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Les apports de la table ronde de Bègles sur ce qu’a été, à Bordeaux et à Paris, Mai 68

01mai

En mon très bref article d’hier après-midi

je m’étais contenté d’annoncer la table ronde d’hier soir, à la salle Jean-Lurçat, à Bègles.

Voici ce jour, un rapide aperçu sur ce que j’en ai pour ma part retiré,

à travers un courriel _ qui n’a rien de personnel _ adressé à l’excellent Nicolas Patin :

Cher Nicolas,

c’est avec le retard d’une nuit de sommeil
que je m’avise de bien repenser (et y méditer un peu…) à vos échanges d’hier soir à Bègles.

Ce fut très riche, et donc intéressant.

Le seul (petit) « cheveu sur la soupe » de cette rencontre (et échanges impromptus) étant
l’incongruité, là, du modérateur (Xavier Mauduit, né le 21 octobre 1974),
totalement hors de l’affaire, lui,
venu qu’il était de (et est resté sur) une toute autre planète _ la planète médiatique ! _ que celle de vous quatre, les intervenants (témoins et historiens) consultés ;
et n’’aidant en rien à y comprendre quoi que ce soit,
lui-même n’y entendant rien ; et ne faisant guère d’efforts, non plus pour y comprendre vraiment quelque chose…
Seuls la lumière du projecteur et la portée du micro semblaient l’intéresser…

C’est vous qui auriez donc dû faire ce travail de modérateur,
et à partir de votre propre (riche, lui, et expert) questionnement !

Mais Xavier Mauduit n’est _ ainsi que sa situation présente _
que trop représentatif de l’état des acteurs de la scène médiatique télévisuelle !!!
Et de sa fonction de leurre « poudre aux yeux »…

Même si votre position, Nicolas,
_ celle d’historien
(et forcément, par essence, a posteriori
de ce qui mérite parfaitement ici le nom d’ « événements », survenus assez improbablement malgré tout,
au moins dans le tissu qui s’est formé peu à peu de leur suite, de leur « aboutement » :
d’où le terme de « hasard » prononcé à plusieurs reprises, et à très juste titre, par Laurent Joffrin !) _

même si votre position d’historien, Nicolas (vous qui êtes né le 26 février 1981),
différait, forcément aussi, de la position de témoins _ voire d’acteurs _ des faits
des trois autres intervenants :
Joëlle Dusseau, née le 5 juillet 1947 ; Noël Mamère, né le 25 décembre 1948 ; Laurent Joffrin, né le 30 juin 1952.

Ce sont les témoignages de leur vécu singulier des événements _ Fabrice à Waterloo ?.. Ou un peu plus ?.. _
qui auraient sans nul doute mérité d’être développés et creusés…
Ce fut l’apport propre et probablement le plus fort de la soirée _ à mes yeux du moins.

Acteur (-actrice) des faits, c’est en effet le cas de Joëlle Dusseau à Bordeaux ; qui est historienne aussi (y compris de ces faits, en son Mai 68 à Bordeaux) :
j’ai lu et son Marquet, et son Henriot… Vous savez que j’ai fait des recherches fouillées sur Georges Portmann…

Et sans doute « acteur des faits » est-ce aussi, au moins un peu, le cas de Laurent Mouchard-Joffrin, alors élève au lycée Lavoisier, dans le quartier latin,
en tant qu’il fut membre du Comité d’Action Lycéen ces journées de mai-juin 1968.

Son père, Jean-Pierre Mouchard, est demeuré un proche de Jean-Marie Le Pen…

Mais Laurent Joffrin n’a pas parlé de ce contexte familial _ sinon que ce milieu « était de droite »
Ni non plus des 2 livres qu’il a écrits autour de Mai 68 :
Mai 68 _ une histoire du mouvement (Points, 2008)
C’était nous (Robert Laffont, 2004) : un roman…
Il y a donc là quelque chose qui continue probablement de le travailler…
De fait, il a lui aussi été très bien hier soir ; car très présent en permanence…

Noël Mamère était, lui _ à Sarlat ce mois de mai-là _ plus extérieur _ aux événements bordelais…

A part ça,
vous-même avez été, cher Nicolas, et comme d’habitude, parfait :
de compétence, de sérieux, de clarté (dans la synthèse comme dans l’analyse),
ainsi que d’humour _ mêlé à votre omniprésente et judicieuse rigueur.

Pour ne rien dire de vos trésors d’invention pédagogique !

Votre seul (petit) défaut (et dont vous êtes parfaitement innocent !) : ne pas avoir été un témoin ou un acteur des faits mêmes (les événements) de ce mai 68,
sur le vif (de la bataille),
mais seulement un essayant d’être
autant que faire se peut _ puisque que vous êtes spécialiste surtout de l’Histoire allemande ; cf votre récent Krüger, un bourreau ordinaire _, et pour quelques soirs de ce printemps 2018,
un peu leur historien aussi ; et forcément _ du fait de la discordance des dates et des impossibilités en résultant… _ historien a posteriori…
Ce qui n’est certes en rien _ par cette possibilité même de simultanéité _ un défaut pour un historien, justement !!!

Vos lumières _ de contextualisation et dé-contextualisation : permettant l’intelligence de l’enchaînement même, extrêmement complexe, et comportant aussi du hasard, des faits advenus _ sont toujours très précieuses !
Et en cela, vous êtes un acteur nécessaire et éclairant _ par votre léger déport lumineux dans le dialogue avec les témoins et acteurs de l’Histoire _ d’un tel échange…

Bien à vous, Nicolas,

Francis


Pour qualifier de deux mots

cet échange de deux heures de la table ronde du Centre Jean-Lurçat de Bègles, hier soir :

passionnant et instructif, donc.

Et les plus jeunes parmi le public

de ce 30 avril 2018

n’étaient pas les moins attentifs et curieux d’apprendre

et comprendre

ce qui advint _ « une libération« , proposa Laurent Joffrin _

il y a tout juste cinquante ans…

Ce mardi 1er mai 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ce soir, à 18h 30, Table ronde salle Jean Lurçat, à Bègles : « Mai 68″

30avr

Dans deux heures, à 18 h 30, salle Jean Lurçat à Bègles,

une prometteuse Table ronde, à propos de Mai 68 :

Image

Ce lundi 30 avril 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Mai 68, un phénomène mondial ? Pour sortir d’une lecture franco-française de ces « événements »

10avr

Ce soir mardi 10 avril, à 18 heures

à la Station Ausone,

une rencontre historienne,

avec Ophélie Rillon, de Sciences-Po Bordeaux,

et Nicolas Patin, de l’Université Bordeaux-Montaigne,

afin de proposer au public rassemblé

un regard de recul sur 1968, envisagé au sens large,

c’est-à-dire pas seulement le mois de mai,

mais aussi les années autour _ celles qui l’ont précédé et celles qui ont suivi  _,

et surtout, pas en France,

mais dans quelques autres endroits du monde,

en Europe, en Amérique _ et pas rien qu’aux Etats-unis, au Mexique aussi, par exemple _,

et, tout particulièrement en Afrique,

à laquelle s’intéresse, et sur laquelle travaille, Ophélie Rillon,

qui y mène des recherches au CNRS…

Nicolas Patin fut très brillan, ce soir, comme à son habitude

_ nous attendrons patiemment le podcast ou la vidéo, pour bien mieux le montrer… _,

et alors que ce n’est pas du tout là son domaine présent d’enseignement ;

mais durant quatre années, il toucha un peu cela, quand il enseigna …à Nanterre.

Il avait donc préparé plusieurs topos, très précis,

et très maîtrisés,

sur son papier ; assez loin des cours, donc, qu’il professe en ce moment.

Et, comme d’habitude, ce fut remarquablement clair, précis et concis.

Et brillant !

Et Ophélie Rillon fut tout à fait à l’unisson…

Ce ne sont pas d’opinions,

et encore moins de celles du café du commerce,

que nous ont gratifié les deux très performants, et fort sympathiques, intervenants de ce soir,

mais d’analyses et d’aperçus synthétiques

d’une très grande compétence et pertinence,

et très efficace pédagogie,

comme il convient,

afin de nous aider à prendre un peu de recul

sur nos représentations de l’année 68

dans le monde,

dans la variété et spécificité des diverses situations traitées _ causes, acteurs, mémoires 

Des quatres questions posées par le public,

et à laquelle Nicolas Patin et Ophélie Rillon répondirent avec la plus extrême courtoisie et la plus grande patience,

les deux dernières furent hélas représentatives des clichés les plus éculés,

ne portant même pas sur ce dont il avait été débattu,

mais sur Mai 68 en France !!! :

 

Comment éviter un nouveau Mai 68  à l’ère de l’Union européenne et des échanges Erasmus ?

Et quelle affreuse catastrophe ce fut là !!!

A se demander si ce n’était pas quelque malhabile provocation policière,

comme nous en connûmes, justement, cette glorieuse année-là !?!

c’était, il est vrai, il y a 50 ans : un autre monde…

Eloigné sans regrets : bon débarras !!!

Dans tous les cas,

c’etait assez représentatif des dégâts des bourrages de crânes de l’opinion,

depuis de trop nombreuses années, maintenant 

du fait principalement des dégâts dans les cervelles

des rouleaux compresseurs des principaux _ pas tous ! _ medias dominants...

Triste état de la France…

Mais à côté de cela,

le travail de certains étudiants,

qui, eux, essaient de réfléchir,

et prendre du recul…

Une séance fort intéressante !

Ce mardi 10 avril 2018, Titus-Curiosus – Francis Lippa


P. s. :

en faisant mon petit tour préalable parmi les rayons de la librairie,

et grâce à David Raiffé qui a attiré mon attention dessus,

j’ai découvert un fort beau livre de photos :

Basses Terres, par Gabruielle Duplantier, aux Éditions Lamaindonne.

J’ai aussi signalé à Vincent Dourthe le très grand plaisir que je prends à écouter le CD Handel’s Last Prima Donna _ Giulia Frasi in London,

par la merveilleuse soprano Ruby Hughes,

accompagnée _ excellemment _ par the Orchestra of the Age of Enlightenment, que dirige Laurence Cummings ;

cf mon précédent article du 8 avril dernier, avant-hier :

«

 

Mai réhabilité ? ou pas ?

01mar

Ce soir 1er mars 2018,

une intéressante chronique de Laurent Joffrin, dans Libération,

intitulée Mai Réhabilité.

La voici :

C’est un pavé dans la mare nostalgico-réac : Mai 68, contre toute attente zemmourienne, est populaire. Dans un sondage publié par le Nouveau Magazine littéraire, qui défend courageusement la culture progressiste malmenée de toutes parts, on apprend que 79% des personnes interrogées pensent que Mai 68 a eu des conséquences positives _ bien que très générale (et vague), la formule comporte du sens. Après tant de philippiques, de dénonciations, de pseudo-démythifications _ à la Luc Ferry et consorts _, le chiffre apporte un démenti cinglant aux procureurs de la révolte. A bien y réfléchir, cette surprise _ voilà _ s’explique. Il faut pour la comprendre, revenir à la réalité _ historique, en son contexte très précis _ de la révolte, et non aux interprétations cacophoniques qui ont fleuri depuis.

Mai fut une révolte culturelle à l’origine : la jeune génération, étudiante, d’abord, ouvrière ensuite, ne supportait plus les coutumes autoritaires et les préjugés surannés qui dominaient la société française _ en effet. Comme personne ne souhaite, en fait, y revenir _ à cette situation -là d’avant… _, en dehors que quelques éditorialistes passéistes _ proprement réactionnaires _, la libération des mœurs et le refus des hiérarchies autoritaires ont été massivement ratifiés par les Français _ il le semble.

Mai fut aussi, et c’est ce qui fait sa singularité parmi les mouvements contestataires de l’époque, une vaste révolte ouvrière _ oui _, avec à la clé la plus grande grève de l’histoire de France. Plus lucides que bien des analystes, les Français s’en souviennent et approuvent _ probablement _ tout aussi massivement les revendications présentées à l’époque : de meilleurs salaires, une plus grande liberté syndicale, des rapports patrons-salariés moins rigides, une réduction du temps de travail, une association des travailleurs à la marche de l’entreprise. Là encore, personne ne souhaite revenir en arrière _ pas même les ultra-libéraux d’En Marche ?…

Cette approbation ultramajoritaire des conquêtes de 68 _ c’est à discuter-méditer ! _ fait passer au second plan les réserves que suscite l’événement : les errements d’un certain individualisme libertaire, qui donne involontairement la main à l’idéologie libérale _ certes _, les schémas révolutionnaires plaqués _ grossièrement _ par l’extrême gauche sur ce vaste mouvement qui réclamait surtout des réformes _ probablement _, un anti-gaullisme mécanique _ rigide _ qui faisait bon marché du rôle historique de l’homme de la France libre, l’idée naïve et courte selon laquelle une société peut se passer de tout héritage _ oui. Ces excès, au vrai, n’étaient pas au cœur de la révolte _ vraisemblablement. Ils en étaient les scories, les illusions, les outrances _ sans doute. L’essentiel n’était pas là : il s’agissait d’exiger une société plus juste et plus libre _ oui… Le reste n’était que palinodies transitoires complaisamment gonflées par une certaine pensée réactionnaire _ oui. Manifestement _ est-ce aussi évident, cependantt ? _, les Français l’ont compris.

 

Nul doute que ces interrogations vont s’amplifier  dès maintenant, en cet anniversaire d’un demi-siècle.

Pour ma part, je me sens toujours le jeune homme comme j’étais ce mois de joli mois de mai – là…

Ce jeudi 1er mars 2018, Titus curiosus – Francis Lippa

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