L’art du maquillage et du démaquillage, dans « Cara pace » (paru en italien, en 2020) et « Sous ma carapace » (traduit en français, en 2023), de Lisa Ginzburg, ou l’urgence en partie cathartique d’un récit de presque émancipation (d’un cadre familial cabossé), à absolument partager, pour se prémunir de la menace du retour éventuel de fantômes …

— Ecrit le jeudi 27 avril 2023 dans la rubriqueLittératures, Non classé, Villes et paysages”.

L’art du maquillage et du démaquillage (entre « Cara Pace«  _ en italien : le livre est paru en 2020, à Milan, chez Adriano Salani Editore, sur décision de Luigi Spagnol... _ et « Sous ma carapace«  _ en français : le livre vient tout juste de paraître le 6 avril dernier aux Éditions Verdier, dans l’excellente collection « Terra d’altri » de Martin Rueff… _ de Lisa Ginzburg

_ née à Florence le 25 octobre 1966, Lisa Ginzburg, qui vit depuis longtemps à Paris, est la fille du très grand historien (de la microhistoire) Carlo Ginzburg (Turin, 15 avril 1939) et la petite-fille de la magnifique Natalia Ginzburg (Palerme, 14 juillet 1916 – Rome 7 octobre 1991)… _ :

protéger et se protéger durablement soi et d’autres ou/et s’éclater _ soi _ en s’émancipant, au moins une petite fois, en une occasion totalement imprévue, du cadre ambivalent de son histoire familiale un peu trop cabossée en son départ, entre Genzano, Rome, Paris (ainsi que New-York-Brooklyn) ; ou l’urgence d’un récit à absolument partager…

De la première phrase, page 13 : « Je décide que je dois absolument aller à Rome. Je prends la décision un soir, en me démaquillant. Pierre est déjà couché…« ,

à, page 244, « Ce qui m’est arrivé à Rome, il faut que je le raconte à quelqu’un. Partager : nommer l’événement avant qu’il ne se congèle dans mon imagination sous forme de fantôme _ qui revienne méchamment (me) hanter. Le garder pour moi, protégé par ma carapace – cara pace, je n’y arrive pas. Ça ne m’est tout simplement pas possible » _ voilà ! en une fonction en quelque sorte cathartique du récit (parlé ou écrit)... _,

et surtout, à peine 15 lignes plus loin,  à la page finale, page 145 : « Il n’y a rien à commenter, ni à conseiller _ de la part de quelque interlocuteur que ce soit…  Juste attendre que ça passe _ l’ébranlement de l’événement imprévu survenu à Rome, et maintenant ses éventuelles répliques à venir… Chère paix, carapace.

À la fin de notre coup de fil _ à Nina, la sœur (qui vit avec son époux Brian à Brooklyn) de la narratrice, qui vit, elle, avec sa famille, à Paris, dans le 17e arrondissement _, ce que j’étais sur le point de demander à Nina, c’était si elle voudrait bien m’héberger _ chez elle et son mari _ à Brooklyn quelque temps. Partir, seule _ sans son mari Pierre (diplomate à l’Unesco) et ses enfants Val (Valentina) et Sam (Samuel) _, prendre des distances. Mettre de l’espace, du silence, retrouver la clé, le sens _ dérangeant _ de cette rencontre imprévue _ à Rome, au parc aimé de la Villa Pamphili… _ qui m’a choisie et atteinte comme un rayon de lumière.

Confier à Nina, à sa chaleureuse hospitalité d’âme désordonnée et de sœur, une histoire dont il aurait été plus normal qu’elle lui arrivât à elle, et qui au contraire m’est arrivée à moi. Un événement qui n’appartient qu’à moi, mais pourrait être à Nina, et s’il devient aussi le sien, c’est grâce à cette intime indistinction qui nous lie _ depuis la brutale séparation (puis le consécutif éloignement d’elles deux, encore bien jeunes, âgées alors de 9 et 8 ans seulement…) de leurs parents, Sebastiano Cavallari et Gloria Recabo _, ce fil invisible que rien n’a jamais pu rompre.

Je vais lui demander si elle peut m’accueillir à New-York, quelque temps, chez eux : mais pas aujourd’hui. Une autre fois. demain peut-être. » 

À suivre…

Un lumineux roman à connotations _ forcément _ en partie autobiographiques…

Ce jeudi 27 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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