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Une pensée pour le départ de Jean-Marie Amat

06mar

Le prestigieux et très aimable et accessible créateur du Saint-James _ Cours de l’Intendance, à Bordeaux, puis à Bouliac _, le chef Jean-Marie Amat, vient de nous quitter, ce lundi 5 mars, après une terrible maladie.

Ayant tout récemment rencontré _ c’était le 7 février dernier, il y a tout juste un mois, à la galerie Arrêt sur l’Image (de Nathalie Lamire-Fabre), pour une petite séquence filmée (de 2′) qui fut amplement diffusée sur FR3 _ son actuel successeur au Saint-James de Bouliac, le très talentueux _ et fort sympathique ! _ Nicolas Magie,

je m’étais enquis auprès de ce dernier de ce que devenait Jean-Marie Amat ;

et Nicolas Magie m’avait informé de l’état de santé de celui-ci… J’en étais navré.

Et j’avais raconté à Nicolas Magie mon extraordinaire souvenir d’avoir dîné avec Jean-Marie Amat et ses assistants, dans la cuisine même où était préparé, au CAPC de Bordeaux, un somptueux repas de gala, le jeudi 12 novembre 1992, pour l’anniversaire des 400 ans de la mort de Montaigne _ le plus prestigieux titulaire, à jamais, de la mairie de Bordeaux _ ;

un repas de 20 (ou plutôt 30) convives _ je ne me souviens pas s’il y avait deux ou trois tables de dix convives chacune : trois, me semble-t-il _, autour de Jacques Chaban-Delmas (et des personnes de la Mairie) et de Jacques Valade (et des personnes du Conseil Régional d’Aquitaine, afin de célébrer _ en musique ad hoc aussi _ le plus illustre des maires de Bordeaux.

Quant à moi, pour ce concert privé, j’avais fait des recherches sur la totalité des références à la musique et aux musiciens présentes dans les Essais de Montaigne : pour n’en découvrir que fort peu _ à l’exception d’usages métaphoriques ! _ ;

à part l’anecdote bien connue de la coutume instituée par le père de Montaigne de faire réveiller son fils aîné par le son harmonieux de la flûte…

Mais Montaigne ne cite jamais un seul nom de compositeur, ni de musicien-interprète.

En France, le premier écrivain à le faire, sera, un demi-siècle plus tard, La Fontaine _ profondément mélomane, ainsi qu’auteur de chansons, et surtout du livret de l’opéra (de Collasse) L’Astrée, créé le 28 novembre 1691, à l’Académie royale de Musique, à Paris _ ; cf mon texte de présentation dans le livret du CD (en 1995) Un Portrait musical de Jean de La Fontaine (CD EMI-Virgin 7243 5 45229 2 5).  

 

A cette époque de Montaigne, en France, en effet,

ni les musiciens-interprètes, ni les musiciens-compositeurs, n’étaient quasiment jamais cités dans les compte-rendus des cérémonies officielles :

ainsi ceux qui accompagnèrent la cérémonie de mariage de Louis XIII et Anne d’Autriche à la cathédrale saint-André de Bordeaux, le 28 novembre 1615, demeurent-ils anonymes pour nous…

On ne peut re-trouver trace de leur présence qu’en recoupant avec beaucoup de patience les documents qui demeurent les plus divers…

Conseiller artistique de la Simphonie du Marais (et son chef, Hugo Reyne),

je filmais, donc, au camescope les 4 musiciens _ dont Hugo Reyne et Pierre Hamon _ qui accompagnaient, au rez-de-chaussée, dans l’immense salle du CAPC, avec de la musique du temps de Montaigne, ce très brillant repas, servi, lui, sur trois très grandes tables rondes, dans une des galeries de l’étage…

Ensuite, j’ai dîné à plusieurs reprises au Bistroy du Saint-James, à Bouliac…

Je me souviens donc avec pas mal d’émotion de Jean-Marie Amat.

Ce mardi 6 mars 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Par ce lien à cet article-ci : Gastronomie : disparition à Bordeaux du chef Jean-Marie Amat

on peut écouter l’hommage ému de Nicolas Magie à Jean-Marie Amat.

La très touchante magie poétique des expos « A boire et à manger » et « A table ! » à la galerie Arrêt sur l’Image de Nathalie Lamire-Fabre à Bordeaux

09fév

Le jeudi 11 janvier 2018 dernier,

eut lieu à la passionnante galerie Arrêt sur l’Image, que dirige, 45 Cours du Médoc, à Bordeaux, Nathalie Lamire-Fabre,

le vernissage de la double _ très poétique _ exposition suivante, qui se tiendra du 11 janvier au 24 février 2018 :

A BOIRE ET A MANGER

&

A TABLE !


Photographies de Bernard Plossu

&

Photographies trouvées _ mais oui ; et rassemblées par cette phénoménale collectionneuse qu’est, à Liège, Véronique Marit _ de la collection Véronique Marit


Depuis plus de quarante ans,

Bernard Plossu parcourt le monde, son 50mm _ quasi en permanence _ en bandoulière,

et partage ses images _ infiniment _ poétiques dans des dizaines _ le chiffre est encore faible _ de livres _ plus _fascinants _ les uns que les autres ; et de formats et épaisseurs très divers ; et quelques uns en couleur (Couleur Fresson)…

Cette fois-ci,

avec cette exposition A boire et à manger,

il dévoile un aspect plus inattendu de sa personnalité, mais qui est aussi un des grands plaisirs du voyage, celui de la découverte d’une autre culture _ c’est en effet surtout cela qui l’intéresse, et à l’infini ; davantage que la gourmandise culinaire proprement dite : Bernard est en effet un sobre, plutôt frugal _ à travers sa cuisine.

Son amie de toujours Claude Deloffre, auteur de  livres de cuisine et de voyages, l’accompagne dans ce livre de partages _ voilà ! _ qu’elle  parsème de recettes inattendues.

A table ! dévoile une nouvelle sélection de photographies de l’impressionnante _ en effet ! _ collection privée _ à Liège _ de Véronique Marit.

« C’est tout le _ XXéme _ siècle qui défile _ en effet _ d’image en image _ magnifiquement repérées et choisies par ce regard affuté et superbement exigeant (et lui-même ultra-gourmand !!! ) de la collectionneuse _, de mutation en mutation, la vie change de fond en comble, mais ce qui reste immuable _ voilà qui demanderait probablement un peu plus de circonspection, aujourd’hui ; et c’est bien là-dessus que, justement, Nicolas Magie s’interroge… _, c’est l’appétit » _ des Français, quand ils sont vraiment à table _,

 écrit Paul Fournel, en un extrait de l’Avant-propos au livre.

Les photographies tirées de deux ouvrages – A BOIRE ET A MANGERA TABLE ! – s’inscrivant dans la _ passionnante ! _ collection LES CARNETS,

une collection – mise au point _ c’est à noter ! _ avec Bernard Plossu lui-même – qui se propose de revisiter _ avec la plus grande attention _ les archives d’un photographe ou d’un collectionneur

et d’en extraire des séries thématiques : voilà ! _ aux EDITIONS YELLOW NOW _ dirigées, à Liège, par l’excellent Guy Jungblut.

Et hier, jeudi 8 février,

le chef _ du fameux Saint-James, à BouliacNicolas Magie,

et moi-même, philosophe (et ami de Bernard Plossu), Francis Lippa,

avons été conviés par l’hôtesse magnifique de ce lieu d’art si vivant _ et très ouvert _ à Bordeaux, Nathalie Lamire-Fabre,

à venir présenter ces deux très belles expositions de photographies

à la caméra de FR3 Aquitaine,

en répondant aux très pertinentes questions de Candice Olivari.


En voici donc, ici, le résultat filmé

tel qu’il a été monté et présenté ce vendredi à 13 heures par FR3 Aquitaine

en cette un peu évocatrice séquence de presque deux minutes

_ qui demeure, après montage, du très long moment passé à nous filmer en train de regarder vraiment les photos, et dire quelques mots de nos impressions, sur le champ.


Notre visite attentive _ avec la loupe quand besoin était _ de ces deux expositions _ de photos parfois de très petit format : en particulier pour les photos anciennes réunies par Véronique Marit ! _ a  été _ vraiment _ passionnante,

le regard expert, infiniment sensible et extrêmement précis _ et merveilleusement sympathique, je dois y insister… _ de Nicolas Magie étant particulièrement bienvenu,

en soulignant la dimension conviviale (et souriante, ravie, heuresse) de tout repas _ y compris ceux pris au restaurant ! face aux plaisirs attendus, par les convives rassemblés autour de la nappe, de la gourmandise à venir…

La nappe blanche : une zone ultra-sensible et envoutante de convivialité festive…

Cela s’avérant aussi _ et même alors sans nappe blanche réunissante ! _

dans les photos prises bien loin de la France, ou de son cher bassin méditerranéen, par Bernard Plossu,

jusque dans le sauvage grand Ouest américain

_ la thématique n’étant plus alors celle d’« A table !« ,

mais, un peu plus largement, et en une dynamique tout aussi électrisante d’appétits, « A boire et à manger« .

La curiosité amène le spectateur de l’exposition,

mis en situation de dialogue serein avec l’image,

à s’interroger un peu plus avant _ que ce qu’offre la seule surface immédiatement apparente de cette image _,

d’abord sur le moment et sur le lieu où fut prise la photo ;

mais aussi, et par un rappel improvisé _ là immédiatement, à la seconde et sur le champ _ de sa propre expérience, à creuser, pour comparaison, un peu plus loin, sa propre imageance…

_ j’emprunte ce concept d’imageance à mon amie (LA philosophe de l’image !) Marie-José Mondzain ;

cf la vidéo de mon entretien avec elle le 7 novembre ternier au Théâtre du Port-de-la Lune.

Bernard Plossu, quant à lui, répugne,

et cela, tant sur la page du livre que sur la cimaise du lieu d’exposition,

à légender ses photos

_ il faudra donc, tant au lecteur qu’au spectateur de l’expo, se reporter aux notes de fin du livre et au catalogue de l’exposition, quand ce dernier existe, pour satisfaire sa curiosité spatio-temporelle quant à l’origine circonstancielle (anecdotique ?) de la prise de la photo _,

de façon à amener le regard ici et maintenant du spectateur

à se concentrer exclusivement sur ce que vient lui offrir, hic et nunc,

par ce seul face à face _ exclusif de tout ce qui pourrait en détourner matériellement _ avec l’image présentée :

la photo,

en sa singularité spatiale mais aussi temporelle, poétique, tout spécialement

_ en la quotidienneté même, voire surtout ! de la situation ainsi saisie par le regard et le geste du photographe, en sa plénitude et richesse profuse de significations,

et non en quelque événement tant soit peu exceptionnel, extraordinaire, ou seulement pittoresque… :

là réside la différence que j’ai soulignée en mon commentaire bricolé audible au film, entre l’idiosyncrasie de Bernard Plossu, et le classique et presque trop connu « instant décisif«  d’Henri Cartier Bresson… _,

et à trouver en lui-même (c’est-à-dire en sa propre imageance _ suscitée et mise en mouvement par l’émotion _ de regardeur)

avec quoi faire dialoguer celle-ci,

de manière on ne peut plus ouverte _ amusée, ludique, joyeuse : en un minimum d’empathie et sympathie… _,

au lieu de se disperser et engluer _ et se perdre _ dans la lecture _ pré-mâchée, et stéréotypée _ des cartouches,

et se raccrocher trop facilement et paresseusement à quelque cliché concernant le lieu ou le moment

ainsi trop vite _ par pur réflexe courant les rues _ identifiés…

L’imageance sollicitée et gentiment provoquée, par l’éblouissement attendri ou amusé de l’image

devant elle-même, et à son tour, poétiquement vagabonder et danser, flotter, se déplacer par ses propres ressources :

au singulier de sa singularité ….

Bref, il s’agit pour le photographe

donnant à regarder ainsi ses photos

d’engager

qui croise ses images

à un dialogue ludique et poétique d’émotions et d’imageances,

entre sa propre imageance de photographe à l’instant de la saisie de cette vue-ci,

et l’imageance ouverte _ elle-même, à son tour, ludique et poétique _, du regardeur, ici et maintenant.

Soit un échange généreux d’instants d’éternité

empruntés à ce que vient offrir la trame même du temps

de nos vies respectives.


Ce vendredi 9 février 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour prolonger l’aperçu sur l’œuvre _ immense _ du grand Bernard Plossu,

se reporter encore à mes précédents articles de fond _ et avec images _ sur ce blog,

celui du 27 janvier 2010 : L’énigme de la renversante douceur Plossu : les expos (au FRAC de Marseille et à la NonMaison d’Aix-en-Provence) & le livre « Plossu Cinéma » » 

et celui du 16 février 2014 : « la justesse ludique d’un photographe « à l’air libre » : Bernard Plossu en deux entretiens, « L’Abstraction invisible », avec Christophe Berthoud ; et la conversation avec Francis Lippa, dans les salons Albert-Mollat, le 31 janvier 2014

ainsi qu’au podcast de mon très riche et détaillé entretien du 31 janvier 2014 avec Bernard Plossu dans les salons Albert-Mollat,

à l’occasion de la présentation de son très éclairant _ sur tout son parcours de photographe depuis sa jeunesse _ livre d’entretiens avec Christophe Berthoud, L’Abstraction invisible.

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