Ella Maillart, voyageuse humaniste : une exposition exemplaire à la Base sous-marine _ pour fêter les vingt ans d' »Itinéraires des photographes voyageurs » de Nathalie Lamire-Fabre
03avr
Vendredi soir, 1er avril, une conférence de la plus haute qualité _ humaine ! _ de Daniel Girardin,
conservateur du Musée de l’Élysée, à Lausanne
_ où est conservé le fonds d’archives photographiques d’« une des voyageuses les plus étonnantes du 20e siècle« : Ella Maillart. « Exploratrice par quête de vérité _ c’est là le départ, l’alpha, mais aussi l’oméga, tant de (toute) sa vie que de son œuvre : la vérité de l’humanité… _, photographe par goût _ et avec quel talent direct ! _, écrivain et journaliste par nécessité, Ella Maillart (1903-1997), célèbre pour ses multiples exploits sportifs, ses voyages et ses livres, va parcourir, dès les années 1930, les régions les plus reculées de la planète _ aux fins fonds (interdits) de l’Asie centrale et orientale _ dans des conditions qui relevaient de la plus pure aventure« . La collection Ella Maillart du Musée de l’Elysée comprend « 11 137 positifs et environ 20 000 négatifs« … _,
présentant,
à travers un choix très riche de ses photos, mais aussi de courtes séquences cinématographiques, ainsi que de témoignages de la voix d’Ella Maillart,
ce que fut la traversée du XXème siècle,
par des contrées peu courues, voire interdites, en Asie centrale et orientale, tout particulièrement _ soit « Sur les routes de l’Orient« … _,
de cette femme admirable,
à l’auditorium de la Bibliothèque municipale de Bordeaux.
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Cette lumineuse conférence _ déjà ! _ d’un ami qui put s’entretenir régulièrement avec elle en sa dernière décennie d’existence,
était très justement intitulée : « Ella Maillart, voyageuse du XXème siècle« …
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Ella Maillart dans la Madrasa d’Ulug Beg, Samarkand, Ouzbékistan, 1932 |
(© Musée de l’Elysée, Lausanne) |
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« Ella Maillart (21 février 1903 – 27 mars 1997)
est devenue par goût une voyageuse infatigable du XXe siècle.
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Elle a porté sur le monde un regard d’une grande intensité _ oui ! ce dont témoignent à un très haut degré tant ses photos que ses récits et réflexions… _
et a transcrit _ voilà ! _ sa vie exceptionnelle en textes, en films et photographies.
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Son parcours de vie a commencé avec le sport _ la voile, le ski : tant aux championnats du monde qu’aux Jeux olympiques _,
s’est poursuivi avec la découverte et le voyage aventureux _ les deux ! _,
et est ensuite devenu un voyage plus intérieur _ à partir de son long séjour en Inde, de 1940 à 1945 _, celui qui lui a appris à se connaître elle-même.
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Ella Maillart a _ bientôt… _ compris que nul voyage ne mène au bout du monde.
Ce qui n’empêche personne de le parcourir«
_ et découvrir et mieux connaître :
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ainsi a présenté Daniel Girardin son propos introductif à l’exposition
qu’il a co-dirigée, avec Danièle Martinez, à la Base sous-marine de Bordeaux,
avec une parfaite délicatesse de ton
autant que justesse d’analyse _ le public, très nombreux, a pu l’apprécier…
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Quant à cette exposition
« Ella Maillart sur les routes de l’Orient« ,
qui se tient à la Base sous-marine du 29 mars au 30 avril 2011,
entrée libre, du mardi au dimanche inclus, de 13h30 à 19h (sauf jours fériés),
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elle est _ ses photos comme ses textes ! _ merveilleusement disposée (et éclairée) : à notre attention _ très admirative !
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En voici une présentation
par les organisateurs :
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« Douée d’une énergie extraordinaire et d’une intelligente curiosité _ magnifiques ! en leur sobriété et classicisme… _, Ella Maillart (1903-1997) entreprend un premier voyage terrestre à Moscou en 1930, après avoir longtemps navigué en mer. Ce périple, très rare à ce moment lorsqu’il est entrepris _ suite à diverses rencontres éminemment positives successives : Ella sait s’y rendre disponible… _ sans opinion politique, la met définitivement _ voilà _ sur la longue route de l’Orient et décide de sa carrière d’écrivain et de photographe.
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Lorsqu’on jette un regard rétrospectif sur la vie d’Ella Maillart, rien ne semble _ mais cela ne nous apparaît que très rétrospectivement ! rencontre après rencontre !!! _ être dû au hasard. Ce premier voyage fut financé – à hauteur de 50 dollars – par la veuve de Jack London, rencontrée à Berlin. Dans la capitale soviétique, elle fit ses premières photographies avec des déchets de pellicule _ mais oui ! _ donnés par le grand cinéaste Vsevolod Poudovkine, qui lui prodigua conseils et encouragements. Son premier Leica lui fut offert par le Dr Leitz en personne _ le patron de Leica… _, impressionné par les photographies qu’elle ramenait, en toute modestie _ mais oui : celle de la plus pure naïveté… _, du Turkestan russe, qu’elle visita en 1932. Elle en revint en découvrant les Kirghizes, les Kazakhs, les Ouzbeks, passant par Frounze, Tachkent et Samarcande, sans aucune autorisation officielle _ c’est peu croyable, mais c’est vrai !
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De la frontière russe, du haut des Monts Célestes qu’elle atteint en accompagnant des scientifiques, elle voit miroiter _ sur la ligne même d’horizon… _ le Takla-Makan chinois, pays interdit qu’elle foulera _ voilà ! _ malgré toutes les difficultés en 1935, en compagnie de l’écrivain _ et journaliste, alors : grand reporter pour le Times ; son frère Ian Fleming s’inspirera de ses activités (ultérieures) pour les services secrets pour son personnage de James Bond… _ britannique Peter Fleming. Un périple incroyable _ de difficultés _ de huit mois, qui les mènera de Pékin à Srinagar _ au Cachemire indien.
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Elle pratiqua une photographie libre et mobile _ voilà ! _, caractérisée par une esthétique sobre, immédiate _ oui ! _, qui laisse à l’esprit sa liberté et au regard son acuité _ quelle merveilleuse justesse ! Si ses photographies ont souvent un caractère ethnologique, elles ne donnent jamais _ fort justement _ l’impression d’avoir été volées. Elles témoignent avant toute chose d’une certaine forme d’échange _ humain _ et d’un sentiment de respect _ c’est tout à fait cela ! Ella n’est jamais une voyeuse… _, qui constituent une grande part _ mais oui ! _ de leur beauté _ essentielle, droite et profonde !
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Ella Maillart a vécu _ toute sa vie, sans en dévier _ selon son goût _ naïvement puissant (et non prosélyte) _ de la différence. Évitant le reportage rapide ou superficiel _ d’actualité journalistique… _, elle s’est immédiatement tournée _ aussi _ vers le livre, apte à rendre substantielle _ vraiment ! par son recul méditatif _ l’expérience _ humaine : à la Montaigne _ toujours approfondie _ de fait, déjà _ de ses rencontres _ sur le vif et sur le champ ! Dans l’immédiateté du vivant : cela, en effet, s’apprenant… Elle incarne _ oui : durablement par son essentielle droiture d’âme _ cette nouvelle génération de femmes indépendantes qui deviennent dans les années trente photographes, écrivains et journalistes, telles Marianne Breslauer, Gerta Taro ou son amie Annemarie Schwarzenbach.
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Ses photographies montrent _ avec la puissance de la rectitude et de la profondeur vraies _ la qualité _ oui ! _ de regard et l’originalité _ de fait ; sans rechercher jamais en quoi que ce soit la moindre pose ! _ qui illustrent sa personnalité _ toute de probité : « vraie« …
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Au-delà de la nostalgie obligée _ le temps (des années) passant _ des sujets _ que de mondes (!) ont disparu, en ce que Robert Jaulin a qualifié d’« ethnocide« … _, ses photographies touchent à l’essence de l’être humain _ tout simplement ! _ et illustrent l’intérêt _ absolument désintéressé ! loin de toute géopolitique, pour ce qui la concernait… _ incontournable qu’elle a toujours eu pour les autres _ en tant que ses « frères humains« , en l’altérité (profondément fraternelle, donc) de leur fière et intacte puissante singularité menacée…
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Cette exposition « Ella Maillart sur les routes de l’Orient« ,
à la Base sous-marine de Bordeaux,
est la manifestation-pilote du vingtième anniversaire (1991-2011) du Festival « Itinéraires des photographes voyageurs«
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festival de photographies
dont a eu l’idée, il y a exactement vingt ans, Nathalie Lamire-Fabre
_ qui fut, en la toute première session de ce festival, en mars 1991,
la première en France à présenter une exposition de photographies d’Ella Maillart !
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Nathalie Lamire-Fabre dirige,
outre ce festival très remarquable (qui permet à de jeunes talents de se manifester !),
l’excellente galerie « Arrêt sur l’Image« , au Bassin à Flot, à Bordeaux… _,
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Cette exposition « Ella Maillart sur les routes de l’Orient« , à la Base sous-marine de Bordeaux, donc,
est ainsi la « tête de pont » de vingt-deux autres expositions _ vingt-trois au total ! _ de _ plus jeunes… _ photographes voyageurs,
en dix-neuf autres lieux _ vingt au total ! _ disséminés en Bordeaux ;
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une rétrospective des vingt années du festival,
avec une photo par expo,
étant, aussi, bien visible, sur le large et beau cours de Verdun,
accrochée sur les grilles du (si beau) Jardin public de Bordeaux…
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J’ai plaisir, aussi, à rappeler, par ailleurs,
en particulier à la mémoire de notre maire _ qui ne manque pas de citer, en son speech d’inauguration (à la suite de M. Daniel Girardin, et juste avant Nathalie Lamire-Fabre), les noms de Henri Cartier-Bresson, Jean Dieuzaide ou Raymond Depardon,
mais oublie celui de Bernard Plossu !.. _,
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qu’en 2008, la dix-septième édition du Festival « Itinéraires des photographes voyageurs«
eut pour « tête de pont« , en cette même Base sous-marine,
une (tout aussi lumineusement _ par la magie de cette même Danièle Martinez _) splendide exposition _ croisée ! _
de Bernard Plossu _ le plus grand photographe français vivant, Monsieur le Maire ! _
et (le peintre, de Valence) Marcelo Fuentes :
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« Regards croisés sur villes et paysages« : cette exposition admirablement accrochée, elle aussi _ mais Danièle Martinez est une « magicienne« des éclairages ! _, fut visible du 25 mars au 5 mai 2008,
ainsi que, en même temps, une seconde exposition Plossu, qui éclaboussait de sa lumière
la très lumineuse, déjà, galerie « Arrêt sur l’Image« , ouverte très largement, par son immense baie, sur le Bassin à flot,
et la Garonne, en direction de l’estuaire :
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« Bernard Plossu et Marcelo Fuentes sont fascinés par les paysages, l’architecture fonctionnelle, rationaliste, constructiviste et par l’architecture héroïque de la modernité. Le photographe Bernard Plossu présente son travail autour d’architectures urbaines et de paysages inhabités. Le peintre valentien Marcelo Fuentes regarde les villes et les paysages comme des natures mortes.
L’exposition “ Regards croisés sur villes et paysages “ propose la confrontation fascinante de ces deux regards » _ humbles et perspicaces ; Bernard Plossu a pas mal appris de l’immense Paul Strand ! (1890-1976)…
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Voilà.
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Courez
venir admirer
sereinement
_ = contempler… _
le talent intensément et profondément
_ « substantiellement« , dit magnifiquement Daniel Girardin _
« vrai«
d’Ella Maillart.
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Que sa probité et son humanité
de « personne »
éclaire
les talents des jeunes photographes voyageurs de 2011 ;
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même si le sens de l’aventure _ artistique et humaine ! mais est-ce dissociable ?.. _
a (forcément _ au moins par le contexte des regards… : et l’« ethnocide« !.. versus la « mondialisation« financière du commerce…) un peu changé ;
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la planète ayant considérablement comme rapetissé
ainsi
par nos temps (et allures les plus courantes…) de 2011…
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Titus Curiosus, ce 3 avril 2011