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Découvrir le coffret Warner Classics « Wolfgang Sawallisch – Complete Symphonie, Lieder et Choral Recordings (1954 – 1997) », en commençant avec le piano limpide de Youri Egorov, ou la grâce absolue ; et en poursuivant par l’enchantement des Lieder avec choeur de Schubert…

28juin

Comment aborder le coffret Warner Classics 5054197832178 de 65 de CDs « Wolfgang Sawallisch – Complete Symphonie, Lieder & Choral Recordings (1954 – 1997) » ?

Plusieurs récents articles de blogs peuvent peut-être suggérer quelques pistes d’écoute…

_ Par exemple l’article « Pas si sages » du Blog Discophilia de Jean-Charles Hoffelé en date du dimanche 23 juin dernier ;

_ ou bien l’incise consacrée à ce coffret dans l’article « Le chaos ou la beauté » du Blog de Jean-Pierre Rousseau avant-hier mercredi 26 juin ;/

_ ou encore l’article « Wolfgang Sawallisch, l’inspirant«   de Pierre-Jean Tribot, sur le site de Crescendo-Belgique, en date du jeudi 27 juin…

Au sein de ce coffret riche touffu de 65 CDs, j’ai commencé par suivre la suggestion de Jean-Pierre Rousseau, et ai commencé par l’écoute des CDs n°1 et n°10 :

les Concertos n°17 et 20 de Mozart _ enregistrés à Londres au mois de février 1985 _ ;

et le Concerto n°5 L’Empereur de Beethoven _ enregistré à Londres fin mai-début juin 1982 _,

dans lesquels le Philharmonia Orchestra dirigé par Wolfgang Sawallisch accompagne le formidablement délicat touché de piano de Youri Egorov…

Youri Egorov (Kazan, 28 mai 1954 – Amsterdam, 16 avril 1988) dans cet Empereur-ci avec Wolfgang Sawallisch (Munich, 26 août 1923 – Granau-Bavière, 22 février 2013), en 1982,

c’est le miracle de la grâce absolue.

Sinon,

je suis particulièrement heureux de retrouver en ce coffret les 4 CDs _ n° 12, 13, 14 et 15 ici ; soient 4h, 27′ et 30′ _ de « Weltliches Vokalwerk » de Franz Schubert, avec, notamment, Hildegard Behrens, Brigitte Fassbaender, Dietrich Fischer-Dieskau, Peter Schreier, et le Chor des Bayerischen Rundfunks _ enregistrés de 1977 à 1981 _, publiés en 1981, puis, remastérisés, en 1997 :

de pures merveilles, et infiniment variées, sous la baguette absolument idoine de Wolfgang Sawallisch…

Entre lesquels, tout spécialement, le divin « Gesang der Geister über den Wassern « Des Menschen Seele gleicht dem Wasser » » D.714, à la plage 18 du CD n° 13 _ écoutez ici (11′ 05)…

Mais tout ici de ces diverses et très variées œuvres avec chœur est très évidemment à écouter, ré-écouter, et saluer bien bas :

et c’est l’ombre de Schubert en personne (Lichtenstal, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1828) qui ici accompagne…

Immense merci, donc, pour cette opportune ré-édition hommage à Wolfgang Sawallisch, à l’occasion de l’anniversaire des 100 ans, en 2023, de sa naissance, le 26 août 1923, à Munich…

Ce vendredi 28 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le charme intense et la tendresse profonde des bouleversants « Czech Songs » de Bohuslav Martinu, Antonin Dvorak, Hans Krasa et Gideon Klein, par Magdalena Kozena et le Czech Philharmonic dirigé par Sir Simon Rattle, en un CD absolument admirable…

25juin

Passionné de musique tchèque et morave, ainsi que de mélodies, que je suis,

c’est instantanément que je me suis tourné vers le CD Pentatone PTC 5187 077 « Czech Songs » de Magdalena Kozena et le Czech Philharmonic sous la direction de Sir Simon Rattle,

pour mon enchantement de ces mélodies graves et bouleversantes de tendresse de Bohuslav Martinu (Policka, 8 décembre 1890 – Liestal, 28 août 1959) _ pour 14 mélodies _, Antonin Dvorak (Nelahozeves, 8 septembre 1841 – Prague, 1er mai 1904) _ pour 7 mélodies _, Hans Krasa (Prague, 30 novembre 1899 – Auschwitz, 17 octobre 1944) _ pour 4 mélodies : plus tragiques… _ et Gideon Klein (Prerov, 6 décembre 1919 – Fürstengrube, 6 décembre 1945) _ pour la berceuse finale _,

servies idéalement par la subjugante voix mordorée de la mezzo Magdalena Kozena, parfaite, et par un Orchestre, le Czech Philharmonis, d’une bouleversante douceur, conduit idéalement par la tendresse idoine de Simon Rattle…

Et voici ce qu’en a dit hier 24 juin, sur son site Discophilia, l’excellent Jean-Charles Hoffelé, en un article intitulé « Merveilles oubliées«  _ et ce mot de « Merveilles » n’est en rien galvaudé, tant pour ces œuvres absolument magnifiques ainsi splendidement ressuscitées et incarnées en leur prégnante-étreignante tendresse-douceur pour nous, que pour leur radieuse et bouleversante interprétation, tant de la mezzo mélodiste qu’est la fée magigienne Magdalena Kozena, au timbre d’or, que de l’orchestre, le Czech Philharmonic, ici au cœur du plus émouvant de son arbre généalogique tchèque, en ce CD éminemment singulier si magistralement réussi : un must !

MERVEILLES OUBLIÉES

Qui connaît ces rêves éveillés que sont les Nipponari ? Les sept haïkus, que Martinů _ consulter ici le catalogue complet de ses œuvres, de 1900-1903 à 1959 _ aura mis en musique, proposant pour chacun d’entre eux un alliage spécifique, sont l’écho sonore de sa visite à une exposition d’estampes _ l’œuvre (H. 68) a été créée à Brno en 1912.

Encore étudiant au Conservatoire de Prague, déjà si singulier, son orchestre à géométrie variable est empli de musique française, d’un raffinement inouï _ oui ! _ dont Sir Simon Rattle se régale, encorbelant le chant _ magnétique, profond _ de Magdalena Kožená _ écoutez déjà cet extrait : c’est sublime…

Le cycle, que Martinů orchestra en 1912 (alors même que Maurice Delage mettait le point final à ses Poèmes hindous _ écoutez-ici par la grande Janet Baker… _, les deux œuvres ont des ressemblances troublantes, d’abord par leurs écritures instrumentales si subtiles), est un pur bijou _ oui ! _ dont on tient, il me semble, seulement le second enregistrement _ le précédent enregistrement au CD de ces « Nipponari«  de Bohuslav Martinu, fut celui de la mezzo Dagmar Pecková avec l’Orchestre symphonique de Prague placé sous la direction de Jiří Bělohlávek, en septembre 1988, pour le label Supraphon ; soit le CD SU 3956-2 ; écoutez-ici, et comparez…

Il suffit à commander l’acquisition de ce disque précieux aussi _ oui _ par les Quatre mélodies avec orchestre d’Hans Krása, ces Lieder _ tragiques et poignants ; composés très précocément, dès 1920, à l’âge de 21 ans … _ où, là encore, l’orchestre est un univers _ oui, oui, oui. Un de ses opus majeurs _ quelle force ! quelle puissance, ici… _, s’y infusent les raffinements de l’instrumentation française, appris auprès d’Albert Roussel, et les nouvelles musiques de la Seconde École de Vienne. Il y a du Schönberg dans son chant _ oui _, et du Berg dans la dramaturgie de l’orchestre, ce que Magdalena Kožená et Sir Simon Rattle réunissent avec art _ oui, oui : tout de sublime évidence… _, aidés par les timbres singuliers _ uniques, en effet _ des Pragois _ totalement nécessaires et irremplaçables ici. L’ajout _ à ce programme magnifiquement choisi, composé et mené _ des encore plus rares _ magnifiques ! éblouissantes dans le naturel de leur apparente simplicité… _ Petites chansons sur une page de Martinů _ H. 294, au catalogue ; composées en 1942-1943, aux États-Unis : j’en possède un enregistrement Supraphon SU 4235-2, dans la version originale avec piano, le CD « Bohuslav Martinu – Songs«  de Martina Jankova, soprano, Tomas Kral, baryton, et Ivo Kahanek, au piano, enregistré en la Salle Martinu de l’Académie de Musique de Prague au mois de juin 2017 (cf mon bref article « «  en date du 6 juillet 2019 _, orchestrés _ superbement : quelle bouleversante et irradiante tendresse ici !.. _ par Jiří Teml, augmente _ oui ! Et il faut en effet le souligner… _ le plaisir ! _ et c’est bien là ce que j’ai moi aussi personnellement très intensément ressenti ici, avec cette interprétation-incarnation profonde, douce et subtile, en même temps que très naturelle, évidente et comme directe, de Magdalena Kozena, le Czech Philharmonic et Sir Simon Rattle : un véritable enchantement…

Centre du disque, d’admirables _ divines !!! _ mélodies _ purs chefs d’œuvre très injustement méconnus… _ de Dvořák, certaines orchestrées _ aussi : et magnifiquement ! _ par Jiří Gemrot, où la mezzo déploie ses mots ambrés _ oui _, coda _ très émouvante, encore… _ avec la Berceuse juive que Gideon Klein écrivit le 6 février 1943, sans se douter encore que les Nazis l’assassineraient vingt mois plus tard _ l’histoire tchèque, au cœur le plus sensible de notre vieille Europe, est ainsi cruellement marquée d’abominables catastrophes…

LE DISQUE DU JOUR

Czech Songs

Bohuslav Martinů (1890-1959)


Nipponari, H. 68 « Chants
populaires japonais »

Petites chansons sur une page, H. 294 (orchestration : Jiří Teml)


Antonín Dvořák (1841-1904)


Chants nocturnes, B. 61
(5 extraits : No. 1. Umlklo stromů šumění ; No. 2. Mně zdálo se ; No. 3. Já jsem ten rytíř ; No. 4. Když Bůh byl nejvíc rozkochán ; No. 7. Když jsem se díval do nebe)

Cyprès, B. 11 (2 extraits : No. 5. Ó byl to krásný zlatý sen ; No. 11. Mé srdce často v bolesti – orchestration : Jiří Gemrot)


Hans Krása (1899-1944)


4 Mélodies avec orchestre, Op. 1


Gideon Klein ( 1919-1945)


Berceuse (orchestration : Jiří Gemrot)

Magdalena Kožená, mezzo-soprano
Orchestre Philharmonique Tchèque
Sir Simon Rattle, direction

Un album du label Pentatone PTC5187077

Photo à la une : la mezzo-soprano Magdalena Kožená – Photo : © DR

Quelles œuvres !!!

Et quelle interprétation !!!

Et quelle magnifique composition de programme : vers le tragique…

Un CD tout simplement admirable…

Ce mardi 25 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le délicieux moment de charme pur d’Erich Wolfgang Korngold, dans le CD « Love Music » des magnifiques Yeol Eum Son et Svetlin Roussev…

20juin

C’est le double vif intérêt que je porte et au compositeur Erich-Wolgang Korngold (Brünn, 29 mai 1897 – Hollywood, 29 novembre 1957)  _ ma discothèque personnelle compte à ce jout 27 CDs Korngold ; et cf mes articles « « , «  « , « « , « « , des 23 février 2020, 8 juin 2020, 13 août 2022, 14 août 2022, par exemple _ et au violoniste Svetlin Roussev ( Ruse-Bulgarie, 5 avril 1976) _ je l’ai découvert (et beaucoup apprécié !) récemment, à l’écoute du passionnant CD « Ravel à Gaveau«  ; cf mon article du 7 juin dernier « «  _, ajouté à la publication hier mercredi 19 juin sur son site Discophilia de l’article de Jean-Charles Hoffelé intitulé « Wien nur du allein« , qui m’a fait d’abord découvrir, ensuite chercher à me procurer, le CD Naïve v 8122 « Love Music » de la pianiste Yeol Eum Son et du violoniste Svetlin Roussev _ un CD enregistré à Hanovre du 13 au 15 avril 2022…

Écoutez par exemple ceci (d’une durée de 7′ 01).

Ou cela (d’une durée de 5′ 14).

WIEN NUR DU ALLEIN

Bonne pioche : Svetlin Roussev dégotta un jour une copie manuscrite d’une œuvre inédite de Franz Waxman. Cette fois, le compositeur d’Hollywood n’avait pas jeté son dévolu sur Carmen, mais sur Tristan et Isolde. Si Jascha Heifetz avait vu la partition, il l’aurait faite sienne comme la Fantaisie sur « Carmen ». Le charme fou _ oui ! _ qu’infuse Waxman à l’érotisme de Wagner _ oui ! _ est l’amorce d’un _ bien _ beau programme où l’archet savoureux de Svetlin Roussev fait une halte à Vienne _ voilà ! _, dans l’accompagnement si musical, si inventif de Yeol Eum Son dont j’avais tant goûté les Sonates de Mozart (voir ici).

C’est merveille pour les trois Alt-Wiener Tanzweisen de Kreisler, où il infuse plus de nostalgie que d’autres, préférant chanter (et même murmurer) plutôt que briller _ oui _, merveille toujours _ et surtout, pour ma part… _ pour les Korngold, Lied de Marietta _ de « Die Tote Stadt » _ tenu, gourmé, si senti, pièces tirées de Beaucoup de bruit pour rien délicieusement descriptives, assaisonnées d’une pincée d’ironie _ en effet _, si bien vues (et quel mariage archet-clavier !).

……

Puis soudain le feu, l’élan, l’appassionato absolu avec une lecture transcendante de la Sonate de Strauss, son grand opus de jeunesse, pas entendu aussi détaillé et aussi emporté à la fois, si chanté, depuis la gravure de Wolfgang Schneiderhahn. Coda à la limite du silence où l’archet semble dire les mots de Träume _ de Wagner _, finement transcrits par Leopold Auer.

Disque précieux _ absolument délicieux ! _ d’un violoniste trop rare _ mais oui ! _ qui a trouvé sa partenaire.

LE DISQUE DU JOUR

Love Music

Franz Waxman (1906-1967)


Tristan and Isolde: Love Music


Erich Wolfgang Korngold(1897-1957)


Mariettas Lied zur Laute (extrait de « Die tote Stadt »)
4 Pièces pour « Much Ado About Nothing » de Shakespeare


Fritz Kreisler (1875-1962)


Alt-Wiener Tanzweisen (No. 1. Liebesfreud – No. 2. Liebesleid –
No. 3. Schön Rosmarin)


Richard Strauss (1864-1949)


Sonate pour violon et piano en mi bémol majeur, Op. 18, TrV 151


Richard Wagner (1813-1883)


Träume (No. 5, extrait des « Wesendonck-Lieder » ; version pour violon et piano : Leopold Auer)

Svetlin Roussev, violon
Yeol Eum Son, piano

Un album du label naïve V8122

Photo à la une : la pianiste Yeol Eum Son et le violoniste Svetlin Roussev – Photo : © Young Hun O 

On pourra comparer l’interprétation des 4 pièces de « Much Ado About Nothing« , Suite Op. 11 (de 1918-19), d’Erich-Wolfgang Kornold par Svetlin Roussev et Yeol Eum Son, enregistrées en avril 2022 à Hanovre, aux plages 3 à 6 de ce CD « Love Music » Naïve V 8122, avec celle de Gil Shaham et André Previn, en leur CD Deutsche Grammophon 439886-2 « Barber – Korngold« , enregistrées en juin 1993 à Londres _ écoutez-ici (d’une durée de 5′ 35)… 

Ce CD « Love Music » de Yeol Eum Son et Svetlin Roussev :

un programme de charme pur et une interprétation absolument délicieux…

Ce jeudi 20 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un piano, et même mieux, deux pianos, qui crépitent et chantent : Sergei Babayan et Daniil Trifonov dans un éblouissant transcendant « Rachmaninoff for two » !

15juin

Quand la performance virtuose des interprètes galvanise jusqu’aux auditeurs…

Et c’est exactement cela qui vient nous subjuguer-transporter-incendier avec le transcendant flamboyant double album Deutsche Grammophon 486 4805 « Rachmaninoff for two » de Sergei Babayan (Gyumri – Arménie, 1er janvier 1961) et Daniil Trifonov (Nijni-Novgorod – URSS, 5 mars 1991) _ le premier ayant été professeur du second, en 2009, au Cleveland Institute of Music, un lieu et une institution importants… _ enregistré à Vienne en mai et août 2023…

Voici ce que sur son constamment excellent site Discophilia, en un article sobrement intitulé « Fantaisies et danses« , nous en communique la décidément parfaite oreille (et plume) de Jean-Charles Hoffelé :

FANTAISIES ET DANSES

L’oiseau sirine qui encorbelle de ses trilles mystiques la Barcarolle _ d’après des vers de Lermontov _ de la Suite « Fantaisie-tableaux » semble répondre sous les doigts de Sergei Babayan et de Daniil Trifonov _ écoutez ici le podcast de la sublimissime interprétation (!!!) de cette « Barcarolle«  (en 8′ 29) en ce « fabuleux CD« – ci de Babayan et Trifonov _ à celui qu’inventèrent _ écoutez-le donc aussi ici (en un podcast de 7′ 27) par Ginzburg et Goldenweiser, en un enregistrement de 1948, disponible sous le label RDC (Russian Compact Disc)Grigory Ginzburg _ Nijni-Novgorod, 29 mai 1904 – Moscou, 5 décembre 1961 _ et Alexandre Goldenweiser _ Chisinau-Bessarabie, 10 mars 1875 – Moscou, 26 novembre 1961 : ce dernier professeur du précédent au conservatoire Tchaïkovsky de Moscou, et un des fondateurs de l’école moderne russe de piano : « At age six, his talent (celui de Grigory Ginzburg) was recognized and in 1917, when he was 13, he became a student of Alexander Goldenweiser at the Moscow Conservatory. He remained close to Goldenweiser his whole life _ voilà ! _, becoming his assistant after graduation« , a signalé le 1er mai 2017 Maureen Buja en un article intitulé « Forgotten pianists : Grigory Ginzburg« 

Leur conte sélène _ en ce merveilleux CD-ci _ est simplement plus sombre, comme sera plus terrible _ oui, et sublimement véhément... _ de noirceur _ exaltée jusqu’au sublime, voilà ! _ jusque dans l’exaltation centrale La nuit… L’amour _ d’après des vers de Byron _ commencé par un rossignol éperdu _ écoutez-le aussi en ce podcast (d’une durée de 5′ 59) de ce génial CD de Babayan et Trifovov, et subissez-en vous aussi le charme absolu ! Quel génie _ assurément ! _ aura déployé le jeune Rachmaninoff _ l’été 1893, Rachmaninov (Semionovo, 1er avril 1873 – Beverly Hills, 28 mars 1943) a tout juste vingt ans… _ dans cet Opus 5, et comme les deux amis _ Babayan et Trifonov, si magnifiquement complices _ l’entendent _ et l’incarnent aussi splendidement ! _, y infusant des rêves et des contes, rappelant souvent l’univers _ de profonde poésie musicale _ de Nikolai Medtner _ Moscou, 5 janvier 1880 – Londres, 13 novembre 1951.

Ce sera le sommet poétique _ oui ! et je le pense aussi… _ de ces deux disques fabuleux _ absolument ! je partage pleinement cet avis… _ où ils se feront _ ensuite _ athlètes pour la Deuxième Suite, prenant des tempos fous _ sublimement tenus _ pour la Valse (même Vronsky et Babin _ Vitya Vronsky (Eupatoria-Crimée, 22 août 1909 – Cleveland, 28 juin 1992) et Victor Babin (Moscou, 13 décembre 1908 – Cleveland, 1er mars 1972  _ ne filent pas à ce point _ écoutez ici Vronsky et Babin en cette Deuxième Suite Op. 17  en un enregistrement du 22 janvier 1934, pour RCA : d’une durée de 19′ 24 _, ça tricote du diable _ oui _, sans oublier de chanter _ en effet et surtout, bien entendu ! quelle merveille sous ces doigts si inspirés de Babayan et Trifonov ! _, savourant la Romance en sonorités dorées (on croirait une scène d’un film hollywoodien), se déchaînant dans la Tarentelle à nouveau dans ce sombre menaçant qui empoisonnera _ aussi _ leur lecture paroxystique _ géniale… _ des Danses symphoniques.

Sous leurs doigts, l’orchestre ne manque _ en effet _ pas, tout comme pour la transcription inspirée _ oui _ de l’Adagio de la 2e Symphonie réalisée si proche de l’original par Daniil Trifonov, décidément chez lui ici _ oui, oui, oui _ : ses Concertos l’attestaient _ cf mon article « «  du 23 octobre 2019 à propos des deux merveilleux CDs « Departure » (DG 00289 483 5335) et « Arrival«  (DG OO289 483 6617), comportant les 4 Concertos pour piano op. 1, op. 18, op. 30 et op. 40 du compositeur (1873 – 1943) _, ce nouvel album le confirme _ somptueusement…

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninoff
(1873-1943)


Symphonie No. 2, Op. 27 –
III. Adagio (version pour deux
pianos : Trifonov)


Suite pour deux pianos No. 2, Op. 17


Suite pour deux pianos No. 1, Op. 5 « Fantaisie-tableaux »


Danses symphoniques, Op. 45 (version pour deux pianos)

Daniil Trifonov, piano
Sergei Babayan, piano

Un album de 2 CD du label Deutsche Grammophon 4864805

Photo à la une : les pianistes Daniil Trifonov (à gauche) et Sergei Babayan – Photo : © Julia Wesel 

Une musique _ quasi gratuite : de l’art pour l’art… _ et une interprétation _ phénoménale de virtuosité, mais bienheureusement dénuée du moindre narcissisme ; admirez (et écoutez !) aussi cette vidéo de 47′ 16 de ces Suites n°1 et n°2 pour deux pianos, lors d’un concert donné par Sergei Babayan et Daniil Trifonov à l’Auditorium de Radio-France, à Paris, le 21 mars 2023 : précédant donc de peu leurs enregistrements, à Vienne, de ce double album, aux mois de mai et août suivants… _ qui nous extirpent en toute beauté d’un présent morose, inquiétant, voire nauséabond…

Et sur la virtuosité en musique,

relire les lumineux chapitres « Pour et contre la virtuosité » de Vladimir Jankélévitch, notamment aux pages 109 à 159 de son « Liszt et la rhapsodie _ Essai sur la virtuosité » ; qui comporte aussi cette phrase, à la page 151 : « Que sa marque propre soit le pathétique ou le brio, la virtuosité, chez Rachmaninov, est toujours somptueuse« …

Il est vrai, aussi, que contrairement à ma propre endémique absence de tropisme envers la musique russe _ en général : il y a aussi quelques heureuses exceptions… Mais c’est probablement d’abord par ignorance… _j’aime beaucoup Rachmaninov.

Cf le significatif aveu conclusif de mon article du 13 octobre 2018 «  » : « J’aime Rachmaninov, mais oui…« …

Ce samedi 15 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le Fauré un poil trop sombre et aride (?..) de Stéphane Degout, ou les mille nuances du doux charme fauréen : une suite à ma troisième écoute…

29mai

Le 22 mai dernier, je saluai le très beau CD « La Bonne Chanson – L’Horizon chimérique – Ballade – Mélodies« , le CD Harmonia Mundi  HMM 902382, d’un article que j’intitulais, avec un poil de précaution : «  » ;

et dans lequel je me contentais surtout de ponctuer de menus commentaires l’article « Mirages » que lui consacrait, le lendemain de mon achat du CD, Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia, sans l’ombre, lui, de quelque menue réticence que ce soit…

Or voici qu’hier 28 mai, sur le site de ResMusica et sous la signature de Jean-Marc Petit, paraît un nouvel article consacré à ce CD Fauré de Stéphane Degout et Alain Planès, sous le titre, cette fois de « Invitation au voyage en mélodies fauréenes avec Stéphane Degout« .


Le voici donc, assorti lui aussi, de quelques menus commentaires miens :

Invitation au voyage en mélodies fauréennes avec Stéphane Degout

Instagram

Le baryton Stéphane Degout et le pianiste Alain Planès nous proposent un riche panorama des mélodies de Gabriel Fauré, avec cinq cycles majeurs dont La Bonne Chanson et L’Horizon chimérique. Une invitation au voyage plus sombre _ un mot dont moi aussi j’usais _ et aride _ et je disais sobriété.. _ qu’il n’y paraît _ ou n’y devrait...

L’année du centenaire _ oui _ de la mort de Gabriel Fauré (1845-1924) ne pouvait se concevoir sans un hommage à l’immense mélodiste qu’il fut. Le genre de la mélodie, très prisé dans les salons français du milieu du XIXᵉ siècle jusqu’à l’aube du XXᵉ siècle, a accompagné Fauré tout au long de sa vie _ en effet. Il en composa une centaine _ pas moins… _, dont son premier opus Le Papillon et la fleur (1861), écrit à l’âge de 16 ans, jusqu’au testamentaire cycle L’Horizon chimérique op. 118 (1921), composé à l’âge de 77 ans. Autant de petits cailloux semés, fil intime _ voilà ! _ de la vie de Fauré où se mêlent rêves et doutes, angoisses et joies, classicisme mondain comme audaces harmoniques _ c’est là excellemment vu.

Le grand baryton français Stéphane Degout et le _ grand _ pianiste _ un peu trop rare en CDs ... _ Alain Planès nous proposent ainsi de parcourir cette existence à travers une copieuse anthologie de cinq cycles de mélodies. Du juvénile Poème d’un jour op. 21, composé en 1878, à l’orée de la carrière de Fauré, jusqu’au tragique L’Horizon chimérique, en passant par le délicieux cycle La Bonne chanson op. 61 sur des poèmes de Verlaine, mais également l’amoureux Jardin clos op. 106, ou encore le symbolisme des Mirages op. 113.

On connaît Stéphane Degout comme grand chanteur d’opéra, au timbre large et à la diction parfaite _ splendide aussi en récitaliste de mélodies… Ce sont ces mêmes qualités que l’on retrouve dans cet enregistrement où le souffle ample et la puissance du chanteur donnent des couleurs germaniques aux mélodies de Fauré qui n’en demandent peut-être pas tant. Les qualités de Stéphane Degout pourront donc apparaître aussi comme un défaut _ voilà _, l’intimisme _ doux et charmeur _ de Fauré nécessitant parfois _ un peu _ plus d’humilité dans le timbre. On se souvient de la tendresse et du poli des vieux enregistrements de Gérard Souzay dans ce même répertoire _ de son excessive préciosité aussi, à nos oreilles du moins ; et pour ma part, je lui prèfère la franchise plus directe de Stéphane Degout… Stéphane Degout nous emmène dans un pays plus sombre et aride _ voilà, voilà !!! _, qui peut se justifier dans le tragique des dernières mélodies _ toutefois, même dans le sublime testamentaire « Horizon chimérique« , on apprécierait une nuance supplémentaire de chaleur enthousiaste dans l’envol imaginé seulement de l’élan… _, mais moins dans la douceur nostalgique du Jardin clos.

Alain Planès, sur un piano Pleyel « Grand patron » de 1892 à la sonorité ouatée, se révèle bien plus qu’un accompagnateur _ oh que oui ! _ dans ces partitions toujours changeantes et complexes. À l’image de la redoutable Ballade pour piano op. 19, _ enchanteresse ici _ en milieu de programme _ et peut-être même son sommet, me laissais-je aller à penser… _, que même Franz Liszt _ mais pas Alain Planès ! C’est là tout dire… _ eut du mal à dompter _ ou apprivoiser et saisir, comme il doit convenir à tout interprète…

Cette anthologie, en proposant cinq cycles majeurs de mélodies de Gabriel Fauré, s’impose _ oui _ d’abord par la pertinence de son programme _ oui. Mais l’interprétation exigeante de Stéphane Degout et Alain Planès déconcertera sans doute les amateurs d’un Fauré plus « aimable » _ doux et charmeur… À écouter par petites touches _ et à un peu plus de trois écoutes…

Instagram

Gabriel Fauré (1845-1924) : Poème d’un jour op. 21, La Bonne Chanson op. 61, Ballade pour piano op. 19, Le Jardin clos op. 106, Mirages op. 113, L’Horizon chimérique op. 118.

Stéphane Degout, baryton ; Alain Planès, piano.

1 CD Harmonia Mundi. Enregistré en mai 2023 à l’Abbaye de Royaumont (France).

Notice de présentation et poèmes en français et en anglais.

Durée : 60:21

Un CD nécessaire, et à remettre plusieurs fois sur la platine,

par ces immenses interprètes-magiciens que sont Alain Planès et Stéphane Degout…

Ce mercredi 29 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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