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le Carnet d’un curieux

03juil

Je pense, bien sûr, au texte d’Ouverture, présentant
(”Au Lecteur” _ comme fait Montaigne en avant de son livre d’”Essais“)
ces propositions de curiosité,
découvertes,
enthousiasmes à partager,

qui constitueront les envolées et escapades de ce blog : “En cherchant bien… les Carnets d’un curieux“.

J’y traiterai, en mon style
_ attentif intensif, c’est-à-dire fouilleur,
s’embringuant dans le fourré plus ou moins dense du “réel“ et se coltinant un minimum à l’épaisseur et résistance des “choses“,
en leur lacis déjà dé-lié cependant : par quelque “œuvre“… _,
du goût de la lecture,
de la rencontre
(heureuse) avec les œuvres (d’auteurs _ qui en soient d’un peu “‘vrais”),
dans le dialogue presque tranquille de deux attentions
(en direction, ou presque, l’une de l’autre,
avec juste la fantaisie musarde et amusée d’un brin de décalage) :
celle de l’auteur et celle du lecteur-spectateur (acteur-regardeur actif, lui aussi, de sa lecture)
selon la thématique développée par Marie-José Mondzain
dans son important “Homo spectator” (paru chez Bayard en novembre dernier).

J’y évoquerai aussi cet antre, mais large et lumineux, qu’est la librairie Mollat,
dans l’amplitude tranquille de son espace, vaste, déployé,
et de ses ressources (et hauteurs, et profondeurs), succulentes et joyeuses, de livres ;
et combien il m’attache, mais oui, personnellement à la ville de Bordeaux

J’évoquerai l’ombre tutélaire et protectrice (depuis un 13 septembre 1592)
_ l’ombreamie” _
de Montaigne,
et l’humour infini _ “tant qu’il y aura(it) de l’encre et du papier” ; ainsi qu’”à sauts et à gambades” _
de ce merveilleux (et humble) essayeur gascon ;

Montaigne
_ le maître (sans disciple),
dans les couloirs limpides du labyrinthe duquel
(à qui consent de jouer _ en « diligent lecteur » tout de même ! _ à l’y suivre, ou plutôt ac-compagner, et converser avec !..)
introduit lumineusement le récent livre, indispensable, de Bernard Sève, “Montaigne. des règles pour l’esprit” (aux PUF en octobre 2007) _

Montaigne “fondant”
_ au participe présent du verbe “fonder” _,
et sans le moins du monde le chercher,
par la seule grâce (et autorité
_ non didactique, loin de la chaire et du moindre “titre”) de son espiègle exemple
cf le défi à “l’indiligent lecteur” : “Quitte mon livre !” _ ;

Montaigne « fondant » donc
_ sans rien « fonder » _
ce qui va tout aussitôt,
et en Angleterre d’abord (où “il” est aussitôt traduit),
devenir un genre, et littéraire, et philosophique
_ lui ne les disjoint certes pas !
ou plutôt “il” n’est pas, lui, Montaigne, dans (dedans, enfermé dans) les “genres”,
tant son génie mutin et facétieux
en même temps qu’il n’y a _ vraiment pas ! _ plus sérieux ni grave,
est, “à sauts et à gambades”, trans-genres _ ;

Montaigne “fondant”, donc,
pour dorénavant en quelque sorte, si j’ose dire
_ lui n’en sait fichtre rien ! et combien s’en rirait ! _,
“fondant”,
si l’on y tient,
l’”essai
_ lui ne disant (et c’est la chose même !) qu’“essais“,
au pluriel et sans article
_
tel, ou tels, par exemple, ceux, très vite (dès 1597),
ceux de Francis Bacon :
celui (1561-1626) du tournant du XVIIème siècle élisabéthain,
pas le génie tourmenté _ pictural _, et sublime, du siècle qui vient de passer (1909-1992, pour cet autre),
un des « fondateurs », ce Bacon de Verulam là, philosophe et politique (« chancelier d’Angleterre« ),
par l’”essay“, donc,
de la “méthode expérimentale” du connaître (qui est un juger)…

Que le partage de ces goûts (des livres, des Arts) s’exercera
_ sur ce blog _
en pleine liberté, ou/et gratuité,
sur fond
_ sans trop de présomption (vaudrait mieux…) _
de “civilisation,
dans l’esprit “français” (et gascon
_ Guilleragues,
l’auteur magnifique, et discret (en 1669,
un an juste avant “Bérénice“),
des (brûlantes de “retenue” _ un prodige ?) “Lettres de la religieuse portugaise“,
et le diplomate “choisi” par le Roi-Soleil pour “régler” à Istamboul,
auprès de la peu commode Sublime Porte,
la “délicate” affaire du Divan,
survenue, elle, en 1676,
et qu’il va mener à bien ;
Guilleragues, donc (1628, Bordeaux – 1685, Istamboul),
est lui aussi, un bordelais) _ ;

dans l’esprit français et gascon, donc,
de la conversation
déliée, et sa verve toute d’alacrité,
au meilleur de ce que purent être les “salons” :
lire ici Marc Fumaroli : “Trois institutions littéraires” (non disponible)  _ Gallimard, en novembre 1994 ;
et Benedetta Craveri : “L’âge de la conversation” _ Gallimard, en octobre 2002 ;
et aussi Antoine Lilti : “Le Monde des salons” _ Fayard, en octobre 2005…

Et cela dans l’ouverture de grand air, ou plein vent,
de pas trop vissées serré curiosités
_ j’aime qu’il y ait un minimum de jeu, et que ça flotte ;
risquer un œil à côté de la perspective incitée,
en se déplaçant un pas plus loin que la place marquée,
à peine, un brin, à l’écart, en ce coin-ci,
passant la porte entrebâillée, ou derrière la palissade _ ;

dans l’ouverture, donc, d’un peu larges et mobiles (boulimiques ?) curiosités
plurielles :

littéraires _ probablement en premier
beaucoup, même si ce n’est pas tout, commençant par et sur la lancée du verbe _,
et notamment d’écrivains de par “le monde entier,

philosophiques _ soit une clé : vers l’essentiel (du comprendre) _,

historiques _ autre clé, de patience, et patrimoniale _,

artistiques (musicales
_ à commencer par les commodités discographiques _,
mais aussi picturales, cinématographiques, théâtrales, photographiques, etc…)
_ qui sont aussi de l’ordre du fondamental :
chaque artiste, pour lui, en son aventure esthétique (= de sensation) forcément singulière, et peut-être foudroyante,
ses sens à lui
s’éprouvant, grand ouverts ;

et géographiques aussi,
à partir
, je dirais, de villes-”mondes(Rome, Prague, Istamboul, donc,
Lisbonne, Naples, Buenos-Aires, etc… :
presque toutes
_ mais dans le “Conte d’hiver
la Bohème n’est-elle pas shakespeariennement “accessible” elle aussi “par la mer” ?! _ ;
presque toutes
des cités portuaires, ainsi que Bordeaux :
ouvertes sur le large
) ;
etc…

Et, ce, par le tamis décisif
_ « krisis » : d’où dérivent « crible », « crise » et « critique » (tous « passages« …) _
d’œuvres “en vérité”…

Bordeaux n’est-il pas,
cher Jean de La Ville de Mirmont
_ “car j’ai de grand désirs inassouvis en moi
(chante à part soi “L’Horizon chimérique“,
avec la musique de Gabriel Fauré aussi, par exemple) _,
par cette “petite mer
que ne cesse jamais tout à fait d’être la Gironde
(cf la vague du mascaret
qui remonte, ainsi que les lamproies
_ cf “Le Livre de la Lamproie” (avec photos _ coucou, Alain Béguerie ! _ et CD-Rom) aux Editions Confluences, en avril 2007 _,
jusqu’à sinon La Réole, du moins “Gironde“, la bien nommée, sur Dropt) _,
Bordeaux n’est-il pas, je reprends l’élan de la vague,
un port ouvert
_ possiblement _ sur tous les océans du monde,
et l’opulente gestation limoneuse
de la mer des Sargasses, par le Gulf Stream ?…

Avec aussi ce choix d’aérer le texte par le souffle
(à fleur à peine de la visibilité) de la poésie
de l’image photographique
si splendidement en mouvement
(cf son fameux “flou” :
marché, dansé, pas à pas, en avançant… dans la vie)
de l’ami Bernard Plossu
_ et combien cette amicale “accointance”,
aérienne

(voire angélique : un Ange _ rilkien ? :
Qui, si je criais, m’entendrait donc, parmi les cohortes des Anges ?
celui de Miramar des “Élégies de Duino, proche de Trieste ? _
y passe, à l’occasion,
mais non sur rendez-vous,
on pourrait presque, sinon, “miser” sur son passage…)

devrait comme enrichir la réflexion
-inspiration “en suivant”
des lecteurs
: par cette “respiration” texte / image,
au moins par jours fastes :
nous découvrirons sur quel espace cela
pourra donner

 

(sans titre) © Bernard Plossu

Et viendra le premier article,
à propos de, probablement, l’ouvrage magistral (”d’une vie”),
et n’éclairant pas _ tout se tenant _ que sur le passé,
de Saul Friedländer : « L’Allemagne nazie et les Juifs : les années d’extermination 1939-1945« ,

une priorité de lecture !

A suivre,

Titus  Curiosus, pour la signature.

Mais voilà que je m’avise que,
en l’adaptant légèrement à la marge peut-être,
ce texte-ci pourrait faire une “Ouverture
_ programmatique, sinon emblématique ? _  potable
(possible)
pour ce blog des “Carnets d’un curieux : en cherchant bien…” : qu’en est-il ?..
à votre avis ?

Titus Curiosus, donc, ce 20 mai  2008

Photographie : Sans Titre, © Bernard Plossu

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