Un magique CD « OEuvres pour orgue et clavecin » de Louis Marchand (1669 – 1732), par un diablement inspiré et rayonnant Emmanuel Arakélian…

— Ecrit le samedi 2 novembre 2024 dans la rubriqueBlogs, Histoire, Musiques”.

L’article d’hier 1er novembre « Le « Grand Marchand » sonne en gloire sur deux instruments historiques sous les doigts d’Emmanuel Arakélian » de Frédéric Muñoz sur le site de ResMusica, m’a convaincu d’aller vite rechercher ce CD Mirare MIR740 chez mon disquaire préféré.

Grand bien m’a pris : c’est là une merveille d’interprétation, tant sur l’orgue Isnard (de 1774) de Saint-Maximin la Sainte-Baume _ dont l’interprète brillant de ce CD est le titulaire _ que sur le clavecin Donzelague (du XVIIIe siècle) du château d’Assas, sous les doigts du très inspiré Emmanuel Arakélian _ né à Avignon en 1991 _dont voici, d’abord, une brève présentation vidéo (de 4′) de ce CD  par l’interprète lui-même ;

et surtout l’intégralité du podcast de ce CD (d’une durée de de 81′) à écouter ici.

Et voici l’article de commentaire de l’ultra-compétent Frédéric Muñoz :

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est l’un des plus grands compositeurs baroques français pour le clavier. Ce disque lui rend hommage au travers de ses livres pour l’orgue et pour le clavecin. a choisi deux instruments emblématiques, à Saint-Maximin et à Assas. On redécouvre la magnificence _ voilà : « grand siècle«  _ de ces textes dans une interprétation très historiquement informée.

Le nom de est associé à un tas d’histoires et d’anecdotes parfois fausses, douloureuse mais sans doute parfois véridiques. Son caractère difficile y fut pour beaucoup. On retient souvent les soucis avec le roi Louis XIV auprès duquel il fut organiste à Versailles, et qui lui ont valu d’être exilé en Allemagne où il rencontra Johann Sebastian Bach. L’écriture de sa musique se place au plus haut niveau _ voilà _ de ce qui se pratiquait alors en France. Il laisse à la postérité plusieurs livres pour l’orgue et pour le clavecin, honorant grandement ces deux instruments comme la plupart de ses contemporains.

Le programme débute avec le Grand dialogue en Ut pour orgue qui est un Offertoire en cinq parties et reste l’une des plus belles pièces écrite à cette époque pour cet instrument. Elle réclame l’ensemble des jeux d’anches qui ont fait la célébrité de l’orgue Isnard de Saint-Maximin depuis sa (re)découverte au début des années 60. est le jeune titulaire de ce témoin unique de la facture du Grand Siècle, miraculeusement conservé dans son état d’origine _ voilà. On entend là une Ouverture grave, à la française, suivie d’un mouvement rapide qui s’enchaine à un mouvement lent permettant d’entendre le grand fond d’orgue. Après un trio virtuose, une gigue endiablée suggère la danse des anges dans le ciel et l’œuvre se termine par de lents accords sur toute la puissance de l’orgue.

Après ces émotions fortes, le contraste avec le clavecin est saisissant _ oui, et superbe ! Dans le salon de musique du château d’Assas près de Montpellier trône un clavecin historique de facture française du XVIIIᵉ siècle, dont la signature est grattée, mais que l’on peut attribuer au facteur lyonnais Pierre Donzelague (1668-1747). Ce clavecin est célèbre depuis les années 70, il fut celui sur lequel Scott Ross enregistra des œuvres de Rameau, Couperin, Bach et Scarlatti. Depuis, d’autres clavecinistes le font vivre autour de concerts ou de disques. Ici, propose des Suites dans leur structure habituelle avec les divers mouvements de danses précédés d’un Prélude. On est frappé par la profondeur _ oui _ de cet instrument aux basses chaleureuses et au médium subtil. Les dessus dessinent harmonieusement les lignes mélodiques. On se délectera en particulier d’une merveilleuse Chaconne à l’écriture solide et incantatoire par ses projections de notes en de vifs couplets et d’un thème récurrent à chaque fois plus appuyé, en forme de refrain.

Par la suite, fait s’alterner avec les deux instruments raffinement du salon de musique et magnificence du grand couvent royal _ voilà. Les pièces extraites du Deuxième Livre d’orgue font entendre à nouveau le chœur d’anches et puis la gravité du fond d’orgue. Le disque s’achève avec la Suite du premier ton débutant par un célèbre Prélude à 6 voix et double pédale et dans laquelle on remarque une Basse de trompette redoutable de virtuosité ainsi qu’une Tierce en taille d’un émouvant lyrisme. La prise de son _ du formidable Hugues Deschaux _ de l’orgue est très aérée et capte pleinement l’acoustique de la vaste nef, le clavecin gardant quant à  lui son intimité et sa profondeur.

Louis Marchand est bien représenté en discographie. Cette version s’inscrit en tête aux côtés de certaines autres qui ont fait le rayonnement de ce compositeur. On pense à Michel Chapuis à Souvigny, André Isoir ou Bernard Coudurier à Saint-Maximin… et d’autres encore tout aussi remarquables. Emmanuel Arakélian, par sa subtilité de jeu, la richesse de ses phrasés _ oui _ et son étude historique à la fois des textes et des instruments, nous offre un Marchand rayonnant et passionnant _ tout à fait ! _ au travers d’une sélection des plus belles pièces de ce maître claviériste du Grand Siècle.

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Louis Marchand (1669-1732) : Grand dialogue en ut majeur ; Quatuor ; Fugue ; Suite en ré ; Pièces extraites du livre II. Suite en ré ; Suite en sol.

Emmanuel Arakélian à l’orgue historique Isnard (1774) de la basilique Marie-Madeleine de Saint-Maximin la Sainte Baume et au clavecin anonyme historique du château d’Assas.

1 CD Mirare. Enregistré en décembre 2023.

Notice de présentation en français et en anglais.

Durée : 80:00

Une interprétation magnifique de sommets du clavier baroque français !

Et en une prise de son du grand Hugues Deschaux _ que je connais depuis ses débuts pour l’Alpha héroïque de Jean-Paul Combet…

Ce samedi 2 novembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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