est à Bordeaux et de par le monde entier, via le web, ma librairie Mollat.

Et j’ai aussi très à cœur de partager à nouveau, ici, mon enthousiaste compte-rendu de dimanche soir dernier, 19 mai, de l’extraordinaire concert « Durosoir invite Ligeti » du merveilleux Quatuor Tana, au château Mombet à Saint-Lon-les-Mines, en pays d’Orthe, au sud des Landes, pour le « Mai musical Lucien Durosoir 2024 » :

« « .

Pour un sublime moment d’éternité ressentie et partagée

par de si extraordinairement belles _ « enchantées«  !.. _ musiques de ces Quatuors de Lucien Durosoir et György Ligeti sous les doigts justissimement inspirés des Tana… 

Encore merci, merci, merci !!!

Ce vendredi 24 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Puissance et génie de deux chefs d’oeuvre incisifs de deux compositeurs éblouissants du XXe siècle : le Quatuor n°3 (de 1934) de Lucien Durosoir et le Quatuor n°1 (de 1954) de György Ligeti, par un stupéfiant d’intelligence et sensibilité Quatuor Tana pour un très marquant concert « Durosoir invite Ligeti » au Festival Lucien Durosoir (Mai musical 2024) en Chalosse… Une révélation pour beaucoup et un émerveillement pour chacun !

19mai

C’est d’un éblouissant concert du plus-que-parfait Quatuor Tana _ Antoine Maisonhaute, Ivan Lebrun, violons ; Takumi Nozawa, alto ; Jeanne Maisonhaute, violoncelle : merveilleux d’incisivité et grandeur-puissance tragique ; cf aussi cette éclairante présentation de leur travail d’Ensemble, réalisée par Antoine Maisonhaute, et intitulée « Des Racines pour horizons nouveaux« , en date du 7 avril 2017… _ que je rentre ce soir, de Saint-Lon-les-Mines _ au château de Mombet _, non loin de Belus, en Sud-Chalosse

_ cf mon article de présentation de ce « Mai musical Lucien Durosoir » en pays d’Orthe, en date du 16 mars dernier : « «  _,

comblé de sublimissime transcendante musique ; et avec quelle merveille d’interprétation lumineuse !, incarnation splendidissime, devrais-je dire, de la part de ces musiciens absolument investis, intelligents et sensibles, et si magistralement justes en leur compréhension des œuvres, du Quatuor Tana :

le Quatuor n°3 (de 1934 _ écoutez-ici le podcast (de 9′ 52) de son formidablement survolté et décapant premier mouvement par le Quatuor Diotima en son CD pionnier des 3 « Quatuors à cordes » de Lucien Durosoir, le génial CD Alpha 125, enregistré à La Borie en Limousin en décembre 2007 ; et cf là-dessus mon article de découverte éblouie « Musique d’après la guerre«  en date du 4 juillet 2008… _) de Lucien Durosoir (Boulogne-sur-Seine, 5 décembre 1878 – Belus, 4 décembre 1955),

associé _ « en miroir«  : sur une géniale intuition de Luc Durosoir lui-même… _ au Quatuor n°1 (de 1954 _ écoutez-ici le podcast (de 20′ 41) de ce magistral Quatuor n°1 « Métamorphoses nocturnes » dans l’enregistrement de l’Arditti String Quartett, à Londres du 13 au 15 juillet 1994… ; les péripéties subies par cette œuvre magistrale de Ligeti avant de pouvoir être enfin publiée, n’étant pas sans me rappeler l’extraordinaire récit « Le Refus«  d’Imre Kertesz (Budapest, 9 novembre 1929 – Budapest, 31 mars 2016), cet écrivain majeur, Prix Nobel de Littérature en 2002, auquel j’ai consacré sur mon blog de nombreux détaillés articles, dont mon très long travail « Lire « Liquidation » d’Imre Kertész » (cf mon article «  » du 8 novembre 2022 _) de György Ligeti (Dicsőszentmárton, 28 mai 1923 – Vienne, 12 juin 2006) :

deux chefs d’œuvre intensément puissants _ quelle hauteur de stature !!! _ de la musique du XXe siècle.

