Posts Tagged ‘Gustav Leonhardt

Elisabeth Joyé justement saluée pour la ligne claire et sublimement poétique de son parfait album « Miscellanées », sur trois superbes instruments : un virginal, une épinette et un clavecin…

09juin

Le 11 décembre dernier, il y a 6 mois,  en mon article « « , je saluais comme il convient la grâce splendide de la chère Elisabeth Joyé en son merveilleux album Encelade ECL 2204 « Miscellanées » _ un titre lui-même très discret… _, enregistré les 22, 23 et 24 avril 2022 au Temple protestant de la Rencontre, à Paris…

Et voici que ce dimanche 9 juin 2024, et sur le site de ResMusica, c’est Matthieu Roc qui, sous le titre un peu tarabiscoté _ avec un adjectif bien peu heureux ! _ de « Dans le salon sélect de la claveciniste Elisabeth Joyé« , vient à son tour rendre un très bel hommage, bien détaillé, à l’art si juste et délicat, raffiné, de la chère Elisabeth…  

Dans le salon select de la claveciniste Elisabeth Joyé

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Elisabeth Joyé enregistre peu de récitals, et après celui consacré à Johann Caspar Ferdinand Fischer pour le même label, c’est un plaisir _ assurément ! _ de la retrouver dans un parcours de compositeurs très choisis, dans l’Europe des XVIe, XVIIe  _ surtout _ et _ tout _ début XVIIIe siècle.

Figure majeure _ oui ! _ mais discrète _ en effet _ du clavecin français, Elisabeth Joyé a eu des maîtres prestigieux (Gustav Leonhardt _ oui _, Bob van Asperen…) et a formé à son tour de grands interprètes, comme _ le merveilleux _ Benjamin Alard _ et c’est parfaitement juste… C’est sans doute sa discrétion _ mais aussi son goût très assuré ! _ qui lui fait choisir des petites pièces peu connues, parmi celles qui l’ont accompagnée pendant sa pratique pédagogique, car riches en couleurs _ oui ! _, et qu’elle a sélectionnées pendant le confinement _ voilà ! _, comme elle l’aurait fait des perles les plus fines choisies dans un trésor. Pas de virtuosité creuse _ oh que non… _ qui cherche à impressionner, et pas non plus de grande construction architecturale qui ferait perdre la magie du détail _ excellemment soigné… Ici, c’est pièce après pièce, bijou après bijou _ oui ! _  qu’Elisabeth Joyé déploie ses petites merveilles, selon un parcours certes varié, mais aussi simplement chronologique. Ces bijoux, elles les éclaire, les fait miroiter avec tendresse _ oui _, et nous pouvons ainsi profiter de toutes les irisations de chromatisme, de tous les raffinements de contrepoint. On peut, à la limite, regretter ce choix du florilège, et effectivement, il aurait été intéressant d’entendre chacune des deux chaconnes de Fischer incluse dans sa Suite respective entière, mais tel qu’il est, ce pot-pourri est délicieux _ tout simplement ! _ et se laisse écouter avec joie _ idoinement joyesque…

Ce programme, composé avec délicatesse _ oui, à nouveau oui _, permet une belle progression de Gibbons à Böhm et Fischer, mais aussi de subtiles oppositions de caractère, comme La Drollerie de De Chambonnières et la Plainte de Fischer _ et cela dans la plus pure ligne de la Suite à la française… Il permet aussi de plaisanter un peu avec l’auditeur, et de lui laisser le soin de deviner lequel des trois instruments _ mentionnés dans le livret _ est joué. Est-ce le Virginal, l’épinette ou le clavecin ? On ne prétendra pas donner les réponses qui ne sont pas apportées dans la notice. On se laissera simplement séduire _ tout simplement _ par le son cristallin des Préludes de Gibbons et le cuivré de l’intonazione d’Organo de Gabrieli. Si les chaconnes sont déconnectées de leurs Suites d’origine, elles n’en sont pas moins l’occasion d’apprécier leurs dynamiques internes, et la façon magistrale avec laquelle Elisabeth Joyé les fait respirer et s’épanouir _ tout cela est très bien observé. Surtout, la clarté et la netteté de son jeu _ à la française !!! _ nous permettent d’entendre très lisiblement _ dans le parfait esprit de la kigne claire française… _ le contrepoint de ces pièces très brèves de Gibbons ou de l’Aria de Frescobaldi, qui sont magnifiques _ oui. Avec cette grande dame du clavecin _ voilà _, tout devient simple et transparent _ sublimement naturel et évident, avais-je ainsi écrit… Du grand art _ sans jamais se pousser du col _, et de jolies pépites _ de musiques _ à découvrir !

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Orlando Gibbons (1583-1625), Giovanni Gabrieli (1557-1612), Tarquinio Merula (1595-1665), Andrea Gabrieli (ca.1533-1585), Jan-Pieterzsoon Sweelinck (1562-1621), Doctor Bull (ca.1562-1628), François Roberday (1624-1680), Jan-Henry D’Anglebert (1629-1691), Girolamo Frescobaldi (1583-1643), Johann Jakob Froberger (1616-1667), Louis Couperin (ca.1626-1661), Estienne Richard (ca.1621-1669), Jacques Champion de Chambonnières (ca.1602-1672), Luigi Rossi (1597-1653), Johann Caspar Ferdinand Fischer (1656-1746), Georg Böhm (1661-1733) : œuvres diverses pour clavecin.

Elisabeth Joyé, claveciniste, sur un « virginal italien » 2008/1626, une « épinette polygonale à la quarte » ND /1560, et un « clavecin à l’octave » 2021/1543.

1 CD L’Encelade enregistré du 22 au 25 avril 2022 au Temple protestant de la Rencontre, à Paris.

Notice de présentation en français et en anglais.

Durée : 62 min.

Un pur délice d’interprétation justissimement poétique…

Ce dimanche 9 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

« Elizabethan Organ Music » : un CD inédit In Memoriam Gustav Leonhardt, pour les dix ans de sa disparition…

03août

Pour célébrer dans la beauté de la musique les dix ans de la disparition du regretté Gustav Leonhardt, le 16 janvier 2012, à Amsterdam,

_ cf mon article «  » du 28 juillet dernier _,

le label Paradizo de l’excellent claviériste qu’est Skip Sempé

vient nous offrir un superbe CD inédit de musique élizabétaine sous les doigts du maître à l’orgue Schnitger de Zwolle, en Hollande, en 1962 _ il y a donc soixante ans _ :

le CD de 48′ 34 intitulé « Elizabethan Organ Music » _ PA0019…

 

Ce mercredi 3 août 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Marie Leonhardt nous a quittés le 23 juillet dernier : un échange de courriels avec l’ami Jean-Paul Combet…

28juil

À propos du bien triste événement qui nous a touchés, la mort de Marie Leonhardt, le 23 juillet dernier à Amsterdam,

cet échange-ci de courriels, ce jeudi 28 juillet 2022, avec l’ami Jean-Paul Combet _ l’éditeur (Alpha) des derniers merveilleux CDs de Gustav Leonhardt…

« Apprenant ce matin _ « Décès d’Alice Harnoncourt et de Marie Leonhardt, une page qui se tourne dans la musique ancienne«  _ le décès de Marie Leonhardt,

je me souviens de ce superbe CD, Chaconnes & Passacailles, avec l’Ensemble Mateus, que tu as publié.
 
Je me souviens aussi de sa présence au repas au restaurant La Tupina rue Porte-de-la-Monnaie à Bordeaux _ le 14 juin 2001 _,
pour conclure l’enregistrement _ du 10 au 13 juin _ du CD de Gustav Leonhardt sur le Dom Bedos de l’abbatiale Sainte-Croix _ le CD Alpha 017 _,
autre CD évidemment mémorable.
 
En dehors des mémoires personnelles qui passeront avec nous,
restent quelques beaux « Tombeaux » de divers genres,
susceptibles de durer un peu plus que nos corps…
 
J’espère que tu te portes bien, ainsi que les tiens _ peut-être es-tu grand-père ? _ ;
et que tes projets te donnent satisfaction…
 
Francis » 7h 22
« Cher Francis,
 je suis heureux de recevoir ton message. C’est une drôle d’année, les 10 ans de la mort de Gustav _ le 16 janvier 2012 _, celle de la mort de Marie. Tu sais, je suis presque soulagé pour elle, sa fin de vie ayant été assez triste : plus de mari, plus de musique, plus la belle maison du Herengracht mais une horrible chambre de maison de retraite. J’espère qu’elle avait un peu perdu la tête pour que ces pertes ne l’aient pas trop fait souffrir à la fin. Une fin longue finalement, plus de 8 ans… Son mari est mort très vite, la décision a été prise en quelques jours. Je les ai vus chez eux le 26 décembre 2011, il m’a alors annoncé qu’il serait sédaté définitivement le lundi suivant et le corps a lâché le 16 janvier. Lorsqu’il est parti de chez lui, la maison était remplie d’objets d’art, c’était un musée qu’il avait constitué au fil des années, pour lui seul finalement car ni Marie ni ses filles n’étaient concernées. Et tout a disparu en quelques heures lors de la vente chez Sotheby’s. Marie avait donc tout perdu de la mémoire de sa vie, même son violon, vendu à Sophie Gent. Bien étrange destinée, non ?
Non, je ne suis pas grand-père, aucune perspective de ce côté pour le moment.
Je me suis beaucoup amusé cette année à donner une série de 10 conférences sur les Variations Goldberg, que je travaille au clavecin depuis 2 ans. J’en suis venu à bout, avec beaucoup de difficulté au début et de moins en moins en avançant. Ce qui me semblait infaisable est juste devenu difficile. J’ai décortiqué la construction de chaque variation et abordé des thématiques plus générales, techniques ou philosophiques. Bref, j’ai beaucoup appris. C’était parfois difficile à exprimer de façon compréhensible, car le public d’aujourd’hui n’a quasiment plus de contact avec la pratique musicale. J’aimerais bien redonner ce cycle de temps en temps, mais qui a encore la patience aujourd’hui de consacrer 10 séances à une chose unique, alors qu’on attend que tout se résume à un post Facebook de 30 secondes ?
Peu de choses m’apportent de la satisfaction : le « Guerre »  de Céline, un très chouette livre intitulé « Beyond Bach », revoir « les 400 coups ». C’est déjà bien.

Si ça t’amuse, je joins le fichier du texte qui sera publié en hommage à Leonhardt dans le programme du festival d’août. Merci de ne pas le diffuser et de le garder pour toi _ c’est fait : Arques le découvrira très bientôt ; et c’est excellent !.. J’aimerais partir de ce texte pour en dire plus sur la musique ancienne et sur la musique en général, mais l’écriture me pèse tant, je n’y trouve aucun plaisir.

J’espère moi aussi que tu te portes bien.

Amitiés,

Jean-Paul » 11h 34
« Rien à retrancher à ton texte pour Arques si juste…
Oui, les «
Goldberg « sont un incontournable insurpassé !
On ne peut pas s’en lasser. Et il faut bien le « 
Quodlibet « , puis le retour de l´ « Aria « , pour accepter de quitter ces « Goldberg « …

Tes remarques sur l’avisibilité de la musique me conviennent admirablement, de même que la méfiance à l’égard de l’interprétation…

Humilité foncière nécessaire de celui qui lit et joue ce que la partition nous transmet, en attente de sonner.

Toute une éthique du jeu musical…

Pour le reste, Gustav Leonhardt était tout braise en l’intensité très exigeante de son jeu : j’ai eu la chance  de l’entendre souvent jouer ainsi en concert à Bordeaux.

Le public présent se contentant d’assister lui aussi humblement à l’avènement sonore de la splendide, musique.

À suivre…

Francis » 14h 28

« oui, plus je côtoie les Variations, plus je ressens ce qu’écrivait Jankélevitch dans L’irréversible et la Nostalgie. Insouciance de quitter le port pour parcourir le monde, voyage jalonné d’épreuves et désir de retrouver son foyer. Mais le retour à Ithaque est à la fois une joie et une tristesse, comme le retour de l’Aria initiale. Bach a visé juste dans sa connaissance de l’humain, une fois de plus…
JP » 14h 35
Ce jeudi 28 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Comparer deux interprétations de la « Johannes-Passion » (en les versions de 1724 et 1725) de Johann-Sebastian Bach par Philippe Herreweghe, en 2001 à Cologne et 2018 à Anvers

25avr

Ayant été séduit par ma ré-écoute du double CD Harmonia Mundi HMC 901748.49 de la « Johannes-Passion » BWV 245 (en sa version de 1725), par Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale de Gand, enregistrée à Cologne en avril 2001,

j’ai désiré confronter celle-ci à une plus récente interprétation du même Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale de Gand, de cette « Johannes-Passion » BWV 245 (mais cette fois en sa version de 1724 _ celle qu’en son article du 17 avril dernier intitulé « Bach en soi » Jean-Charles Hoffelé a adéquatement nommée « la version princeps« … _), parue dans le coffret de 10 CDs du label PHI  LPH038, et enregistrée à Anvers en mars 2018.

Et je préfère, de loin, l’interprétation pulpeuse et profonde de 2001, de cette très tendre « Johannes-Passion » (de 1725),

à celle (de 1724) qui, personnellement, me semble cérébrale et décharnée, de 2018.

Et en cela, je ne partage pas, pour une fois, l’appréciation uniment laudative de Jean-Charles Hoffelé en son article de Discophilia du 17 avril dernier :

 

BACH EN SOI

Philippe Herreweghe aura produit au disque la révolution Bach la plus constante, la plus sereinement affirmée, s’ajoutant, au même degré de puissance suggestive, à celle menée par Nikolaus Harnoncourt et Gustav Leonhardt.

Son secret _ probablement, en effet ! _, le chœur, qu’il modèle de ses dix doigts comme jamais ni Harnoncourt ni Leonhardt n’ont pu le transfigurer _ eux qui ont fait appel à ce chœur du Collegium Vocale de Gand de Philippe Herreweghe en leur mémorable Intégrale des Cantates de Bach pour Telefunken… Chaque mot ici porte au cœur et à l’âme, dont l’impact est augmenté dans cette série entreprise pour son label _ Phi _ entre 2010 et 2022 par une sérénité supplémentaire, une sorte de simplicité et d’évidence qui laissent les lacis harmoniques et les fulgurances du verbe s’équilibrer dans un discours d’une éloquence souveraine.

Ce que toucher l’âme avec le son signifie rayonne _ mais inégalement selon ces 10 CDs, à mon goût personnel… _ au long de ce parcours BachHerreweghe revient à la Saint-Jean version princeps _ de 1724 _, en aérant la trajectoire expressionniste, y faisant pénétrer une lumière qui est déjà un peu celle de la Saint-Matthieu.

Retour aussi à la Messe en si, élancée, d’une élégance flamboyante.

Les Motets sont animés de cette même lumière où les polyphonies semblent des architectures célestes, l’ode funèbre (Lass Fürstin) si touchante _ très réussie, ici, celle-ci… _, les cantates, pour l’essentiel prises aux années de Leipzig, complètent ou augmentent les cycles entrepris pour Virgin et Harmonia Mundi ; ce dernier serait bien inspiré de rassembler en un fort coffret le legs Bach de celui qui enregistra tant pour le label arlésien.

Tous ces opus patiemment engrangés désignent la confluence du geste d’Herreweghe de celui de Bach, cette évidence qui, portée par des prises de son exceptionnelles, fait espérer que ce coffret de dix disques ne clôt pas un voyage dont j’espère déjà d’autres étapes et pourquoi pas de nouvelles Petites Messes ?

LE DISQUE DU JOUR

Philippe Herreweghe
The Complete Bach Recordings on Phi

CD 1
Johann Sebastian Bach(1685-1750)
Singet dem Herrn ein neues Lied, BWV 225
Komm, Jesu, komm, BWV 229
Jesu, meine Freude, BWV 227
Lobet den Herrn alle Heiden, BWV 230
Fürchte dich nicht, ich bin bei dir, BWV 228
Der Geist hilft unser Schwachheit auf, BWV 226

CDs 2 & 3
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Messe en si mineur, BWV 232
Dorothee Mields, soprano I – Hana Blažiková, soprano II – Damien Guillon, contre-ténor – Thomas Hobbs, ténor – Peter Kooij, basse

CD 4
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantate « Es ist nichts Gesundes an meinem Leibe », BWV 25
Cantate « Warum betrübst du dich, mein Herz? », BWV 138
Cantate « Herr, gehe nicht ins Gericht mit deinem Knecht », BWV 105
Cantate « Schauet doch und sehet, ob irgendein Schmerz sei », BWV 46

Hana Blažiková, soprano – Damien Guillon, contre-ténor – Thomas Hobbs, ténor – Peter Kooij, basse

CD 5
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantate « Ich elender Mensch, wer wird mich erlosen », BWV 48
Cantate « Herr, wie du willt, so schick’s mit mir », BWV 73
Cantate « Sie werden euch in den Bann tun », BWV 44
Cantate « Ich glaube, lieber Herr, hilf meinem Unglauben ! », BWV 109

Johann Schelle (1648-1701)
Komm, Jesu, komm, mein Leib ist müde
Hana Blažiková, soprano – Damien Guillon, contre-ténor – Thomas Hobbs, ténor – Peter Kooij, basse

CD 6
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantat » « Nimm von uns, Herr, du treuer Gott », BWV 101
Cantate « Mache dich, mein Geist, bereit », BWV 115
Cantate « Ihr werdet weinen und heulen », BWV 103

Dorothee Mields, soprano – Damien Guillon, contre-ténor – Thomas Hobbs, ténor – Peter Kooij, basse

CD 7
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantate « Ein feste Burg ist unser Gott », BWV 80
Cantate « Christ lag in Todesbanden », BWV 4
Cantate « Gott der Herr ist Sonn und Schild », BWV 79

Dorothee Mields, soprano – Alex Potter, contre-ténor – Thomas Hobbs, ténor – Peter Kooij, basse

CDs 8 & 9
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Johannes-Passion, BWV 245
Maximilian Schmitt, ténor (L’Evangéliste) – Krešimir Stražanac, basse (Jesus)
Dorothee Mields, soprano – Damien Guillon, contre-ténor – Robin Tritschler, ténor – Peter Kooij, basse (Pilatus, airs)
Philipp Kaven, basse (Petrus) – Stephan Gähler, ténor (Servus) – Magdalena Podkościelna, soprano (Ancilla)

CD 10
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantate « Es ist dir gesagt, Mensch, was gut ist », BWV 45
Motet « O Jesu Christ, mein’s Lebens Licht », BWV 118
Cantate « Laß, Fürstin, laß noch einen Strahl », BWV 198

Dorothee Mields, soprano – Alex Potter, contre-ténor – Thomas Hobbs, ténor – Peter Kooij, basse

Collegium Vocale Gent
Philippe Herreweghe, direction

Un coffret de 10 CD du label Phi LPH038

Photo à la une : le chef d’orchestre Philippe Herreweghe – Photo : © DR

 

Ce lundi 25 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le tout récent merveilleux CD « Scarlatti – Händel » de Pierre Hantaï salué comme il le mérite…

11nov

Hier même 10 novembre,

à l’occasion de mon plaisir de célébrer les joies que procureur le splendide CD des « Grands Motets sur le Cantique des Cantiques » de Pierre Robert,

que vient  de publier l’intéressant label Château de Versailles – Spectacles,

j’évoquais aussi, très brièvement, et au passage,

en ajoutant, surtout que je ne manquerais pas d’y revenir bientôt _ cf mon article  _,

le génie admirable de l’interprétation _ toujours (ou presque) si parfaitement juste, sans hystérie ni virtuosisme _ de l’ami Pierre Hantaï…

Je ne croyais pas si bien dire,

puisque l’article de ce jour de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia,

joliment intitulé « Le Soir et le jour« ,

vient saluer comme il le mérite ce splendide CD « Scarlatti – Händel« de Pierre Hantaï ;

et vient me donner l’occasion, justement, d’y revenir tout de suite…

Voici donc cet article :

LE SOIR ET LE JOUR

Scarlatti et Haendel se croisèrent _  physiquement ; et musicalement… _ plusieurs fois, à Londres, à Venise, et à Rome où le cardinal Ottoboni les réunira le temps d’une joute _ célèbre _ de claviers. C’est que le jeune Haendel éblouissait autant par ses talents de claviériste, plus même à l’orgue qu’au clavecin, que ne le faisait ce diable de Scarlatti. Les destins de leurs œuvres se croisèrent _ oui _, au moment où Scarlatti abandonnait pour le seul clavecin de sa chère princesse portugaise _ Maria-Barbara : à Lisbonne, puis Séville, puis la cour de Madrid, une fois devenue reine d’Espagne… _ l’opéra dont il avait hérité la veine lyrique de son père Alessandro, Haendel délaissait son clavecin pour mettre tout son art au service de la scène. De tout cela, Gaëtan Naulleau, dans un texte épatant, nous conte _ pour le livret de ce CD _  le détail, contrepoint éclairant au disque où Pierre Hantaï réunit _ mais pas gratuitement… _ les deux objets de ses amours.

Voici enfin confrontés ces deux diables de l’instrument à cordes pincées. Pas forcément dans l’idée d’une joute comme l’avait voulue Ottoboni, chez lui _ Pierre Hantaï _ la virtuosité _ et très heureusement ! _ reste invisible, dès le grand geste qui ouvre l’Ouverture d’Il Pastor fido qu’il a transcrite à son propre usage, c’est le génie _ dramatique : et Händel en est un maestro… _ du théâtre qui paraît, nous entraînant dans un univers flamboyant _ oui : Hândel a, en effet, le génie d’enflammer…. La grande Suite en ré mineur apporte une touche de _ douce _ nostalgie française, sentiments mis en musiques ; les trois Sonates de Scarlatti qui y répondent sont des feux d’artifice (la K. 24, littéralement ébrouée), mais Pierre Hantaï y met tant de musique, jusque dans les effets de fandango de la K. 429, que la pyrotechnie n’en est _ très heureusement _ plus le sujet : un génie musical répond à un autre _ voilà !

Le ton réflexif de la Suite en mi majeur apporte des ombres _ oui _, le claveciniste lui donnant une ampleur qui fait songer à Bach, et rappelle à quel point les œuvres de clavecin de Haendel furent tenues en estime de son vivant. La nuance française qui _ à nouveau _ charme tout au long de l’Air et variations ne croit-elle pas déjà apercevoir Mozart ? Les sonneries de la Sonate K. 443, les « emberlificotements » de la K. 12 et même les pas dansés de la Sonate en si bémol majeur ne font pas oublier le ton nostalgique de l’admirable _ ouiCantabile. Est-ce le si beau clavecin de Jonte Knif d’après des instruments allemands du XVIIIe siècle, prêté par Olivier Fortin, qui apporte un éclairage un rien mélancolique _ anticipant en quelque sorte ce que Mozart rendra bientôt de la vraie joie… _ à ce disque si amplement respiré, une nuance vespérale _ voilà _ aux danses et aux saillies scarlatiennes ? Où bien l’ombre de Gustav Leonhardt _ qui ne jouait jamais le trop théâtral à son goût Händel _ venu écouter son élève dans cette église d’Haarlem qu’il fréquenta si souvent ?

La joute, vous la trouverez _ en revanche _ dans l’album spumante que le jeune Cristiano Gaudio signe pour L’Encelade. Deux clavecins, celui déduit par Bruce Kennedy d’après Mieke pour les opus de Haendel, et toujours du même facteur, une solaire création d’après des modèles italiens du XVIIe siècle.

Virtuose _ lui _ dès l’entrée, le jeune homme nous précipite dans une des Toccatas du Manuscrit de Bergame, aux folies de laquelle William Babell a ajouté une pincée d’épices supplémentaires. Ces Toccatas diaboliques rythmeront un album fulgurant où s’invite un Scarlatti résolument ibère qui saisit dans son instrument transformé en guitare les musiques des rues et des champs, culminant dans les formules obstinées de la Sonate K. 43.

Une merveille signée Haendel lui succède, celle en forme de capriccio, la HWV 483, Toccata lente. Aussi brillant que soit le disque, aussi tonique que paraisse le jeu de ce jeune virtuose formé par Olivier Baumont et Francesco Corti, et même si dans une première écoute l’album semble pencher du côté de Scarlatti, le jeune homme atteint une dimension poétique dans la Suite en fa majeur de Haendel, et c’est encore chez Haendel qu’il prend sa plume pour transcrire l’aria parfaite de l’Adagio d’une Sonate pour violon en la majeur, preuve qu’il a plus d’une corde à son art. Et si demain il nous mariait Bach et Couperin ?

LE DISQUE DU JOUR

Georg Friedrich Haendel(1685-1759)


Il pastor fido, HWV 8a (extrait : Ouverture, arr. pour clavecin : P. Hantaï)
Suite en ré mineur, HWV 437
Suite en mi majeur, HWV 430, « The Harmonious Blacksmith »


Domenico Scarlatti
(1685-1757)


Sonate en mi mineur, K. 147
Sonate en la majeur, K. 24 (Presto)
Sonate en la majeur, K. 429 (Allegro)
Sonate en ré majeur, K. 443 (Allegro)
Sonate en sol mineur, K. 12 (Presto)
Sonate en sol mineur, K. 546 (Cantabile)
Sonate en si bémol majeur, K. 16 (Presto)

Pierre Hantaï, clavecin


Un album du label Mirare MIR560

Georg Friedrich Haendel(1685-1759)


Toccata VI en ut majeur
(extrait : attr. William Babell)

Toccata XI en ut mineur
(extrait : attr. William Babell)

Sonate (Allemande) pour clavecin en la mineur, HWV 478
Toccata IX en sol mineur, HWV 483 (extrait : attr. William Babell)
Suite pour clavecin en fa majeur, HWV 427
Toccata I en sol majeur (extrait : attr. William Babell)
Chaconne en sol majeur, HWV 435
Sonate pour violon en la majeur, HWV 372 (extrait : I. Adagio, arr.: Gaudio)


Domenico Scarlatti (1685-1757)


Sonate en fa majeur, K. 82 (Fuga)
Sonate en fa mineur, K. 69 (Presto)
Sonate en ut mineur, K. 32 (Aria)
Sonate en ut mineur, K. 64 (Gavotta Allegro)
Sonate en sol mineur, K. 43 (Allegrissimo)
Sonate en ut majeur, K. 33
Sonate en ut majeur, K. 53 (Presto)
Sonate en ut majeur, K. 86 (Andante moderato)
Sonate en ut mineur, K. 84
Sonate en ut mineur, K. 58 (Fuga)

Cristiano Gaudio, clavecin



Un album du label L’Encelade ECL2003

Photo à la une : le claveciniste Cristiano Gaudio – Photo : © Julian Bowen Levendusky

Ce jeudi 11 novembre 2021, Tutus Curiosus – Francis Lippa

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