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La merveille absolue du CD « Franz Schubert – Leonid Desyatnikov » de Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy, à quatre mains : un sommet d’interprétation, tout de naturel, de ces bouleversants chefs d’oeuvre schubertiens…

19juil

Oui,

le CD Harmonia Mundi  HMM 902716 « Franz Schubert – Leonid Desyatnikov » de Pavel Kolesnikov _ né à Novossibirsk le 25 février 1989 _ et Samson Tsoy _ né au Kazakhstan le 24 octobre 1988 _, à quatre mains _ « Praised for the “electrifying intimacy” of their playing (The Guardian), pianists Pavel Kolesnikov and Samson Tsoy have been performing as a duo since 2009 _ voilà ! _ in addition to their flourishing solo careers« , lit-on en présentation d’un concert ayant eu lieu le 13 février dernier, sur le site du Carnegie Hall ; et le 10 février précédent, un article du New-York Times intitulé « Two Pianists Make a Life Out of an Intimate Art Form« , déclarait aussi : « Pavel Kolesnikov and Samson Tsoy, partners onstage and off, began to play as a duo in school. Now, they are dedicating their careers to it«  ; mais surtout le site Interartists consacrant une notice au Duo « Kolesnikov Tsoy Ensemble«  (sic) nous apprend que « Pavel Kolesnikov and Samson Tsoy, partners onstage and off, began to play as a duo at the Moscow Conservatoire _ voilà !  They came to London in 2011 _ voilà !  _, to continue their studies at the Royal College of Music » et développe ce qu’a été à partir de là leur carrière internationale… _, est bien une merveille,

les splendides « Fantaisie en Fa mineur » D. 940, Op. 103, composée en 1828 et publiée posthume _ écoutez et regardez-les l’interpréter ici en concert il y a un an au Wigmore Hall à Londres (17′ 40) ; et écoutez les quatre mouvements 1 Allegro molto moderato (5′ 02), 2 Largo (2′ 53), 3 Scherzo. Allegro vivace (5′ 02) et 4 Finale. Allegro molto moderato (6′ 19), en l’interprétation de ce CD enregistré à Dobbiaco au mois de novembre 2023… _ et « Divertissement à la hongroise » D. 818, Op. 54, composée en 1824  _ écoutez-ici l’Andante (12’03), la Marcia. Andante con moto (3′ 13) et le divin Allegretto (12′ 51) : ce dernier mouvement d’après la « Mélodie hongroise« , Op. 53, pour piano seul… _, deux chefs d’œuvre absolus ! de Franz Schubert (Lichtental, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1828) comportant, intercalé entre eux, le « Trompe-l’œil«  _ sur une commande du Festival d’Aldeburgh pour les créateurs, Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy ; un opus peu étrange, en son décalage un peu bousculant au sein du merveilleux programme schubertien, à la poésie rêveuse si magique, de ce CD, mais pourquoi pas ? Ce « Trompe-l’œil«  contemporain _ écoutez-ici (20′ 35) _ opère un décentrement de miroir déformant, de miroir courbe « de sorcière« , qui prolonge de façon un peu étonnante à nos oreilles et à notre goût le voyage déjà lui-même à surprises de ces si belles musiques rêveuses de Franz Schubert… _ de Leonid Desyatnikov _ compositeur russe contemporain, né à Kharkiv, en Ukraine, le 16 octobre 1955…

Car l’interprétation que donnent ici ces deux pianistes est non seulement absolument conforme à l’esprit de ces deux incomparables sommets schubertiens _ quelle stupéfiante musique ! _, mais tout simplement confondante de beauté…

Et je rejoins ici le commentaire de Jean-Charles Hoffelé, « Divertissement à la hongroise« , sur son blog Discophilia, en date du 26 juin dernier :


DIVERTISSEMENT À LA HONGROISE

Dans leurs échanges avec Camille de Rijck, Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy rappellent que Chopin chérissait le _ schubertienDivertissement à la hongroise. L’auteur des Mazurkas était probablement sensible à sa lyrique diffuse, à ce presque-rien _ oui _ sur lequel Schubert brode autant d’agates que de mystères. La matière musicale en est mince, un thème un peu russe pour l’Andante, une Marche étrangissime, la Hongrie _ assez proche de Vienne _ s’invitera dans le Finale, que les pianistes jouent à deux temps, ce que, je crois bien, personne n’a fait avant eux, augmentant d’une dose de paprika supplémentaire ce petit motif obsessionnel _ voilà…

Sous leurs dix doigts si unis _ oui _, cet Allegretto devient magique _ absolument ! _, une écharpe de soie posée sur les cordes y invite des fantômes, puis des cartes de visite pliées font pour quelques secondes à la quasi coda résonner ce cymbalum _ voilà _ qui se cache à peine dans les portées de Schubert, vrai paysage sonore de poutza.

Le Divertissement aurait suffi pour faire le disque génial _ absolument ! _, une fois entendu il devient addictif _ oui, oui ! _, les quasi treize minutes tournent en boucle dans le lecteur CD de ma voiture depuis bientôt trois semaines _ et sur ma platine aussi… L’œuvre de Leonid Desyatnikov fait une mise en abime avant tout poétique, introduction parfaite à une Fantaisie en fa mineur crépusculaire _ d’une poésie moirée infinie… _ où deux aèdes semblent dialoguer devant des paysages irréels.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert (1797-1828)


Divertissement à la hongroise, D. 818
Fantaisie en fa mineur, D. 940


Leonid Desyatnikov (né en 1955)


Trompe-l’œil

Pavel Kolesnikov, piano
Samson Tsoy, piano

Un album du label harmonia mundi HMM902716

Photo à la une : les pianistes Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy –
Photo : © Eva Vermandel

Simplement écouter, ré-écouter, et infiniment admirer…

La naturelle compagnie de Schubert aussi magiquement interprétée est telle une ruisselante lumineuse fine et presque transparente grâce divine…


Ce vendredi 19 juillet 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos du CD « La Tragédie de Salomé – Chant élégiaque » de Florent Schmitt par Alain Altinoglu dirigeant l’Orchestre symphonique de la radio de Francfort : une réalisation discographique somptueuse…

08juil

En complément à mon article du 14 juin dernier «  « ,

deux très intéressants commentaires sur le superbe CD Alpha 941 « Florent Schmitt – La Tragédie de Salomé – Chant élégiaque« , dont je partage l’avis de l’un, mais pas du tout de l’autre,

le 3 juillet sous la plume de Jean-Charles Hoffelé intitulé « L’Autre tragédie« ,

et hier 7 juillet sous la plume de Pierre Degott intitulé « À découvrir absolument : La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt dans sa version originale » :

L’AUTRE TRAGÉDIE

Etrange partition : pour Loie Füller et le Théâtre des Arts de Robert d’Humières, Florent Schmitt dût réduire son orchestre à une vingtaine d’instruments, lui qui venait de faire éclater un effectif pléthorique, orgue compris, pour son Psaume. La pantomime imaginée par la danseuse aux voiles demandait de toute façon une sorte de musique muette propre à envelopper l’évanescence de ses danses. Schmitt écrivit donc un long commentaire sans beaucoup de relief _ tiens donc... _ : il faut attendre la Danse de la terreur pour que soudain son génie éclate. Ce geste ultime sera augmenté dans la Suite de ballet de 1910 pour grand orchestre, autrement fascinante.

Alain Altinoglu fait tout ce qu’il peut pour créer des images sonores capable d’évoquer le mimodrame, direction élégante, suggestive _ et bien davantage que cela !!! _ , à l’égal de celle de Julien Masmondet et de ses Apaches ; elle ne saurait donner le relief qui manque à ce long exercice _ ce jugement est très sévère ! Je ne le partage pas du tout !

Magnifique _ oui ! _ le Chant élégiaque où le plus sombre de l’orchestre de Schmitt entoure le beau violoncelle de Philipp Staemmler, mais refermant cet album utile _ scrogneugneu… _, je songe à ce que Alain Altinoglu et ses Francfortois feraient d’Oriane et le prince d’amour, du Palais hanté, de la somptueuse Légende avec saxophone obligé…

LE DISQUE DU JOUR

Florent Schmitt(1870-1958)


La Tragédie de Salomé, Op. 50 (version originale 1907)
Chant élégiaque, Op. 24

Ambur Braid, soprano
Philipp Staemmler, violoncelle
Orchestre Symphonique de Francfort
Alain Altinoglu, direction

Un album du label Alpha Classics 941

Photo à la une : le chef d’orchestre Alain Altinoglu –
Photo : © Marco Borggreve…

À découvrir absolument, La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt dans sa version originale

Superbe enregistrement de la part d’ et de son . Couleurs chatoyantes, rythmes lascifs et harmonies subtiles _ oui ! Une partition à se réapproprier, et sans doute des mises en scène à prévoir.

Initialement composé pour un effectif d’une vingtaine de musiciens, le ballet La tragédie de Salomé de  avait été destiné à accompagner le mimodrame de la danseuse Loïe Fuller, laquelle créa l’œuvre au Théâtre des Arts en 1907. Celle-ci fut ensuite arrangée en suite orchestrale, raccourcie et entièrement réécrite pour grand orchestre symphonique, et c’est cette dernière version que Stravinsky, dédicataire, entendit et apprécia quelques années plus tard. Il eut lui-même l’occasion de l’écrire dans une lettre adressée au compositeur. L’enregistrement figurant sur ce CD marque un retour à la version originale de 1907 _ voilà ! _, rarement entendue et enregistrée, une version composée de 22 numéros pour la plupart dansés par Salomé devant Hérode. Il s’agit donc d’une musique éminemment descriptive et programmatique _  oui _, dont la lascivité et la sensualité _ voilà _, le clinquant orientalisant en moins, n’ont rien à envier à la Danse des sept voiles de la _ célébrissime _  Salomé de Strauss, laquelle venait d’être créée à Paris _ voilà _ lorsque Schmitt y donna son propre ballet. À noter que dans ce dernier, la protagoniste ne réclame pas comme récompense pour sa danse la tête de Jean-Baptiste, elle la découvre à son grand effarement dans le numéro final, intitulé « Danse de l’Effroi ».

On reste pantois _ mais oui ! _ devant les couleurs, l’énergie et la volupté qui émanent de ces pages _ ainsi que de cette interprétation-ci sous la baguette d’Alain Altinoglu _, dans lesquelles on pourra sans doute sentir les influences orientales subies par Schmitt lors de ses voyages au Maroc et à Constantinople. À ce titre le « Chant d’Aïça », air oriental chanté par une voix de soprano vers la fin du mimodrame, marque résolument l’influence des derviches tourneurs découverts par Schmitt lors de ses voyages _ oui, oui. Certes, on pourra arguer également que diverses influences se font sentir, de Wagner à Rimski-Korsakov pour les sources étrangères, de Dukas à Debussy pour les influences françaises ; le tableau « Les enchantements de la mer » n’est sans doute pas sans quelques liens avec La Mer de Debussy, et l’on pourra ici et là entendre des échos du Prélude à l’après-midi d’un faune. Il n’en reste pas moins que nous avons affaire à une partition littéralement envoûtante _ vraiment ! _, autant par la luxuriance de son instrumentation que la richesse de ses harmonies ou l’audace de ses rythmes. Parmi les moments de choix, on pourra citer « La Danse du paon » et « La Danse des serpents », qu’on rêverait évidemment de voir comme elles avaient été représentées lors de la création.

À la tête de l’ _ excellentissime, dont il est le directeur musical depuis 2021, fait des merveilles _ tout simplement. De toute évidence, ce n’est pas avec vingt musiciens qu’il a réalisé cet enregistrement, et les pupitres de cordes ont visiblement été renforcés. Les instruments solistes – magnifiques solos de hautbois et de cor anglais, notamment, interventions jouissives de la harpe – jouent avec toute la transparence d’une formation de chambre, et le compromis ici atteint entre les couleurs de la version originale et un effectif légèrement étoffé donne entière satisfaction _ oui. Le superbe Chant élégiaque, dans la version pour violoncelle et grand orchestre réalisée en 1911, complète fort habilement ce programme, grâce notamment au jeu du violoncelliste . La soprano prête elle aussi son concours à La Tragédie de Salomé, pour laquelle elle trouve des accents eux aussi capiteux et ensorcelants. Une œuvre indispensable _ en effet _, qu’on s’étonne de ne pas entendre plus fréquemment.

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Florent Schmitt (1870-1958) : La Tragédie de Salomé op. 50. Chant élégiaque op. 24.

Ambur Braid, soprano ; Philipp Staemmler, violoncelle.

Orchestre symphonique de la radio de Francfort, direction : Alain Altinoglu.

1 CD Alpha.

Enregistré en janvier 2021 et juin 2022 à la Sendesaal de la Hessischer Rundfunk de Francfort.

Notice de présentation en allemand, anglais et français.

Durée : 69:41

 

Une réalisation discographique absolument merveilleuse !

Ce lundi 8 juillet 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir le coffret Warner Classics « Wolfgang Sawallisch – Complete Symphonie, Lieder et Choral Recordings (1954 – 1997) », en commençant avec le piano limpide de Youri Egorov, ou la grâce absolue ; et en poursuivant par l’enchantement des Lieder avec choeur de Schubert…

28juin

Comment aborder le coffret Warner Classics 5054197832178 de 65 de CDs « Wolfgang Sawallisch – Complete Symphonie, Lieder & Choral Recordings (1954 – 1997) » ?

Plusieurs récents articles de blogs peuvent peut-être suggérer quelques pistes d’écoute…

_ Par exemple l’article « Pas si sages » du Blog Discophilia de Jean-Charles Hoffelé en date du dimanche 23 juin dernier ;

_ ou bien l’incise consacrée à ce coffret dans l’article « Le chaos ou la beauté » du Blog de Jean-Pierre Rousseau avant-hier mercredi 26 juin ;/

_ ou encore l’article « Wolfgang Sawallisch, l’inspirant«   de Pierre-Jean Tribot, sur le site de Crescendo-Belgique, en date du jeudi 27 juin…

Au sein de ce coffret riche touffu de 65 CDs, j’ai commencé par suivre la suggestion de Jean-Pierre Rousseau, et ai commencé par l’écoute des CDs n°1 et n°10 :

les Concertos n°17 et 20 de Mozart _ enregistrés à Londres au mois de février 1985 _ ;

et le Concerto n°5 L’Empereur de Beethoven _ enregistré à Londres fin mai-début juin 1982 _,

dans lesquels le Philharmonia Orchestra dirigé par Wolfgang Sawallisch accompagne le formidablement délicat touché de piano de Youri Egorov…

Youri Egorov (Kazan, 28 mai 1954 – Amsterdam, 16 avril 1988) dans cet Empereur-ci avec Wolfgang Sawallisch (Munich, 26 août 1923 – Granau-Bavière, 22 février 2013), en 1982,

c’est le miracle de la grâce absolue.

Sinon,

je suis particulièrement heureux de retrouver en ce coffret les 4 CDs _ n° 12, 13, 14 et 15 ici ; soient 4h, 27′ et 30′ _ de « Weltliches Vokalwerk » de Franz Schubert, avec, notamment, Hildegard Behrens, Brigitte Fassbaender, Dietrich Fischer-Dieskau, Peter Schreier, et le Chor des Bayerischen Rundfunks _ enregistrés de 1977 à 1981 _, publiés en 1981, puis, remastérisés, en 1997 :

de pures merveilles, et infiniment variées, sous la baguette absolument idoine de Wolfgang Sawallisch…

Entre lesquels, tout spécialement, le divin « Gesang der Geister über den Wassern « Des Menschen Seele gleicht dem Wasser » » D.714, à la plage 18 du CD n° 13 _ écoutez ici (11′ 05)…

Mais tout ici de ces diverses et très variées œuvres avec chœur est très évidemment à écouter, ré-écouter, et saluer bien bas :

et c’est l’ombre de Schubert en personne (Lichtenstal, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1828) qui ici accompagne…

Immense merci, donc, pour cette opportune ré-édition hommage à Wolfgang Sawallisch, à l’occasion de l’anniversaire des 100 ans, en 2023, de sa naissance, le 26 août 1923, à Munich…

Ce vendredi 28 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le charme intense et la tendresse profonde des bouleversants « Czech Songs » de Bohuslav Martinu, Antonin Dvorak, Hans Krasa et Gideon Klein, par Magdalena Kozena et le Czech Philharmonic dirigé par Sir Simon Rattle, en un CD absolument admirable…

25juin

Passionné de musique tchèque et morave, ainsi que de mélodies, que je suis,

c’est instantanément que je me suis tourné vers le CD Pentatone PTC 5187 077 « Czech Songs » de Magdalena Kozena et le Czech Philharmonic sous la direction de Sir Simon Rattle,

pour mon enchantement de ces mélodies graves et bouleversantes de tendresse de Bohuslav Martinu (Policka, 8 décembre 1890 – Liestal, 28 août 1959) _ pour 14 mélodies _, Antonin Dvorak (Nelahozeves, 8 septembre 1841 – Prague, 1er mai 1904) _ pour 7 mélodies _, Hans Krasa (Prague, 30 novembre 1899 – Auschwitz, 17 octobre 1944) _ pour 4 mélodies : plus tragiques… _ et Gideon Klein (Prerov, 6 décembre 1919 – Fürstengrube, 6 décembre 1945) _ pour la berceuse finale _,

servies idéalement par la subjugante voix mordorée de la mezzo Magdalena Kozena, parfaite, et par un Orchestre, le Czech Philharmonis, d’une bouleversante douceur, conduit idéalement par la tendresse idoine de Simon Rattle…

Et voici ce qu’en a dit hier 24 juin, sur son site Discophilia, l’excellent Jean-Charles Hoffelé, en un article intitulé « Merveilles oubliées«  _ et ce mot de « Merveilles » n’est en rien galvaudé, tant pour ces œuvres absolument magnifiques ainsi splendidement ressuscitées et incarnées en leur prégnante-étreignante tendresse-douceur pour nous, que pour leur radieuse et bouleversante interprétation, tant de la mezzo mélodiste qu’est la fée magigienne Magdalena Kozena, au timbre d’or, que de l’orchestre, le Czech Philharmonic, ici au cœur du plus émouvant de son arbre généalogique tchèque, en ce CD éminemment singulier si magistralement réussi : un must !

MERVEILLES OUBLIÉES

Qui connaît ces rêves éveillés que sont les Nipponari ? Les sept haïkus, que Martinů _ consulter ici le catalogue complet de ses œuvres, de 1900-1903 à 1959 _ aura mis en musique, proposant pour chacun d’entre eux un alliage spécifique, sont l’écho sonore de sa visite à une exposition d’estampes _ l’œuvre (H. 68) a été créée à Brno en 1912.

Encore étudiant au Conservatoire de Prague, déjà si singulier, son orchestre à géométrie variable est empli de musique française, d’un raffinement inouï _ oui ! _ dont Sir Simon Rattle se régale, encorbelant le chant _ magnétique, profond _ de Magdalena Kožená _ écoutez déjà cet extrait : c’est sublime…

Le cycle, que Martinů orchestra en 1912 (alors même que Maurice Delage mettait le point final à ses Poèmes hindous _ écoutez-ici par la grande Janet Baker… _, les deux œuvres ont des ressemblances troublantes, d’abord par leurs écritures instrumentales si subtiles), est un pur bijou _ oui ! _ dont on tient, il me semble, seulement le second enregistrement _ le précédent enregistrement au CD de ces « Nipponari«  de Bohuslav Martinu, fut celui de la mezzo Dagmar Pecková avec l’Orchestre symphonique de Prague placé sous la direction de Jiří Bělohlávek, en septembre 1988, pour le label Supraphon ; soit le CD SU 3956-2 ; écoutez-ici, et comparez…

Il suffit à commander l’acquisition de ce disque précieux aussi _ oui _ par les Quatre mélodies avec orchestre d’Hans Krása, ces Lieder _ tragiques et poignants ; composés très précocément, dès 1920, à l’âge de 21 ans … _ où, là encore, l’orchestre est un univers _ oui, oui, oui. Un de ses opus majeurs _ quelle force ! quelle puissance, ici… _, s’y infusent les raffinements de l’instrumentation française, appris auprès d’Albert Roussel, et les nouvelles musiques de la Seconde École de Vienne. Il y a du Schönberg dans son chant _ oui _, et du Berg dans la dramaturgie de l’orchestre, ce que Magdalena Kožená et Sir Simon Rattle réunissent avec art _ oui, oui : tout de sublime évidence… _, aidés par les timbres singuliers _ uniques, en effet _ des Pragois _ totalement nécessaires et irremplaçables ici. L’ajout _ à ce programme magnifiquement choisi, composé et mené _ des encore plus rares _ magnifiques ! éblouissantes dans le naturel de leur apparente simplicité… _ Petites chansons sur une page de Martinů _ H. 294, au catalogue ; composées en 1942-1943, aux États-Unis : j’en possède un enregistrement Supraphon SU 4235-2, dans la version originale avec piano, le CD « Bohuslav Martinu – Songs«  de Martina Jankova, soprano, Tomas Kral, baryton, et Ivo Kahanek, au piano, enregistré en la Salle Martinu de l’Académie de Musique de Prague au mois de juin 2017 (cf mon bref article « «  en date du 6 juillet 2019 _, orchestrés _ superbement : quelle bouleversante et irradiante tendresse ici !.. _ par Jiří Teml, augmente _ oui ! Et il faut en effet le souligner… _ le plaisir ! _ et c’est bien là ce que j’ai moi aussi personnellement très intensément ressenti ici, avec cette interprétation-incarnation profonde, douce et subtile, en même temps que très naturelle, évidente et comme directe, de Magdalena Kozena, le Czech Philharmonic et Sir Simon Rattle : un véritable enchantement…

Centre du disque, d’admirables _ divines !!! _ mélodies _ purs chefs d’œuvre très injustement méconnus… _ de Dvořák, certaines orchestrées _ aussi : et magnifiquement ! _ par Jiří Gemrot, où la mezzo déploie ses mots ambrés _ oui _, coda _ très émouvante, encore… _ avec la Berceuse juive que Gideon Klein écrivit le 6 février 1943, sans se douter encore que les Nazis l’assassineraient vingt mois plus tard _ l’histoire tchèque, au cœur le plus sensible de notre vieille Europe, est ainsi cruellement marquée d’abominables catastrophes…

LE DISQUE DU JOUR

Czech Songs

Bohuslav Martinů (1890-1959)


Nipponari, H. 68 « Chants
populaires japonais »

Petites chansons sur une page, H. 294 (orchestration : Jiří Teml)


Antonín Dvořák (1841-1904)


Chants nocturnes, B. 61
(5 extraits : No. 1. Umlklo stromů šumění ; No. 2. Mně zdálo se ; No. 3. Já jsem ten rytíř ; No. 4. Když Bůh byl nejvíc rozkochán ; No. 7. Když jsem se díval do nebe)

Cyprès, B. 11 (2 extraits : No. 5. Ó byl to krásný zlatý sen ; No. 11. Mé srdce často v bolesti – orchestration : Jiří Gemrot)


Hans Krása (1899-1944)


4 Mélodies avec orchestre, Op. 1


Gideon Klein ( 1919-1945)


Berceuse (orchestration : Jiří Gemrot)

Magdalena Kožená, mezzo-soprano
Orchestre Philharmonique Tchèque
Sir Simon Rattle, direction

Un album du label Pentatone PTC5187077

Photo à la une : la mezzo-soprano Magdalena Kožená – Photo : © DR

Quelles œuvres !!!

Et quelle interprétation !!!

Et quelle magnifique composition de programme : vers le tragique…

Un CD tout simplement admirable…

Ce mardi 25 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le délicieux moment de charme pur d’Erich Wolfgang Korngold, dans le CD « Love Music » des magnifiques Yeol Eum Son et Svetlin Roussev…

20juin

C’est le double vif intérêt que je porte et au compositeur Erich-Wolgang Korngold (Brünn, 29 mai 1897 – Hollywood, 29 novembre 1957)  _ ma discothèque personnelle compte à ce jout 27 CDs Korngold ; et cf mes articles « « , «  « , « « , « « , des 23 février 2020, 8 juin 2020, 13 août 2022, 14 août 2022, par exemple _ et au violoniste Svetlin Roussev ( Ruse-Bulgarie, 5 avril 1976) _ je l’ai découvert (et beaucoup apprécié !) récemment, à l’écoute du passionnant CD « Ravel à Gaveau«  ; cf mon article du 7 juin dernier « «  _, ajouté à la publication hier mercredi 19 juin sur son site Discophilia de l’article de Jean-Charles Hoffelé intitulé « Wien nur du allein« , qui m’a fait d’abord découvrir, ensuite chercher à me procurer, le CD Naïve v 8122 « Love Music » de la pianiste Yeol Eum Son et du violoniste Svetlin Roussev _ un CD enregistré à Hanovre du 13 au 15 avril 2022…

Écoutez par exemple ceci (d’une durée de 7′ 01).

Ou cela (d’une durée de 5′ 14).

WIEN NUR DU ALLEIN

Bonne pioche : Svetlin Roussev dégotta un jour une copie manuscrite d’une œuvre inédite de Franz Waxman. Cette fois, le compositeur d’Hollywood n’avait pas jeté son dévolu sur Carmen, mais sur Tristan et Isolde. Si Jascha Heifetz avait vu la partition, il l’aurait faite sienne comme la Fantaisie sur « Carmen ». Le charme fou _ oui ! _ qu’infuse Waxman à l’érotisme de Wagner _ oui ! _ est l’amorce d’un _ bien _ beau programme où l’archet savoureux de Svetlin Roussev fait une halte à Vienne _ voilà ! _, dans l’accompagnement si musical, si inventif de Yeol Eum Son dont j’avais tant goûté les Sonates de Mozart (voir ici).

C’est merveille pour les trois Alt-Wiener Tanzweisen de Kreisler, où il infuse plus de nostalgie que d’autres, préférant chanter (et même murmurer) plutôt que briller _ oui _, merveille toujours _ et surtout, pour ma part… _ pour les Korngold, Lied de Marietta _ de « Die Tote Stadt » _ tenu, gourmé, si senti, pièces tirées de Beaucoup de bruit pour rien délicieusement descriptives, assaisonnées d’une pincée d’ironie _ en effet _, si bien vues (et quel mariage archet-clavier !).

……

Puis soudain le feu, l’élan, l’appassionato absolu avec une lecture transcendante de la Sonate de Strauss, son grand opus de jeunesse, pas entendu aussi détaillé et aussi emporté à la fois, si chanté, depuis la gravure de Wolfgang Schneiderhahn. Coda à la limite du silence où l’archet semble dire les mots de Träume _ de Wagner _, finement transcrits par Leopold Auer.

Disque précieux _ absolument délicieux ! _ d’un violoniste trop rare _ mais oui ! _ qui a trouvé sa partenaire.

LE DISQUE DU JOUR

Love Music

Franz Waxman (1906-1967)


Tristan and Isolde: Love Music


Erich Wolfgang Korngold(1897-1957)


Mariettas Lied zur Laute (extrait de « Die tote Stadt »)
4 Pièces pour « Much Ado About Nothing » de Shakespeare


Fritz Kreisler (1875-1962)


Alt-Wiener Tanzweisen (No. 1. Liebesfreud – No. 2. Liebesleid –
No. 3. Schön Rosmarin)


Richard Strauss (1864-1949)


Sonate pour violon et piano en mi bémol majeur, Op. 18, TrV 151


Richard Wagner (1813-1883)


Träume (No. 5, extrait des « Wesendonck-Lieder » ; version pour violon et piano : Leopold Auer)

Svetlin Roussev, violon
Yeol Eum Son, piano

Un album du label naïve V8122

Photo à la une : la pianiste Yeol Eum Son et le violoniste Svetlin Roussev – Photo : © Young Hun O 

On pourra comparer l’interprétation des 4 pièces de « Much Ado About Nothing« , Suite Op. 11 (de 1918-19), d’Erich-Wolfgang Kornold par Svetlin Roussev et Yeol Eum Son, enregistrées en avril 2022 à Hanovre, aux plages 3 à 6 de ce CD « Love Music » Naïve V 8122, avec celle de Gil Shaham et André Previn, en leur CD Deutsche Grammophon 439886-2 « Barber – Korngold« , enregistrées en juin 1993 à Londres _ écoutez-ici (d’une durée de 5′ 35)… 

Ce CD « Love Music » de Yeol Eum Son et Svetlin Roussev :

un programme de charme pur et une interprétation absolument délicieux…

Ce jeudi 20 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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