Avec, en généreux bis par les Tana, les très belles Variations n°5 (« Blood Oath« ) du Quatuor n°3 « Mishima » (de 1985) de Phil Glass (Baltimore, 31 janvier 1937), et comme pour conclure un peu plus en douceur (!) ce magistral programme _ cf ici une vidéo (de 3′ 02) de ce morceau par les Tana en date du 21 juin 2019…

Des Tana, je possède personnellement leurs 2 CDs consacrés aux Quatuors de Phil Glass :

le double CD Megadisc Classics « Philip Glass – Seven String Quartets by Tana Quartett » (n°1 à n°7)enregistré à La Grande des Villarons et paru en 2018, et le CD SND 22020 « Philip Glass – Tana Quartet » enregistré à Arras en septembre 2020, et comportant les Quatuors n°8 et n°9 « King Lear », ce dernier spécialement composé pour les Tana par Philip Glass…

Ainsi que le CD Megadisc classics MDC 7877 « Steve Reich – WTC 9/11 – Different trains« , enregistré au Studio Acoustique en juin 2016.

À mon modeste avis,

cette brillantissime performance des Tana, ce dimanche après-midi du 19 mai 2024 au Château Mombet de Saint-Lon-les-Mines (Landes), dépasse en puissance et beauté celles des enregistrements fondateurs des Diotima, en 2007, et Arditti String Quartett, en 1994 !..

En forme de confirmation, en quelque sorte, que ces deux extraordinaires chefs d’œuvre de Lucien Durosoir (de 1934) et György Ligeti (de 1954), sont bel et bien devenus désormais rien moins que de très évidents classiques du XXe siècle…

Le public nombreux, extrêmement attentif et investi en son écoute, et transporté par cette génialissime musique, et tout particulièrement conquis par cette double somptueuse révélation (Durosoir – Ligeti) de cette extraordinaire réalisation si merveilleusement incisive des Tana_ quel cadeau ! _était aux anges…

Ce dimanche 19 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Naissance, ce mois de mai 2024, du Festival Lucien Durosoir « Mai musical 2024″, autour de Bélus, en pays d’Orthe, pour des oeuvres magnifiques données ici en miroirs ; ou le constat renouvelé de la sidérante singularité Durosoir…

16mar

Une magnifique initiative

pour honorer un compositeur à la très forte personnalité musicale.


De: « Georgie Durosoir »

Objet: Naissance d’un festival

Date: 14 mars 2024 à 09:50:43

Chers mélomanes, chers amis,

Nous avons le plaisir de vous annoncer la création d’un festival de musique de chambre consacré à la mémoire de Lucien Durosoir (1878 – 1955). Nous l’inaugurons par le Mai Musical 2024 dont vous trouverez le détail ci-dessous.

Lucien Durosoir a maintenant conquis la place qui lui  revient dans le concert des grands de l’histoire de la musique. Il est légitime de lui dédier un festival. Celui-ci se tiendra en Pays d’Orthe, dans le pourtour du village de Bélus auquel il lia son destin à son retour de la Grande Guerre, et où il fonda sa famille. Nous avons choisi l’idée du « Miroir », une manière de mettre Lucien Durosoir face à ses contemporains _ voilà ! Sa musique démontre ainsi d’elle-même que cette place n’est pas usurpée. Nous espérons vous retrouver nombreux à ces événements qui enrichiront la vie culturelle de notre région.

Georgie et Luc Durosoir.

Musique de chambre en Pays d’Orthe

             Festival Lucien Durosoir »

         « Mai Musical » 2024

Dimanche 5 mai 2024 : « Sonates en miroir »

Sonates pour violoncelle et piano de Claude  Debussy et de Lucien Durosoir

Duo Stanislas Kim, violoncelle et Marie Günter, piano

Château de Monbet (Saint Lon les Mines, 40300)

Dimanche 12 mai 2024 : « Scherzando ! »

 

Le scherzo, avec sa fantaisie, inspirera « Les Gabriëles », quatuor à cordes

Scherzos de Fritz Kreisler, Lucien Durosoir, Henryk Wieniawski, Quatuor de Claude Debussy

Château de Monbet (Saint Lon les Mines, 40300)

Dimanche 19 mai 2024 : « Durosoir invite Ligeti »

Durosoir Quatuor n° 3 et Ligeti Quatuor n° 1 par le Quatuor Tana

Château de Monbet (Saint Lon les Mines, 40300)

Samedi 25 mai 2024 : « Trio/miroir »

Trios de Debussy, Durosoir, Lili Boulanger par le Trio Ernest,

Église de Bélus (40300)

Tous les concerts ont lieu à 16 heures

Réservations ouvertes à partir du 15 avril

maimusicalLD@gmail.com

Ou : 06 80 89  63 34

Voilà une passionnante initiative, avec de jeunes ensembles de musiciens prometteurs ou déjà confirmés.

Ainsi, du Quatuor Tana, je possède pour ma part 4 magnifiques CDs :

_ le double CD « Seven » des sept premiers Quatuors de Philip Glass,

_ le CD « King Lear » des Quatuors n° 8 et 9 de Philip Glass,

_ et le CD « WTC 9/11 » de Steve Reich…

Du Quatuor n°1 (composé en 1953-1954) de György Ligeti (1923 – 2006),

je possède deux interprétations au disque par le Quatuor Arditti, enregistrées toutes deux à Londres, en 1978, pour le label Wergo _ j’en possède la « special edition«  de 2006 : le CD WER 6926 2 _, et 1994, pour le label Sony Classics_ en formation en partie modifiée : si Irvine Arditti, premier violon, et Rohan de Saram, violoncelle, sont des deux enregistrements de 1978 et 1994, dans celui de 1994, Lennox Mackenzie, second violon, et Levine Andrade, alto, de l’enregistrement de 1978, ont cette fois été remplacés par David Alberman et Garth Knox ; cette interprétation de 1994 (disponible dans le coffret « György Ligeti – Works » de 9 CDs dans la ré-édition-anniversaire de 2010 que je possède : Sony 88697616412) est sidérante d’incisivité et beauté ! C’est magistral !!! _écoutez-ici cette seconde interprétation de 1994 (d’une durée de 20′ 41), elle est spendidissime…

Ainsi que deux autres interprétations, l’une par l’Artemis Quartet enregistré à Cologne, en 1999 _ dans le CD « Ligeti – String Quartets 1 & 2« , Erato 0946 3369 34 2 5 _, et l’autre par le Quatuor Béla enregistré à Grange des Villarons en 2012 _ dans le CD « György Ligeti – Métamorphoses intimes« , Æon AECD 1332…

Et il me faut ajouter ici que ce sont mes échanges avec Karol Beffa _ cf son important « György Ligeti » paru chez Fayard en mai 2016 : un magnifique travail  que j’ai dévoré à sa sortie…  _ qui ont aiguillé ma curiosité vers l’œuvre, magistral en effet, de György Ligeti…

À partager,

et bien sûr à suivre…

Francis Lippa

Des confrontations « en miroirs » passionnantes.

Et bravo pour un choix si judicieux de programmes de concerts afin de mettre si bien en valeur l’idiosyncrasie puissante de l’œuvre de Lucien Durosoir

_ cf ma contribution « «  au Colloque « Lucien Durosoir, un compositeur moderne né romantique » qui s’est tenu les 19 et 20 février 2011 au Palazzetto Bru-Zane à Venise ; ainsi que mon article du 23 juin 2020 à propos des trois stupéfiants Quatuors de Lucien Durosoir ; « «  _,

mises ainsi en regard de quelques uns de ses plus excellents contemporains, tant compositeurs que violonistes :

Henrik Wienawski (1835 – 1880)Claude Debussy (1868 – 1918), Lili Boulanger (1893 – 1918), Fritz Kreisler (1875 – 1962), György Ligeti (1923 – 2006)…

Et c’est bien cette très marquante singularité (ou idiosyncrasie), en son siècle, de Lucien Durosoir, à laquelle j’avais consacré la première de mes deux contributions de recherche et analyse au colloque du Palazzetto Bru-Zane à Venise, en février 2011 : «  » _ la seconde de ces deux contributions miennes au colloque de Venise étant : « La poésie inspiratrice de l’œuvre musical de Lucien Durosoir : Romantiques, Symbolistes, Parnassiens, Modernes« 

Ce samedi 16 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Nouvelle réactualisation, ce jeudi 11 janvier 2024, de la bibliothèque de podcasts et vidéos d’Entretiens de Francis Lippa, d’octobre 2009 à janvier 2024, avec les plus excellents auteurs et parfois amis…

11jan

Suite à mon entretien d’avant-hier mardi 9 janvier à la Station Ausone avec François Noudelmann pour un aperçu rétrospectif sur tout son œuvre philosophique,

et cela à partir de son passionnant récit familial sur trois générations de Noudelmann : son grand-père Chaïm (1891 – 1941), son père Albert (1916 – 1998), et lui-même François (né en 1958) par rapport à eux deux, en fonction des filiations et dés-affiliations et affinités adventives…

_ cf mon article d’hier mercredi 10 janvier 2024 «  » qui donnait donc accès à cette jubilatoire vidéo. de notre superbe entretien de 61’… _,

voici,

pour succéder à mon précédent article rétrospectif du catalogue de mes divers Entretiens enregistrés (podcasts et vidéos) avec d’excellents auteurs, en date du vendredi 16 décembre 2022 : « « ,

voici donc

une nouvelle réactualisation simplement mise à jour de cette collection de liens à de podcasts et vidéos de mes Entretiens enregistrés et disponibles _ les assez nombreux entretiens antérieurs ayant pris place dans les salons Albert Mollat n’ayant hélas pas encore bénéficié d’enregistrements, et cela à l’initiative magnifique de Denis Mollat… _ :

1)  Yves Michaud, Qu’est-ce que le mérite ? (52′) le 13 octobre 2009

2)  Jean-Paul Michel, Je ne voudrais rien qui mente dans un livre (62′), le 15 juin 2010

3)  Mathias Enard, Parle-leur de rois, de batailles et d’éléphants (57′), le 8 septembre 2010

4)  Emmanuelle Picard, La Fabrique scolaire de l’histoire (61′), le 25 mars 2010

5)  Fabienne Brugère, Philosophie de l’art (45′), le 23 novembre 2010

6)  Baldine Saint-Girons, Le Pouvoir esthétique (64′), le 25 janvier 2011

7)  Jean Clair, Dialogue avec les morts & L’Hiver de la culture (57′), le 20 mai 2011

8)  Danièle Sallenave, La Vie éclaircie _ Réponses à Madeleine Gobeil (55′) le 23 mai 2011

9)  Marie-José Mondzain, Images (à suivre) _ de la poursuite au cinéma et ailleurs (60′), le 16 mai 2012

10) François Azouvi, Le Mythe du grand silence (64′), le 20 novembre 2012

11) Denis Kambouchner, L’École, question philosophique (58′), le 18 septembre 2013

12) Isabelle Rozenbaum, Les Corps culinaires (54′), le 3 décembre 2013

13) Julien Hervier, Ernst Jünger _ dans les tempêtes du siècle (58′), le 30 janvier 2014

14) Bernard Plossu, L’Abstraction invisible (54′), le 31 janvier 2014

15) Régine Robin, Le Mal de Paris (50′), le 10 mars 2014

16) François Jullien, Vivre de paysage _ ou l’impensé de la raison (68′), le 18 mars 2014

17) Jean-André Pommiès, Le Corps-franc Pommiès _ une armée dans la Résistance (45′), le 14 janvier 2015

18) François Broche, Dictionnaire de la collaboration _ collaborations, compromissions, contradictions (58′), le 15 janvier 2015

19) Corine Pelluchon, Les Nourritures _ philosophie du corps politique (71′), le 18 mars 2015

20) Catherine Coquio, La Littérature en suspens _ les écritures de la Shoah : le témoignage et les œuvres & Le Mal de vérité, ou l’utopie de la mémoire (67′), le 9 septembre 2015

21) Frédéric Joly, Robert Musil _ tout réinventer (58′), le 6 octobre 2015

22) Ferrante Ferranti, Méditerranées & Itinerrances (65′), le 12 octobre 2015

23) Bénédicte Vergez-Chaignon, Les Secrets de Vichy (59′), le 13 octobre 2015

24) Frédéric Martin, Vie ? ou Théâtre ? de Charlotte Salomon (61’), le 25 novembre 2015

25) Marcel Pérès, Les Muses en dialogue _ hommage à Jacques Merlet (64’), le 12 décembre 2015

26) Yves Michaud, Contre la bienveillance (64′), le 7 juin 2016

27) Karol Beffa et Francis Wolff, Comment parler de musique ? & Pourquoi la musique ? (32′), le 11 octobre 2016

28) Etienne Bimbenet, L’Invention du réalisme (65′), le 6 décembre 2016

29) Olivier Wieviorka, Une Histoire des Résistances en Europe occidentale 1940-1945 (54′), le 8 mars 2017

30) Michel Deguy, La Vie subite _ Poèmes, biographies, théorèmes (75′), le 9 mars 2017

31) Frédéric Gros, Possédées (58′), le 6 avril 2017

32) Sébastien Durand, Les Vins de Bordeaux à l’épreuve de la seconde guerre mondiale (55′), le 6 juin 2017 _ non diffusable publiquement, hélas, pour des raisons techniques : l’entretien est passionnant ! À défaut, lire le livre : « Les Vins de Bordeaux à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale : 1938-1950, une filière et une société face à la guerre, l’Occupation et l’épuration« , aux Éditions Memoring…

33) François Jullien, Dé-coïncidence (61′), le 17 octobre 2017

34) René de Ceccatty, Enfance, dernier chapitre (52′) & La Divine comédie (30′), de Dante (traduction en vers et en français de René de Ceccatty), le 27 octobre 2017

35) Marie-José Mondzain, Confiscation _ des mots, des images et du temps (65′), le 7 novembre 2017, au Théâtre du Port-de-la-Lune : une vidéo.

36) Pascal Chabot : L’homme qui voulait acheter le langage (49′), le 20 septembre 2018

37) Nathalie Castagné / Goliarda Sapienza : Carnets (49′), le 29 avril 2019

38) Jean-Paul Michel : Défends-toi, Beauté violente ! & Jean-Paul Michel « La surprise de ce qui est«  & Correspondance 1981-2017 avec Pierre Bergounioux  (82′), le 3 mai 2019 : une vidéo

39) Hélène Cixous : 1938, nuits (62′), le 23 mai 2019 : une vidéo

40) Denis Kambouchner : Quelque chose dans la tête & Vous avez dit transmettre (62′), le 26 novembre 2019

41) Karol Beffa : L’Autre XXe siècle musical (53′), le 25 mars 2022 : une vidéo 

42) René de Ceccaty : Le Soldat indien (9′), le 4 novembre 2022 : une vidéo

43) Pascal Chabot : Avoir le temps : Essai de chronosophie ainsi que Après le progrès & Les sept stades de la philosophie & Global burn-out L’Âge des transitions & Exister, résister _ ce qui dépend de nous & Traité des libres qualités (64′), le 22 novembre 2022 : une vidéo

Et donc maintenant aussi :

44) François Noudelmann : Les Enfants de Cadillac ainsi que Le Toucher des philosophes : Sartre, Nietzsche, Barthes au piano & Les Airs de famille. Une philosophie des affinités & Le Génie du mensonge _ les plus grands philosophes sont-ils de sublimes menteurs ?  & Penser avec les oreilles & Un tout autre Sartre (61′), le 9 janvier 2024 : une vidéo.

À suivre…

Le lien à l’article de mon blog du 27 avril 2017 Deux merveilleux entretiens à l’Auditorium de la Cité du Vin, à Bordeaux, avec Nicolas Joly et Stéphane Guégan donne accès, lui, à deux très riches vidéos d’entretiens à la Cité du Vin :

le premier entretien, le 17 janvier 2017, avec Nicolas Joly _ le très fameux vigneron du prestigieux merveilleux vignoble de La Coulée de Serrant, en Anjou… _, et Gilles Berdin, à propos du livre La Biodynamie (94′) : une vidéo ;

et le second, le 28 mars 2017, avec Stéphane Guégan _ conservateur du patrimoine _, à propos de la passionnante et très réussie exposition à la Cité du Vin Bistrot ! De Baudelaire à Picasso (96′) : une vidéo

 

J’y joins ici aussi ce courriel adressé ce matin même à François Noudelmann, en forme de prolongation à nos riches échanges de mardi, ainsi qu’immense remerciement… : 

Cher François,

 
exemplaire aussi a été mon entretien magique avec Jean Clair (le 20 mai 2011) à propos de ses « Dialogue avec les morts » et « L’Hiver de la culture »,
dont pourra jouir au mieux à l’écoute ta lucidissime exercée « troisième oreille ».
 
Et beaucoup de ses paroles (et bien plus qu’elles : ses rythmes, ses grains de voix, ses tons, ses ralentis, ses pauses, ses silences, etc.) vont,
telle une bouteille lancée à la mer,
trouver en toi l’oreille (et le penser) qu’ils attendaient et espéraient-désespéraient peut-être de rencontrer…
Mais nous sommes finalement d’incurables jubilatoires optimistes…
 
En voici un lien au podcast
 
Je vais bien sûr _ et c’est ce que je viens de faire ici même _ rédiger un nouveau récapitulatif des enregistrements accessibles des podcasts et vidéos de mes entretiens,
en y joignant le merveilleux nôtre d’avant hier 9 janvier,
où tous ces entretiens sont accessibles à l’oreille ou au regard.
 
Bien sûr, tous ne sont pas de la hauteur de celui, de bout en bout merveilleux, avec Jean Clair
_ de même que tous les « Comment l’entendez-vous ? » de la magnifique Claude Maupomé ne sont pas tous de la hauteur somptueuse du « Je l’entends comme je l’aime » de Roland Barthes pour son Schumann ; celui-ci eût lieu au mois d’octobre 1978 ; et c’était d’ailleurs là la première (!) d’une merveilleuse émission qui eut 545 exemplaires, jusqu’en 1990... _,
mais beaucoup d’entre eux sont, au moins de mon point de vue, assez jubilatoires ; et les passions lumineuses communicatives de ces interlocutions m’ont vraiment beaucoup appris et m’ont ouvert, à moi aussi, de vrais mondes…
 
De mes 45 entretiens enregistrés jusqu’ici _ les précédents, avant 2009, n’étaient pas encore enregistrés par Denis Mollat ; et le nôtre est donc le 46e _,
j’élis :
 
celui (en vidéo) avec Hélène Cixous sur son « 1938, nuits »,
celui (en vidéo) avec Karol Beffa sur son « L’Autre XXe siècle musical  » _ il y parle entre autres de Ravel, de Poulenc, de Reynaldo Hahn… _,
celui (en vidéo) avec Pascal Chabot sur son « Avoir le temps : Essai de chronosophie » (+ l’ensemble de son parcours philosophique),
celui (en vidéo) avec Marie-José Mondzain sur son « Confiscation _ des mots, des images et du temps »,
celui (en podcast) avec René de Ceccatty sur ses « Enfance, dernier chapitre » et « La Divine comédie »,
celui (en podcast) avec Bernard Plossu sur son « L’Abstraction invisible »,
celui (en podcast) avec Michel Deguy sur son « La Vie subite _ Poèmes, biographies, théorèmes »…
 
Comme par hasard presque tous des amis…
 
Tomber sur, rencontrer, trouver de vrais interlocuteurs,
comme aussi des paysages, des villes,
et bien sûr aussi des œuvres (ainsi que des interprétations) à lire, regarder, écouter,
avec lesquels s’entretenir, dialoguer, rebondir, aller plus loin, s’enchanter,
voilà ce que j’aime _ tel un Montaigne s’entretenant avec ses livres (et ses poutres gravées) en sa féérique Librairie _ ;
 
et que j’ai aussi eu la chance d’avoir _ mais oui ! _ le long de mes 42 ans de défi d’enseigner à philosopher, dans la classe, avec mes élèves, chaque heure (ou presque…) de cours, au lycée…
Et j’ai adoré ça !
De même que j’aime aussi chercher-rechercher un pas plus loin, à côté ou de biais :
 
_ comme en la recherche du parcours de survie (tu) de mon père le Dr Benedykt Lippa (1914 – 2006) sous l’Occupation ;
_ comme en la recherche de l’ancrage argentin (depuis 1830) de mes cousins oloronais Bioy, dont est issu le cousin au second degré de ma mère née Marie-France Bioy (1918 – 2018), Adolfo Bioy Casares (1014 – 1999), l’ami si proche de Jorge Luis Borges ;
_ comme à propos de l’œuvre musical de Lucien Durosoir (1878 – 1955) pour lequel j’ai donné 2 communications au Colloque musical « Un Compositeur moderne né romantique : Lucien Durosoir » au Palazzetto Bru-Zane à Venise le 19 février 2011 : «Une poétique musicale au tamis de la guerre : le sas de 1919 – la singularité Durosoir » et « La Poésie inspiratrice de l’œuvre musical de Lucien Durosoir : romantiques, parnassiens, symbolistes, modernes » ;
_ comme en la recherche des ancêtres basques du cher Maurice Ravel  (1875 – 1937) à Ciboure ;
_ comme en la recherche de la descendance de la branche « algérienne » de Louis Ducos du Hauron (1837 – 1920), l’inventeur génial, en 1868, à Lectoure, de la photographie en couleurs…
 
Et au-dà de ces podcats et vidéos d’entretiens accessibles sur mon blog « En cherchant bien »,
ce sont tous mes articles (qui ont débuté le 3 juillet 2008) qui constituent pour moi un trésor d’expression et mémoire conservé et accessible…
 
Voilà !
 
Un immense merci, cher François.
 
Voilà ce qu’est s’entendre en s’écoutant et se répondant en s’accordant assez bien, sur le vif…
Soient les inestimables cadeaux vrais de la vraie vie.
Une grâce…
 
Bien à toi, François,
 
Francis

Et je joins encore, ce vendredi matin, ce lien-ci à un site où peut se regarder et écouter la vidéo d’une passionnante contribution (d’une durée de 30′) de François Noudelmann consacrée au « doigté » selon Roland Barthes, pour la Fondation Singer-Polignac, le jeudi 4 juin 2015…  

Ce jeudi 11 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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