La légende de Sainte-Hélène, et les souvenirs et rêveries de Sophie Wachter-Molbert, à Courbet…
26mar
Le document signalé hier, tel que publié par L’Écho d’Alger du 7 février 1938,
et donné in extenso en mon article du 25 mars : Et une découverte : la présence auprès de Napoléon à Sainte-Hélène du grand-père de Sophie Molbert-Wachter, et père de Jean-Baptiste-Antoine Wachter,
peut-il être vraiment pris à la lettre ?
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Le grand-père de Mademoiselle Sophie Wachter-Molbert (Rougemont, 18 août 1853 – Courbet, 1er février 1938), François-Antoine-Humbert Wachter (né à Rougemont le 29 août 1794),
a-t-il rééellement fait partie des « grognards » qui sont allés accompagner Napoléon en son exil de Sainte-Hélène ?
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C’est extrêmement peu probable, étant donné,
d’abord, le très petit nombre _ à peine une vingtaine _ de personnes ayant été autorisées par les Anglais à accompagner l’Empereur déchu en son exil à Sainte-Hélène (du 15 octobre 1815, à son décès, le 21 mai 1821) ;
et ensuite la puissance de la légende napoléonienne au XIXe siècle, et tout particulièrement, bien sûr, dans la période du Second Empire…
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Ainsi, par exemple, 42 ans après la fin du Premier Empire, Napoléon III institua-t-il une « médaille de Sainte-Hélène » par un décret du 12 août 1857.
Cette décoration était accompagnée d’un diplôme et se présentait dans une boîte en carton portant l’inscription « Aux compagnons de gloire de Napoléon« . La médaille elle-même était en bronze (50 mm de haut et 31 mm de large), cerclée d’une épaisse couronne de lauriers surmontée d’une couronne impériale et suspendue à un ruban vert à cinq raies rouges. Elle portait à l’avers le profil de l’empereur entouré de l’inscription « NAPOLÉON Ier EMPEREUR« , et au revers, une inscription circulaire « CAMPAGNES DE 1792 A 1815« , et, sur neuf lignes: « À SES COMPAGNONS DE GLOIRE. SA DERNIÈRE PENSÉE. STE HÉLÈNE. 5 MAI 1821« . Les médailles étaient remises dans une boîte en carton recouvert de papier glacé blanc, sur le couvercle de laquelle apparaissent une aigle couronnée et l’inscription: « AUX COMPAGNONS DE GLOIRE DE NAPOLEON I – DÉCRET IMPÉRIAL DU 12 AOÛT 1857« . La médaille était accompagnée d’un diplôme (29 cm x 19 cm) au centre duquel se trouve le dessin de la médaille. Le diplôme indique le nom et le grade du titulaire, ainsi que l’unité dans laquelle il a servi durant les guerres de 1792 à 1815… Enfin, il porte le timbre sec de la Grande Chancellerie de l’Ordre Impérial de la Légion d’Honneur et la signature du Grand Chancelier.
La première distribution eut lieu le 16 août 1857.
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C’est de cette médaille et de ce diplôme qui l’accompagnait que parlait volontiers à son entourage, à Courbet, au XXe siècle, Mademoiselle Sophie Wachter-Molbert
_ qui avait un peu connu son grand-père paternel en leur séjour à Mustapha, dans les années 50 du XIXe siècle : à la naissance de la petite Sophie, à Rougemont, le 18 août 1853, son grand-père (au domicile duquel sa mère, célibataire, avait accouché, à Rougemont, donc) avait 59 ans ; et celui-ci a assisté ensuite aux mariages, à Birmandreis le 4 avril 1857, de sa fille Sophie Wachter (Rougemont, 29 janvier 1824 – Courbet, 9 mai 1897) avec le père de la petite Sophie, François-Martin Molbert (Chaux, 9 décembre 1825 – Mustapha, 22 juin 1884) ; puis à Mustapha le 26 mai 1857, de son fils Jean-Baptiste-Antoine Wachter (Rougemont, 5 février 1827 – ?,?) avec Elisabeth-Joséphine-Baptistine Confex (Marseille, 28 décembre 1836 – Alger, 30 mars 1925) ; j’ignore le lieu et la date du décès de ce grand-père qui avait probablement participé à une partie des guerres napoléoniennes ; un décès qui advint avant le décès de « sa veuve« , née Marie-Françoise Chevillot, le 8 septembre 1870, à Mustapha…
Je remarque aussi que le père de Melle Sophie Wachter-Molbert, François-Martin Molbert, est décédé lui aussi à Mustapha : le 22 juin 1884… Et c’est ensuite que la veuve et la fille de celui-ci s’installèrent à Courbet, où Sophie la mère décéda le 9 mai 1897, et Sophie la fille, le 1er février 1938 : où cette dernière « habitait depuis plus de cinquante ans« … _,
s’imaginant que ces objets récompensaient un compagnon de Sainte-Hélène de l’empereur déchu…
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Les grands-parents maternels de Sophie Molbert, François-Antoine-Humbert Wachter et Marie-Françoise Chevillot, s’étaient mariés à Rougemont le 27 octobre 1814 :
le marié avait tout juste 20 ans ; et la mariée, 22 ans.
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Il est assez peu probable que le diplôme de 1857 ait pu récompenser le grand-père de Sophie Molbert, qui non seulement n’a pas été un compagnon de Napoléon à Sainte-Hélène,
mais probablement pas non plus un soldat des guerres napoléoniennes….
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Cependant, sur un site intitulé « Les Médaillés de Sainte-Hélène du canton de Masevaux« _ canton dans lequel se situe la commune de Rougemont-le-Château _,
pour la commune de Rougemont-le Château, est mentionné cependant ceci :
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« WACHTER Ferdinand : né le 11 février 1793 ; voltigeur au 39e régiment de ligne puis au 133e régiment de ligne du 31 octobre 1813 au 30 août 1815« …
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Il faudrait donc creuser un peu plus avant cette recherche ;
et examiner ce qu’il en est de la fin de la Campagne d’Allemagne de 1813 , et de La Campagne de France, de 1814…
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Mais surtout, François-Antoine-Humbert Wachter et Marie-Françoise Chevillot ont eu 8 enfants, nés entre le 2 août 1812, pour l’aîné, François Wachter (2 août 1812) et le 1er février 1830, pour le huitième, nommé lui aussi François-Antoine-Humbert Wachter :
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en 1812 (François), 1815 (Marie-Françoise), 1817 (Julie), 1819 (Marie-Catherine), 1821 (Jean-Claude), 1824 (Sophie), 1827 (Jean-Baptiste-Antoine) et 1830 (François-Antoine-Humbert)…
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François-Antoine-Humbert Wachter a-t-il participé, en personne, à la Campagne de France ?
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Les troupes des Coalisés ayant franchi le Rhin à Bâle, le 31 décembre 1813, les troupes françaises commandées par Victor, défendent les Vosges ;
mais cèdent bientôt Belfort, Vesoul, etc., devant Blücher…
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Et Rougemont-le-Château se trouve sur ce passage…
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Ce vendredi 26 mars 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa