Un nouvel article sur le Haydn novateur et fantasque de Kristian Bezuidenhout
Kristian Bezuidenhout
est un musicien que j’apprécie tout particulièrement
_ cf mon article du 11 avril dernier : Kristian Bezuidenhout : aussi magnifique dans Haydn que dans Mozart ! … _ ;
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et dont j’ai salué à diverses reprises les superbes incarnations discographiques,
dans Mozart, tout spécialement
_ cf mon article du 11 janvier 2016 : La sublime intégrale des Pièces pour pianoforte solo de Mozart par Kristian Bezuidenhout _ un trésor indispensable ! … ;
et celui du 28 février 2015 : Le merveilleux Mozart au piano-forte de Kristian Bezuidenhout : le volume 7 vient de paraître … _ ;
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mais aussi maintenant dans l’œuvre de Joseph Haydn.
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Et voici que ce jour,
sur le site de Res Musica,
sous la plume du critique Alain Huc de Vaubert,
et à propos du très beau CD Piano Sonatas de Joseph Haydn, par Kristian Bezuidenhout
_ soit le CD Harmonia Mundi HMM 902273 _
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paraît un article intitulé Le Haydn novateur et fantasque de Kristian Bezuidenhout.
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LE HAYDN NOVATEUR ET FANTASQUE DE KRISTIAN BEZUIDENHOUT
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Joseph Haydn (1732-1809) :
Sonate en ut mineur Hob XVI : 20 ;
Variations sur le thème « Gott erhalte Franz, den Kaiser’ » Hob. I, 430, poco adagio en sol majeur d’après le Quatuor à cordes Hob III : 77 (op. 76 N° 3) ;
Partita (divertimento) en sol majeur Hob. XVI :6 ;
Sonate en ut majeur Hob. XVI : 48 ;
Variations (Sonate, un piccolo divertimento) en fa mineur Hob. XVII : 6.
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Kristian Bezuidenhout, piano forte.
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1 CD Harmonia Mundi.
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Enregistré en septembre 2017 au Doopsgezinde Kerk à Haarlem.
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Notice en français, anglais et allemand.
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Durée totale : 68:22
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Moins immédiatement séductrices à l’écoute que celles de Mozart, les sonates pour piano de Haydn semblent _ de loin _ avoir peu intéressé les pianistes pendant de longues années.
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Hormis les pionniers que furent Lili Kraus, Alfred Brendel et Paul Badura-Skoda sur piano forte, les quarante dernières années ont apporté _ tout de même _ de beaux témoignages avec Glenn Gould _ Hum !!! _, dont ce fut le dernier enregistrement en 1982, Catherine Collard, Patrick Cohen, Marc-André Hamelin, Rudolf Buchbinder _ existe de lui une intégrale des Sonates de Joseph Haydn, chez Teldec _, Ronald Brautigam _ que j’apprécie ! _, Andreas Staier, Paul Lewis, sans oublier la passionnante somme de Christine Schornsheim _ chez Capriccio. Haydn composait au clavier, utilisant son instrument comme un laboratoire, avec un talent certain d’improvisateur. Et si un critique du XIXe siècle qualifiait ses sonates pour piano de « jouet musical », d’autres ont considéré plus tard qu’il avait écrit quarante ans à l’avance les coups de génie d’un Schubert.
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Dans son texte de présentation, Kristian Bezuidenhout avoue lui-même son peu d’attrait _ au départ _ et sa méconnaissance de la musique pour piano de Haydn jusqu’à cet enregistrement : « … la musique de Haydn est indissolublement associée dans son esprit avec sa façon de la jouer. Haydn est sa musique, sa musique est Haydn ». Oubliant _ c’est-à-dire les mettant à distance _ ses succès dans Mozart, il s’est mis au travail, et le résultat est des plus enthousiasmants. Parmi les 62 sonates pour clavier de Haydn, Kristian Bezuidenhout a choisi quelques unes des plus connues dans un agencement de programme toutefois original. Il commence par la « grande » Sonate n° 20 en ut mineur de 1771 avec ses coups de boutoir vers quelque-chose de nouveau selon les recherches de Carl Philipp Emmanuel Bach _ et l’Emfindsamkeit. Composée par fragments et publiée seulement en 1780, cette sonate constitue le pendant pianistique des sombres symphonies Funèbre n°44 et Les Adieux n°45.
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Les Variations sur le thème de l’hymne impérial Gott erhalte Franz, den Kaiser, dans la version pianistique réalisée par Haydn lui-même d’après le troisième mouvement du Quatuor op. 76 n°3, s’imposent par leur simple rigueur et leur invention. La Sonate n° 6 en sol de 1760, judicieusement placée en milieu de programme, est jouée avec élan et clarté avec la bonne dose d’ornements et d’arpèges. Destinée à quelque élève néanmoins virtuose, cette sonate constitue en quelque sorte un hommage à Domenico Scarlatti _ l’enchanteur ! _ avec les brusques modulations de majeur en mineur, les extravagances rythmiques et les guirlandes virtuoses.
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En deux mouvements, la Sonate n°48 en ut majeur de 1789 n’obéit plus à un schéma formel traditionnel. Peut-être l’une des plus personnelles de Haydn, elle s’apparente plus à une fantaisie, voire à une improvisation dans laquelle Krisitan Bezuidenhout se révèle magistral _ oui _, particulièrement dans le fulgurant Rondo presto du second mouvement. Enfin, le disque s’achève par les célèbres Variations en fa mineur de 1793 dans lesquelles le pianiste orne à plaisir avec de subtiles variations de tempo. Il s’agit d’un cycle de doubles variations que Haydn affectionnait et qui a été qualifié par un critique de l’époque d’ « un Andante mélancolique en fa mineur, varié comme seul un maître sait le faire, tant est si bien qu’il s’écoute comme une fantaisie libre ».
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Le piano forte construit par Paul Mac Nulty _ le mari de Viviana Sofrontisky _ en 2009, d’après un Anton Walter de 1805, révèle une agréable sonorité incisive. Avec ce beau disque, Kristian Bezuidenhout s’inscrit dans la filiation d’un Paul Badura-Skoda, bien qu’il n’en fut pas l’élève.
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Un enregistrement enchanteur,
superbement dynamique.
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Ce mercredi 24 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa