Découvrir la force singulière de la voix d’Edith Bruck : la poésie de son « Pourquoi aurais-je survécu ? »

— Ecrit le jeudi 6 janvier 2022 dans la rubriqueHistoire, Littératures”.

L’édition-traduction de l’anthologie de poèmes « Pourquoi aurais-je survécu ? » d’Edith Bruck, par René de Ceccatty, aux Éditions Rivages-poche (n° 991), est superbe :


non seulement par le choix qu’il a fallu effectuer, des poèmes de toute la longue vie de celle qui s’y exprime, amie de Primo Levi _ dont se détachent, ici, de l’ordre chronologique suivi de leur création, quatre poèmes : « Pourquoi aurais-je survécu« , « Nous« , « Après ? » et « Promenade avec Primo Levi«  _,
mais aussi par la très éclairante préface « La poésie, plutôt que la prière »,
qui non seulement présente excellemment ce choix, ici, de l’expression incisive et directe, d’Edith Bruck, par le poème,
en opérant, au passage, un très bienvenu point synoptique sur la poésie italienne contemporaine,
mais aussi en comparant fort judicieusement les choix des voies (et voix) des auteurs italiens et français depuis 1945 au moins…
La différence-supériorité de qualité de bien des prosateurs italiens avec-sur la plupart des prosateurs français d’aujourd’hui
provenant très probablement de la pratique aimée de la poésie-chant dans le poème de la part des auteurs italiens
_ nourris fondamentalement de la langue et musique de Dante… _,
quand la prose de la plupart _ à quelques exceptions près ; par exemple Hélène Cixous, ou Claude Simon _ des Français
pâtit de leur endémique surdité-paralysie musicale-poétique.
Et l’on pourrait de demander aussi à quoi celle-ci est due…
Puisqu’existe aussi une bien belle poésie française : celle-ci nous toucherait-elle moins ?.. Et pour quelles raisons historiques ? Le devenir présent en charpie de l’école ?..
La plupart des prosateurs français sont ainsi affligés d’une terrible insensibilité du verbe de leur phraser (et au final phrasés) à la musique de la poésie :
ils n’entendent donc pas la rédhibitoire absence de chanter de fond de leurs phrases ; même si, bien sûr, la prose n’est pas la poésie,
et si une overdose de poésie dans la prose serait monstrueusement insupportable : l’humble musique de la prose devant absolument être à peine perceptible, tel le continuo de fond des musiciens…
Et par là ces prosateurs français-là demeurent rédhibitoirement à l’extérieur du champ le plus authentique et vraiment touchant de la Littérature.
Même si bien peu des critiques d’aujourd’hui semblent s’en aviser, et encore moins soucier…
Bref, ce petit volume de poèmes d’Edith Bruck est magnifiquement bienvenu dans l’édition française…
Et René de Ceccatty nous donne à découvrir, par ce magnifique « Pourquoi aurais-je survécu ? », une vraie et singulière voix.
Merci !!!
Et je suis maintenant particulièrement impatient d’écouter la voix de prose, cette fois, d’Edith Bruck, avec la traduction, toujours par René de Ceccatty, de son trés récent « Pain perdu » (aux Éditions du sous-sol)… 
Ce jeudi 6 janvier 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

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