Un point sur une enquête de micro-histoire sur un commandant de GTE dans les Basses-Pyrénées de novembre 1940 à juillet 1943
Voici un point-synthèse, j’espère significatif,
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De: Titus CuriosusObjet: Documents issus des archives de Marcel Brenot, (commandant des GTE 182, du camp de Gurs, et 526, d’Oloron, puis commandant régional des GMR d’Orléans)Date: 21 avril 2015 12:05:38 UTC+2Cc: Peschanski Denis…
Messieurs,
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poursuivant mes recherches sur le parcours de mon père, le Dr Benedykt Lippa, sous l’Occupation,
et convaincu du rôle majeur qu’y ont joué divers commandants (et autres personnels) des GTE successifs auxquels a eu à faire mon père,
au camp de Gurs (182e GTE), à Oloron (526e GTE), à Beaupuy (561e GTE), à Toulouse-rue de Belfort (562e GTE) et à Jurançon (à nouveau le 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées et Landes non-occupées),
Et voici ma réponse à l’envoi par Bruno Le Marcis de nouveaux documents_ issus d’un des « mémoires de défense » de Marcel Brenot, rédigés fin 1944 -début 1945, au moment de sa mise en accusation par une commission d’épuration… _,occasion et origine de ce point-synthèse-ci :…
Début du message réexpédié :De: Titus CuriosusObjet: Marcel Brenot : suite des documentsDate: 21 avril 2015 10:38:26 UTC+2…
Merci de ces nouveaux documents.…J’en retiens surtout les précisions qu’apportent la lettre de soutien du Commandant H. Peyrelongue,et la liste des documents annexes concernant la période de Gurs :…Gurs1 – Lettre Picard Toulouse du 5 11 442 – Copie lette Cdt Peyrelongue du 15 11 44 à M. le Commissaire Ral3 – Lettre UGIF du 28 mai 1943. remerciements 526e GTE4 – Lettre remerciements Wachsner du 11 9 1942 _ rédigée à Navarrenx, je remarque… _5 – Lettre Yahni remerciements du 16 4 436 – Carte Mme Nahoum déclarant patriote du 20 10 447 – Carte lettre Mme Verdalle à Navarrenx à M. le Commissaire Ral8 – Copie carte David à M. le Commissaire Ral indiquant sauvés déportation9 – Copie lettre Mlle Roux à M. le Commissaire Ral…Qu’apporte le détail de ces nouveaux documents annexes ?…Les liens entre Marcel Brenot (ainsi que sa famille)avec Frédéric François Wachsner (un des TE de Marcel Brenot au 182e GTE du camp de Gurs)et Henriette Verdalle (et sa famille : son père, Paul, et son fils André Laclau-Barrère) au Vieux-Logis à Navarrenxconstituent décidément une pièce importante de notre enquête :tout cela à partir des souvenirs, se précisant peu à peu, de votre tante Huguette………De mon côté,je viens de lire le très riche La Lutte contre le chômage à Vichy _ Henri Maux, le Juste oublié 1939-1944 (aux Éditions Lavauzelle, en 2002 )d’Antoinette Maux-Robert,fille de Henri Maux ;…lequel, Henri Maux, en tant que « Commissaire-adjoint à la Lutte contre le Chômage » pour la zone non-occupée, à Vichy,chapeautait le Service des GTE,que dirigeait, toujours à Vichy, le lieutenant-colonel Tavernier_ à propos duquel Peter Gaida dit, page 120 de sa thèse Camps de travail sous Vichy _ Les « Groupes de Travailleurs Etrangers » (GTE) en France et en Afrique du Nord 1940-1944 :« les archives restent muettes sur ce personnage »……Je vais tâcher de me renseigner si, depuis les travaux d’Antoinette Maux-Robert (2002) et de Peter Gaida (2007),on en a appris un peu plus sur ce personnage méconnu de Tavernier……Je remarque aussi, au passage, que le livre d’Antoinette Maux-Robert ne cite qu’une seule fois le nom de Lemay _ en une note, page 293 : « CHAN, 72 AJ 2265 et 2266 (Heilmann) : rapport confidentiel de Lemay, chef du GTE n°2, sur le recrutement allemand à Figeac, Muret, Tarbes, juillet-août 1942« … _, qui dirigeait le Groupement n°2 de Toulouse,alors que le livre cite plusieurs fois le nom du commandant Rougier, qui dirigeait le Groupement n°1 de Clermont-Ferrand…Il est vrai que Clermont-Ferrand était moins éloigné de Vichy que Toulouse,même si Henri Maux s’est rendu aussi à Toulouse, ces années-là……J’aurais aimé en apprendre un peu plus sur ce M. Lemay, et son rôle à la Direction du Groupement n°2 des GTE de la Région de Toulouse………Et voici, maintenant, un très bon résumé de la situation du CLC de Henri Maux, et de sa chronologie, par Denis Peschanski :…« Dès le 11 octobre 1940, une loi instituait un Commissariat à la Lutte contre le Chômage (CLC),auquel furent rattachés les GTE.…François Lehideux en était le responsable _ Henri Maux ayant refusé de s’occuper de la zone occupée ! _,mais Henri Maux avait la tutelle sur la zone libre, où il fit prévaloir une autre logique que celle _ répressive _ en vigueur ;cela lui valut d’être fortement menacé dans son poste et sa mission à l’automne 1941 ;puis,même s’il fut chargé, le 26 septembre 1942, d’assurer par intérim les fonctions de commissaire _ pour les 2 zones : non-occupée et occupée _,d’être remercié ;et la structure d’être liquidée le 17 janvier 1943.…Il _ Henri Maux _ pouvait s’appuyer sur le « Service des Etrangers »,qui entra officiellement en action à partir du 4 juillet 1941.Son responsable, Gilbert Lesage, eût un rôle majeur dans le rapprochement familial et dans la politique qui vise à faire basculer les internés des camps vers les GTE,avant de mettre sur pied les « Centres d’Accueil Spécialisés ».…Au CLC, était attaché un « Service Central des Formations de Travailleurs Etrangers »,dirigé par le colonel Tavernier ;tandis qu’au moment où fut instituée une « Inspection Générale des Camps », sous la houlette d’André Jean-Faure (en septembre 1941),on nomma le commandant Doussaud _ ou Dousseau, comme l’orthographie Peter Gaida, aux pages 121-122 de sa thèse _ comme « Inspecteur des Formations de Travailleurs Etrangers » » _ ou GTE ;et ce commandant Dousseau vint en effet au camp de Gurs, au moins en mars 1943… Mais on sait bien peu de choses sur son parcours par la suite………J’ignore si les noms du colonel Tavernier,du commissaire-adjoint Henri Maux,ainsi que celui de Gilbert Lesage _ ce dernier est mieux connu des historiens _,se retrouvent dans les archives de Marcel Brenot, commandant des 182e et 526e GTE.…Pour ce qu’il en est du nom de Dousseau _ Dousseau est venu à Gurs au moins en mars 1943 _,il est possible qu’il en soit fait mention dans les archives de Marcel Brenot,même si en ce mois de mars 1943, de sa venue attestée au camp de Gurs, Marcel Brenot, lui, se trouve diriger le 526e GTE, à Oloron, et ne se trouve donc pas au camp de Gurs.Les 2 pages (121 et 122) de Peter Gaida sur ce commandant Dousseau sont d’ailleurs très intéressantes……Aux AD 64 de Pau, se trouve une série de documents mentionnant les suites conflictuelles auxquelles donna lieu l’inspection du commandant Dousseau au camp de Gurs ;concernant surtout, je suppose, le commandant du camp de Gurs : Gruel, en mars 1943.Peter Gaida m’en a communiqués certains, sur son CD-Rom……Je mets l’accent sur les noms de Tavernier et de Maux,parce que ceux-ci étaient, à Vichy, les supérieurs hiérarchiques de Marcel Brenot,via Lemay, le chef du Groupement n° 2 de Toulouse (puis Toulouse-Sud, quand fut créé un Groupement n° 7, pour Toulouse-Nord),rue de Belfort à Toulouse……Tout cela pour essayer d’éclairer la décision de Marcel Brenotde demander à quitter le 526e GTE d’Oloron, au printemps 1943_ départ dont se trouve au courant Georges Picard, du CAR (Centre d’Accueil des Réfugiés) de Montauban, dès la fin mai 1943,comme en témoigne sa lettre du 28-5-1943 à Marcel Brenot.…Henri Maux, lui,devenu officiellement Commissaire provisoire _ et non plus Commissaire-adjoint _ à la Lutte contre le Chômage pour les 2 zones, à la date du 26 octobre 1942,quitte son service au Ministère du Travail le 1er mars 1943,viré par le ministre Lagardelle..…Mais dès le retour de Laval à Vichy en mai 1942 bien des choses avaient commencé de se dégrader pour Henri Maux et le CLC.…En tout cas, au mois de décembre 1942, suite à deux rencontres orageuses, à Paris, avec Henri Maux (les 20 et 21 décembre),le ministre du Travail Hubert Lagardelle a décidé que le CLC disparaissait,remplacé par un « Office de Reclassement Professionnel », qui sera créé par la loi du 16 janvier 1943 ;et que « Maux restera _ seulement _ quelques semaines encore, pour organiser la transformation du CLC »……Page 195 de son livre, Antoinette Maux-Robert écrit :…« Finalement, Lagardelle décide d’opérer une réorganisation complète de son ministèreet de créer une 5éme Direction, qui englobera le Service de l’Inspection du Travail et de la Main-d’œuvre.C’est cette Direction qui sera chargée d’élaborer les mesures imposées à l’Office de Reclassement Professionnel. »…Et d’autre part, elle met l’accent, page 196, sur ce fait capital :…« Le 16 février 1943, est adoptée la loi instaurant le Service du Travail Obligatoire » ;et « par une courte lettre _ du 4 février 1943 _, le ministre du Travail _ Lagardelle _ demande à Maux de cesser toute activité à dater du 1er mars »………C’est donc dans ce contexte (de disparition à terme des GTE, vidés peu à peu de ses TE, envoyés massivement à l’Organisation Todt…)que Marcel Brenot prend, à Oloron, au printemps 1943, la décision de quitter ce Service menacé des GTE……Et il est aidé en cette prise de décision par son amitié avec le général Perré, chef de la Garde du maréchal Pétain, à Vichy,par lequel général Perré Marcel Brenot obtient de devenir Commandant régional des GMR à Orléans.…Cette période du printemps 1943 est donc intéressante pour saisir l’évolution de Marcel Brenot en ces années d’Occupation………Cependant les GTE, même se vidant peu à peu de nombre de ses TE, ne disparaitront pas totalementtant que durera le régime de Vichy_ à preuve le statut de mon père TE, du 10 décembre 1943 au 20 juillet 1944, aux 561e et 562e GTE de Haute-Garonne (Beaupuy et Toulouse rue-de-Belfort),puis à nouveau, à partir du 21 juillet 1944, au 526e GTE de Jurançon,et cela jusqu’au 30 septembre 1944, date où il peut enfin regagner librement Bordeaux, libéré des Allemands……Mon père entre en effet au 526e GTE d’Oloron le 26 août 1943 (après le départ d’Oloron pour Vichy, début juillet, de Marcel Brenot) ;…il passe au 561e de Beaupuy (près de Toulouse) le 10 décembre 1943 _ alors que de nombreux TE des Basses-Pyrénées sont directement envoyés, eux, au camp de Noé, pour triage vers l’Organisation Todt, ou Drancy (et Auschwitz !)… _ :il y est chargé d’organiser l’infirmerie du cantonnement du Domaine de Lagaillarde (un château inoccupé depuis au moins dix ans ! et alors sans eau courante, ni électricité !),ce 561e GTE étant transplanté de Clairfont, en banlieue sud-ouest de Toulouse, à Beaupuy, dans la campagne vallonnée des côteaux du nord-est de Toulouse ;…(et il devait aussi rejoindre le 562e GTE de Toulouse rue de Belfort le 16 juin 1944 ; mais cette mutation fut déclarée « nulle et non avenue » le 19 juillet 1944 sur le registre de ce 562e GTE de Toulouse : une énigme encore pour moi à ce jour…) ;…et enfin mon père peut même revenir _ du fait de quelles initiatives (et complicités) ? _ au 526e GTE de Jurançon, le 21 juillet 1944,où il obtient un nouveau « contrat agricole » de complaisance,signé une nouvelle fois par l’adjoint (au chef de ce 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées _ E. Delluc (venu du 525e GTE départemental (et disciplinaire) des Hautes-Pyrénées, à Bagnères-de-Bigorre, remplaçant alors Philippe Grandclément à la tête de ce 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées ; mais j’ignore à ce jour quand eut lieu cette passation de commandement au GTE de Jurançon… _) : Joseph de Goussencourt(c’est sa signature à l’encre verte que je lisais jusqu’ici « Gourmençon ») ;et adressé cette fois encore _ de l’initiative de Joseph de Goussencourt ? et à la demande de mon père, très probablement… _ au très bienveillant toujours Pierre Klingebiel, à Oloron.…Mon père, membre à nouveau, par conséquent, de ce 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées, résidera ainsi à nouveau, comme de septembre à décembre 1943, à Oloron-Sainte-Marie _ 40 rue des Oustalots, chez Joseph et Léonie Castille _,de cette fin juillet jusqu’à la fin septembre 1944, date de son retour définitif, libre, à Bordeaux……Auparavant, mon père aura participé aux actions de Libération d’Oloron,auprès de Jean Bonnemason (de l’Armée Secrète) _ collègue et ami de Pierre Klingebiel _, au cours de la fin du mois d’août 1944.…Depuis longtemps,et de plus en plus à mesure que mon enquête progresse,je pense que mon père a bénéficié de protections efficaces de la part de certains des membres de la hiérarchie des GTE ;…et que c’est très probablement à l’initiative de Marcel Brenot (qui connaissait Pierre Klingebiel à Oloron dès son commandement du 182e GTE du camp de Gurs : à l’occasion de « contrats agricoles » ayant permis d’ex-filtrer du camp de Gurs des protégés républicains espagnols protestants dont Pierre Klingebiel connaissait les parents réfugiés à Oloron, tels plusieurs membres de la famille Maso…)que mon père a pu quitter Gurs (et le 182e GTE du camp de Gurs)pour Oloron (et le 526e GTE), au mois d’août 1943.…Reste à préciser et mieux comprendre les conditions effectives de la transmission Marcel Brenot – François Bodin-Hullin – Philippe Granclément, à la tête de ce 526e GTE d’Oloron, en juillet-août 1943………Quant au mystérieux colonel (ou lieutenant-colonel) Tavernier,il continuera de diriger le Service des GTE à Vichy………A suivre………Titus
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Denis Peschanski
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