En forme de gratitude envers la grâce de l’art merveilleux d’Emmanuel Mouret
13jan
Cher Emmanuel Mouret,
13jan
Cher Emmanuel Mouret,
04nov
En relisant mes notes sur « Le Soldat indien« de René de Ceccatty, paru le 2 février 2022, aux Éditions du Canoë _ lire surtout mon article vraiment très fouillé, et donc utile (j’en suis le premier surpris !), du mardi 25 janvier : « Un certain goût de l’ailleurs, mais un refus du romanesque et l’horreur de l’oubli d’un passé qui n’a pas dit son dernier mot : un cadre de recherche pour l’analyse de la poiétique de René de Ceccatty en la succession de ses récits autobiographiques« … _,
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j’en dégage que René de Ceccatty, suite à sa découverte très violemment affligée, le 12 avril 2019, de la récente dévastation-profanation des tombes ouvertes et cassées, détruites, du cimetière de Mégrine _ sa petite ville natale _, dans la banlieue de Tunis
_ « profanation qui n’est pas seulement l’insulte faite à un mort, mais son oubli, la volonté même de son effacement« , lit-on page 10 ;
et « c’est alors que mon autre idée a refait surface, celle de remonter dans une des branches de ma famille, en quête du fameux prétendu gouverneur de l’île de Bourbon » (…) ; « cet ancêtre, Léopold (…) n’avait jamais vécu sur l’île de Bourbon, tout au plus avait-il pu y faire escale, en route vers l’Inde, ou les Indes, ainsi qu’on disait autrefois. Il n’avait jamais été gouverneur de l’île de Bourbon, mais, en revanche, avait été major militaire de la forteresse de Karikal, au sud de Pondichéry, et avait participé à la guerre de Sept Ans et aux conflits multiples qui avaient opposé l’armée française à l’armée anglaise et aux divers pouvoirs indiens, perses, moghols, marathe qui eux-mêmes guerroyaient« , page 10 ;
et encore, page 12 : « L’histoire de Léopold et le rapport que j’entretiens avec elle sont des formes d’effacement accepté, mais aussi de lutte contre l’oubli.
J’ai voulu, à ma manière, résister à la profanation« … _ ;
…
que René de Ceccatty, donc,
s’est donné pour « sujet« de son livre, non pas « l’incarnation _ romanesque _ d’un passé _ tant historique, collectif, que familial _ qui a laissé peu de traces« , mais « au contraire l’effacement de figures vouées à l’échec et à l’oubli » _ qu’il fallait, et de cette façon, par la voix s’élevant de l’écriture, sauver en quelque sorte d’un abyssal, et définitivement mortel, oubli, page 15 ;
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et afin, aussi, tout au moins au départ _ puisque là se situe la source occasionnelle de la méditation-recherche dont va naître le livre _, de « comprendre la logique ou l’illogisme de l’installation de mes grands-parents dans les colonies nord-africaines.
N’y avait-il pas une fatalité _ en quelque sorte atavique et comme compulsivement répétitive… _ dans ces départs, ces défaites, ces exils, ces confrontations avec d’autres langues, d’autres cultures, d’autres modes de vie ? Les deux branches, maternelle et paternelle, ne s’étaient guère enrichies aux dépens des peuples colonisés : elles avaient seulement tenté de réagir à leurs ruines respectives. Du côté des ancêtres de mon père, le phyloxéra avait dévasté les vignes du Jura. Du côté d ceux de ma mère, une auberge albigeoise qu’ils tenaient avait pris feu. Les deux familles ruinées avaient tenté leur chance, l’une en Algérie, l’autre en Tunisie. Mes parents, deux ou trois générations plus tard, avaient réuni les sangs« , page 8 ;
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et de cela témoigner un peu en l’élan de son écriture,
sans « éclat, ni silence » non plus, page 8.
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Voilà donc ce qui a donné l’impulsion initiale vivante et superbe à cette écriture, et la force et la lumière chaleureuse de cette voix fluide et ferme qui s’élève maintenant de ces pages, pour nous aussi, à leur lecture !
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Et le « secret » d’une œuvre de littérature un peu vraie _ et ce trait-là est bien sûr capital ! _se niche précisément dans la qualité idiosyncrasique de « la voix » quand celle-ci, vraiment, « s’élève de la page« , avec une sorte de nécessité, comme en ce lumineux et un poil mélancolique aussi « Soldat indien » de René de Ceccatty…
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Cela rédigé en forme de préparation un peu consciencieuse _ scrupuleux et perfectionniste, j’aime essayer de tendre toujours au meilleur… _ à mes questions de la vidéo, en format court, de René, à propos de ce petit bijou de 162 pages qu’est « Le Soldat Indien » (des Éditions du Canoë, de Colette Lambrichs _ résidant désormais en la girondine très proche (et historiquement « filleule de Bordeaux« ) Bourg-sur-Gironde, en face du Bec d’Ambès… _), dans le tout petit studio ad hoc, niché tout derrière la vaste salle sombre de la Station Ausone, prise ce vendredi 4 novembre pour une conférence, à 18 h, de l’ancien président François Hollande…
Quel contraste !
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Ce vendredi 4 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
25juin
Pour continuer l’élan Ravel de mon article d’hier « Ecouter le magnifique Vladimir Jankélévitch parler avec subtilité et justesse à la chère Claude Maupomé de l’art merveilleux de la musique de Maurice Ravel, sur France-Musique en octobre 1972 » ;
ainsi que mes articles « Un Ravel « vers le sombre », en effet, par François-Xavier Roth et Les Siècles, Cédric Tiberghien et Stéphane Degout… » du 31 mai 2022 ;
« Ecouter d’excellentes interprétations du Concerto en sol Majeur pour piano et orchestre de Maurice Ravel : avec brillance, expressivité et pudeur, selon le témoignage de Cédric Tiberghien« , du 12 août 2020 ;
et « Savoir (très bien) chanter français : Stéphane Degout, « Histoires naturelles » » du 27 mars 2018 ;
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voici un nouvel article très justement enthousiaste,
intitulé « Ravel plus magique que jamais avec Cédric Tiberghien, François-Xavier Roth et les Siècles« ,
sur le blog Crescendo, et sous la signature de Parice Lieberman, en date d’hier 24 juin 2022,
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célébrant le bonheur évident du merveilleux CD « Maurice Ravel Concertos pour piano Mélodies » _ le CD Harmonia Mundi HMM 902612.
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LE 24 JUIN 2022
Maurice Ravel(1875-1937) : Concerto pour piano, Concerto pour la main gauche, Pavane pour une infante défunte, Mélodies. Cédric Tiberghien, piano ; Stéphane Degout, baryton, Les Siècles, direction : François-Xavier Roth. 2022. 73’52 – Textes de présentation en français et anglais. Harmonia Mundi HMM 902612
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Ce n’est pas tous les jours qu’un nouvel enregistrement vient revendiquer une place en haut de classement dans une discographie aussi riche que celle des concertos pour piano de Ravel _ de fait… Est-ce à dire que le collectionneur devrait se débarrasser des précieuses versions Michelangeli/Gracis et Argerich/Abbado du Concerto en sol ? Ou du témoignage historique de Perlemuter/Horenstein ? Ou des deux gravures dirigées par Pierre Boulez avec en solistes Krystian Zimerman et Pierre-Laurent Aimard (ce dernier parfait dans le Concerto pour la main gauche, mais un peu guindé dans celui dit en sol) ? Ou des excellents Collard/Maazel ? Certes, non. Mais cette nouvelle version est désormais à compter au nombre des meilleures _ voilà. D’autant plus, qu’elle propose le premier enregistrement des éditions révisées Ravel Edition de ces deux partitions concertantes _ oui _, éditions révisées auxquelles Cédric Tiberghien a pris part comme membre du comité de lecture. Une évidence musicale et éditoriale !
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Ce qui fait si fortement pencher la balance en faveur de ce nouveau venu, c’est l’extraordinaire clarté _ oui ! _ et la mise en avant des inouïes richesses orchestrales de ces partitions obtenues par la direction fouillée et analytique (mais certainement pas clinique) du chef _ oui ! _, alliée aux superbes timbres des instruments d’époque _ voilà ! _, à commencer par les fabuleuses sonorités des vents, si authentiquement français _ c’est très juste. Si on y ajoute la chaleur des cordes en boyau des archets des Siècles et l’oreille infaillible du chef, on obtient un tissu orchestral d’une rare transparence _ oui _ qui permet mieux que jamais d’apprécier l’originalité de l’écriture et de l’instrumentation de Ravel _ les deux ! _, écrin parfait pour un soliste tout simplement inspiré _ lui aussi.
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La prestation de Cédric Tiberghien serait d’ailleurs remarquable sur un piano actuel, mais le choix d’un beau Pleyel « Grand Patron » de 1892 (hélas, non représenté dans l’excellent livret) est vraiment à saluer _ parfaitement ! Le caractère et la sonorité de cet instrument sont à mille lieues des monstres de puissance et d’homogénéité que sont devenus les pianos de concert contemporains. On est charmé ici par la clarté _ oui, oui _ de l’instrument, par ces basses sans lourdeur, ce médium soyeux, ces aigus cristallins et légèrement percussifs si typiques de ce grand facteur. C’est ainsi que dans l’Adagio assai du Concerto pour piano, le timbre de l’instrument permet d’éviter la lourdeur mécanique qu’on constate si souvent à la main gauche dans le soliloque d’ouverture du piano que Tiberghien construit -comme l’ensemble du mouvement- avec patience, délicatesse et imagination _ oui. Et que dire des superbes interventions des vents dont l’imbrication avec le piano est tout simplement parfaite ? Magnifiquement joué par Stéphane Morvan, le cor anglais Lorée de 1890 -ni nasillard, ni trop vibré- dialogue merveilleusement avec le soliste. Mais tant d’autres détails sont perçus avec une totale clarté _ encore _, comme les harmoniques de harpe qui semblent venues d’un autre monde dans un premier mouvement où à certains moments l’orchestre sonne comme un gamelan. La façon dont les bois, vifs et moqueurs, dialoguent avec un piano hyperactif et transparent dans le Presto est un régal _ absolument délectable.
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Toutes les qualités du soliste, de l’orchestre et du chef se retrouvent bien sûr également dans le Concerto pour la main gauche. Dès l’entrée menaçante du contrebasson, la transparence des timbres orchestraux est une merveille. Après l’introduction cataclysmique menée de main de maître par Roth, Tiberghien saura tout au long de l’œuvre faire preuve autant de fermeté que de délicatesse _ les deux _ (et le beau Pleyel n’y est pas pour rien _ en effet ! _), et ce jusqu’à l’apothéose finale de l’œuvre.
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Après avoir brillé dans les concertos, Cédric Tiberghien offre en guise de bis la si galvaudée Pavane pour une infante défunte, rendue ici avec dans une atmosphère de rêverie un peu parfumée _ oui _ quoique sans minauderie aucune.
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Le pianiste se montre aussi un accompagnateur de choix pour le baryton Stéphane Degout -invariablement viril, ferme _ oui _, à la voix chaude _ et grave _, à l’articulation claire _ toujours, comme c’est absolument nécessaire… _ et au vibrato bien mené- dans trois cycles de mélodies de Ravel. Dans Don Quichotte à Dulcinée, on apprécie particulièrement la belle réussite des artistes dans l’hispanisante Chanson à boire qui clôture le cycle. Les Deux Mélodies hébraïques sont autant de réussites. Le Kaddisch est interprété avec beaucoup de dignité et en évitant l’émotion facile, alors que l’Enigme éternelle est rendue avec une vraie simplicité dépourvue de toute ironie.
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Stéphane Degout aborde les Trois poèmes de Stéphane Mallarmé _ ces chefs d’œuvre… _ sans préciosité dans ce cycle destiné à l’origine à une mezzo-soprano, alors que Tiberghien ne fait pas vraiment regretter l’ensemble de neuf musiciens de la partition originale, surtout dans l’exquis halo de piano _ oui _ de Soupir. Et c’est sur la belle mélodie de jeunesse Sainte (toujours sur texte de Mallarmé) que les deux complices mettent le point final à une superbe _ et enthousiasmante, voilà ! _ parution.
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Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10
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Patrice Lieberman
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Bravo, et un très grand merci !
Le génie ravélien est ici parfaitement offert à percevoir, en sa plus lumineuse évidence, ombres comprises, à notre écoute…
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Ce samedi 25 juin 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
18juin
Le CD « La Valse » de Maurice Ravel, du label Bis SACD 2438, est un régal de très grand choix,
nonobstant la fine bouche faite par pas mal de critiques, probablemement désarçonnés par la marveilleuse finesse _ on ne peut plus ravélienne _ de l’interprétation délicatissime et nette, dénuée d’esbroufe, de Sakari Oramo, à la tête du très sensible Royal Stockholm Philharmonic Orchestra.
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Et je dois ajouter encore les parfaites précisions et parfaits commentaires sur les adaptations par Ravel lui-même des autres œuvres de ce CD _ « Le Tombeau de Couperin« , « Alborada del gracioso« , « Une barque sur l’océan« , « Pavane pour une infante défunte » et « Menuet antique« , orchestrées par Ravel respectivement en 1919, 1918, 1906, 1910 et 1929 _, initialement conçues, à la différence de « La Valse« , pour le piano seul, par l’excellent livrettiste de ce CD Bis, Jean-Pascal Vachon _ ainsi que François Monnard…
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Alors que ce CD Bis « La Valse » n’a guère été distribué par les disquaires _ pour des raisons que j’ignore ! et me dépassent : il m’a fallu expressément le commander… _,
c’est la très fine oreille de Jean-Charles Hoffelé qui m’a incité à m’y intéresser,
en un très juste article _ en date du 19 mars dernier, déjà… _ très justement intitulé « Lumière« …
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Le Prélude du Tombeau de Couperin fuse de pupitres en pupitres, le geste de Sakari Oramo, élégant, léger, modelant les timbres jusqu’au trait de la harpe et au dernier trille qui s’évapore, teinte d’un tendre mystère _ voilà, avec douceur _ cette échappée belle.
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Que de poésie dans cet orchestre, quelle lumière _ oui _ un peu fauréenne, captés avec un art invisible par l’équipe de Take 5, au point qu’on a le sentiment d’être devant les musiciens sans aucun filtre, quelle fête _ oui ! _ pour Ravel, pour son imaginaire si subtil _ oui _ que la plume de Kenneth Hesketh, orchestrant la Fugue et la Toccata, laissées de côté par le compositeur passant du piano à l’orchestre, ne trahit pas. L’enchaînement avec la Forlane est évident, et pour la Toccata l’incroyable mobilité de cette plume rappelle qu’Hesketh fut l’élève de Dutilleux, cela s’entend, ne fait pas hiatus, et donne envie d’en savoir plus sur ses propres œuvres.
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Tout le disque est à chérir _ absolument ! _, Pavane émouvante à force de pudeur, Barque emplie de sortilèges (c’est l’une des plus belles réussites d’orchestre de Ravel, l’entendre aussi pleinement comprise est rare), Menuet antique stylisé, seule l’Alborada manque un peu de pointe sèche. Mais La Valse extralucide, dont chaque rumeur, chaque coup de griffe, chaque feulement s’entendent, est simplement inouïe dans son éclairage de nuit américaine.
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Disque qui frôle le génie _ c’est dit ! _, j’espère que Sakari Oramo et son orchestre de Stockholm (qu’il vient de quitter), auront gravé les autres œuvres d’orchestre, à commencer par _ cet absolu sommet ravélien qu’est _ Daphnis et Chloé, je l’entends déjà, aérien et coupant, net et évocateur, inondé de cette même lumière _ et tout est dit ici…
..;
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Le Tombeau de Couperin, M. 68a (Fugue et Toccata, orch. Kenneth Hesketh)
Alborada del gracioso,
M. 43/4
Une barque sur l’océan,
M. 43/3
Pavane pour une infante défunte, M. 19 (version orchestrale)
Menuet antique, M. 7 (version orchestrale)
La Valse, M. 72
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Royal Stockholm Philharmonic Orchestra
Sakari Oramo, direction
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Un album du label BIS Records 2438
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Photo à la une : le chef d’orchestre Sakari Oramo – Photo : © Benjamin Ealovega
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Un CD SACD indispensable pour écouter le plus pur de Ravel !
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Ce samedi 18 juin 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
22nov
Hier,
j’ai commencé à répondre bien plus précisément, enfin !, à ma question initiale, du 3 novembre dernier _ Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?..… _,
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en me résolvant, en trois _ bien difficiles ! _ étapes successives, à des choix plus drastiques,
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d’abord de 12 images _ à comparer aux 13 de ma première liste d’images préférées du 5 novembre (in l’article Quels sont les récents « Tirages Fresson » de Bernard Plossu que je préfère ?.. Un choix de 13 images de ma prédilection…) _,
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puis de 4 _ « Palerme, Italie, 2008« , « Port-Cros, France, 2011« , « Purroy, Espagne, 2018 » et « Giverny, France, 2010« , aux pages 18, 53, 68 et 80, de l’album… _,
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et enfin l’image ultime de « Purroy, Espagne, 2018« , à la page 68 _ une page de gauche, pourtant, de l’album _ de ce sublime recueil de 80 « Tirages Fresson« .
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Avec ce bref commentaire d’image-ci, de ma part : » « Purroy, 2018 » : une image merveilleusement pure _ ce bleu (d’une première porte, de face, et du ciel), ce rose (d’un toit de tuiles), ce blanc lumineux (des murs des diverses maisons), ce beige (d’une haute paroi, jusqu’au ciel : un clocher ? une tour ?..) _, en même qu’assez structurée, mais de guingois _ avec la pente, au centre, de quelques marches, à peine perceptibles, qui descendent et aspirent la dynamique du regard ainsi que du mouvement (nous aussi allons descendre ces quelques marches), vers une porte sur laquelle flotte au vent un rideau de protection ; avec le contre-champ, au premier plan et sur la gauche, du noir de l’ombre qui vient illuminer ce qui est ensoleillé, et qu’accompagnent, aussi, les amorces, courbes, d’un sentier montant vers la gauche ; et, de l’autre côté, l’oblique de ce très haut et massif mur beige (d’une tour ?), sur la droite et jusqu’en haut… Une image sublime !« …
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De même que je me suis demandé
si ce sublime « Tirages Fresson » de 2020, ne consistait pas,
après les merveilleux « Plossu couleurs Fresson » de 2007, et « Couleurs Plossu _ séquences photographiques 1956 – 2013« , de 2013,
en un simplement nouveau choix récapitulatif, en 2020, par Bernard Plossu, de ses extraordinaires _ vraiment ! _ « tirages couleurs » par trois générations de Fresson, Pierre, Michel, Jean-François, à Savigny-sur-Orge.
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Comme si ce nouveau superbissime album venait tout simplement « remplacer » _ en tenant compte, bien sûr aussi, de quelques nouvelles superbes images réalisées entretemps, tel par exemple ce « Purroy, Espagne, 2018 » d’il y a deux ans ; 14 nouvelles images, d’entre 2014 et 2019, sont en effet ici présentes, parmi la sélection des 80…) _, les deux précédents albums récapitulatifs, désormais épuisés en librairie, et donc indisponibles…
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Et je profite de cette remarque pour rappeler, au passage, le lumineux article, sur son blog, de Fabien Ribéry, en date du 24 octobre dernier : « Michel Fresson, le traducteur, par Bernard Plossu, photographe« …
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L’opération de choisir est, et bien sûr en la moindre de ses occurrences _ et cela dès le règne animal ; j’ignore si les végétaux ont eux aussi, ou pas, à opérer des choix : la question est à creuser par les étiologues… _, cruciale, voire vitale :
vivre, c’est forcément choisir ;
avoir à opérer, et en permanence, des choix _ à commencer par vers où se déplacer, où mettre son prochain pas, pour tout individu animal qui se déplace…
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Et c’est donc opérer des préférences…
Celles-ci étant particulièrement difficiles à réaliser en situations _ comme ici _ de très grand embarras du choix…
…
…
D’autant que les images ici en concurrence _ de prédilection _ présentent déjà une merveilleuse réjouissante variété ;
que je me suis efforcé de classer un peu en la répartissant, cette « variété plossuienne« , en divers « genres » d’images :
…
les images « d’extérieurs » (« de nature« _ plus ou moins vierge et sauvage, ou cultivée _ ; « de villages« _ Bernard aime y percevoir (et comme ressusciter, re-soudre) des traces lumineuses de vie ! pas encore complètement définitivement tarie… _ ; « de villes et métropoles« _ entre agitation débridée et oasis de silence… _ ; ainsi que de « avec vue sur la mer« …) ;
les images « d’intérieurs« _ marquées par une très profonde poésie d’étrangèreté du plus banal et quotidien, qui touche au cœur le simple banal spectateur que nous sommes… _,
ainsi, aussi, que des images « tendant vers l’abstraction« _ qu’apprécie tout spécialement Bernard Plossu lui-même, tel un étai quasi invisible (cf son « L’Abstraction invisible« , aux Éditions Textuel) de la fabrique complètement intériorisée de la moindre de ses images…
…
…
Après,
il revient bien sûr à chacun
d’opérer son propre choix de préférences _ un choix plus ou moins idiosyncrasique, bien sûr, aussi ; et idéalement à rebours de « clichés« … _
parmi le richissime compendium proposé ici par les 80 images, si variées _ donc _, de ce somptueux « Tirages Fresson« …
…
…
Et en y réfléchissant,
j’ai fini par écarter en mes propres choix _ terminaux ? pas vraiment : tout regard peut s’enrichir et s’affiner, devenir plus perspicace… _ les « images d’intérieur » qui me touchent tant, elles aussi, pourtant,
au profit de 4 « images d’extérieur » _ « Palerme, Italie, 2008« , « Port-Cros, France, 2011« , « Purroy, Espagne, 2018 » et « Giverny, France, 2010« … _
…
probablement parce que le regard de Plossu constitue d’abord pour moi, regardeur,
une fastueuse ouverture sensible _ et sensorielle ; que servent, bien évidemment, aussi, les si extraordinaires opérations de tirage, en leur atelier artisanal, de rien moins que trois générations de Fresson… _ sur les beautés _ d’abord visuelles, et comme en avant-goût de sensations de plaisir des autres sens… _ que viennent possiblement nous offrir nos sorties physiques _ hors de nous et nos étroits égocentrismes narcissiques _ « dans le monde » ;
et tout particulièrement, pour moi, le monde éminemment chaleureux de la civilisation de la Méditerranée,
avec les exemples, ici, de Palerme, Port-Cros, Purroy.
…
Un monde, même comme ici, quasi vierge de personnes ;
et pourtant la vie y est omni-présente, portée et sublimée en ces silences lumineux et colorés comme à son comble…
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J’attends, aussi, toujours _ et avec la jubilation qu’on peut deviner ! _, l’album fabuleux que sera « Les Îles de la Méditerranée (Grèce, Italie, Espagne, France)«
dont m’a parlé maintes fois l’ami Bernard Plossu
_ ici, en ce « Tirages Fresson« , nous disposons de 3 images d’îles méditerranéennes : « Palerme, 2008« , « Port-Cros, 2011 » et « Ventotene, 2010« , aux pages 18, 53 et 68 : soient 2 îles italiennes et une île française…
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J’espère ardemment, bien sûr, que ce projet idéal de publication est bien toujours présent, sinon déjà dans les pré-tuyaux _ mentaux… _ de quelque éditeur, au moins en quelque recoin, bien ferme et assuré, de la tête de Bernard Plossu !..
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Surtout après l’éclatant succès parisien, chez Artazart _ 83 Quai de Valmy, Paris 10e _, ce récent 12 novembre,
de la signature par Bernard d’un somptueux Collector _ à tirage limité _ du magazine De l’Air :
…
cf ici la vidéo (de 7′ 46) de cet événement réjouissant…
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Un tel album des « Îles de la Méditerranée » par le regard unique (!) de Bernard Plossu
ferait un événénement à la fois iconique et éditorial somptueux et considérablement marquant !!!
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Et je veux croire qu’un des divers _ et assez nombreux _ éditeurs-amis de l’œuvre photographique de Bernard Plossu,
se laissera convaincre d’entreprendre la réalisation
de pareil chef d’œuvre !
…
…
Ce dimanche 22 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa