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Un nouvel article consacré au tout premier enregistrement discographique du merveilleux « Achante et Céphise » de Jean-Philippe Rameau, par Alexis Kossenko et ses Ambassadeurs-La Grande Ecurie…

15fév

Le 18 décembre dernier, j’avais ici réagi à un premier article _ de Jean-Charles Hoffelé, sur son site Discophilia, un article intitulé « Révélation«  _ consacré au tout premier enregistrement discographique _ un double CD Erato 019029669394 _, par Alexis Kossenko et ses musiciens Les Ambassadeurs – La Grande Écurie, de l’ « Achanthe et Céphise » de Jean-Philippe Rameau.

L’ami Patrick Florentin, éminentissime ramiste parmi les ramistes _ cf son importante contribution, avec le chapitre 17, « Rameau’operas on disc«, au très récent livre « The Operas of Rameau _ Genesis, Staging, Reception » de Graham Sadler, Shirley Thompson et Jonathan Williams, paru le 10 septembre 2021… _, m’avait prévenu un peu auparavant, le 29 octobre 2021, de l’imminence de l’événement de cette superbe sortie discographique ramiste.

Or, voici que ce mardi 15 février 2022, le site ResMusica, sous la plume de Jean-Luc Clairet, consacre à son tour un article, intitulé « Achante et Céphise : une Pastorale inédite de Rameau musclée par Alexis Kossenko« , à cette superbe première discographique.

Voici donc cet article :

Grande nouvelle : il reste _ encore : eh oui ! C’est assez incroyable… _ des œuvres de Rameau à découvrir, comme cette Pastorale héroïque enregistrée en grande pompe par Erato.

À l’instar des Fêtes de l’Hymen et de l’Amour (ballet héroïque), Le Temple de la Gloire (Fête), Zaïs et Naïs (Pastorales héroïques), Achante et Céphise est une œuvre de circonstance, destinée à saluer la naissance, le 13 septembre 1751, de Louis-Joseph-Xavier, petit-fils de Louis XV. Loin des grands chefs-d’œuvre du début (Indes Galantes, Castor et Pollux, Hippolyte et Aricie), Rameau sort de Zoroastre et va s’atteler aux Boréades. Acanthe et Céphise ou La Sympathie (en écho à un anneau magique au liant pouvoir) est l’œuvre d’un génie au sommet _ en effet ! _ de son art.

On retrouve, non sans sourire, le « bestiaire » ramiste (berger/bergère/déité malfaisante) plongé dans une tourmente amoureuse condamnée au triomphe de l’amour : la passion d’un ténor et d’une soprano contrariée par un baryton, comme chez Verdi, un scénario bien banal. Le méchant est cette fois un génie d’abord bienveillant, qui choisira néanmoins d’allonger la liste des méchants ramistes : Huascar, Anténor, Borée… Comme toujours, même quand Rameau délaisse les sentiers de la tragédie lyrique, c’est dans la musique que réside les plus grands motifs de satisfaction. Bien qu’Achante et Céphise, représenté quatorze fois et jamais repris, soit de moindre envergure que les chefs-d’œuvre sus-cités, on retrouve, tout au long de ses plages dialoguées, la réactivité indéfectible d’un orchestre prompt à empêcher la moindre velléité d’ascétisme récitatif _ hum, hum… _, de surcroît gâté par les retrouvailles avec d’autres « vieilles connaissances » : musettes, tambourins, gavottes, menuets, rigaudons, symphonies, airs, pantomimes, tonnerre, et même une ample contredanse chantée en guise de conclusion. Les amoureux des Boréades goûteront, dans la brève Ritournelle introductive à l’Acte I, l’annonce de certaine sublime Entrée de Polymnie.

Tout cela pourrait être seulement aimable. Ce serait compter sans l’interprétation d’Alexis Kossenko. La puissance des Ambassadeurs-La Grande Écurie, avec des cors d’une insolence sidérante, et l’ajout inédit de six clarinettes « reconstruites dans les tons nécessaires » par le Centre de Musique baroque de Versailles, explose dès l’invraisemblable Ouverture, une des pièces les plus stupéfiantes _ possiblement : établir un palmarès en cette matière demeurant assez risqué… _ du compositeur, dans le droit fil des_ éblouissants et marquantsElémens (1721) de Jean-Féry Rebel. Quatre minutes d’une pompe audacieuse en lieu et place d’un Prologue dont Rameau a décidé, pour la première fois, de se passer. Ce qui ne l’empêche pas de le réintroduire d’opportune façon dans un finale hybride en forme d’hymne au prince naissant (« Vive la race des rois ! ») venant se superposer à l’amour triomphant des héros éponymes, allégeance appuyée de surcroît par d’inquiétantes perspectives guerrière déposées « aux pieds des autels de la Paix » ! La prise de son, tout aussi ahurissante, déroule un tapis rouge à des Musettes qui ont rarement dispensé autant de trouble harmonique. Une interprétation conquérante _ du moins très vivante et très juste _ que rien ne semble pouvoir freiner, les trois actes, d’une quarantaine de minutes chacun, étant donnés dans le même souffle _ oui, la même vivacité.

Bergères, bergers, coryphées, prêtresses et chasseurs sont autant de cartes de visite de merveilleux nouveaux-venus (Jehanne Amzal, Marine Lafdal-Franc, Anne-Sophie Petit, Floriane Hasler) comme de gosiers _ hum, hum... _ déjà familiers (Artavazd Sargsyan, Arnaud Richard). Judith van Wanroijest une accorte Zirphile. Quant au fabuleux trio de tête (David Witczak, Oroès à l’ébène ciselé, Cyrille Dubois, Acanthe stylé aux accents déchirants, et Sabine Devieilhe, lumineuse, d’un volume presque inédit en Céphise), il embarque avec brio, avec les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles survoltés (des trilles à la française particulièrement réjouissants), dans le torrent _ mais jamais hystérique _ Kossenko.

Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Achante et Céphise ou La Sympathie, pastorale héroïque en trois actes sur un livret de Jean-François Marmontel.

Sabine Devieilhe, soprano (Céphise) ; Cyrille Dubois, ténor (Achante) ; David Witczak, baryton-basse (le Génie Oroès) ; Judith Van Wanroij, soprano (Zirphile) ; Jehanne Amzal, soprano (la Grande Prêtresse) ; Artavazd Sargsyan, ténor (Un Coryphée/Un Berger) ; Arnaud Richard, baryton-basse (Un Coryphée/Un Chasseur) ; Marine Lafdal-Franc, soprano (Une Fée/Une Bergère) ; Anne-Sophie Petit, soprano (la Deuxième Prêtresse) ; Floriane Hasler, mezzo-soprano (la Troisième Prêtresse) ;

Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles (chef de chœur : Olivier Schneebeli) ;

Les Ambassadeurs-La Grande Écurie, direction : Alexis Kossenko.

2 CD Erato.

Enregistrés à l’Église Notre-Dame du Liban du 7 au 11 décembre 2020.

Livret bilingue (français/anglais).

Durée totale : 130:25

Un événement ramiste et musical à, en effet, bien signaler !!!

Ce mardi 15 février 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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