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Répondre à la question : « Qu’était le 526e GTE d’Izeste ? »

20août

Hier, lundi 19 août, à 20h 56,

et suite à une communication téléphonique avec le maire d’Arette,

je reçois ce courriel-ci de Madame Hepburn, historienne britannique :

« Cher Monsieur Lippa,

Je vous remercie de votre courriel, et de votre appel avec Monsieur Pierre Casabonne cet après-midi. Le Maire a vous appelé en mon nom parce que je recherche les traces des grandparents (de mon mari, Peter Hepburn) qui habitaient Arette pendant 1941 et 1942. Ils s’appellaient Hermann et Henny Hartog et ils étaient réfugiés juifs d’Allemagne.

En particulier, en ce moment je m’intéresse à la Groupe des Travailleurs Étrangers 526e à Izeste. Je sais que le grandpère de mon mari, Hermann Hartog, y travaillait mais j’ai plusieurs questions sans réponse.

Une carte de travailleur (numéro 2179) était déposée pour Hermann Hartog à Izeste le 2 decembre 1941. Je suppose que c’est le jour quand il a commencé d’y travailler – mais pêut-être pas?

Je ne sais pas quel travail s’occupe GTE 526e à Izeste en decembre 1941/janvier 1942. Est-ce qu’il y a des informations?

Comment est Hermann Hartog allé à son travail? Il habite Arette avec sa femme depuis janvier 1941. Est-il allé du quotidien, et si oui, comment? Où faut-il rester à Izeste pendant le travail? Si oui, où?

Je crois que Hermann Hartog a quitté cette GTE vers mars 1942, parce qu’un cultivateur à Arette avait besoin des mains. Comment découvrir la date de son départ?

Hermann Hartog et sa femme étaient déportés par Camp de Gurs le 1 septembre 1942, et puis par Drancy vers Auschwitz le 4 septembre 1942.

Je m’intéresse d’autres informations concernant GTE 526e pendant 1941 et 1942, mais surtout de ces questions. 

Je reste près d’Arette jusqu’à mercredi matin le 21 août.

Je m’excuse pour le mauvais français et je vous remercie de votre aide.

Cordialement,

Ainslie

Ainslie Hepburn

writer, tutor, historian »


Ce matin, à 8h 10,

je lui réponds par ce très long courriel-ci :


« Chère Madame,
avant de me joindre au téléphone,
peut-être pouvez-vous lire attentivement ces articles de mon blog,
ainsi que, en post-scriptum, le courriel du 5 juin 2014 dans lequel je faisais un point sur le parcours de mon père, le Dr Benedykt Lippa, sous l’Occupation…
Et aussi, en complément :

A très bientôt,
pour davantage d’explications et réponses à vos questions,
Francis Lippa

P. S. :
voici la copie de ce courriel en date du 5 juin 2014 dans lequel je faisais un point très détaillé sur le parcours de mon père, le Docteur Benedykt Lippa, sous l’Occupation,
à partir du 5 juin 1942, date de son départ précipité de Bordeaux pour fuir la zone occupée et gagner la zone libre :
Début du message réexpédié :
De : Mr Lippa 
Date : 5 juin 2014 17:31:57 HAEC
À : Raymondis
Cc : Roger Bonne, Famille Giannerini, malé j-c, Jacques BORDENAVE, Charles DOERR, André Klingebiel,
Objet : Un point-synthèse sur l’enquête sur le parcours du Dr Benedykt Lippa du 5 juin 1942 au 1er octobre 1944 : Gurs, Oloron, Beaupuy, Toulouse, Oloron
Chers amis, 
à cette date du 5 juin 2014,
voici un point sur l’enquête que je mène depuis une année environ
sur le parcours de mon père le Dr Benoît (ou Benedykt) Lippa (Stanislawow, 11 mars 1914 – Bordeaux, 11 janvier 2006)
en zone non-occupée
entre le 5 juin 1942 _ cela fait aujourd’hui 72 ans ! _ ,
date de son départ précipité (sur le conseil pressant de son maître en ORL _ et fort bien informé ! _ le Professeur Georges Portmann) de Bordeaux vers Oloron
_ Oloron, où résidaient deux des frères (Pierre Bioy, pharmacien à Oloron, et Xavier Bioy, maire d’Herrère) du père de sa fiancée (et depuis, ma mère : Marie-France Bioy, née le 18 février 1918, et toujours en vie, et avec une très bonne mémoire ! _ décédée le 27 octobre 2018 à Bordeaux, en sa 101e année) _, Paul Bioy (mon grand-père maternel),
et son retour définitif à Bordeaux le 1er octobre 1944, au domicile de mes grands-parents maternels Bioy, 117 rue Judaïque.
Entre ces deux dates du 5 juin 1942, son départ de Bordeaux, et du dimanche 1er octobre 1944, son retour à Bordeaux,
mon père a été interné au camp de Gurs
_ mais à ce jour j’ignore encore à partir de quand ; et donc combien de temps !..
Et s’il y faisait déjà partie (ou pas) d’un GTE à l’intérieur du camp de Gurs
_ comme me le suggère Claude Laharie, étant donné que mon père était l’assistant en ORL du Professeur Georges Portmann,
et qu’il parlait, outre le français et le polonais, l’allemand, le russe et l’espagnol : il y exerçait la médecine, et faisait office de traducteur et secrétaire.
A ce sujet, j’indique que je détiens un livre offert à Gurs et dédicacé à mon père par son auteur le Pasteur Charles Cadier ;
ce livre est recouvert d’une feuille
dont le verso n’est autre qu’un formulaire (vierge) de demande d’engagement d’un travailleur étranger à un GTE !
Je dispose pour le moment seulement du « contrat agricole » qui a ex-filtré mon père de Gurs,
contrat passé le jeudi 26 août 1943 au siège du 526e GTE à Oloron (pour un mois, mais il a été renouvelé les mois d’octobre, novembre et décembre 1943) :
ce contrat a été passé entre le commandant du 526e GTE
_ probablement Philippe Grandclément à cette date, venant de succéder à Marcel Brenot à la tête du 526e GTE d’Oloron _,
et à l’initiative _ c’est important à noter ! _ du commandant de ce 526e GTE,
et Pierre Klingebiel, professeur de philosophie à Oloron, et ami de Jean Bonnemason, un des chefs du réseau de résistance de l’Armée secrète de la région d’Oloron
_ Pierre Klingebiel avait permis à plusieurs républicains espagnols d’être exfiltrés de Gurs grâce à de tels « contrats agricoles ».
Mon père a fait partie de cette organisation de Résistance (« Région oloronaise _ Capitaine Bonnemason« ) dès le mois de juillet 1942,
indique son Etat des services (18e Région militaire _ Direction du Service de Santé)
en date du 29 mai 1945 (comme Médecin-Lieutenant).
Si mon père est demeuré interné au camp de Gurs du mois de juin 1942 au jeudi 26 août 1943,
je recherche des documents
ou des témoignages
à même de le confirmer :
ainsi, par exemple, ai-je rencontré à Pau (le 15 novembre 2013) l’infirmière Eva Laügt (née en 1914),
mais ni le nom, ni les photos de mon père, n’ont parlé à sa mémoire _ et pour cause : Eva Laügt a quitté le camp de Gurs un peu avant l’arrivée de mon père….
Puis mon père a fait partie (sous le matricule 2091 _ contrat n° 452, en 1943)
du 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées et Landes non occupées :
_ une première fois, de septembre à décembre 1943 (Philippe Grandclément dirigeant alors ce GTE) :
le jeudi 9 décembre, mon père est en effet transféré en région toulousaine, au 561e GTE de Beaupuy,
où il est incorporé le vendredi 10 décembre 1943 (cf le Registre des Contrôles nominatifs du 561e GTE).
_ puis, une seconde fois, du vendredi 21 juillet 1944 à la fin septembre 1944 (cette fois sous le matricule 3693 _ contrat n° 601) :
le jeudi 20 juillet 1944, mon père a en effet quitté Toulouse et la gare Matabiau
(et la veille, le mercredi 19 juillet, le cantonnement du 561e GTE de Beaupuy ;
à moins que ce ne soit le 562 GTE de Toulouse, rue de Belfort (mon père y avait été muté le vendredi 16 juin 1944 ;
mais cette mutation a été ensuite notée sur le Registre des Contrôles nominatifs de ce 562e GTE comme « nulle et non avenue » (!) ;
avec l’inscription « RdC le 21-7-44 a. c. du 19-7-44« 
_ sur les Registes des Contrôles nominatifs de ces deux GTE 561 et 562, mon père est immatriculé déjà sous le numéro 3693) ;
le vendredi 21 juillet mon père se rend au siège du 526e GTE à la Villa Montréal (28 Avenue Henri IV) à Jurançon
et il revient à Oloron le samedi 22 juillet 1944…
J’ignore à ce jour si c’est encore Philippe Grandclément qui dirige ce 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées à la date du 21 juillet 1944
_ c’est en effet l’adjoint Gourmençon (?) qui signe le document accompagnant le nouveau « contrat agricole » de mon père, adressé ce 21 juillet à Pierre Klingebiel _,
mais sur un nouveau document daté cette fois du vendredi 4 août 1944,
le nouveau chef du 526e GTE départemental est alors E. Delluc (qui dirigeait précédemment le 525e GTE départemental des Hautes-Pyrénées).
Le siège de ce 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées était encore situé à Oloron à la date du jeudi 26 août 1943 ;
mais ce siège fut transféré à Pau-Jurançon,Villa Montréal, 28 Avenue Henri IV, dès les premiers jours de septembre 1943
(sans doute par la volonté de son nouveau chef, Philippe Grandclément, qui succédait alors au commandant Marcel Brenot) ;
et quand mon père revient dans les Basses-Pyrénées, le vendredi 21 juillet 1944,
le siège du 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées se trouve toujours à la Villa Montréal à Jurançon.
_ à la Villa Montréal, j’ai rencontré Georges et Gérard Bacqué, ses actuels propriétaires,
et fils de Cyprien Bacqué, lui-même résistant, ami de Gabriel Delaunay et d’Honoré Baradat…
C’est en 1945 que Cyprien Bacqué est devenu locataire de la Villa Montréal ; et quelques années plus tard, son propriétaire…
Entre ces deux dates du vendredi 10 décembre 1943 (arrivée de mon père à Beaupuy) et du vendredi 21 juillet 1944 (son passage à Jurançon),
mon père est immatriculé (sous le numéro 3693) au 561e GTE de Beaupuy (à 8 kms au nord-est de Toulouse),
de la mi-décembre 1943 au 16 juin 1944.
Le vendredi 16 juin 1944, mon père est muté au 562e GTE de Toulouse – rue de Belfort (Services Généraux).
Mais peut-être est-il demeuré cantonné au 561e GTE de Beaupuy jusqu’au jeudi 20 juillet 1944, date de son départ effectif de Toulouse,
la mutation du 561e GTE au 562e GTE ayant été déclarée « annulée« ,
d’après ce qui est inscrit sur le Registre des Contrôles Nominatifs du 562e GTE de Toulouse,
pour des raisons qui m’échappent pour le moment…
Une lettre (n°699 / CI du 19-7-44 _ un lundi _) est censée justifier cette « annulation-radiation » ; mais cette lettre manque hélas ! dans le Registre du 562e GTE !
En effet, je viens de découvrir aux Archives départementales de la Haute-Garonne, grâce à Madame Chantal Pagès,
que le registre des Contrôles nominatifs du 562e GTE de Toulouse, rue de Belfort,
indique que mon père a bien été muté du 561e GTE de Beaupuy au 562e GTE de Toulouse (Services Généraux) le vendredi 16 juin 1944 ;
mais que cette mutation a été ensuite considérée comme « nulle et non avenue » (sic) ;
et que mon père a été rayé de ce registre le vendredi 21 juillet 1944, à compter du vendredi 16 juin !..
Pataquès qu’il serait bien intéressant de démêler…
A moins que la mutation évoquée par la lettre n° 699 / CI du 19-7-44 concerne
non plus le 562e GTE de Toulouse (rue de Belfort, Services Généraux),
mais cette fois le 526e GTE de Pau-Jurançon !
et permettant le retour de mon père à Oloron,
grâce à  un nouveau « contrat agricole » (n° 601) passé par le chef du 526e GTE, à nouveau avec Pierre Klingebiel…
Tout cela renforçant d’abord ma conviction qu’il y a une enquête à mener sur les chefs des divers GTE :
certains (par exemple François Malinvaud au 647e GTE départemental de Chancelade, en Dordogne) sont engagés dans la Résistance ;
d’autres (par exemple Alexandre de Moroge au 618e GTE de Buzy, dans les Basses-Pyrénées), dans la Milice ;
d’autres demeurent attentistes, en attendant de voir comment le vent  et la force des armes, vont tourner… Surtout à partir du Débarquement de Normandie le 6 juin !
Et tout cela posant aussi, et plus précisément, la question des liens
et de mon père
et des chefs des divers GTE auxquels il a eu à faire
_ d’abord, peut-être à l’intérieur même du camp de Gurs (si je suis l’intuition de Claude Laharie :
mais je n’ai jusqu’ici découvert aucun document administratif concernant la présence de mon père dans un GTE à Gurs,
exceptés les archives et témoignages _ écrits ou oraux _ de Pierre et André Klingebiel…),
puis Marcel Brenot (?), Philippe Grandclément, E. Delluc, au 526e GTE des Basses-Pyrénées ;
Georges Ledoux, au 561e GTE de Beaupuy ;
M. Brouguière, si c’est encore lui qui dirige le 562e GTE de Toulouse rue de Belfort en juin-juillet 1944 _
avec les réseaux de résistance,
et d’abord celui de l’Arme secrète _ Jean Bonnemason, Pierre Klingebiel, etc., à Oloron…
A ce sujet, je suis en contact avec plusieurs descendants des résistants de ce réseau de l’Armée secrète à Oloron,
afin de réunir méthodiquement ce qui demeure d’archives privées concernant ce réseau !
Voici un rapide résumé de quelques avancées à ce jour de ma recherche :
_ 5 juin 1942 : afin de rejoindre Oloron (et les oncles de sa fiancée Marie-France Bioy : Pierre Bioy, pharmacien à Oloron, et Xavier Bioy, maire d’Hérère :
deux des frères de mon grand-père Paul Bioy),
et sur les conseils de son maître (ORL) le Pr Georges Portmann qui (très bien informé !) l’avertit de l’imminence de prochaines rafles à Bordeaux,
le Dr Benedykt (ou Benoît) Lippa quitte son domicile (chez les parents de sa fiancée, Marie-France Bioy) à Bordeaux (177 rue Judaïque)
et franchit la ligne de démarcation à Hagetmau, à l’heure du repas de midi _ ma mère et ma tante l’avaient accompagné jusque là.
Mon père était ami du Dr Hoffmann-Martinot : j’en ai parlé à son fils…
_ date ? Benedykt Lippa, interpellé par la gendarmerie _ vers la fin du mois de juin : il est interné un moment à Grenade-sur-l’Adour _
est interné au camp de Gurs (quand ? _ au début du mois de juillet _ et avec quel statut, et combien de temps il y demeure, je l’ignore à ce jour _ je l’apprendrai plus tard… :
je note que page 134 de la thèse de Peter Gaida « Camps de travail sous Vichy« , on lit ceci :
« En août 1941, une circulaire informe les préfets que chaque ex-militaire polonais franchissant la ligne de démarcation
_ ce qui est le cas de mon père, engagé volontaire le 20 septembre 1939 _,
est à incorporer dans un GTE » ; en principe, donc…).
Parmi les archives de Pierre Klingebiel, je remarque qu’un document d’avril 1945 indique que
la pénalité-amende infligée à mon père pour franchissement illégal (clandestin) de la ligne de démarcation,
avait été « levée« !
Dans quelles circonstances, et comment, et par qui, je l’ignore à ce jour aussi…
_ juillet 1942 _ au camp de Gurs… _ : mon père s’est « engagé dans la résistance, Région oloronaise, Capitaine Bonnemason« 
selon son « Etat des Services » (18e RI _ Direction du Service de Santé) du 29 mai 1945, à Bordeaux :
est-ce alors même qu’il se trouve interné au camp de Gurs ? je l’ignore _ formellement, mais c’est très probable…
Henri Duchemin (Oloron, 22-3-1918 – Roquiague, 14-8-1944), frère des futurs amis protestants de mon père, Laurent et Anna Duchemin
(et amis des Klingebiel), à Oloron,
est gardien au camp de Gurs, ainsi que résistant :
blessé lors de combats (de membres du Corps-Franc Pommiès) le 10 août à Mauléon-Licharre,
Henri Duchemin est achevé à coups de baïonnette par les Allemands le 14 août dans une ferme, à Roquiague…
Ou bien mon père n’a-t-il été interpellé et interné à Gurs qu’un peu plus tard? A ce jour, je l’ignore…
Je suis assez intrigué par le fait que ma mère, qui a pu _ tant bien que mal… _  correspondre tout le temps de la guerre avec mon père,
ne garde pas de souvenir que mon père a été interné (et peut-être plus d’un an : possiblement de fin juin 1942 à fin août 1943) à Gurs,
quand il se trouvait en Béarn…
_ octobre 1942 : date présente sur une carte de visite du Professeur Georges Portmann
recommandant son assistant, le Dr Lippa, au Dr Rigaud (chargé de cours d’ORL à la Faculté de médecine de Toulouse)…
Qui est ce Dr Rigaud ? Mon père l’a-t-il rencontré à Toulouse ?
Jacques Lartigue se souvient des gros livres de médecine que mon père avait sur sa table
au domicile de son oncle et sa tante Joseph et Léonie Castille, 40 rue des Oustalots, à Oloron _ où mon père résidait alors _,
quand mon père l’a soigné : il avait 9 ans…
Ces livres de médecine, mon père les a probablement ramenés de Toulouse…
_ le 26 août 1943, un contrat « agricole » (d’un mois : il sera renouvelé mensuellement, jusqu’au mois de décembre 1943 compris)
est passé entre le commandant du 526e GTE d’Oloron
(Marcel  Brenot ? Philippe Grandclément, plus probablement _ oui ; on peut lire la signature de son adjoint, Joseph de Goussencourt _,
le nom de Philippe Grandclément remplaçant celui de Marcel Brenot dès le 26 août 1943 sur les papiers officiels :
le nom de Marcel Brenot est toutefois encore présent _ et c’est bien sûr à relever ! _ sur un document imprimé faisant partie du dossier de ce contrat)
et Pierre Klingebiel, professeur de philosophie au collège d’Oloron et protestant actif
(et très lié aux activités du cercle de résistants de l’Armée secrète d’Oloron, que dirigeait Jean Bonnemason ;
Pierre Klingebiel est ami de Jean Bonnemason ; et il reçoit (= cache et nourrit) de nombreux candidats à l’évasion par l’Espagne…) ;
et cela sur l’initiative du chef du 526e GTE d’Oloron :
_ d’une part, afin que le 526e GTE dispose « à demeure » des services de ce médecin ;
_ et, d’autre part, que Benedykt Lippa dispose, ainsi exfiltré du camp de Gurs, de davantage de liberté de mouvement
(j’ignore à partir de quelle date mon père a été interné au camp de Gurs _ probablement fin juin ou début juillet 1942 _) ;
_ d’autre part encore, un brouillon de courrier de Pierre Klingebiel, en date d’avril 1945, indique que
la pénalité-amende pour franchissement illégal de la ligne de démarcation infligée à mon père, a été annulée :
par qui ? et dans quelles circonstances ?..
Ma mère se souvient bien de ce lien de mon père à « Grandclément » !
mais il s’agit de Philippe Grandclément (25 juillet 1904 – 26 avril 1974),
le frère aîné d’André (18 juillet 1909 – 27 juillet 1944),
le célèbre chef de la Résistance en région bordelaise, assassiné au Muret le 27 juillet 1944…
Je cherche à joindre les descendants de Philippe Grandclément (mort à Saint-Laurent-La-Prée, près de Rochefort, en 1974),
via Jérôme Allard, petit-fils (belge) d’André.
En vain jusqu’ici, malgré un premier contact téléphonique positif avec Jérôme Allard ; ensuite, il ne m’a plus répondu…
_ le Dr Lippa quitte ainsi le camp de Gurs en devenant TE du 526e GTE d’Oloron
(ou Izeste-Louvie-Juzon : mon père a coupé du bois pour l’entreprise Morello-Lombardi, à Arudy-Louvie-Juzon :
cela, il le racontait…) ;
ainsi qu’en témoignent les archives de Pierre Klingebiel
(archives méthodiquement exposées en un copieux et très précieux ! fascicule par son fils André Klingebiel),
ainsi que les souvenirs personnels de son fils, André Klingebiel
(né en 1930, professeur de Géologie à la Faculté des Sciences de Bordeaux, et ayant une excellente mémoire) ;
et ceux, aussi de Jacques Lartigue (né en 1934), à Oloron :
mon père a résidé à Oloron, 40 rue des Oustalots, chez l’oncle et la tante, Joseph et Léonie Castille, de ce dernier
_ membre d’une famille d’industriels toujours très actifs à Oloron…
_ vers le 8 décembre 1943 _ probablement le jeudi 9 _ : mon père a quitté Oloron ;
et doit installer l’infirmerie du 561e GTE de Haute-Garonne,
qui (déménagé de Clairfont ; la chose est avérée au moins le 3 mars 1944 : sur un document préfectoral de Haute-Garonne)
est installé au château de La Gaillarde, à Beaupuy,
où mon père réside déjà depuis le vendredi 10 décembre
(sans eau courante ni électricité pour le moment : le château, inoccupé depuis plusieurs années, est délabré…)
_ cf la lettre de mon père à Pierre Klingebiel, le lundi 20 décembre 1943.
_ 31 décembre 1943 : résiliation officielle du « contrat agricole » de Benedykt Lippa auprès de Pierre Klingebiel et du 526e GTE d’Oloron
_ archives de Pierre Klingebiel…
Mais le Registre des Contrôles nominatifs du 561e GTE inscrit le nom de mon père en date du 1er décembre ;
et indique que son installation au château de La Gaillarde a eu lieu à la date du 10 décembre 1943
(ce qui est confirmé par une lettre de mon père (datée du 20 décembre) à ses amis Klingebiel à Oloron…
_ samedi 29 janvier 1944 : visite, à Muret (Haute-Garonne) du Dr Lippa au Pasteur Arias Castro
(qui dispose, lui, d’un « contrat industriel » à l’usine d’aiguilles pour seringues médicales de M. Thiébaud),
au domicile du Pasteur Arias Castro, à Muret, 8 Chaussée de Louge.
Mon père aide alors le Pasteur Arias Castro à éviter de partir en Allemagne, ou d’être expédié à l’Organisation Todt
_ ma mère se souvient bien de cela…
Un courrier d’Arias Castro à Pierre Klingebiel (daté du dimanche 6 février 1944) indique la date de cette visite de mon père à Muret.
_ 3 mars 1944 : recensement préfectoral attestant du transfert du 561e GTE de Clairfont à Beaupuy, au Domaine de La Gaillarde
(cf l’article de Lilian Pouységur, in Les Camps de travail du Sud-Ouest de la France, page 31).
_ mercredi 29 – jeudi 30 mars 1944 : Marie-France Bioy, sa fiancée, vient en train de Bordeaux à Toulouse
_ un attentat vient d’être commis dans le quartier de la gare Matabiau, qui est en émoi ! _ ma mère passe la nuit en un des hôtels en face de la gare, infesté de soldats allemands _ ;
et rend visite à mon père au cantonnement du château de La Gaillarde, à Beaupuy
mercredi 17 mai et mercredi 14 juin 1944 : deux rapports de police citent le nom de Benedict Lippa au Domaine de La Gaillarde à Beaupuy
(561e GTE, dirigé par M. Ledoux) _ Archives départementales de Haute-Garonne (5795 W 1381).
Le 17 mai, l’Inspecteur de police Pierre Boyreau adresse son rapport d’enquête
au chef de la 2e section de la 8e Brigade de Police de Sûreté,
suite à une « dénonciation anonyme (du mardi 11 avril 1944)
sur les agissements de certains T.E. du groupe n°561, cantonné au château de La Gaillarde à Beaupuy » :
le cuisinier Mariano Rincon Garcia, le garde-magasinier Jose Ubeda Navarro et le conducteur de charrette Jose Rodriguez Agudo
    _ les deux derniers fréquentant le café du limonadier Bourgeois à Beaupuy ;
et le fils Bourgeois venant aussi leur rendre visite au cantonnement du château de La Gaillarde.
Le vendredi 20 mai, l’inspecteur Boyreau est invité par son supérieur hiérarchique à donner davantage de détails sur son enquête
  (de détournement de nourriture ! « graisse et pâtes alimentaires » !), qui n’avait retenu aucun motif avéré d’incrimination…
D’autre part, mon père _ accusé de pratiquer la médecine en dehors du cantonnement (et des T. E. dispersés) _
a reçu des « avertissements » du chef du 526e GTE, Georges Ledoux, pour « exercer (la médecine) en violation de la loi ».
Il s’agissait pour lui, crevant de faim, d’améliorer son ordinaire en se procurant (contre ses services médicaux), des œufs _ qu’il gobait ! _ ;
comme il l’indiquait dans une lettre à ses amis Klingebiel, le mercredi 22 février 1944…
Avant de diriger le 561e GTE de Beaupuy, le commandant Georges Ledoux avait dirigé le 862e GTE de Montestruc (Gers),
un GTE constitué de Polonais anciens engagés volontaires (pour la France) dans la guerre.
Et le mercredi 14 juin, le Commissaire de Police de Sûreté Paul Mollard-Chaumette, chef de la 3e section de la 8e Brigade de Police de Sûreté,
rédige à son tour un rapport (de vérification !) sur l’enquête de l’Inspecteur Boyreau :
aucun élément délictueux n’est retenu par lui ni contre les T. E. _ dont mon père _ du 561e GTE de Beaupuy, ni contre l’Inspecteur Boyreau…
 vendredi 16 juin 1944 : Benédict Lippa est muté du 561e GTE de Beaupuy au 562e GTE de Toulouse (rue de Belfort), Services Généraux ;
 mais cette mutation est notée « nulle et non avenue » (sic) sur le Registre des Contrôles nominatifs de ce 562e GTE,
qui ajoute « RdC le 21-7-44 a.c. du 16-6-44 (lettre n°699 / CI du 19-7-44)«  : des éléments à décrypter…
jeudi 20 juillet 1944 : Benedict Lippa quitte Toulouse _ probablement de son initiative : la situation militaire se détériore gravement déjà pour les Allemands _ pour Oloron, par le train,
via une journée (le vendredi 21 juillet) passée à Pau-Jurançon (à la Villa Montréal, siège du 526e GTE), pour formalités administratives :
un nouveau « contrat agricole » (de complaisance) est rédigé là entre le chef de ce 526e GTE
_ est encore Philippe Grandclément ? Est-ce déjà E. Delluc, qui lui succède,
et signera un autre document adressé à Pierre Klingebiel le vendredi 4 août suivant… _
et, à nouveau, Pierre Klingebiel, à Oloron…
J’en déduis que mon père bénéficie d’appuis au siège de ce 526e GTE de Jurançon…
En avait-il aussi à Toulouse ? Probablement…
jeudi 11 août 1944 : à Oloron : échange de courrier de mon père (domicilié 40 rue des Oustalots à Oloron : chez Joseph et Léonie Castille)
avec sa fiancée demeurant à Bordeaux,
lui demandant de ne pas craindre de prendre le train pour venir de Bordeaux lui rendre visite à Oloron.
Léonie Castille (née Brun) est la sœur de Marthe (née Brun) la mère de Jacques Lartigue,
que mon père a soigné alors pour des crises d’asthme.
Jacques Lartigue se souvient très bien de mon père, et de ses gros livres de médecine (probablement ramenés de Toulouse) !
De plus, l’épouse _ déjà décédée _ de Jean Bonnemason, est née Alexandrine Brun.
Léonie, Marthe (sœurs) et Alexandrine (cousine) sont toutes trois des membres de la famille Brun, d’Oloron…
_ date ? Marie-France Bioy, ma mère, vient voir son fiancé, mon père, à Oloron ;
elle déjeune chez Joseph et Léonie Castille, d’une part ;
et elle dort chez Laurent et Anna Duchemin (amis des Klingebiel) et protestants actifs, de l’autre.
samedi 23 septembre 1944 : lettre de mon père, depuis Oloron, à sa fiancée à Bordeaux,
lui annonçant son retour prochain d’Oloron à Bordeaux, le samedi 30 septembre ;
et où il s’inquiète très concrètement de son avenir professionnel à court terme en région bordelaise…
dimanche 1er – dimanche 15 octobre 1944 : de retour en région bordelaise, le Dr Lippa est homologué provisoirement
au grade de Médecin-lieutenant au groupe FFI « Dick » à Pessac…
Voilà où j’en suis à ce jour de mon enquête,
qui avance donc pas à pas.
Je pense que les divers chefs des GTE :
Marcel Brenot peut-être ; Philippe Grandclément à coup sûr ; E. Delluc dont le nom apparaît le 4 août 1944, pour le 526e GTE siégeant à Oloron, puis à Pau-Jurançon, pour les Basses-Pyrénées ;
et à Toulouse, MM. Lemay (chef du Groupement n°2), Georges Ledoux (chef du 561e GTE de Beaupuy) et Brouguière (chef du 562e GTE de Toulouse, rue de Belfort)
ont probablement aidé mon père à éviter de faire partie de ceux qui ont été envoyés à Noé et expédiés à l’Organisation Todt ;
et cela en liaison avec les mouvements de Résistance _ probablement l’Armée secrète, comme dans les Basses-Pyrénées, avec Jean Bonnemason à Oloron…
Bien à vous,
Francis Lippa


Plus tard,

le contact que facilitera Claude Laharie avec Bruno Le Marcis,

qui vient de découvrir les archives personnelles du grand-père de son épouse, le commandant Marcel Brenot,

me permettra de mettre des noms et des visages sur certains des protagonistes de ces GTE du camp de Gurs (le 182e), et d’Izeste (puis Oloron, puis Jurançon : le 526e) ;

dont l’adjoint direct de Philippe Grandclément, Joseph de Goussencourt, dont la signature est fréquente sur les documents de T.E. de mon père qu’a conservés Pierre Klingebiel…

Soit un très précieux dossier sur quelques uns des GTE du Sud-Ouest.



Ce mardi 20 août 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’expo RotSpanier à l’Espace Darwin

15fév

Le 8 février dernier

_ jour du 80 éme anniversaire de la Retirada des Républicains espagnols en France _,

et comme annoncé dans mon article  du 28 janvier dernier,

a eu lieu à l’espace Darwin _ à La Bastide, Bordeaux-rive droite _

le vernissage de l’exposition,

organisée par mon ami l’historien allemand Peter Gaida,

RotSpanier.

Une expo itinérante _ elle doit séjourner deux mois à l’Espace Darwin.

Et tout à fait pédagogique.

Étaient présents,

outre le groupe musical Ay Carmela, de Pessac,

des représentants des municipalités de Bordeaux

_ Madame Ana Maria Torres, conseillère municipale déléguée pour les relations avec la Péninsule ibérique _,

ainsi que de Pessac.

Etc.

J’ai pu y saluer Peter Gaida,

dont la recherche sur l’exploitation du travail des Étrangers par les Allemands

_ exploitation des travailleurs des GTE (du régime de Vichy, en France), Organisation Todt, Mur de l’Atlantique, etc. _

durant la Seconde Guerre Mondiale,

est tout à fait remarquable.

Ce vendredi 15 février 2019, Francis Lippa – Titus Curiosus

L’exposition « Espagnols rouges » (travailleurs forcés durant la Seconde Guerre Mondiale) à l’Espace Darwin à Bordeaux-Bastide à partir du vendredi 8 février prochain

28jan

Mon ami l’historien allemand Peter Gaida,

spécialiste des travailleurs forcés durant la Seconde Guerre Mondiale,

me prie de bien vouloir diffuser l’information selon laquelle

l’exposition Espagnols rouges

dont il est l’un des maîtres d’œuvre

_ avec Antonio Munoz-Sanchez (Lisbonne) et Jean-François Berdah (Toulouse) _

et dont le vernissage aura lieu le vendredi 8 février prochain, à 17 heures 30, à l’Espace Darwin, à Bordeaux-Bastide,

sera visible en ce lieu du vendredi 8 février au lundi 8 avril 2019.

Il s’agit là d’une exposition itinérante.


Ce lundi 28 janvier 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un point sur une enquête de micro-histoire sur un commandant de GTE dans les Basses-Pyrénées de novembre 1940 à juillet 1943

22avr

Voici un point-synthèse, j’espère significatif,

sur un élément précis des recherches de micro-histoire que je mène depuis deux ans
sur le parcours de mon père, du 5 juin 1942 au 30 septembre 1944
_ dates de son départ de, et de son retour à Bordeaux, où il résidait _
en zone dite, un moment, « non-occupée »,
après son passage illégal de la ligne de démarcation _ à Hagetmau _, ce 5 juin-là…
Mon père, venu en 1932 de Galicie polonaise _ Stanislawow _  en France, afin d’y faire ses études de médecine,
était, ces années 1941-42, assistant en ORL du Professeur Georges Portmann à la Faculté de Médecine de Bordeaux ;
et le 20 septembre 1939 il s’était engagé dans les régiments polonais au service de la France.
Cf mes articles du 31 juillet et du 27 septembre 2014 :
et
Pour ce nouveau point-synthèse, ce jour, sur le parcours de mon père,
et qui concerne précisément ici le commandant des 182e, puis 526e GTE (= Groupe de Travailleurs Etrangers), Marcel Brenot
_ c’est lui, Marcel Brenot, ce « commandant de GTE dans les Basses-Pyrénées de novembre 1940 à juillet 1943«  du titre de cet article… _,
dont mon père a probablement croisé _ sinon physiquement, au moins administrativement : nous allons le voir… _ la route,
ne serait-ce que parce que,
d’abord,
le nom de Marcel Brenot figure imprimé sur l’en-tête du tout premier « contrat agricole » de complaisance qui a ex-filtré mon père du camp de Gurs, en date de 26 août 1943
_ certes Marcel Brenot avait quitté Oloron et le Béarn au début du mois de juillet 1943 : pour Vichy, puis Orléans, où il venait d’être nommé Commandant régional des GMR (Groupes Mobiles de Réserve) ;
cependant, fin novembre 1942, Marcel Brenot (qui avait quitté le camp de Gurs au cours du mois d’avril 1942) signait avec René Gruel, devenu le chef du camp de Gurs, un contrat (valable pour le seul mois de décembre 1942) mettant administrativement à la disposition du 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées que dirigeait alors Marcel Brenot, un groupe d’« hébergés«  détenus dans le camp de Gurs, afin que ceux-ci aident le service du camp de Gurs, et bénéficient ainsi, ne serait-ce que durant ce seul mois, des droits dont disposaient les TE, et dont ne bénéficiaient pas les détenus « hébergés«  :
c’est donc que Marcel Brenot, même en se trouvant à Oloron, continuait à entretenir des liens suffisamment étroits avec le camp de Gurs, son administration, comme ses détenus… _ ;
et aussi, et surtout,
parce qu’une lettre de Pierre Klingebiel d’avril 1945 donne très clairement à entendre
que c’est ce même Marcel Brenot,
qui avait déjà accordé à Pierre Klingebiel _ qui les lui avaient sollicités _, plusieurs « contrats agricoles » _ mais mon père, lui, se trouvait alors à Bordeaux, quitté par lui seulement le 5 juin 1942, sur le conseil pressant de Georges Portmann, l’avertissant qu’il figurait sur les listes de la Gestapo bordelaise… _ ex-filtrant, et à plusieurs reprises, du camp de Gurs _ et aussi du 182e GTE du camp de Gurs : quand Marcel Brenot dirigeait ce 182e GTE du camp de Gurs : à partir de novembre 1940, et jusqu’en avril 1942 _, plusieurs membres de la famille (de républicains espagnols, et protestants) Maso, à la demande du protestant actif qu’était, à Oloron, Pierre Klingebiel ;
que c’est ce même Marcel Brenot, donc,
qui, _ et cela de son initiative, cette fois _ avait sollicité Pierre Klingebiel,
qu’il connaissait donc bien, pour lui avoir plusieurs fois rendu le service d’ex-filtrer du camp de Gurs des républicains protestants espagnols amis, qui y étaient enfermés ;
afin, grâce à un « contrat agricole »,
mais de pure complaisance, cette fois,
de faire sortir mon père du camp de Gurs (et du 182e GTE dans lequel il officiait en tant que médecin et secrétaire-traducteur)
et de mettre ainsi ses compétences médicales, à disposition, cette fois,
des TE dispersés _ et non plus confinés dans un camp tel que celui de Gurs _ du 526e GTE d’Oloron,
en même temps que cela pouvait mettre, un peu mieux, mon père à l’abri de mesures genre « Organisation Todt » :
« pour ne pas recevoir d’ordres type STO » _ la loi instituant le STO date du 16 février 1943 _,
si je reprends l’expression de Pierre Klingebiel dans sa lettre du 17 avril 1945 à « M. le Directeur de la Régie Dépenses-Recettes des Groupements de TE« , 21 rue de Berri, Paris, 8e,
en réponse à une demande administrative de paiement d’impayés concernant ces « contrats agricoles » de TE de mon père,
reçue par Pierre Klingebiel ce même 17 avril 1945
_ soit bien longtemps après la fin du régime de Vichy, ainsi que le retour, le 30 septembre 1944, de mon père chez mes grands-parents maternels et sa fiancée, à Bordeaux ;
mais il faut en même temps noter que ce ne sera « finalement (…) que le 2 novembre 1945«  que « le général de Gaulle signe(ra) une ordonnance qui annule(ra) toute la législation de Vichy  concernant les GTE« ,
ainsi que le signale page 366 de sa thèse Camps de travail sous Vichy l’excellent Peter Gaida… _
je reproduits ici certains échanges récents _ hier 21 avril _ de courriels ;
et cela, en réponse et en réaction à la réception de nouveaux documents concernant Marcel Brenot (1893-1986),
que venait de m’adresser Bruno Le Marcis, l’époux de la petite-fille de ce dernier.
C’est via l’entremise de Claude Laharie,
que m’a contacté, le 2 février dernier _ 2015 _, Bruno Le Marcis,
à la recherche d’éléments pouvant l’aider à déchiffrer-comprendre le parcours (de toute une vie, mais ici au camp de Gurs et à Oloron) du grand-père, Marcel Brenot, de son épouse,
suite au décès récent (à l’âge de 90 ans) de la mère de cette dernière,
qui était une des deux filles de Marcel Brenot ;
Claude Laharie connaissant la recherche que je mène depuis deux ans à propos de divers commandants de GTE des Basses-Pyrénées _ dont ceux du 182e GTE du camp de Gurs, et du 526e GTE d’Izeste – Louvie-Juzon, puis Oloron _
apparaissant sur les documents d’archives concernant mon père : Marcel Brenot, Philippe Grandclément, E. Delluc…
Et depuis ce 2 février dernier, c’est ainsi une très riche correspondance, dense et extrêmement fertile (et à rebondissements passionnants !) ,
que Bruno Le Marcis et moi-même entretenons, 
à partir, et au fur et à mesure, des documents qu’il découvre et déchiffre
dans les archives parfaitement conservées du grand-père _ Marcel Brenot (17-7-1893 – 1-1-1986), donc _ de son épouse ;
archives fournissant autant d’indices à apprendre à interpréter pour faire progresser la recherche,
concernant tant son parent Marcel Brenot
que mon père,
lors de leur séjour à tous deux en Béarn sous l’Occupation…
Et cela alors que je ne sais toujours pas, à ce jour, si Marcel Brenot et mon père
se sont physiquement rencontrés, au camp de Gurs,
ou à Oloron…
Mais bien des personnes ont pu servir d’intermédiaires à cette connexion :
mon père avait reçu, au camp de Gurs, des mains du pasteur Cadier, un livre dont celui-ci est l’auteur,
et que mon père avait recouvert d’une feuille,
sur laquelle sont inscrits _ d’une écriture qui n’est pas celle de mon père _ son titre et son auteur ;
et dont le verso _ je ne m’en suis pas aperçu tout de suite ! _ est rien moins qu’un formulaire vierge
de demande d’inscription au statut de TE !!!
Et parmi les gardiens du camp de Gurs,
il y avait notamment Henri Duchemin (Oloron, 22-3-1918 – Roquiague, 14-8-1944),
protestant actif et résistant membre de l’Armée Secrète et du Corps-Franc Pommiès,  Henri Duchemin fut assassiné à Roquiague par les Allemands dans une ferme où il se remettait de blessures reçues quatre jours plus tôt à Mauléon-Licharre lors d’une action de Résistance _ ;
et je remarque que dans son dossier de résistant, mon père indique qu’il s’est engagé dans la Résistance dès le mois de juillet 1942,
soit dès le premier mois de sa présence comme TE au camp de Gurs.
Et Henri Duchemin a pour frère Laurent Duchemin _ chauffeur de l’ingénieur des Ponts et Chaussées Elie Larribeau, dont dépend aussi le camp de Gurs ; au camp de Gurs, Arlette Dachary est secrétaire des Ponts et Chaussées _,
protestant très actif, lui aussi, à Oloron,
et très proche, ainsi que son épouse Anna, de la famille Klingebiel.
….
Et les Duchemin, Anna et Laurent,
vont devenir,
avec les Klingebiel, Pierre et Elsie,
et les Castille, Léonie et Joseph _ chez lesquels mon père va loger à Oloron, 40 rue des Oustalots ;
Léonie Castille a pour sœur Marthe Lartigue (dont le fils Jacques, né en 1934, se souvient fort bien de mon père l’ayant soigné chez sa tante Léonie) ;
et les sœurs Léonie Castille et Marthe Lartigue, nées Brun, ont pour cousine germaine Alexandrine Bonnemason, née Brun elle aussi,
l’épouse décédée de Jean Bonnemason, collègue et ami de Pierre Klingebiel, le dirigeant de l’Armée Secrète à Oloron ;
lequel Jean Bonnemason témoignera de l’engagement dans la Résistance de mon père… _,
les amis et protecteurs de mon père à Oloron.
Fin de l’incise ;
et retour aux connexions plus que jamais à déchiffrer entre mon père et Marcel Brenot,
et d’autres commandants de GTE… 

D’où ce courriel de témoignage faisant un point-synthèse de ma recherche
aux historiens Peter Gaida et Denis Peschanski :

De: Titus Curiosus
Objet: Documents issus des archives de Marcel Brenot, (commandant des GTE 182, du camp de Gurs, et 526, d’Oloron, puis commandant régional des GMR d’Orléans)
Date: 21 avril 2015 12:05:38 UTC+2
Cc: Peschanski Denis
À: Peter Gaida

Messieurs,

poursuivant mes recherches sur le parcours de mon père, le Dr Benedykt Lippa, sous l’Occupation,

et convaincu du rôle majeur qu’y ont joué divers commandants (et autres personnels) des GTE successifs auxquels a eu à faire mon père,

au camp de Gurs (182e GTE), à Oloron (526e GTE), à Beaupuy (561e GTE), à Toulouse-rue de Belfort (562e GTE) et à Jurançon (à nouveau le 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées et Landes non-occupées),

 …
je vous adresse copie du courriel que je viens d’adresser à Bruno Le Marcis,
qui explore les très riches archives du grand-père de son épouse : Marcel Brenot (17 juillet 1893 – 1er janvier 1986),
qui commanda le 182e GTE du camp de Gurs d’avril 1940 à avril 1942,
puis le 526e GTE, d’abord d’Izeste – Louvie-Juzon, puis d’Oloron (à partir du 6 novembre 1942), d’avril 1942 à juillet 1943,
comme l’attestent ses mémoires de défense, rédigés fin 1944.
 …
C’est très probablement Marcel Brenot qui, avant son départ d’Oloron _ pour Vichy _ au mois de juillet 1943, a proposé à Pierre Klingebiel,
professeur de philosophie au collège d’Oloron, militant protestant, et ami et collègue du résistant (Armée Secrète) d’Oloron Jean Bonnemason,
d’accepter d’assumer les charges d’un « contrat agricole » de complaisance en faveur de mon père,
afin, à la fois, de faire sortir celui-ci du camp de Gurs _ où il faisait partie des TE du 182e GTE de ce camp _,
ainsi que, de faire bénéficier
tant de ses compétences médicales (mon père avait été l’assistant en ORL à la Faculté de Médecine de Bordeaux, du Professeur Georges Portmann),
que de ses compétences linguistiques (mon père parlait polonais, russe, allemand et espagnol) et de secrétariat,
les TE du 526e GTE d’Oloron,
 …
tout en cherchant à éloigner _ un peu _ mon père de menaces type « Organisation Todt »,
voire Wehrmacht (la Galicie _ Stanislawow _ d’où venait mon père étant devenue allemande lors de la rupture du pacte Molotov-Ribentropp, le 22 juin 1941),
comme l’indique précisément une lettre rédigée au mois d’avril 1945 par Pierre Klingebiel, et conservée dans ses archives privées.
Je sais désormais que l’adjoint au chef du 526e GTE d’Oloron, puis Jurançon,
dont je lisais la signature à l’encre verte sur les documents du 526e GTE concernant mon père,
les 25 août 1943, 26 août 1943, (3 fois), 16 septembre 1943 et 21 juillet 1944,
comme quelque chose comme « Gourmençon »,
s’appelait en fait Joseph de Goussencourt
_ dont la famille (à Saint-Eman, tout à côté d’Illiers-Combray) a servi de modèle
rien moins qu’aux Guermantes de Proust !!!!
 …
Mais jusqu’ici, je n’ai rien découvert sur le parcours après la guerre de ce Joseph de Goussencourt
(né le 9 mai 1896, à Saint-Eman,
marié en 1928, avec Henriette Gros de Perrodil, née le 23 janvier 1896 et décédée en 1931 ; ils ont eu 2 enfants ;
et remarié le 27 janvier 1938 ; ils ont eu un enfant).
 …
C’est ce même Joseph de Goussencourt qui, le 21 juillet 1944,
quand mon père, revenu de Toulouse (et des 561e et 562e GTE de Beaupuy et Toulouse – rue de Belfort),
s’est rendu à la Villa Montréal à Jurançon, siège du 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées,
lui a procuré _ à la demande expresse de mon père : le régime de Vichy vacillait fortement, au fur et à mesure de l’avancée des Alliés en Normandie et Bretagne ; et des bombardements alliés, aussi, dans le Sud-Ouest … _ un nouveau « contrat agricole » de complaisance,
adressé à nouveau, cette fois encore, à Pierre Klingebiel à Oloron _ que mon père désirait rejoindre…
Le nouveau chef du 526e GTE départemental étant alors E. Delluc,
qui _ venant des Hautes-Pyrénées : du 525e Groupe Disciplinaire de Travailleurs Etrangers de Bagnères-de-Bigorre _ avait remplacé Philippe Grandclément,
signataire, avec son adjoint Joseph de Goussencourt,
des contrats et documents concernant mon père au 526e GTE de la fin août à la mi-décembre 1943…
Voilà.
Les archives de Marcel Brenot
que déchiffre peu à peu Bruno Le Marcis
sont une mine d’éléments passionnants…
 …
Titus Curiosus
P. s. :
vendredi prochain, 24 avril, je me rends à Navarrenx,
sur les traces des liens _ et des témoins encore vivants de cette période ! _ entre Marcel Brenot,
Henriette Verdalle (épouse de Jean Laclau-Barrère _ du 28 mars 1924 au 22 avril 1940 _, puis de Frédéric-François Wachsner _ à partir du 8 décembre 1945)
et la famille de Pierre Cassin,
réfugiée à Navarrenx pendant la guerre.
 …
Henriette Verdalle (Navarrenx, 21 août 1896 – Mauléon-Licharre, 27 août 1988) est la fille du maire et conseiller général de Navarrenx, Paul Verdalle (Mauléon-Barousse, 19 mars 1860 – Navarrenx, décembre 1949 ou janvier 1950) .
Et c’est lui, Paul Verdalle, qui a donné l’autorisation de construire sur les territoires de Dognen, Préchacq-Josbaig et Gurs, le camp (dit, dès lors, « de Gurs »),
après le refus qu’avait opposé au député-maire d’Oloron, Jean Mendiondou,
le maire d’Ogeu-les-Bains, le chanoine Arthur Biers, d’installer sur sa commune d’Ogeu ce camp d' » accueil » des Républicains espagnols
vaincus par les franquistes, lors de leur Retirada
 …
Pierre Cassin (Paris, 9 août 1910 – Paris, 26 juillet 2000), avocat à Paris,
est le fils de Raphaël David Cassin (Nice, 7 juin 1875 – Saint-Maurice, 22 avril 1936), avocat à Paris lui aussi
_ niçois de naissance, celui-ci se trouve à Paris dès 1901, domicilié 5 rue Racine, dans le quartier latin _ ;
et le petit-fils de Gratien Cassin (Nice, 17 janvier 1843 – Nice, 26 mai 1881) et de son épouse Léontine Cassin (Nice, 24 décembre 1850 – Nice, 12 octobre 1918) ;
cette dernière étant la sœur aînée d’Azaria Henri Cassin ((Nice, 8 mai 1860 – Nice, 13 mai 1959),
père de René Cassin (Bayonne, 5 octobre 1887 – Paris, 20 février 1976)…
Et David Raphaël Cassin (né en 1875) fut le mentor, à Paris, de son cousin René Cassin (né en 1887), au moment des études de Droit de ce dernier dans la capitale.
Et au moment de la débâcle du printemps 1940,
René Cassin avait proposé à son cousin Pierre Cassin _ et à sa famille _ de partir avec lui _ et son épouse _ pour l’Angleterre…
René Cassin et son épouse purent s’embarquer à Saint-Jean-de-Luz, sur un bateau polonais, le 20 juin 1940, et gagner Londres le 28 juin suivant ; René Cassin se rendant aussitôt offrir ses services au général de Gaulle.
Tandis que Pierre Cassin et les siens préférèrent rester en France.
Ils franchirent la ligne de démarcation à Salies-de-Béarn ; puis décidèrent de demeurer à Navarrenx, où ils avaient trouvé un excellent accueil notamment de la part d’Henriette Verdalle : Pierre Cassin allait donner des leçons au fils d’Henriette Verdalle, le jeune André Laclau-Barrère (qui préparait le bac), au Vieux-Logis ; et Henriette Verdalle trouvait une maisonnette (avec un petit jardin potager) un peu à l’écart du bourg de Navarrenx, au lieu-dit « du Bois de Navarrenx« , dans laquelle résideraient les Cassin… _, plutôt que de rejoindre Nice _ berceau de la famille Cassin dès la première moitié du XIXe siècle _, comme ils l’avaient d’abord envisagé.
Frédéric-François Wachsner (avocat berlinois et juif antinazi), lui, était TE au 182e GTE du camp de Gurs ;
et c’est Marcel Brenot qui lui avait permis de quitter le camp de Gurs afin de servir de précepteur au fils d’Henriette Verdalle, André Laclau Barrère (alors lycéen à Pau, mais malade à ce moment _ il préparait le bac chez lui), au Vieux-Logis, à Navarrenx _ 26 rue du Faubourg.
Marcel Brenot ainsi que sa famille étaient régulièrement reçus chez Henriette Verdalle, au Vieux-Logis, à Navarrenx,
comme s’en souvient bien aujourd’hui encore la dernière fille encore vivante de Marcel Brenot.
Et celle-ci, née, comme André Laclau-Barrère, le fils d’Henriette Verdalle, en 1925 _ André Laclau-Barrère : Cierp, 4 novembre 1925 – Susmiou, 1er mai 2001 _,
se souvient même que le jeune André ne l’appréciait pas beaucoup…
Pierre Cassin _ dont se souvient aussi la fille de Marcel Brenot (90 ans maintenant) _, avocat parisien,
qui habitait avec son épouse Hélène et ses deux enfants, Nelly et Jacques, une petite maison (avec un jardin) à l’écart du faubourg de Navarrenx _ dans le quartier un peu plus excentré dit « du bois de Navarrenx«  _,
allait aider lui aussi, au Vieux-Logis, le lycéen André Laclau-Barrère à préparer le bac.
Et le Vieux-Logis de Navarrenx hébergeait encore un certain nombre _ mais oui ! _ de réfugiés…
 … 
Henriette Verdalle, quant à elle, possédait, en effet, dès avant la guerre une carte d’adhérente à la Ligue contre l’antisémitisme.
Et il faut noter que Marcel Brenot a maintenu toute sa vie des liens avec Henriette Wachsner-Verdalle…
Cf ce document que m’a adressé Bruno Le Marcis le 13 avril dernier :
 …
« Je retrouve à l’instant une carte de visite postée à Hendaye-Plage le 22/12/1978
et reçue par Marcel Brenot le 26 à PARIS, suite à une erreur d’adresse« .
« Madame H. WACHSNER-VERDALLE
Vous adresse ses bons vœux et souhaits les plus sincères pour l’année nouvelle pour vous et vos enfants,
serait si heureuse de vous revoir,
garde un si bon, si fidèle souvenir de vous tous.
J’espère que vous êtes en bonne santé et vous adresse l’expression de toute mon amitié !
Je vous embrasse affectueusement,
votre vieille fidèle amie.« 
Henriette Wachsner-Verdalle avait, ce 22 décembre 1978, 82 ans, et Marcel Brenot, 85…
Tout cela est passionnant.
Et voici ma réponse à l’envoi par Bruno Le Marcis de nouveaux documents
_ issus d’un des « mémoires de défense » de Marcel Brenot, rédigés fin 1944 -début 1945, au moment de sa mise en accusation par une commission d’épuration… _,
occasion et origine de ce point-synthèse-ci :

Début du message réexpédié :
De: Titus Curiosus
Objet: Marcel Brenot : suite des documents
Date: 21 avril 2015 10:38:26 UTC+2
À: Bruno Le Marcis

Merci de ces nouveaux documents.
 …
J’en retiens surtout les précisions qu’apportent la lettre de soutien du Commandant H. Peyrelongue,
et la liste des documents annexes concernant la période de Gurs :
Gurs
1 – Lettre Picard Toulouse du 5 11 44
2 – Copie lette Cdt Peyrelongue du 15 11 44 à M. le Commissaire Ral
3 – Lettre UGIF du 28 mai 1943. remerciements 526e GTE
4 – Lettre remerciements Wachsner du 11 9 1942 _ rédigée à Navarrenx, je remarque… _
5 – Lettre Yahni remerciements du 16 4 43
6 – Carte Mme Nahoum déclarant patriote du 20 10 44
7 – Carte lettre Mme Verdalle à Navarrenx à M. le Commissaire Ral
8 – Copie carte David à M. le Commissaire Ral indiquant sauvés déportation
9 – Copie lettre Mlle Roux à M. le Commissaire Ral
 …
Qu’apporte le détail de ces nouveaux documents annexes ?
 
Les liens entre Marcel Brenot (ainsi que sa famille)
avec Frédéric François Wachsner (un des TE de Marcel Brenot au 182e GTE du camp de Gurs)
et Henriette Verdalle (et sa famille : son père, Paul, et son fils André Laclau-Barrère) au Vieux-Logis à Navarrenx
constituent décidément une pièce importante de notre enquête :
tout cela à partir des souvenirs, se précisant peu à peu, de votre tante Huguette…
De mon côté,
je viens de lire le très riche La Lutte contre le chômage à Vichy _ Henri Maux, le Juste oublié 1939-1944  (aux Éditions Lavauzelle, en 2002 )
d’Antoinette Maux-Robert,
fille de Henri Maux ;
lequel, Henri Maux, en tant que « Commissaire-adjoint à la Lutte contre le Chômage » pour la zone non-occupée, à Vichy,
chapeautait le Service des GTE,
que dirigeait, toujours à Vichy, le lieutenant-colonel Tavernier
_ à propos duquel Peter Gaida dit, page 120 de sa thèse Camps de travail sous Vichy _ Les « Groupes de Travailleurs Etrangers » (GTE) en France et en Afrique du Nord 1940-1944 :
« les archives restent muettes sur ce personnage »
 …
Je vais tâcher de me renseigner si, depuis les travaux d’Antoinette Maux-Robert (2002) et de Peter Gaida (2007),
on en a appris un peu plus sur ce personnage méconnu de Tavernier
 …
Je remarque aussi, au passage, que le livre d’Antoinette Maux-Robert ne cite qu’une seule fois le nom de Lemay _ en une note, page 293 : « CHAN, 72 AJ 2265 et 2266 (Heilmann) : rapport confidentiel de Lemay, chef du GTE n°2, sur le recrutement allemand à Figeac, Muret, Tarbes, juillet-août 1942«  _, qui dirigeait le Groupement n°2 de Toulouse,
alors que le livre cite plusieurs fois le nom du commandant Rougier, qui dirigeait le Groupement n°1 de Clermont-Ferrand…
Il est vrai que Clermont-Ferrand était moins éloigné de Vichy que Toulouse,
même si Henri Maux s’est rendu aussi à Toulouse, ces années-là…
J’aurais aimé en apprendre un peu plus sur ce M. Lemay, et son rôle à la Direction du Groupement n°2 des GTE de la Région de Toulouse…
Et voici, maintenant, un très bon résumé de la situation du CLC de Henri Maux, et de sa chronologie, par Denis Peschanski :
 …
« Dès le 11 octobre 1940, une loi instituait un Commissariat à la Lutte contre le Chômage (CLC),
auquel furent rattachés les GTE.
… 
François Lehideux en était le responsable _ Henri Maux ayant refusé de s’occuper de la zone occupée ! _,
mais Henri Maux avait la tutelle sur la zone libre, où il fit prévaloir une autre logique que celle _ répressive _ en vigueur ;
cela lui valut d’être fortement menacé dans son poste et sa mission à l’automne 1941 ;
puis,
même s’il fut chargé, le 26 septembre 1942, d’assurer par intérim les fonctions de commissaire _ pour les 2 zones : non-occupée et occupée _,
d’être remercié ;
et la structure d’être liquidée le 17 janvier 1943.
… 
Il _ Henri Maux _ pouvait s’appuyer sur le « Service des Etrangers »,
qui entra officiellement en action à partir du 4 juillet 1941.
Son responsable, Gilbert Lesage, eût un rôle majeur dans le rapprochement familial et dans la politique qui vise à faire basculer les internés des camps vers les GTE,
avant de mettre sur pied les « Centres d’Accueil Spécialisés ».
… 
Au CLC, était attaché un « Service Central des Formations de Travailleurs Etrangers »,
dirigé par le colonel Tavernier ;
tandis qu’au moment où fut instituée une « Inspection Générale des Camps », sous la houlette d’André Jean-Faure (en septembre 1941),
on nomma le commandant Doussaud _ ou Dousseau, comme l’orthographie Peter Gaida, aux pages 121-122 de sa thèse _ comme « Inspecteur des Formations de Travailleurs Etrangers » » _ ou GTE ;
et ce commandant Dousseau vint en effet au camp de Gurs, au moins en mars 1943… Mais on sait bien peu de choses sur son parcours par la suite…
J’ignore si les noms du colonel Tavernier,
du commissaire-adjoint Henri Maux,
ainsi que celui de Gilbert Lesage _ ce dernier est mieux connu des historiens _,
se retrouvent dans les archives de Marcel Brenot, commandant des 182e et 526e GTE.
Pour ce qu’il en est du nom de Dousseau _ Dousseau est venu à Gurs au moins en mars 1943 _,
il est possible qu’il en soit fait mention dans les archives de Marcel Brenot,
même si en ce mois de mars 1943, de sa venue attestée au camp de Gurs, Marcel Brenot, lui, se trouve diriger le 526e GTE, à Oloron, et ne se trouve donc pas au camp de Gurs.
Les 2 pages (121 et 122) de Peter Gaida sur ce commandant Dousseau sont d’ailleurs très intéressantes…
 …
Aux AD 64 de Pau, se trouve une série de documents mentionnant les suites conflictuelles auxquelles donna lieu l’inspection du commandant Dousseau au camp de Gurs ;
concernant surtout, je suppose, le commandant du camp de Gurs : Gruel, en mars 1943.
Peter Gaida m’en a communiqués certains, sur son CD-Rom…
 …
Je mets l’accent sur les noms de Tavernier et de Maux,
parce que ceux-ci étaient, à Vichy, les supérieurs hiérarchiques de Marcel Brenot,
via Lemay, le chef du Groupement n° 2 de Toulouse (puis Toulouse-Sud, quand fut créé un Groupement n° 7, pour Toulouse-Nord),
rue de Belfort à Toulouse… 
Tout cela pour essayer d’éclairer la décision de Marcel Brenot
de demander à quitter le 526e GTE d’Oloron, au printemps 1943
_ départ dont se trouve au courant Georges Picard, du CAR (Centre d’Accueil des Réfugiés) de Montauban, dès la fin mai 1943,
comme en témoigne sa lettre du 28-5-1943 à Marcel Brenot.
 …
Henri Maux, lui,
devenu officiellement Commissaire provisoire _ et non plus Commissaire-adjoint _ à la Lutte contre le Chômage pour les 2 zones, à la date du 26 octobre 1942,
quitte son service au Ministère du Travail le 1er mars 1943,
viré par le ministre Lagardelle..
 …
Mais dès le retour de Laval à Vichy en mai 1942 bien des choses avaient commencé de se dégrader pour Henri Maux et le CLC.
 …
En tout cas, au mois de décembre 1942, suite à deux rencontres orageuses, à Paris, avec Henri Maux (les 20 et 21 décembre),
le ministre du Travail Hubert Lagardelle a décidé que le CLC disparaissait,
remplacé par un « Office de Reclassement Professionnel », qui sera créé par la loi du 16 janvier 1943 ;
et que « Maux restera seulement _ quelques semaines encore, pour organiser la transformation du CLC »…
 …
Page 195 de son livre, Antoinette Maux-Robert écrit :
« Finalement, Lagardelle décide d’opérer une réorganisation complète de son ministère
et de créer une 5éme Direction, qui englobera le Service de l’Inspection du Travail et de la Main-d’œuvre.
C’est cette Direction qui sera chargée d’élaborer les mesures imposées à l’Office de Reclassement Professionnel. »
 …
Et d’autre part, elle met l’accent, page 196, sur ce fait capital :
« Le 16 février 1943, est adoptée la loi instaurant le Service du Travail Obligatoire » ;
et « par une courte lettre _ du 4 février 1943 _, le ministre du Travail _ Lagardelledemande à Maux de cesser toute activité à dater du 1er mars »…
C’est donc dans ce contexte (de disparition à terme des GTE, vidés peu à peu de ses TE, envoyés massivement à l’Organisation Todt…)
que Marcel Brenot prend, à Oloron, au printemps 1943, la décision de quitter ce Service menacé des GTE…
Et il est aidé en cette prise de décision par son amitié avec le général Perré, chef de la Garde du maréchal Pétain, à Vichy,
par lequel général Perré Marcel Brenot obtient de devenir Commandant régional des GMR à Orléans.
Cette période du printemps 1943 est donc intéressante pour saisir l’évolution de Marcel Brenot en ces années d’Occupation…
Cependant les GTE, même se vidant peu à peu de nombre de ses TE, ne disparaitront pas totalement
tant que durera le régime de Vichy
_ à preuve le statut de mon père TE, du 10 décembre 1943 au 20 juillet 1944, aux 561e et 562e GTE de Haute-Garonne (Beaupuy et Toulouse rue-de-Belfort),
puis à nouveau, à partir du 21 juillet 1944, au 526e GTE de Jurançon,
et cela jusqu’au 30 septembre 1944, date où il peut enfin regagner librement Bordeaux, libéré des Allemands…
 …
Mon père entre en effet au 526e GTE d’Oloron le 26 août 1943 (après le départ d’Oloron pour Vichy, début juillet, de Marcel Brenot) ;
il passe au 561e de Beaupuy (près de Toulouse) le 10 décembre 1943 _ alors que de nombreux TE des Basses-Pyrénées sont directement envoyés, eux, au camp de Noé, pour triage vers l’Organisation Todt, ou Drancy (et Auschwitz !)… _ :
il y est chargé d’organiser l’infirmerie du cantonnement du Domaine de Lagaillarde (un château inoccupé depuis au moins dix ans ! et alors sans eau courante, ni électricité !),
ce 561e GTE étant transplanté de Clairfont, en banlieue sud-ouest de Toulouse, à Beaupuy, dans la campagne vallonnée des côteaux du nord-est de Toulouse ;
(et il devait aussi rejoindre le 562e GTE de Toulouse rue de Belfort le 16 juin 1944 ; mais cette mutation fut déclarée « nulle et non avenue » le 19 juillet 1944 sur le registre de ce 562e GTE de Toulouse : une énigme encore pour moi à ce jour…) ;
et enfin mon père peut même revenir _ du fait de quelles initiatives (et complicités) ? _ au 526e GTE de Jurançon, le 21 juillet 1944,
où il obtient un nouveau « contrat agricole » de complaisance,
signé une nouvelle fois par l’adjoint (au chef de ce 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées _ E. Delluc (venu du 525e GTE départemental (et disciplinaire) des Hautes-Pyrénées, à Bagnères-de-Bigorre, remplaçant alors Philippe Grandclément à la tête de ce 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées ; mais j’ignore à ce jour quand eut lieu cette passation de commandement au GTE de Jurançon… _) : Joseph de Goussencourt
(c’est sa signature à l’encre verte que je lisais jusqu’ici « Gourmençon ») ;
et adressé cette fois encore _ de l’initiative de Joseph de Goussencourt ? et à la demande de mon père, très probablement… _ au très bienveillant toujours Pierre Klingebiel, à Oloron.
Mon père, membre à nouveau, par conséquent, de ce 526e GTE départemental des Basses-Pyrénées, résidera ainsi à nouveau, comme de septembre à décembre 1943, à Oloron-Sainte-Marie _ 40 rue des Oustalots, chez Joseph et Léonie Castille _,
de cette fin juillet jusqu’à la fin septembre 1944, date de son retour définitif, libre, à Bordeaux…
Auparavant, mon père aura participé aux actions de Libération d’Oloron,
auprès de Jean Bonnemason (de l’Armée Secrète) _ collègue et ami de Pierre Klingebiel _, au cours de la fin du mois d’août 1944.
Depuis longtemps,
et de plus en plus à mesure que mon enquête progresse,
je pense que mon père a bénéficié de protections efficaces de la part de certains des membres de la hiérarchie des GTE ;
et que c’est très probablement à l’initiative de Marcel Brenot (qui connaissait Pierre Klingebiel à Oloron dès son commandement du 182e GTE du camp de Gurs : à l’occasion de « contrats agricoles » ayant permis d’ex-filtrer du camp de Gurs des protégés républicains espagnols protestants dont Pierre Klingebiel connaissait les parents réfugiés à Oloron, tels plusieurs membres de la famille Maso…)
que mon père a pu quitter Gurs (et le 182e GTE du camp de Gurs)
pour Oloron (et le 526e GTE), au mois d’août 1943.
 …
Reste à préciser et mieux comprendre les conditions effectives de la transmission Marcel Brenot – François Bodin-Hullin – Philippe Granclément, à la tête de ce 526e GTE d’Oloron, en juillet-août 1943…
Quant au mystérieux colonel (ou lieutenant-colonel) Tavernier,
il continuera de diriger le Service des GTE à Vichy…
A suivre…
Titus

Voilà donc ce point-synthèse intermédiaire que je tenais à faire à propos des avancées à ce jour de mon enquête…
Et, suite à mon envoi aux historiens Peter Gaida et Denis Peschanski,
voici, enfin, le petit mot de réception de Denis Peschanski à mon courriel de synthèse :
Le 21 avr. 2015 à 12:46, Denis Peschanski a écrit :
Cher Monsieur,
 
C’est à une enquête exemplaire que vous vous livrez
et, ainsi, vous éclairez, par une histoire singulière, un pan important de l’histoire de la France des années noires.
Simple détail que vous connaissez bien sûr: les ponctions massives dans les GTE ont commencé dès 1941.
 
Bonne continuation
 
Bien amicalement
——————–
Denis Peschanski
Titus Curiosus ce 22 avril 2015

Le diable se cache dans les détails : la fécondité des travaux de recherche de « micro-histoire »…

31août

Me consacrant, cet été 2013, à des recherches personnelles d’Histoire ultra-ciblées sur les parcours de quelques personnes, autour du camp de Gurs et du 526e Groupe de Travailleurs Étrangers (GTE) d’Oloron, en priorité,

je procède aussi à des lectures _ nécessaires et passionnantes _ notamment de « micro-histoire » concernant ce qui s’est passé là _ c’est-à-dire le piémont pyrénéen d’Oloron, la vallée d’Aspe, la vallée d’Ossau _, et, un peu plus largement, dans une large région (ce qui était la XVIIe Région, pour Vichy ; et la Région 4, pour la Résistance) ayant _ alors _ pour centre Toulouse (comportant les départements de Haute-Garonne, Ariège, Hautes-Pyrénées, Gers, Lot-et-Garonne, Lot, Tarn-et-Garonne et Tarn, ainsi que les parties des départements des Basses-Pyrénées, Landes et Gironde _ à l’exception, toutefois, des deux cantons de Sainte-Foy-la-Grande et de Pujols, rattachés, eux, au département de Dordogne, et donc devenant, eux, dépendants de la Région de Limoges _ demeurées à l’est de la ligne de démarcation), entre juin 1940 et août 1944 _ sachant que l’État français (du régime de Vichy) naît le 11 juillet 1940, le lendemain de l’octroi des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, le 10 juillet 1940 _, la région se libérant de l’Occupation allemande (intervenue, elle, le 11 novembre 1942 : en réplique au débarquement des Alliés en Afrique-du-Nord) au cours de la seconde quinzaine du mois d’août 1944 : les débarquements d’abord de Normandie (6 juin) et ensuite de Méditerranée (15 août) en étant, par le retrait précipité des troupes de la Wermacht vers l’Allemagne _ qui en est la directe conséquence _ qui s’ensuit immédiatement sur ordre de Hitler, la cause principale ; et les attaques de la Résistance sur ces troupes en fuite, y ayant aussi notablement contribué…

Outre mes démarches personnelles _ contacts avec d’éventuels témoins (encore de ce monde en 2013), avec divers historiens ayant « labouré » le sujet, premières visites à des Archives départementales... _,

j’ai été amené à procéder à de scrupuleuses lectures méthodiques, et pas seulement de « micro-histoire », afin de mieux asseoir mes repères historiques, en particulier sur ce que fut la (fort complexe) Résistance intérieure, ses mouvements, ses réseaux… Ainsi que de tâcher de beaucoup mieux accéder aux réalités locales « de terrain » : en particulier dans les Basses-Pyrénées (Gurs, Oloron, Izeste-Louvie-Juzon), ainsi qu’en Haute-Garonne (Toulouse, Beaupuy, Muret), pour ce qui concerne l’objet singulier de ma recherche factuelle.

Voici donc, déjà, une liste de ces lectures méthodiques de ces deux mois :

_ Histoire de la Résistance 1940-1945, d’Olivier Wieviorka (aux Éditions Perrin) _ complétée par des coups d’œil ponctuels sur le Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot _,

_ Persécutions et entraides dans la France occupée, de Jacques Semelin (aux Éditions Les Arènes/Seuil),

_ Camps de travail sous Vichy _ Les « Groupes de travailleurs étrangers » (GTE) en France et en Afrique du Nord 1940-1944, la très remarquable thèse de Peter Gaida,

_ Le Camp de Gurs 1939-1945 _ Un aspect méconnu de l’Histoire de Vichy, de Claude Laharie (J&D Éditions),

_ Le Camp de Gurs (1939-1945), de Martine Cheniaux et Joseph Miqueu (au Cercle historique de l’Arribère),

_ Le Chemin des Pyrénées, de Lisa Fittko (aux Éditions Maren Sell),

_ Les Camps de la honte, d’Anne Grymberg (aux Éditions La Découverte),

_ Basses- Pyrénées, Occupation, Libération 1940-1945, de Louis Poullenot (aux Éditions Atlantica),

_ Résistances en Haut-Béarn, de Michel Martin (aux Éditions Atlantica),

_ Arrêt sur Images : Oloron-Sainte-Marie 1908-1945, sous la direction de Pierre-Louis Giannerini,

_ Contribution à l’Histoire de la famille de Pierre Klingebiel, de 1919 à 1947 _ Correspondances et souvenirs, rassemblés par André Klingebiel,

_ Les Camps du Sud-Ouest de la France _ Exclusion, internement et déportation 1939-1944, sous la direction de Monique-Lise Cohen et Eric Malo (aux Éditions Privat),

Les Juifs à Toulouse et en Midi toulousain au temps de Vichy, de Jean Estèbe (aux Presses Universitaires du Mirail),

_ La  Résistance à Toulouse et dans la Région 4, de José Cubero (aux Éditions Sud-Ouest),

_ Libération de Toulouse et de sa Région, de Pierre Bertaux (aux Éditions Hachette-Littérature),

_ Les Hautes-Pyrénées dans la Guerre _ 1938-1948, de José Cubero (aux Éditions Cairn),

_ Vichy en Aquitaine, sous la direction de Jean-Pierre Koscielniak et Philippe Souleau (aux Éditions de l’Atelier)…

Je veux d’abord faire l’éloge des recherches de micro-histoire (ou histoire locale, voire histoire singulière), qui, indépendamment de tout désir d’enseignement, cherchent d’abord à établir la singularité même des faits, des événements affectant des personnes uniques…

Ainsi que l’affirme, au passage, en son Pour conclure, le très fin Jean Estèbe, page 299 de son magnifique Les Juifs à Toulouse et en Midi toulousain au temps de Vichy, bien au delà de ce qui « peut sembler inccongru et témoigner d’un certain provincialisme« , « l’avantage d’une observation régionale » est bel et bien « de faire apercevoir les faits avec plus de précision » : surtout quand ces faits sont demeurés inconnus ! L’affaire du choix de la focale dépasse donc, et très largement, le critère du qualitatif de l’analyse historienne…


Ainsi veux-je bien souligner, par exemple, l’importance de l’apport du travail de Bernard Reviriégo, en son article « Les GTE en Dordogne : des camps de travail forcé au service de Vichy« , pages 296 à 309 du passionnant, de bout en bout, Vichy en Aquitaine , qu’ont dirigé Philippe Souleau et Jean-Pierre Koscielniak, paru en octobre 2011 : un travail tout entier de « micro-histoire » extrêmement précise qui, grâce à la connaissance de très nombreux faits très précis, aide aussi à faire comprendre, par l’exemple chaque fois détaillé, le vécu de ces travailleurs étrangers des GTE de Vichy,

et qui vient compléter la thèse (essentielle !) de Peter Gaida, l’indispensable Camps de travail sous Vichy _ Les « Groupes de travailleurs étrangers » (GTE) en France et en Afrique du Nord 1940-1944, en 2008,

ainsi que le bel article de Christian Eggers « L’Internement sous toutes ses formes : approche d’une vue d’ensemble du système d’internement dans la zone de Vichy« , en 1995…


De même que l’excellent article de Lilian Pouységur, « Les Réfugiés républicains espagnols dans le sud-ouest de la France : l’exemple de la Haute-Garonne (1939-1944)« , pages 25 à 34 du très riche Les Camps du Sud-Ouest de la France _ Exclusion, internement et déportation 1939-1944, sous la direction de Monique-Lise Cohen et Eric Malo, en 1993.

Ainsi sur ce sujet des GTE de Vichy, bien des études locales demeurent-elles absolument indispensables. Ces GTE étant loin d’être à ce jour tous identifiés, reconnus, et a fortiori connus et étudiés….

Et je dois dire qu’il en va tout à fait de même des camps d’internement ; ainsi, par exemple, pour le camp du Ruchard, en Indre-et-Loirs, au sud-est de Tours : je l’ai cherché en vain dans la « somme » que constitue le riche La France des camps, l’internement 1968-1946 de Denis Peschanski (aux Éditions NRf) _ et j’en profite, au passage, pour remarquer le défaut, en nombre comme en qualité, des cartes dans les livres d’Histoire : défaut ô combien endémique en France, hélas ! il me faut bien le constater !..

En tout cas,

le chantier de cette nécessaire focalisation historique

demeure _ plus que jamais : les archives devenant plus aisément accessibles, puisque « la loi n’autorise la consultation des fonds concernant cette période qu’au terme de soixante années, sauf demande de dérogation«  ; ces « règles de communicabilité des archives » « en ayant longtemps rendu l’accès difficile à ceux-là-mêmes qui, concernés dans leur chair, étaient avides d’avoir accès à des informations vitales et douloureuses« , pour reprendre les mots de Bernard Reviriego, page 12 de son Introduction à son admirable Les Juifs en Dordogne 1939-1944 _ de l’accueil à la persécution, paru en 2003… _

ouvert, inlassablement à reprendre,

à préciser, rectifier, améliorer :

c’est une œuvre à la fois singulière et ollective…

Titus Curiosus, le 31 août 2013

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