le « liedersänger absolu » : Christian Gerhaher _ son merveilleux récital Schumann intitulé Frage
Christian Gerhaher, depuis longtemps, fait l’unanimité
de ceux qu’il enchante,
au concert, sur la scène, comme au disque.
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Celui que hier un article de ResMusica,
sous la plume de Vincent Guillemin,
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et à l’occasion d’un concert-représentation au Staatoper de Hambourg des Szenen aus Goethes Faust de Robert Schumann
_ GERHAHER FASCINE DANS LES SCÈNES DU FAUST DE GOETHE _
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qualifie _ et à fort juste titre !!! _ de « liedersänger absolu« ,
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vient de nous gratifier d’un sublimissime récital de 29 Lieder
de _ justement _ ce même Robert Schumann,
en l’occurrence le CD Sony classical 19075889192
intitulé Frage ;
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composé
des 6 Gesänge op. 107,
3 Romanzen und Balladen op. 49,
Warnung, op. 119/2,
3 Gesänge op. 83,
12 Gedichte op. 35 _ dont le lied Frage… _
et 4 Gesänge op. 142.
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Le timbre, somptueux,
l’art du chant,
comble de naturel et de justesse dans la diction
comme dans la richesse de la musicalité dépourvue du moindre maniérisme ou ombre d’affectation,
et l’élan,
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tout nous comble chez cet admirable chanteur baryton.
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Voici, aussi, l’article de ResMusica et Vincent Guillemin
qui vient parfaitement consoner
avec ma perception de ce sublime récital Frage… :
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Hambourg. Staatsoper. 17-XI-2018.
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Robert Schumann (1810-1856) : Szenen aus Goethes Faust.
Mise en scène, décors & Costumes : Achim Freyer.
Assistant mise en scène : Eike Mann.
Assistant décors : Moritz Nitsche.
Costumes : Petra Weikert.
Lumières : Sebastian Alphons.
Vidéos : Jakob Klaffs & Hugo Reis.
Dramaturgie : Klaus-Peter Kehr.
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Avec : Narea Son, Marthe, Sorge, Seliger Knabe, Magna Peccatrix ;
Christina Gansch, Gretchen, Not, Seliger Knabe, Una Poenitentium ;
Katja Pieweck, Mangel, Jüngerer Engel, Seliger Knabe, Mulier Samaritana ;
Renate Spingler, Schuld, Seliger Knabe, Maria Aegyptiaca, Mater Gloriosa ;
Norbert Ernst ; Ariel, Pater Ecstaticus, Vollendeterer Engel, Jüngerer Engel ;
Christian Gerhaher, Faust, Pater Seraphicus, Dr. Marianus ;
Alexander Roslavets, Vollendeterer Engel, Jüngerer Engel ;
Franz-Josef Selig, Mephisto, Pater profundo, Böser Geist, Bass-Soli;
Angelka Gajtanovska, Ines Krebs, Tahirah Zossou, Marina Ber, Veselina Teneva, Voix solistes.
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Hamburger Alsterspatzen.
Chor der Hamburgischen Staatsoper (Chef de Chœur : Eberhard Friedrich).
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg,
direction musicale : Kent Nagano
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Mis en espace par Achim Freyer avec des éléments d’humanité, Les Scènes de Faust de Goethe de Robert Schumann retrouve à Hambourg deux artistes entendus à Berlin, Munich puis Paris ces dernières années, Franz-Josef Selig et le fascinant Christian Gerhaher, cette fois sous la direction toute en finesse de Kent Nagano.
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Après avoir remplacé Nikolaus Harnoncourt à Berlin puis enregistré l’œuvre à Munich, Daniel Harding a récemment présenté à Paris Les Scènes de Faust de Goethe, remis en valeur vingt ans plus tôt grâce à Claudio Abbado. Elles sont reprises à Hambourg dans une mise en scène cohérente mais anecdotique _ dommage ! _ d’Achim Freyer, à faire regretter de ne pas avoir profité de la même équipe musicale dans l’acoustique de l’Elbphilharmonie, plutôt qu’avec l’orchestre et le chœur en fond de plateau au Staatsoper. Proposer une version scénique permet toutefois de rejouer l’ouvrage sept fois au cours de la saison plutôt que trois lors d’un groupe de concerts.
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Robert Schumann s’est lui-même perdu en s’attaquant à l’un des plus grands textes de l’humanité ; la figure si fascinante de Goethe devenant un blocage à la liberté du compositeur, de toute façon peu à l’aise _ voilà _ tout au long de sa vie avec l’opéra. Il commence les esquisses par le finale à la mort du poète, passage le plus étincelant de l’ouvrage, peut-être le moins bien porté par Kent Nagano à Hambourg, où le chef, trop fin, semble vouloir fuir la luminosité trop facile de la dernière partie chorale et ne parvient à un moment extatique _ oui _ que dans les dernières mesures.
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Il faudra dix années au compositeur pour achever ce qui deviendra finalement un oratorio profane, dans lequel l’écriture du chant laisse souvent plus la place au lied qu’à un style opératique. Difficile alors d’y trouver aujourd’hui, et même depuis plusieurs décennies, un chanteur supérieur au liedersänger absolu Christian Gerhaher. Plus encore qu’à la Philharmonie de Paris et qu’à Munich, le baryton prouve un art de la prosodie d’un génie pur _ c’est dit ! _, fascinant dans la mort juste avant l’entracte, mystique ensuite en Pater Seraphicus, puis bouleversant dans la noirceur d’un Dr Marianus porté avec la même voix glabre que le dernier lied du Notturno de Schoeck enregistré il a quelques année par l’artiste. Franz-Josef Selig n’a pas à pâtir de l’art de la diction du baryton pour conduire Mephisto dans les graves infernaux, contré par le haut-médium coloré de la Marguerite de Christina Gansch, ou l’aigu éclatant de Narea Son, d’abord Marthe, puis Souci, puis Magna Pecatrix au Paradis. Katja Pieweck, superbe Walkyrie la veille, convainc moins ici, tout comme le ténor Norbert Ernst, trop nasal et instable dans le haut du spectre pour magnifier Ariel puis le Pater Ecstaticus.
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Le Chor der Hamburgischen Staatsoper comme le chœur d’enfants, l’Hamburger Alsterspatzen, tous deux préparés par Eberhard Friedrich, parviennent à hisser leurs parties dans une mystique développée du fond de la scène, avec un rendu légèrement voilé par un rideau placé entre l’orchestre et le devant du plateau. Le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg offre dès l’Ouverture une sonorité légère, parfaitement maintenue tout au long de l’ouvrage par le directeur musical Kent Nagano, avec une superbe attention lors des moments les plus dramatiques.
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Achim Freyer, dont on vient d’apprendre qu’il mettait en scène Œdipe l’été prochain à Salzbourg, doit comme Jürgen Flimm pour le Staatsoper Berlin ces dernières années s’atteler à occuper l’espace pendant que l’oratorio de Schumann se développe. La modeste dramaturgie du livret ne permet pas d’interactions fortes entre les personnages, alors Freyer occupe l’espace avec des assembleurs en noir, qui posent au fur et à mesure des éléments référents à l’humanité. Successivement apparaissent une robe de mariée sur un mannequin, une brouette, un métronome, un arc en ciel, une trompette, tous ces objets sur lesquels sont ensuite apposés des voiles noirs pour annoncer la mort. Au centre, le tableau du Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich, visible à la Kunsthalle de Hambourg, est coupé en haut du buste pour laisser s’insérer le haut du corps de Gerhaher. Son image, d’un homme d’abord magicien avec un bandeau sur les yeux, devient par la suite celle d’un véritable aveugle ayant besoin d’une canne, pour finir clown blanc en dernière partie. Le tableau se colore par lumières projetées, d’abord en fluo rose et jaune, évidente référence au tableau de Goethe retouché par Andy Warhol. Puis la brume devient arc-en-ciel avant de n’être plus qu’un noir faisant ressortir le corps blanc accompagné d’une lumière blanche pour montrer le centre, et donc Gerhaher, comme l’entrée au Paradis.
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Crédits Photographiques : © Monika Ritterhaus
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Christian Gerhaher : un liedersänger absolu : absolument !
Son art est sublimissime d’évidence
et perfection de justesse !!!
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Ce mercredi 21 novembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa