Dans les « Goldberg » (suite) : Diego Ares, au clavecin…

— Ecrit le lundi 6 août 2018 dans la rubriqueMusiques”.

Pour poursuivre mes réflexions d’avant-hier sur les Goldberg d’Angela Hewitt au piano,

voici un nouvel article sur le site de Res Musica, ce 4 août,

consacré cette fois aux Goldberg de Diego Ares au clavecin,

et sous la plume de Jean-Charles Hoffelé :

LES VARIATIONS GOLDBERG PAR DIEGO ARES


Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

Adagio en sol majeur BWV 968 d’après le BWV 1005 ;

Variations Goldberg BWV 988.

Diego Ares, clavecin.

1 CD Harmonia Mundi.

Enregistré en mars 2017 au Lisztzentrum Raiding en Autriche.

Notice bilingue (français et anglais). Durée : 60:29

Deux albums Soler,

un voyage chez Scarlatti pensé pour surprendre (et qui fit mouche),

voici Diego Ares échappé de son Espagne pour tenter l’expérience des Variations Goldberg.

Virtuose, il l’est assurément et l’a prouvé dans ses trois premiers disques. Devant la grande architecture de ce jardin nocturne que sont les Goldberg il a la sagesse de laisser sa fougue à la porte du studio d’enregistrement. Les micros élégants de Sébastien Chorion, placés à l’exacte distance qui capture le modeste rayonnement dynamique du clavecin si subtil et si clair, lui sont des aides précieuses.

Car ses Goldberg portées par une spiritualité rayonnante et pourtant secrète ne sont pas de celles qui veulent vous stupéfier : les tempos sont larges (une heure vingt sept d’une musique qui semble à l’écoute tutoyer l’infini), les harmonies chantent, l’ornementation discrète se fond dans un « espressivo » français de pudeur et d’élégance, et surtout, les polyphonies se parent de cantabile qui seraient ceux d’un violon, d’une viole, mais d’un clavecin ?

Qui faisait ainsi dans les Goldberg, lumineux, sévère et tendre à la fois ? Diego Ares aurait-il entendu la leçon de Gustav Leonhardt ? Remettant encore et encore ces deux disques dans notre platine, ils n’évoquent que celles du Maître, jusque dans cette douceur qui suggère, dans le ton de grande mélancolie qui en sort, dans la variété des caractères au sein d’une variation et jusque dans les doubles discours main à main de certaines.

Le modèle aurait pu être embarrassant, spectre implacable qui tétanise, mais Ares ajoute à ces perfections une imagination rêveuse, des arrière-plans où un orchestre imaginaire vient colorer l’instrument, les phrasés, les accents, les ponctuations faisant apparaître ici un hautbois, là un luth, sans que jamais ce soit un effet : la fluidité du geste lie tout dans un seul vaste mouvement où chaque variation apporte une nouvelle émotion. Le très beau Joel Katzmann d’après Taskin est en lui-même une ode à la prégnante « Sehnsucht » qui rayonne tout au long de cet enregistrement magique : il ouvre grandes les portes de ce cahier où tant ont cherché et se sont perdus avec plus ou moins de talents.

Diego Ares tient le fil d’Ariane de ce labyrinthe, suivez-le les yeux fermés pour mieux entendre son chant : dès le sombre Adagio en sol majeur qui prélude ici au grand œuvre, doux carillon des morts, la fascination opère immanquablement.

Ce lundi 6 août 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Vous souhaitez réagir & ajouter votre commentaire ?

XHTML: Vous pouvez utiliser les balises html suivante : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>


*


* four = 28

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur