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Et enfin un regard sur le final (pages 129 à 165) du « Pain perdu » d’Edith Bruck : de 1952 à 1966, au moins…

09fév

Bien sûr, il me faut aussi me pencher sur ce que, très volontairement, Edith Bruck avait choisi de taire en son « Qui t’aime ainsi » de 1959 :

 

soit ce qui de 1952 à 1959 venait de succéder en son parcours de vie et survie à ses séjours et passages, depuis sa Hongrie natale, en 1931 : Allemagne (et quelques divers lager sur son territoire) – Pologne (Auschwitz, Christianstadt), Tchécoslovaquie (Kosice, Prague, Podmokly, Prague, Podmokly), Hongrie, Tchécoslovaquie, Hongrie à nouveau, Allemagne, France (Marseille), Israël, Grèce (Athènes), Turquie (Istanbul), Suisse (Zurich) et Italie (d’abord Naples, puis, et définivement Rome) ;

et qu’elle évoque dans « Le pain perdu » de 2021…

 

Ce mercredi 9 février 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa 

Et puis la comparaison-confrontation des pages 99 à 105 du « Pain perdu » (2020) et des pages 82 à 109 de « Qui t’aime ainsi » (1959) d’Edith Bruck : le parcours d’Edith Bruck entre Kosice, en Slovaquie, le 1er janvier 1946, et le voyage de Marseille à Haïfa, du 26 août au 3 septembre 1948…

07fév

En poursuivant ma comparaion-confrontation entamée hier dimanche 6 février entre les récits de 1959 et 2020 du parcours d’existence d’Edith Bruck en mon article « « ,

qui portait sur la période allant de la naissance de celle-ci, le 3 mai 1931 à Tiszabercel, à son franchissement de la frontière entre la Hongrie et la Slovaquie, en décembre 1945,

j’en viens, ce lundi 7 février à la la comparaison-confrontation des pages 99 à 105 du « Pain perdu » (2020) et des pages 82 à 109 de « Qui t’aime ainsi » (1959)

soit le parcours d’Edith Bruck entre son arrivée à Kosice, en Slovaquie, le 1er janvier 1946, et son voyage de Marseille à Haïfa, en Israël, du 26 août au 3 septembre 1948…

De même que pour mon article précédent, d’hier, consacré à la comparaison des traitements réservés par Edith Bruck, en ses deux récits autobiographiques de 1959 et 2021, aux épisodes situés entre sa naissance à Tiszabercel, en Hongrie, le 3 mai 1931, et son départ de Hongrie à la toute fin de 1945, pour la Tchécoslovaquie,

ce lundi, je me penche sur les traitements réservés par l’autrice en ses deux récits, à 62 ans de distance, aux épisodes de son périple entre son arrivée en Slovaquie juste avant le 1er janvier 1946, et son débarquement en Israël, à Haïfa, le 3 septembre 1948 :

soient son passage en Tchécoslovaquie, en 1946-1947, puis ses transits par l’Allemagne (la Bavière) et la France (Marseille), en 1948, avant de rejoindre sa destination désirée d’Israël, à Haïfa, le 3 septembre 1948 ;

périodes successives que je décompose ainsi :

1) le séjour d’à peu près deux années en Tchécoslovaquie, à Podmokly (soient, d’une part, 21 pages _ de la page 83 à la page 102 _, et d’autre part 1 page _ la page 100 : ces épisodes-là (premier amant, en la personne du cousin Tibi, et puis avortement, à Prague ; puis premier mariage, avec Milan Grün, électricien) sont donc carrément shuntés dans l’autobiographie de 2021 ! _

2) le passage et les transits dans divers camps _ de transit d’émigrants juifs à destination d’Israël… _ en Bavière (soient, d’une part, 5 pages _ de la page 102 à la page 107 _, et d’autre part 2 pages _ de la page 100 à la page 102 : ces épisodes-là  sont eux aussi expédiés ; ce sont là de simples transitions… _)

3) le bref passage par Marseille et l’embarquement « clandestin » vers Israël (soient, d’une part, 1 page _ de la page 107 à la page 107, avec cette brève remarque, au passage : « Les Français me plurent beaucoup ; leur langue aussi. Je commençai à en parler quelques mots«  _, et d’autre part 1 page _ de la page 102 à la page 103 : « à Marseille, je vis la mer pour la première fois !«  ; cet épisode-là constitue lui aussi une simple transition… _) 

4) et puis la traversée sur un paquebot italien « pour notre terre promise » (soient, d’une part, 2 pages _ de la page 107 à la page 109 _, et d’autre part 2 pages _ de la page 103 à la page 105 : ces épisodes-là  sont eux aussi expédiés ; ce sont là de simples transitions… _)

Certains des centres d’intérêt de l’actrice-narratrice, se sont donc bien déplacés entre le récit de 1959 et le récit de 2021…

Demain, je porterai un regard sur les épisodes beaucoup plus importants du séjour d’Edith Bruck en Israël, entre le 3 septembre 1948, son débarquement, en provenance de Marseille, à Haïfa, et son départ d’Israël en 1952 : peut-être en bateau, d’après le récit de « Qui t’aime ainsi« , en 1959 _  à la page 135 : « Ma famille et mes amies m’accompagnèrent au port« , à Haïfa ; « en quittant Israël, je me fuyais surtout moi-même« ... _ ; ou peut-être en avion, d’après le récit du « Pain perdu« , en 2021 _ à la page 129 : « Rapidement, je me suis retrouvée dans l’avion _ pour Athènes. C’était mon premier vol et j’avais l’impression de voler de mes propres ailes« …

Ce lundi 7 février 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

La passionnante comparaison-confrontation des 99 premières pages du « Pain perdu » (2020) et des 81 premières pages de « Qui t’aime ainsi » (1959) d’Edith Bruck…

06fév

La comparaison-confrontation des débuts _ je vais, en effet, commencer mon regard comparatif par ce tout premier important « chapitre de vie« , regroupant ce que, en sa passionnante et très éclairante « Notice historique » (aux pages 137 à 156 de la ré-édition 2022 du « Qui t’aime ainsi«  d’Edith Bruck) l’historien Jean-François Forges énumère comme l’expression de trois premiers « thèmes historiques » de ce récit autobiographique rétrospectif d’Edith Bruck : soient, d’une part et d’abord, « la vie dans un village hongrois _ Tiszabercel _ avant et pendant la guerre« , et immédiatement ensuite « la déportation à Auschwitz et dans d’autres camps et Kommandos du Reich«  ; et enfin « l’impossible retour » _ en un chez soi dévasté, en Hongrie _ ; réservant pour d’autres articles, à suivre, ce que Jean-François Forges qualifie excellemment de « la destruction des familles et des individus » ; soient les himalayesques difficultés, et en divers pays (essentiellement la Tchécoslovaquie, d’abord, puis Israël, ensuite, du moins pour ce premier récit de 1959), à tenter de (et d’abord échouer à) se reconstruire : cette reconstruction ne venant, in fine, pour Edith Bruck, que lors de son installation, en 1952, en Italie, à Rome ; et avec (et par) la rédaction, en italien, de ce qui sera, en 1959, son « Chi ti ama cosi«  ; puis sa décisive rencontre (cf le poème « Rencontre 1957« , à la page 104 de « Pourquoi aurais-je survécu ?« ), le 9 décembre 1957, avec celui qui sera son seul véritable amour, Nelo Risi (Milan, 1920 – Rome, 2015) ; mais de cela, et de lui, en son récit de 1959, Edith Bruck n’en dit encore rien... _ des deux bouleversants récits autobiographiques d’Edith Bruck, le récent « Il Pane perduto » (publié en 2021) _ jusqu’à la page 99 _ et le premier « Chi ti ama cosi » (publié en 1959) _ jusqu’à la page 81 _ est passionnante ;

le second de ces récits, « Le Pain perdu« , rédigé en 2020, constituant une forme de reprise, avec poursuite, ensuite, des événements racontés une première fois dans le « Qui t’aime ainsi« , de 1959, du début du parcours de vie d’Edith Bruck, de sa naissance, le 3 mai 1931 à Tiszabercel, à son arrivée en Italie, d’abord à Naples, en mai 1952, puis, et surtout, à Rome, « le nombril du monde« , où Edith a « commencé à écrire en italien : « Sono nata in un piccolo villagio ungherese » » (lit-on à la page 146 du « Pain perdu« ), ce qui sera son premier récit autobiographique, publié 1959 : « Ce n’est qu’à Rome, entre 1958 et 1959, que j’ai réussi à l’écrire intégralement dans une langue qui n’est pas la mienne » : soient les mots de conclusion, à la page 136 du « Qui t’aime ainsi » de 1959…

Le 13 janvier dernier, je me suis déjà posé cette question de la comparaison-confrontation des récits de 1958 -1959 et 2020 – 2021, en mon article « « …

Mais, à cette date, je ne disposais pas encore de la traduction intégrale en français du « Chi ti ama ama cosi »  de 1959 ; je disposais seulement de son chapitre 7, en italien, dans lequel apparaissait le « cugino Tibi« , absent du récit de 2021 ; et le premier amant d’Edith, à Podmokly, en Bohème, à l’été 1946…

Maintenant, j’ai lu en entier ce témoignage encore frais, en 1959,

d’une part des événements de la déportation, entre le 8 avril 1944 (la rafle des Juifs de Tiszabercel par les gendarmes hongrois) et le 15 avril 1945 (la libération des Survivants du lager de Bergen-Belsen par les Américains) ;

mais aussi, d’autre part, du terrible retour, aussi, en Hongrie d’Edith et sa sœur Adel Steinschreiber (Eliz, dans le « Qui t’aime ainsi » de 1959 ; ou Judit, dans « Le Pain perdu » de 2020), après Bergen-Beslsen, et juste avant le départ d’Edith pour la Slovaquie, où elle arrive, non loin de Kosice, très peu avant le 1er janvier 1946…

Puisque c’est sur cette période-là que je choisis de porter une particulière attention « comparative » ici, aujourd’hui…

Ensuite, je m’intéresserai à la confrontation des deux récits, dans les deux mêmes ouvrages, notamment de la « période israélienne » d’Edith Steinschreiber, entre son arrivée à Haïfa, le 3 septembre 1948, et son départ d’Israël, encore d’Haïfa, en 1951…

Si je compare le nombre de pages de chacun des deux récits (celui de 1959 et celui de 2021) accordées successivement :

1) à la vie au village de Tiszabercel jusqu’à la rafle des familles juives de ce village de Tiszabercel par les gendarmes hongrois au matin du 15 avril 1944 (soient d’une part 15 pages _ de la page 13 à la page 28 _ et d’autre part 16 pages _ de la page 9 à la page 35 _)

2) au départ, en train, déjà en wagons à bestiaux, pour le ghetto du chef-lieu de la région,  Satoraljaujhaly, l’enfermement en ce ghetto, du 15 avril au 23 mai 1944, puis le voyage, à nouveau en wagons de bestiaux, en quatre jours et nuits, de ces Juifs retenus à Satoraljaujhaly, jusqu’au débarquement du train de ce convoi à Auschwitz (soient d’une part 7 pages _ de la page 28 à la page 35 _ et d’autre part 14 pages de la page 35 à la page 49 _)

3) aux séjours et déplacements d’Edith et sa sœur Adel dans (et entre) les divers lager d’Allemagne : Auschwitz, Kaufering, Landsberg, Dachau, Christianstadt, la marche de la mort, Bergen-Belsen, entre le 27 mai 1944 et le 15 avril 1945 (soient d’une part 26 pages _ de la page 35 à la page 61 _ et d’autre part 24 pages _ de la page 51 à la page 75 _)

4) à la libération du lager de Bergen-Belsen le 15 avril 1944, puis le retour des deux sœurs en Hongrie, et leur arrivée à Budapest, vers le 5 septembre 1945 (soient d’une part 7 pages _ de la page 61 à la page 68 _ et d’autre part 6 pages _ de la page 75 à la page 81 _

5) au retour à Hongrie (Budapest, Debrecen ou Miskolc, Tiszabercel, Debrecen ou Miskolc, Olaszliszka), de la mi-septembre 1945 à la fin décembre 1945 (soient d’une part 13 pages _ de la page 68 à la page 81_ et d’autre part 18 pages _ de la page 81 à la page 99 _),

je peux remarquer une sorte d’équivalence du nombre de pages consacrées à ces épisodes successifs, à part peut-être pour l’épisode de la rafle du 15 avril 1944, et le séjour au ghetto du chef-lieu, Satoraljaujhaly, un peu plus détaillés et développés : 7 pages dans Qui t’aime ainsi ; et 14 pages dans « Le Pain perdu« .

Ce sera pour les épisodes suivants que je noterai des attentions bien différentes portées aux personnes rencontrées entre l’arrivée d’Edith en Tchécoslovaquie, puis son séjour chez sa sœur Magda (ou Margo, ou Mirjam), à Podmokly, en Bohème, et ses rencontres avec son premier _ brutal : « Pourquoi l’avais-choisi, lui, qui m’avait dépucelée d’un seul coup, ce qui m’avait rappelé l’abattage kasher. (…) Pourquoi cette violence sans la moindre caresse ? Etais-ce moi qui voulais jeter aux orties ma vie inutile, ma jeunesse dans un monde devenu bestial, mes seize ans _ en 1947, donc _ défendus de toutes mes forces, et qui me méprisais? « , page 101 du « Pain perdu«  _ amant, son cousin Tibi ; ainsi que son premier mari, Milan Grün, épousé à Podmokly, en 1947 _ Edith avait « à peine seize ans« , a-t-elle écrit à la page 93 de « Qui t’aime ainsi« …

Ainsi, dans le récit du « Pain perdu« , en 2021, si ce premier amant d’Edith est très rapidement évoqué en un bref passage situé aux pages 100-101, ni le nom, « Tibi« , ni sa situation au sein de la constellation familiale d’Edith _ un cousin _, qui lui été donnés dans le récit de 1959, ne sont cette fois mentionnés, à la différence des longs détails donnés dans le récit développé de « Qui t’aime ainsi« …

Et là je remarquai de très grandes différences de focalisations, ainsi que du nombre de pages significativement accordées _ ou refusées _ aux récits des divers épisodes de cette période, entre le 1er janvier 1946, l’arrivée d’Edith en Tchécoslovaquie, non loin de Kosice, et le 3 septembre 1948, le débarquement d’Edith à Haïfa, en Israël, entre le récit mémoriel de 1959 et celui de 2021…

C’est que ces deux très puissants récits répondent à des urgences d’écriture, ainsi que de volonté de partage de lecture, de la part de leur autrice, bien différentes, entre 1959 et 2021…

La situation de l’auteur, de même que le contexte socio-historique européen, ont connu pas mal de changements ;

ainsi qu’une constante, aussi, et bien pénible, de ce contre quoi continue de lutter Edith Bruck…

Ce dimanche 6 février 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

La question de la coordination des noms des personnes-personnages dans les divers récits autobiographiques d’Edith Bruck : par exemple, entre « Chi ti ama cosi » de 1959 et « Il Pane perduto » de 2020…

13jan

Lecteur éminemment curieux et actif,

je recherche, par delà la spécificité singulière _ absolument légitime _ de chaque opus,

la cohérence autobiographique présente en creux dans les divers récits successifs, de 1959 à 2020, d’Edith Bruck.

Laquelle témoigne magnifiquement, en son œuvre entier d’écrivain, œuvre de poésie comprise, de ce qu’il a fallu, à sa personne, en toute la substantialité la plus à vif et intime de sa chair, surmonter d’épreuves terribles, en sa survie _ entre le 8 avril 1944, la rafle des Juifs par les gendarmes à Tiszabercel, et le 15 avril 1945, la libération par les Américains du lager de Bergen-Belsen, où Edith Steinschreiber et sa sœur Adel étaient encore (après Auschwitz, Dachau, Kaufering, Landsberg, une première fois Bergen-Belsen, Christianstadt, et après la marche de la mort, leur retour, épuisées, à Bergen-Belsen), internées _, puis vie _ et encore survie, d’une autre façon _, à partir de son retour chez elle, au village hongrois de Tiszabercel, à l’automne 1945, à l’âge de 14 ans _ Edith Steinschreiner est, en effet, née à Tiszabercel, au nord-est de la Hongrie, le 3 mai 1931 _,

en tenant compte aussi de données biographiques disponibles, recherchées complémentairement ailleurs qu’en sa seule œuvre publiée :

ainsi, par exemple, dans la très utile très récente « Brève chronologie » que, avec l’aide même de l’autrice, René de Ceccatty vient de donner _ et à la suite de sa lumineuse et lucidissime préface, très justement intitulée « La poésie, plutôt que la prière« , en introduction splendide (aux pages 5 à 26) à l’anthologie de poèmes choisis et traduits par lui-même, intitulée « Pourquoi aurais-je survécu ?«  _, aux pages 27 à 30 de cet indispensable recueil « Pourquoi aurais-je survécu ?« .

Afin de surmonter, en lecteur curieux donc et tenace que je suis, quelques blancs, ainsi que _ et peut-être surtout _ quelques variations de nominations de personnages cruciaux de ses divers témoignages, 

à commencer par les prénoms des frères et sœurs, mais aussi les noms des divers compagnons et époux de celle qui a, faute de recevoir une écoute vraiment réceptive à sa parole, a appris à « parler au papier » qui, lui, sait l’écouter fidèlement, ainsi que, en intense et profond exigeant, voire implacable, dialogue de vérité, lui « répondre vraiment » ;

les uns et les autres de ces _ et ses _ « proches » étant, je le remarque, nommés diversement dans ces récits successifs ;

et tout particulièrement le récent, en 2020, et sublime, « Le Pain perdu« , 

mais aussi dans diverses ressources biographiques annexes, glanées de-ci, de-là, au fil de recherches documentaires complémentaires de ma part de lecteur actif cf mon article du 11 janvier dernier :

Ainsi

Lili (née à Tiszabercel, le 24 décembre 1920),

Magda (née à Tiszabercel, le 22 septembre 1922),

Ôdön (né à Gava, le 13 janvier 1925),

Adel (née à Tiszabercel, le 12 mas 1927),

Laszlo (né à Tiszabercel, le 16 août 1929), 

les deux frères et les trois sœurs d’Edith Steinschreiber, née, elle, le 3 mai 1931 _ et non pas 1932, comme mentionné dans son « Qui t’aime ainsi« , de 1959 : pour quelles raisons donc ?.. _,  à Tiszabercel,

apparaissent-ils, dans le récit de « Chi ti ama cosi » de 1959, sous les prénoms de :

Leila, pour Lili,

Margo, pour Magda,

Peter, pour Ôdön,

Eliz, pour Adel,

et Laci, pour Laszlo ;

et, dans le récit du « Pain perdu » de 2020, sous les prénoms, cette fois, de

Mirjam, pour Lili (la Leila de Qui t’aime ainsi),

Sara, pour Magda (la Margo de Qui t’aime ainsi),

David, pour Ôdön (le Peter de Qui t’aime ainsi),

Judit, pour Adel (l’Eliz de Qui t’aime ainsi),

et Jonas, pour Laszlo (le Laci de Qui t’aime ainsi)

En attendant impatiemment la (re-)parution prochaine, le 21 janvier prochain, de la traduction française _ « Qui t’aime ainsi« , en Points _ du « Chi ti ama cosi« , paru le 1er janvier 1959 aux Éditions Lerici _ actives de 1927 à 1967, et à l’impressionnant catalogue... _,

j’ai très attentivement lu _ et cherché à en décrypter le plus méthodiquement possible les noms… _ une sélection de pages de ce texte en italien accessibles sur le net

Et cela, en partie afin de rechercher, tout spécialement, quel est ce « cugino » d’Edith _ côté Bieber, la famille de sa mère ? ou bien côté Steinschreiber, la famille de son père ? Côté Bieber, je le découvrirai un peu plus tard… _, qui nous est présenté là sous le nom du « mio cugino Tibi » _ qui a aussi une sœur, prénommée, en ce récit de 1959, Magda ; et c’est bien là son prénom effectif : Gerson Deutsch et sa soeur Magda Deutsch, étant en effet les enfants d’Helen Bieber (Tiszakarad, 7 août 1880 – Auschwitz, mai 1944) et de son époux David Deutsch (Tolcsva, 17 septembre 1884 – Auschwitz, mai 19944) ; Helen Bieber, une des sœurs Bieber de la mère d’Edith, née Berta Bieber (Tiszakarad, 1er février 1895 – Auschwitz, mai 1944)… _, son _ très beau, mais assez brutal : « lui qui m’avait dépucelée d’un seul coup, ce qui m’avait rappelé l’abattage kasher, où l’on égorgeait la poule d’un seul geste et on la jetait encore sanglante dans la cour de la synagogue ! Est-ce que le sang le dégoûtait ? Pourquoi cette violence sans la moindre caresse ? Était-ce lui qui voulait punir en moi toutes les femmes, ou était-ce moi qui voulais me punir moi-même ? Pourquoi l’ai-je laissé faire ? Était-ce moi qui voulais jeter aux orties ma vie inutile, ma jeunesse dans un monde devenu bestial, mes seize ans _ « quindici« , lit-on dans le « Chi ti ama cosi«  de 1959 _ défendus de toutes mes forces, et qui me méprisais ? À moins que je l’aie aimé ? Étais-je malade ? Ou assoiffée d’amour, parce qu’il y avait un être pour lequel j’existais, qui me désirait, même s’il avait d’autres maîtresses, et qui jouissait de son plaisir en ignorant le mien. Pourquoi ? Pourquoi ?« , lisons-nous à la page 101 de l’admirable « Le Pain perdu » de 2020… _ tout premier amant, à Podmokly _ un village de Bohème situé non loin  de Pilsen _, en Tchécoslovaquie, quand Edith avait 15 ans, et Tibi, 23 : en 1946…

Se pourrait-il _ oui ! _ qu’il s’agisse là, pour ce « molto bello, alto e biondo« _ mais « poco intelligente« « cugino Tibi« ,

du cousin _ côté Bieber _ Gershon Deutsch (Krompachy, Slovaquie, 16 février 1922 – Brooklyn, 20 septembre 2009),

un des fils de la tante Helen Bieber (Tiszakarad, 27 juin 1892 -Auschwitz, mai 1944) _ et son époux David Desider Deutsch (Tolcsva, 17 septembre 1884 – Auschwitz, mai 1944) : Tolcsva, dans la vallée de la rivière Bodrog (un affluent de la Tisza), est le village voisin d’Olaszliszka _ :

Helen Bieber, une des sœurs de Berta _ nommée « Frida, Friduska (en hébreu Deborah)« , à la page 14 du « Pain perdu« ... _ Bieber (Tiszakarad, 1er février 1895 – Auschwitz, mai 1944),

elle-même l’épouse de Sandor Sulem Shalom _ « nommé Adam, Shalom en hébreu« , à la page 18 du « Pain perdu _ Steinschreiber (Tiszakarad, 1895 – Dachau, 1945), et la mère d’Edith, ses trois sœurs et ses deux frères Steinschreiber…

De même que je me demandais si le tout premier éphèmère mari d’Edith, Milan Grün _ cf cette biographie-ci d’Edith Bruck _est bien présent, ou pas, dans le récit de 2020, « Le Pain perdu » _ et après recherche attentive, il me semble bien que non : je ne l’y trouve décidément pas… _ ;

 

quand son second éphémère mari, Dany Roth _ ibidem _, nous est présenté, lui, à la page 104 du « Pain perdu«  _, sous le nom _ à la hongroise : le nom avant le prénom _ de « Braun Gabi » ;

et le troisième encore plus éphémère mariibidem  : « un dénommé Bruck » : ce très bref mariage sur le papier avait eu pour seule fin, en effet, de permettre à Edith, redevenue, par son second divorce, célibataire, d’échapper à l’obligation à un retour à une résidence collective en un camp, en Israël… _, et dont Edith a conservé le nom pour sa signature d’auteur, Edith Bruck, 

apparaît alors avec le diminutif de Tomi : « Tomi Bruck« , lit-on à la page 128 du « Pain perdu« … 

Quant à l’amour vrai de la vie d’Edith, Nelo Risi _ homme généreux et particulièrement désintéressé : ce qui est plutôt rare… _,

dans « Le Pain perdu« , il apparaît furtivement et merveilleusement, tout à la fin, aux pages 152 à 155,

sous son seul prénom de « Nelo » :

Edith le rencontra _ cf son récit, à la page 152 _ au restaurant Otello de la via della Croce, à Rome _ ce fut le 9 décembre 1957 ; cf le beau poème intitulé « Rencontre 1957« , à la page 104 de l’anthologie « Pourquoi aurais-je survécu ?« , qui se clôt par ce vers libre : « le 9 décembre«  _ ;

mais, suite aux difficultés de Nelo pour obtenir la légalisation officielle de son divorce d’avec celle, artiste peintre australienne, qu’il a nommée « Mitty » _ mais est-ce seulement là son vrai prénom ? Un certain flou semble ici étonnamment demeurer : Edith Bruck en a-t-elle elle-même connaissance ? Peut-être, probablement, tout de même… _,

le mariage officiel d’Edith et de Nelo ne put avoir lieu, au Capitole de Rome, que neuf années plus tard, seulement : le 17 mars 1966 _ cf la très brève remarque, et dépourvue de commentaire, de la page 154 ; et la date même de ce mariage romain n’est pas alors donnée _, célébré par Francesco Fausto Nitti _ « (1899-1974), une des grandes figures de l’antifascisme », indique la note de bas-de-page du traducteur, René de Ceccatty ; les témoins du marié étant son frère, Dino Risi (1916-2008), et son ami l’écrivain, scénariste, et plus tard réalisateur, Fabio Carpi (1925 – 2018) ; mais le récit du « Pain perdu » ne les mentionne pas ; quant aux témoins de la mariée, eux non plus non mentionnés, quels ils furent, je l’ignore à ce jour…

À son seul amour vrai, Nelo,

Edith Bruck consacrera deux très beaux livres,

pas encore traduits en français :

« La Rondine sul termosifone« , en 2017 ;  et « Ti lascio dormire« , en 2018.

Nelo Risi, né à Milan le 20 avril 1920, est décédé à Rome le 17 septembre 2015.

Et même si, bien sûr, le principal _ poétique et existentiel _ est loin d’être là,

ce fond d’autobiographie historique très présent dans l’œuvre singulière et si marquante d’Edith Bruck,

passionne aussi le lecteur actif et curieux du réel que je suis…

Ce jeudi 13 janvier 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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