Posts Tagged ‘Christophe Bouton

Revoir en vidéo la rencontre entre Etienne Klein et Christophe Bouton sur la question du « Ralentir », à la Station Ausone le lundi 28 avril dernier…

30avr

Présent à la rencontre _ en d’abord un exposé de 20′ séparé de chacun des deux participants, avant un échange entre eux deux d’à nouveau 20’… _ à la Station Ausone _ plus que comble, pour l’occasion, ce soir là… _, le lundi 24 avril dernier,

entre le physicien Etienne Klein et le philosophe _ ami _ Christophe Bouton,

avec Pierre Coutelle en modérateur, 

 

j’apprécie la mise en ligne de la vidéo de cette très riche rencontre, à partir de la question posée du « Ralentir ?…« ,

qui offre la possibilité à chacun de venir ou revenir à loisir méditer un peu aux questions (et essais de réponses) abordées par ces deux très brillants intervenants lors de ces 69′ d’exposés-là…

Ce dimanche 30 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Méditer maintenant la passionnante vidéo de l’entretien entre Christophe Bouton et Pierre Crétois, à la Station Ausone, le 7 février 2023, autour du très riche et considérablement perspicace « L’accélération de l’Histoire : des Lumières à l’Anthropocène » de Christophe Bouton…

08mar

La passionnante lecture que je viens d’achever de « L’accélération de l’Histoire : des Lumières à l’Anthropocène » de Christophe Bouton _ paru le 20 mai 2022 aux Éditions du Seuil, et dans la collection L’Ordre philosophique _

me fait particulièrement regretter le report de la rencontre qui était prévue ce soir, mercredi 8 février 2023, à la Station Ausone, avec le physicien et philosophe des sciences Étienne Klein ;
mais aussi attendre beaucoup de ce qui pourra advenir lors de la nouvelle date _ le lundi 24 avril _ de ce très prometteur entretien reporté…
Cela m’est l’occasion de rappeler ceci,
plus que jamais d’actualité après ma lecture très fructueuse, maintenant, de ce superbe et très riche travail,

à propos, alors, de son précédent _ paru aux Éditions le Bord de l’eau le 12 avril 2013 _ « Le Temps de l’urgence » :
« Christophe Bouton _ homme tranquille, calme et riche de quiétude, au quotidien, dans la vie _ est un philosophe très probe, très précis, ordonné et très clair _ l’analyse de l’Histoire ainsi que celle du Temps constituent la focalisation principale de son œuvre de philosophe _ »…
Une impression réitérée déjà et amplement confirmée le 7 février dernier, à la Station Ausone, lors de la présentation, par Christophe, répondant aux pertinentes questions de Pierre Crétois, pour la troisième séance de la session 2022-2023 de notre chère Société de Philosophie de Bordeaux _ le 22 novembre 2022, pour la session inaugurale de cette session 2022-2023, je m’étais entretenu en cette même Station Ausone avec l’ami Pascal Chabot sur son « Avoir le temps _ essai de chronosophie« , paru aux PUF… _, de ce « L’accélération de l’histoire »,
et qu’amplifie encore considérablement la lecture que je viens de faire de ce très perspicace et très pertinent récent livre…
Et je m’apprête maintenant à regarder avec une attention redoublée par ma toute fraîche lecture des 380 pages de ce « L’accélération de l’Histoire », 
cette vidéo (de 66′) de l’entretien du 7 février dernier, désormais mise en ligne, et qui m’avait si fort impressionné déjà par tout ce qu’ouvrait d’aperçus lumineux la richesse de ses analyses et son questionnement.
Avec des impressions bien enrichies, donc, par ma lecture attentive de ce travail particulièrement vaste et considérablement profond, animé de constantes très fines, très claires, et toujours très pertinentes questions et efficaces interrogations toujours précises et ouvertes ;
auxquelles il me faudra nécessairement, et forcément, revenir précisément…
Et ce n’est pas pour rien que Christophe a intitulé sa Conclusion, aux pages 365 à 373, « Polychronie » ;
de même qu’un Post-scriptum, aux pages 375 à 380, intitulé à l’interrogatif « La Grande Décélération ?« , se demande « si cette crise _ du Covid-19 _ a préparé le terrain à l’idée d’une « Grande Décélération », prenant le contrepied de la « Grande Accélération » de l’Anthropocène« … ;
avec cette ultime phrase, page 380 : « La question de l’accélération de l’histoire est plus que jamais une question politique, mais encore faut-il l’admettre et se décider _ « Sapere aude ! » _ à y faire face« …
À suivre, donc…
Ce mercredi 8 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

En attendant la vidéo de la 3e conférence de la session 2022-2023 de notre Société de Philosophie de Bordeaux, autour de « L’Accélération de l’Histoire _ des Lumières à l’anthropocène » de Christophe Bouton, un bref rappel d’avril 2013 à propos de son déjà très lucide « Le Temps de l’urgence »…

08fév

 

En attendant la mise en ligne prochaine de la vidéo de la 3e conférence de la session 2022-2023 de notre Société de Philosophie de Bordeaux,

c’est-à-dire de l’entretien d’hier soir, mardi 7 février, à la Station Ausone, entre Christophe Bouton et Pierre Crétois autour de « L’Accélération de l’Histoire _ des Lumières à l’anthropocène » _ paru aux Éditions du Seuil le 20 mai 2022  _,  de Christophe Bouton,

voici, en forme de bref rappel, le lien réactivé à mon article du 25 avril 2013 «  »,

comportant,
en plus d’un petit aperçu du très riche et tout à fait passionnant déjà « Le Temps de l’urgence » _ paru au Bord de l’eau, le 12 avril 2013,
 
ce petit portrait-ci
auquel je n’ai décidément rien à retrancher aujourd’hui, près de 10 ans plus tard :
« Christophe Bouton _ homme tranquille, calme et riche de quiétude, au quotidien, dans la vie _ est un philosophe très probe, très précis, ordonné et très clair _ l’analyse de l’Histoire ainsi que celle du Temps constituent la focalisation principale de son œuvre de philosophe »…
Ce mercredi 8 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Le Programme de la saison 2022-2023 de la Société de Philosophie de Bordeaux : Pascal Chabot, Jeanne Guien, Christophe Bouton, Marina Seretti, Stéphanie Péraud-Puigségur

04oct

Voici le programme de la saison 2022-2023 de notre Société de Philosophie de Bordeaux :

Salle Station Ausone, 18h-19h30 (Mollat)

22 novembre : Pascal ChabotAvoir le temps. Essai de chronosophie, Paris, Presses Universitaires de France, 2021 ; et l’ensemble de ses essais aux PUF depuis 2008 (séance animée par Francis Lippa)

9 janvier : Jeanne GuienLe consumérisme à travers ses objetsParis, Editions Divergences, 2021 (séance animée par Pierre Crétois)

7 février : Christophe BoutonL’accélération de l’histoire. Des Lumières à l’Anthropocène, Paris, Seuil, 2022 (séance animée par Pierre Crétois)

13 mars : Marina SerettiEndormis: Le sommeil profond et ses métaphores dans l’art de la Renaissance, Dijon, Les presses du réel, 2021 (séance animée par Pierre Crétois)

Athénée Municipale

16 mai : Stéphanie Péraud-PuigségurGeste, figures et écritures de maîtres ignorants. Platon, Montaigne, Rancière, Limoges, Lambert-Lucas, 2022. Répondante : Juliette Morice (Université du Maine)

Un beau programme !

Ce mardi 4 octobre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

La pornographie de la violence : Yves Michaud analyse la tragédie du XIV juillet à Nice

21juil

Yves Michaud analyse depuis très longtemps le phénomène de la violence :

Violence et politique (Gallimard, 1978), Changements dans la violence _ la bienveillance et la peur (Odile Jacob, 2002), La Violence (PUF, Que sais-je ?, 2012), La Violence apprivoisée _ débat avec Olivier Mongin (Fayard, 2013), Contre la bienveillance (Stock, 2016), entre autres de ses titres sur ce sujet.

Ce mercredi 20 juillet, Le Monde publie un article-entretien (avec Catherine Vincent) d’Yves Michaud, intitulé Il y a toujours une pornographie de la violence.

Le voici :

Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher en janvier 2015, le Bataclan et les terrasses de cafés parisiens en novembre de la même année, la Promenade des Anglais, à Nice, le 14 juillet dernier : après cette série d’attentats meurtriers, la société française se voit contrainte d’apprendre à vivre avec le terrorisme. Comment faire face à cette difficile cohabitation ?

Réponses du philosophe Yves Michaud, auteur du récent ouvrage Contre la bienveillance (Stock, 192 p., 18 euros _ cf aussi le podcast de mon entretien avec Yves Michaud sur ce livre, le 7 juin 2016 ; sa durée est de 57′) et spécialiste de la violence sociale.

– Le terrorisme avait déserté notre quotidien depuis vingt ans, il semble aujourd’hui s’y installer de façon durable. Que se passe-t-il quand une société aussi policée que la nôtre se retrouve brutalement confrontée à cette violence extrême ?


– Face à ce genre d’agression, on essaie toujours d’oublier : c’est la réaction normale face au traumatisme. Mais là, le rythme s’accélère, la répétition devient massive. Il est donc impossible d’oublier. D’où la stupeur et la peur qu’on observe dans la population. L’atmosphère est pesante, tout le monde est concerné. D’autant que les bilans sont très lourds, beaucoup plus que lors des attentats islamistes de 1995. Et que les gens se doutent bien _ en effet ! _ que ça va continuer.


– Si cette violence s’installe, cela peut-il produire d’autres formes de réaction dans notre société ?


– Cela dépendra en partie de la dignité et de l’efficacité avec laquelle les autorités _ dans leur diversité _ géreront la situation. Ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir _ à chacun et à tous _ apprendre _ voilà ! _ à vivre avec cette peur _ de tels attentats de masse.
Je vois deux scénarios possibles. Un scénario à l’israélienne – même si la situation est considérablement différente en Israël, tout petit pays en sentiment d’état de siège –, c’est-à-dire s’habituer à vivre avec la terreur en étant tout le temps sur ses gardes. Ou un scénario plus à la française, comme celui qui prévalait sous le Directoire après la ­Terreur : un hédonisme renforcé _ expression très intéressante.
L’idée est alors, compte tenu des risques, de profiter _ un terme significativement fort répandu par les temps qui courent _ encore plus du moment présent : on continue et on fait la fête _ Nice, comme Paris, est une fête ! et le revendique… C’est d’autant plus plausible que nous sommes largement _ oui ! _ dans une société de loisirs et de plaisirs _ loin du bonheur ! _, en tout cas dans les villes _ un facteur-clé de leur attractivité, désormais ; et très intégré socio-économiquement, aussi.
Je ne crois pas, en revanche, à des réactions violentes intercommunautaires. On parle beaucoup d’une poussée d’islamophobie, mais ces propos sont manipulés, d’une part par les islamistes eux-mêmes, d’autre part par les médias et les intellectuels spécialisés dans ce genre de discours _ qu’invitent ces médias. Dans la réalité, il n’y a pas _ de fait _ d’augmentation nette des actes d’agression, contre les mosquées par exemple. Les attaques dont nous sommes l’objet depuis l’année dernière sont d’ailleurs tellement horribles et radicales qu’il devient de plus en plus difficile _ oui ! _ de faire un amalgame simpliste _ voilà _ entre ces terroristes et les populations musulmanes. Plus les attentats sont énormes _ et monstrueux _, plus ils peuvent avoir de ce point de vue _ à contrepied de tels amalgames _ un effet « bénéfique ».


– L’historien Yuval Noah Harari estime que si nous sommes si sensibles à ces attaques, ce n’est pas seulement parce qu’elles sont atroces, mais aussi parce que l’Etat moderne fonde sa légitimité sur la promesse de protéger l’espace public de toute violence politique – pacte qui se trouve donc rompu. ­Etes-vous d’accord avec cette analyse ?


– Pas du tout. C’était vrai il y a quelques décennies, ça ne l’est plus aujourd’hui. Le concept auquel cet historien fait référence est celui du monopole de la violence physique légitime, tel que l’a défini l’économiste et sociologue allemand Max Weber au début du XXe siècle. Selon cette conception, l’Etat a le monopole de la violence politique sur son territoire. Mais dans les faits, aujourd’hui, l’Etat ne protège plus parfaitement l’espace public de cette violence – en témoignent le déroulé de certaines manifestations, ou les dégradations commises dans les ZAD [zones à défendre]. Et ce n’est au fond pas si grave, dès lors qu’il n’y a pas de victimes.
Ce qui nous rend sensibles au terrorisme, c’est qu’il s’agit d’une tout autre forme de violence. Le terrorisme, c’est vraiment de la mort, en quantité _ faire ici aussi (et capitaliser) du chiffre ! _, et de la souffrance – car les bilans ne se comptent pas seulement en cadavres, mais aussi en handicapés et en traumatisés graves _ à vie. Pour le dire autrement : on accepte aujourd’hui, dans nos sociétés, un assez haut niveau de violence politique symbolique _ seulement symbolique. Mais le terrorisme nous fait entrer dans une autre dimension de la violence, à la fois réelle et massive _ voilà : un macabre concours (!) au maximum de victimes avec le minimum de moyens et structures…


– Quelle comparaison peut-on faire entre cette forme de violence et celle que nous avons connue dans les années 1970, avec les Brigades rouges ou la « bande à Baader » ?


– La différence tient surtout, à mon sens, aux viviers potentiels _ énormes, aujourd’hui _ du terrorisme actuel. Que ce soient les Brigades rouges, Action directe, la bande à Baader ou l’Armée rouge japonaise, les groupes terroristes des années 1970 sont restés de toutes petites bandes _ oui _ et n’ont jamais trouvé de relais _ en effet _ dans un vrai vivier populaire. L’Armée rouge japonaise a fait énormément de dégâts, mais ils n’étaient que 40 militants au total ! Ce n’est pas le cas avec le terrorisme d’aujourd’hui, qui trouve ce relais parmi des citoyens européens d’origine immigrée _ voilà. Dans l’attentat du Bataclan comme dans celui de Bruxelles _ et il semble maintenant s’avérer que c’est aussi le cas pour l’attentat de Nice… _, le phénomène des bandes de cités apparaît clairement. Ce sont des copains, qui évoluent dans un milieu où existe une grande perméabilité entre délinquance ordinaire et terrorisme. Par ailleurs, leur forme de violence n’est pas non plus la même : les groupes terroristes des années 1970 ne faisaient pas des carnages indiscriminés _ comme aujourd’hui _, mais des actions ciblées et théorisées.


– Des rafales de kalachnikovs aux terrasses de cafés, une prise d’otages dans une salle de concert, un camion lancé sur la foule… Ce que nous vivons a ceci de particulier que la terreur peut survenir n’importe où, de n’importe quelle manière. Comment gère-t-on une telle situation ?


– Dans nos sociétés complexes, tout _ ou presque _ peut en effet être retourné et devenir une arme _ qui blesse et tue. Alors bien sûr, puisqu’on ne peut pas savoir à quoi _ rationnellement _ s’attendre, cela renforce _ voilà _ l’angoisse _ distincte de la peur _ et le sentiment _ qui peut être très perturbant _ d’insécurité. C’est un sentiment très réel, qui à mon avis va se répandre _ à proportion de la répétition-multiplication de tels attentats de masse. Cela renforce aussi _ en face de cela _ le resserrement du lien de la communauté politique. On l’observe depuis toujours : c’est l’insécurité et la violence qui font accepter l’autorité du pouvoir souverain _ cf le Léviathan de Hobbes ; et les analyses détaillées d’Yves Michaud en son Contre la bienveillence. Il y a une très forte demande d’autorité, qu’illustre notamment l’acceptation, par la population française, de l’état d’urgence.


– Toute cette violence réveille une peur que vous qualifiez de « cinématographique ». Que voulez-vous dire ?


– La littérature de science-fiction a pratiquement traité _ sur le mode de la fiction _ tous les cas de terrorisme : le train fou, l’avion devenu bombe, le camion meurtrier… Et les films qui en ont été tirés aussi. D’ailleurs, dans l’attentat de Nice que nous venons de connaître, le terroriste lui-même est entré dans la fiction cinématographique. Il est allé louer un 19-tonnes ! S’il avait choisi un 4 x 4 – certains sont ultra-puissants, et plus difficiles à arrêter qu’un camion –, il aurait probablement fait autant de dégâts. Mais moins de spectacle _ cf Andy Wharol ; l’ultra-réactivité des médias ; et tout l’œuvre de Guy Debord…
Cette violence cinématographique ne nous fait pas peur tant qu’elle reste fictionnelle _ et ludique. Nous l’apprécions, même – nombre de séries télé sont truffées de gens ayant des idées aussi abominables que le meurtrier de Nice. Mais lorsque la réalité vient soudain remplacer cette fiction _ et tuer pour de bon ! _, cela devient psychologiquement ingérable. Voir tous les vendredis soirs un camion fou sur une chaîne de télé, cela n’a rien d’inquiétant. Mais s’il devient réel, le choc provoque une sidération _ voilà ! _  d’autant plus forte que l’on a brusquement changé de registre.


– Les chaînes de télévision ont été très critiquées pour avoir diffusé « à chaud », le soir du 14 juillet, des entretiens avec des personnes en état de choc. Quel doit être selon vous le rôle des médias face à ces actes de terreur ? Quel traitement réserver aux images ?


– C’est une question très délicate, car les médias officiels, aujourd’hui, sont en concurrence _ d’audimat ; et de recettes publicitaires afférantes… _ non seulement entre eux mais avec les médias sociaux. Ils sont donc lancés dans une course effrénée _ d’audimat mondialisé désormais ! _ au scoop et au sensationnel _ désanesthésiants et puissamment attractifs ! Entre cette concurrence tous azimuts et le fait de pouvoir accéder quasiment en temps réel à l’information, les médias perdent la boule. Exactement comme le font les politiciens ou les grands chefs d’entreprise, qui sont eux aussi tellement submergés par l’urgence _ cf de notre excellent collègue bordelais Christophe Bouton, l’excellentissime Le Temps de l’urgence ; et sur ce livre, mon article du 25 avril 2013 : « Le défi de la conquête de l’autonomie temporelle (personnelle comme collective) : la juste croisade de Christophe Bouton à l’heure du « temps de l’urgence » et de sa mondialisation. _ qu’ils en perdent toute capacité _ d’un minimum de recul, condition sine qua non d’un minimum de réflexion et de jugement (cf Hannah Arendt, et Kant !) tant soit peu maîtrisé… _ de réflexion – et ce, quelle que soit leur intelligence. Comment lutter contre cette dérive médiatique ? Par un meilleur contrôle de ce qui est diffusé, et surtout par un retour _ ferme _ à la déontologie. Cela dit, il ne me semble pas que les ­médias officiels, globalement, diffusent plus d’images violentes qu’avant. Ce qui est gravissime, en revanche, c’est d’interviewer quelqu’un qui se tient en état de choc auprès du cadavre de sa femme. C’est indécent _ sur l’articulation de l’image et de la parole, lire les travaux décisifs de mon amie Marie-José Mondzain : Homo spectator, ou L’image peut-elle tuer ? _, et c’est une véritable violence faite aux gens.


– Lors d’un attentat comme celui de Nice, des photos et des vidéos parfois insoutenables sont diffusées sur les réseaux sociaux, et la modération des contenus n’y étant effectuée qu’a posteriori, certaines continuent d’y circuler pendant plusieurs jours. Que peut-on faire contre cette violence-là ?


– Pas grand-chose. De même que pour les images de décapitation produites par l’organisation Etat islamique : on les trouve sans difficulté, et il y a toujours des sites qui les reprennent. Est-ce que c’est grave ? Oui et non. Il y a toujours eu une pornographie de la violence _ voilà ! et ce concept est bien sûr à développer !!! _, et il y aura toujours des sites qui tenteront de braver la loi pour la diffuser. Les réseaux sociaux sont ce que les gens en font, on y trouve donc le meilleur comme le pire. C’est le jeu.
Ce qui est beaucoup plus préoccupant à mes yeux, je le répète, c’est l’évolution des médias officiels _ d’ample diffusion et quasi officielle, eux : d’où leur autorité… _ sous l’effet de la compétition et de l’urgence. C’est à eux de faire la différence avec les réseaux sociaux et de revenir à leurs conditions premières d’exercice. Faire la course pour obtenir le maximum de tweets et de choses vues, c’est une dépravation _ terriblement dangereuse _ du média institutionnel. Une perversion _ oui _ à laquelle les politiciens sont d’ailleurs _ hélas _ les premiers à participer : dans ces moments de crise, ils se précipitent tous pour passer à la télévision. En oubliant qu’ils font ainsi _ et comment ! _ le jeu du terrorisme, qui atteint en partie son but lorsqu’une société ne parle plus _ et ne résonne plus _ que de lui.

Un entretien incisif (et sans langue de bois) qui donne bien à penser…


Titus Curiosus, ce jeudi 21 juillet 2016

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