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Retour sur la merveilleuse moisson des enregistrements de Lars Vogt pour le label Ondine : un listing…

05nov

Dans la continuité de mes deux articles d’avant-hier «  » et hier « « ,

et après le listing des enregistrements de Lars Vogt d’entre 1991 et 2007 réunis dans le passionnant coffret « Lars Vogt – The complete Warner Classics Edition » de 27 CDs, qui vient de paraître ce 3 novembre 2023,

The Complete Warner Classics Edition : Lars Vogt - Musique classique -  Genres musicaux | Cultura

ainsi qu’avec le listing des CDs enregistrés live au magique Festival Spannungen de Heimbach, que Lars Vogt a fondé en 1998 (et organisé et passionnément animé sa vie durant), consultable en mon article « « 

_ soient, d’une part, les 14 CDs du merveilleux coffret « Spannungen : Musik im Kraftwerk Heimbach – Limited Edition – Kammermusik – Chamber Music – Lars Vogt & Friends » (CAvi-music 8553100, paru en 2007, et comportant des enregistrements live de 1999 à 2006) :

10 Ans Musique De Chambre Du Festival Spannungen A Heimbach : Enregistrements…

Antonin Dvorák (1841-1904)
Quintette pour piano en la majeur, B. 155 (op. 81) (once listed as op. 77)

Tatiana Komarova
Trio pour violon, violoncelle & piano

Igor Stravinsky (1882-1971)
L’histoire du soldat

Arnold Schoenberg (1874-1951)
Verklarte Nacht pour sextuor à cordes, op. 4

Olivier Messiaen (1908-1992)
Quatuor pour la fin du temps

Franz Joseph Haydn (1732-1809)
clavier Trio en sol majeur, H. 1515

Franz Schubert (1797-1828)
Quintette pour 2 violons, alto & 2 violoncelles en do majeur, D. 956 (op. posth. 163)

Johannes Brahms (1833-1897)
Trio pour piano et cordes n° 1 en si majeur, op. 8

Antonin Dvorák (1841-1904)
Quatuor pour piano n° 2 en mi bémol majeur, B. 162 (op. 87)

Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Trio pour piano, violon et violoncelle en do majeur, H 15 n° 27

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate pour basson & violoncelle en si bémol majeur, K. 292 (K. 196c)
Divertissement pour violon, alto & violoncelle en mi bémol majeur, K. 563

Paul Hindemith (1895-1963)
Sonate pour violon seul en sol mineur, op. 116
Sonate pour 10 instruments (Fragment)

Alban Berg (1885-1935)
Adagio, pour clarinette, violon & piano (arr. of 2nd mvt. of Concerto de chambre)

Francis Poulenc (1899-1963)
Trio pour hautbois, basson & piano, FP 43

Sergey Prokofiev (1891-1953)
Quintette pour hautbois, clarinette, violon, alto & contrebasse en sol mineur, op. 39

Johannes Brahms (1833-1897)
Quatuor pour piano et cordes n° 1 en sol mineur, op. 25
Quatuor pour piano et cordes n° 3 en do mineur, op. 60

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Quintette pour piano and Winds en mi bémol majeur, K 452
Quatuor pour flûte et cordes n° 1 en ré majeur, K 285
Quintette pour 2 violons, 2 altos et violoncelle n° 4 en sol mineur, K 516

Antonin Dvorák (1841-1904)
Trio pour piano n° 3 en fa mineur, B. 130 (op. 65) (once listed as op. 64)

Dmitry Shostakovich (1906-1975)
Trio pour piano n° 2 en mi mineur, op. 67

Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Carnival of the Animals, zoological Fantaisie pour 2 pianos & ensemble
Fantaisie pour violon & harpe en la majeur, op. 124

Jean Françaix (1912-1997)
Divertissement pour basson & orchestre de cordes

Marcelle Soulage
Légende, pour hautbois, flûte & harpe

Roger Boutry (1932-)
Interferences pour basson & piano

Darius Milhaud (1892-1974)
Scaramouche, op. 165b

Johannes Brahms (1833-1897)
Quatuor pour piano et cordes n° 2 en la majeur, op. 26

Felix Mendelssohn (1809-1847)
Quintette pour cordes n° 2 en si bémol majeur, op. 87

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Quatuor pour piano et cordes n° 1 en sol mineur, K 478

Alban Berg (1885-1935)
Sonate pour piano, op. 1

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Trio pour piano et cordes n° 2 en si bémol majeur, K 502

Arnold Schoenberg (1874-1951)
chambre Symphonie n° 1 en mi majeur, op. 9

Antonin Dvorák (1841-1904)
Sonatine pour violon & piano en sol majeur (Indian Lament), B. 183 (op. 100)

Pyotr Il’yich Tchaikovsky (1840-1893)
Trio pour piano en la mineur (In Memory of a Great Artist), op. 50

Brett Dean (1961-)
Recollections, for chambre ensemble

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano n° 23 en la majeur, K 488

Peter Maxwell Davies (1934-)
8 Mélodies for a Mad King

Isabelle van Keulen (alto)
Tanja Tetzlaff (violoncelle)
Alban Gerhardt (violoncelle)
Kornelia Brandkamp (flûte)
Gustav Rivinius (violoncelle)
Isabelle Faust (violon)
Diemut Poppen (alto)
Tabea Zimmermann (alto)
Diemut Schneider (clarinette)
Rolf Jensen (contrebasse)
Jochen Ubbelohde (cor)
Daniel Hope (violon)
Ib Hausmann (clarinette)
Julia Fischer (violon)
Andreas Bach (piano)
Christian Wetzel (hautbois)
Johann König (hautbois)
Daniel Jemison (basson)
Béatrice Muthebet (alto)
Gregor Bühl (xylophone)
Christian Poltéra (violoncelle)
Mihaela Ursuleasa (piano)
Stefan Fehlandt (alto)
Tatiana Komarova (glockenspiel)
Andrea Lieberknecht (flûte)
Sharon Kam (clarinette)
Jana Bouskova (harpe)
Hartmut Rohde (alto)
Heinrich Schiff (violoncelle)
Natalie Clein (violoncelle)
Hanna Weinmeister (alto)
Heime Müller (violon)
Thomas Adamsky
Stefan Schweigert (basson)
Marie-Luise Neunecker (cor)
Mizuho Yoshii (hautbois)
Sybille Mahni (cor)
Yasunori Kawahara (contrebasse)
Claudio Bohórquez (violoncelle)
Alexander Lonquich (piano)
Hans-Kristian Sorensen (percussion)
Guilhaume Santana (basson)
Jaime Martín (flûte)
Georg Nigl (baryton)
Christian Tetzlaff (violon)
Lars Vogt (piano)
Boris Pergamenschikow (violoncelle)
Antje Weithaas (violon)
Kim Kashkashian (alto)
Nikolaus Schneider (violoncelle)
Stefan Rapp (percussion)
Jeroen Berwaerts (trompette)
Peter Riegelbauer (contrebasse)
David Purser (trombone)
Michael Collins (clarinette)
Dag Jensen (basson)
Tatjana Masurenko (alto)
Anette Behr-König (violon)
Heimbach Strings 2006
Daniel Harding

Format: 14 CD
Release date: 20/9/2007

 

et d’autre part, les 16 autres albums suivants, parus entre 2006 et 2018, dans le même label CAvi-Music :

1)  _ le double CD « Brahms – Piano Quintet op. 34 – Sextett op. 36 » (CAvi-Music 553049, paru en 2006) ;

2) _ le CD « Mendelssohn – Enescu – Octets for strings » (CAvi-Music 8553163, paru en 2009) ;

3) _ le CD « Dvorak – Serenade for winds op. 44 – String Quartet N°13 » (CAvi-Music 8553164, paru en 2009) ;

4) _ le double CD « Schubert – Widmann – Octets » (CAvi-Music 8553209, paru en 2010) ;

5) _ le CD « Tchaikovsky – String Quartet N°3 – Shostakovich – Piano Trio N°2 » (CAvi-Music 8553224, paru en 2011) ;

6) _ le CD « Smetana – Ravel – Watkins – Piano Trios » (CAvi-Music 8553260, paru en 2012) ;

7) _ le CD « Spohr – Ebert – Janacek – Widmann – Winds & Strings » (CAvi-Music 8553261, paru en 2012) ;

8) _ le CD « Boulanger – Hindemith – Debussy » (CAvi-Music 8553295, paru en 2013) ;

9) _ le CD « Mahler – Symphony N°4 (Fassung Erwin Stein) « (CAvi-Music 8553334, paru en 2014) ;

10) _ le CD « Rachmaninoff – Piano Trio N°2 – Trio élégiaque » (CAvi-Music 8553335, paru en 2014) ;

11) _ le CD « Verdi – Dvorak – String Quartets » (CAvi-Music 8553358, paru en 2015) ;

12) _ le CD « Weber – Saint-Saëns – Klughardt – Krein – Chamber Music » (CAvi-Music 8553359, paru en 2015) ;

13) _ le CD « Mendelssohn – Penderecki – Sextets » (CAvi-Music 8553384, paru en 2016) ;

14) _ le CD « Nielsen – Prokofiev – Wind Quintets » (CAvi-Music 8553385, paru en 2016) ;

15) _ le CD « Tchaikovsky – Borodin – String Quartets N°2 » (CAvi-Music 8553101, paru en 2018) ;

16) _ le CD « Glière – Shostakovich – Hahn » (CAvi-Music 8553102, paru en 2018)… _,

je tiens à présenter aussi, et surtout, le listing des somptueux 18 CDs que Lars Vogt a enregistrés _ entre le 27 juin 2011, à Brème (il s’agit de Sonates pour piano et violon de Mozart, et de Sonates pour violon et piano de Schumann, avec le violon de Christian Tetzlaff : pour un CD Mozart Ondine ODE 1204-2, paru en 2012) et un CD Schumann Ondine ODE 1205-2, paru en 2013), et le 5 novembre 2021, à Paris (il s’agit des Concertos pour piano n° 9 et n° 14 de Mozart, avec l’Orchestre de chambre de Paris : pour un CD Mozart Ondine ODE 1414-2, paru en 2023) _, pour le label Ondine,

et qui sont parus de 2012 à 2023.

1) _ le CD « Mozart – Sonatas for piano and violin » ODE 1204-2, avec Christian Tetzlaff _ enregistré à Brème du 27 au 30 juin 2011, et du 23 au 25 avril 2012 _, paru en 2012 ;

2) _ le CD « Schumann – Violin Sonatas » ODE 1205-2, avec Christian Tetzlaff enregistré à Brème du 27 au 30 juin 2011, et du 23 au 25 avril 2012 _, paru en 2013 ;

3) _ le double CD « Brahms – the Piano Trios » ODE 1271-2D, avec Christian et Tanja Tetzlaff _ enregistré à Brème du 27 au 29 mai 2014 _ , paru en 2015 ;

4) _ le CD « Bach – Goldberg Variations » ODE 1273-2 _ enregistré à Cologne du 24 au 26 mars 2014 _, paru en 2015 ;

5) _ le CD « Brahms – the Violin Sonatas » ODE 1284-2, avec Christian Tetzlaff _ enregistré à Brème du 24 au 26 août 2015 _, paru en 2016 ;

6) _ le CD « Schubert – Impromptus, D 899 – Moments musicaux, D 780, Six German Danses, D 820 » ODE 1385-2 enregistré à Cologne du 29 au 31 mars 2016 _, paru en 2016 ;

7) _ le CD « Beethoven – Piano Concertos N° 1 & 5 » ODE 1292-2, avec le Royal Northern Sinfonia, enregistré à Sage Gateshead le 28 octobre 2016, le 18 novembre 2016 et les 16 et 17 mars 2017, et paru en 2017 ;

8) _ le CD « Beethoven – Triple Concerto – Piano Concerto N° 3 » ODE 1297-2, avec le Royal Northern Sinfonia _ enregistré à Sage Gateshead les 29 et 30 septembre 2016, et le 18 novembre 2016 et le 28 janvier 2017 _, paru en 2017 ;

9) _ le CD « Beethoven – Piano Concertos N° 2 & 4 » ODE 1311-2, avec le Royal Northern Sinfonia _ enregistré à Sage Gateshead les 15 et 17 mars 2017 et du 8 au 10 juin 2017 _, paru en 2018 ;

10) _ le CD « Antonin Dvorak – Piano Trios N° 3 & 4, ‘Dumky’  » ODE 1316-2, avec Christian et Tanja Tetzlaff _ enregistré à Brème en avril 2018 _, paru en 2018 ; 

11) _ le CD « Lars Vogt – Mozart – Piano Sonatas K280 – K281 – K310 – K333 » ODE 1318-2, paru en 1318-2 _ enregistré à Cologne du 3 au 5 mai 2016 et les 18 et 19 janvier 2019 _, paru en 2019 ;

12) _ le CD « Brahms – Piano Concerto N° 1 – Four Ballades » ODE 1330-2, avec le Royal Northern Sinfonia _ enregistré à Sage Gateshead les 30 novembre et 1er décembre 2018 et à Cologne, le 20 janvier 2019 _, paru en 2019 ;

 

13) _ le CD « Brahms – Piano Concerto N° 2 – Handel Variations » ODE 1346-2, avec le Royal Northern Sinfonia _  _ enregistré à Sage Gateshead les 15 et 16 février 2019 et à Cologne, du 17 au 19 décembre 2019 _, paru en 2020 ;

14) _ le CD « Janacek – On an overgrown path – In the mists – Sonata » ODE 1382-2 _ enregistré à Cologne le 3 mai 2016 et du 25 au 27 novembre 2019 _, paru en 2021 ;

15) _ le CD « Beethoven – Sonatas Op. 30″ ODE 1392-2, avec Christian Tetzlaff _ enregistré à Brème les 31 août et 2 septembre 2020 _, paru en 2021 ;

16) _ le CD « Mendelssohn – Piano Concertos – Capriccio Brillant » ODE 1400-2, avec l’Orchestre de chambre de Paris _ enregistré à Paris du 2 au 5 novembre 2021 _, paru en 2022 ;

17) _ le double CD « Schubert – Piano Trios – Notturno – Rondo – Arpeggione Sonata » ODE 1394-2D, avec Christian et Tanja Tetzlaff _ enregistré à Brème du 21 au 25 février 2021, et les 10 et 11 juin 2021 _, paru en 2023 ;

et 18) _ le CD « Mozart – Piano Concertos N° 9 & 24″ ODE 1414-2, avec l’Orchestre de chambre de Paris _ enregistré à Paris du 25 au 28 avril 2021 _, paru en 2023… 

Et il me faut aussi renvoyer à mon article «  » du 11 octobre dernier, dans lequel je rappelais l’historique des ultimes séances d’enregistrement de Lars Vogt concernant ses 5 ultimes CDs ;

un historique d’enregistrements que j’avais détaillé en mon article «  » du 21 septembre précédent :

1) du 21 au 25 février 2021, à Brème, avec Christian et Tanja Tetzlaff, pour le CD « Schubert – Piano Trios – Notturno – Rondo – Arpeggione Sonata » (soit le CD Ondine ODE 1394-2D) ;

2) du 25 au 28 avril 2021, à Paris, avec l’Orchestre de chambre de Paris, pour le CD « Mozart – Piano Concertos N° 9 & 24 » (soit le CD Ondine ODE 1414-2) ;

3) du 10 et 11 juin 2021, à Brème, avec Christian et Tanja Tetzlaff, pour le CD « Schubert – Piano Trios – Notturno – Rondo – Arpeggione Sonata » (soit le CD Ondine ODE 1394-2D) ;

4) du 6 au 8 octobre 2021, à Paris, avec Raphaël Sévère et l’Orchestre de chambre de Paris, pour le CD « Mozart – Clarinet Works » (soit le CD Mirare MIR 626) ;

5) du 2 au 5 novembre 2021, à Paris, avec l’Orchestre de chambre de Paris, pour le CD « Mendelssohn – Piano Concertos – Capriccio brillant » (soit le CD Ondine ODE 1400-2) ;

6) le 24 novembre 2021, à Londres, avec Ian Bostridge, pour le CD « Schubert – Schwanengesang » (soit le CD Pentatone PTC 5186 786) ;

7) les 1er et 2 février 2022, à Paris, avec le Quatuor Modigliani, pour le CD « Mozart – Clarinet Works » (CD Mirare MIR 626).

Que de merveilles et d’accomplissements en ces CDs pour Ondine : un trésor…

Ce lundi 6 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ce chef d’oeuvre qu’est l' »OEdipe » (1936) de Georges Enesco (1881 – 1955) enfin redonné à l’Opéra de Paris !

04oct

Ce jour, ResMusica, sous la plume de Michèle Tosi,

et en un article intitulé « Wajdi Mouawad rend justice à l’Œdipe de Georges Enesco« ,

nous apprend la re-création à Paris, le 29 septembre 2021,

de ce chef d’œuvre de l’opéra du XXe siècle qu’est l' »Œdipe«  _ créé à l’Opéra Garnier, à Paris, le 13 mai 1936 _ de Georges Enesco (Liveni, 19 août 1881 – Paris, 4 mai 1955)…

Une recréation sinon à l’Opéra-Garnier,

du moins à l’Opéra-Bastille…

Wajdi Mouawad rend justice à l’Œdipe de Georges Enesco

Fin connaisseur des tragédies de Sophocle, le metteur en scène et directeur du théâtre de La Colline Wajdi Mouawad s’empare de l’Œdipe de Georges Enesco, l’unique opéra _ en effet _ du compositeur roumain, et signe une épure poétique aux couleurs flamboyantes.

L’opéra n’avait jamais été remonté par l’Opéra de Paris depuis sa création à Garnier en 1936. Il est le fruit d’une longue maturation de la part du compositeur, près de trente ans _ oui _ depuis la révélation que fut, pour lui, la découverte d’Œdipe roi de Sophocle joué en 1909 à la Comédie-Française. Le livret d’Edmond Fleg est une version condensée des deux tragédies de l’auteur grec, Œdipe roi et Œdipe à Colone. Wajdi Mouawad y ajoute un préambule non musical qu’il déclame lui-même en voix off.

Oubliant la malédiction d’Apollon, Laïos et son épouse Jocaste fêtent la naissance d’Œdipe dans un premier acte haut en couleurs où chaque tête s’orne d’une coiffe à la Bob Wilson, façon végétale (fleurs et feuillages selon les sexes et les personnages), symbole d’une fécondité autour de laquelle se noue la tragédie. Privilégiant les lignes verticales et l’aspect monumental de la scénographie, Emmanuel Clolus érige un immense rocher pour le décor du deuxième acte, tandis que des panneaux mobiles, à l’image des portes de Thèbes, reconfigurent l’espace scénique à chaque tableau. Des personnages géants aux costumes brillants (la présence des aïeux) occupent la scène au sein d’une masse chorale très sollicitée. Si les surtitres en anglais passent toujours au-dessus de nos têtes, le texte français s’affiche sur le décor, dans un confort de lecture très appréciable.

Georges Enesco a signé une partition somptueuse _ oui ! _dont Ingo Metzmacher cisèle les contours avec une précision d’orfèvre. Louvoyant entre le style du « Grand opéra » français et l’art du timbre d’un Debussy, l’écriture déploie une dramaturgie sonore très suggestive qui ne va pas sans une certaine emphase. Les pages d’orchestre se multiplient (superbes préludes et interludes), le deuxième tableau invitant sur scène une flûte, celle du berger qui tire de son instrument une plainte douloureuse. La vocalité regarde vers la déclamation debussyste, au plus près de la prosodie, convoquant parfois la voix parlée, comme dans le troisième acte où les mots désespérés d’Œdipe s’inscrivent sur la partie orchestrale à la manière d’un mélodrame. Enesco use également de ressorts théâtraux aux effets archaïsants, tels ces glissandos qui font ployer les voix et renforcent l’aspect tragique et intemporel du propos. Ils accusent les accents maléfiques de la Sphinge à la fin du deuxième acte dans une des scènes les plus fascinantes de l’opéra où la mezzo-soprano Clémentine Margaine, dans tout l’éclat de son registre, s’adresse à Œdipe pour le défier.

Face à l’écrasante majorité des voix d’hommes, les dames ne font que de courtes apparitions dans l’opéra. Anne Sofie von Otter, dans le premier acte, incarne une Mérope (la mère adoptive d’Œdipe) avec l’élégance et la clarté d’élocution _ oui _ qu’on lui connait. Ekaterina Gubanova est une Jocaste émouvante, alliant beauté du timbre et souplesse de la diction. Au côté d’Œdipe aveugle qu’elle accompagne durant le quatrième acte, l’Antigone d’Anna-Sophie Neher est attachante, prêtant sa voix juvénile autant que rebelle à un personnage au caractère bien trempé. Si la voix de Laurent Naouri manque un rien d’assise au premier acte, dans le rôle exigeant du Grand Prêtre, on apprécie la puissance et la projection de la basse Clive Bayley dans Tirésias, tout comme celle de Nicolas Cavallier, séduisante et ensorceleuse dans son air du Veilleur. Citons encore le Laïos de Yann Beuron _ que j’apprécie tout particulièrement _, tombant sous les coups d’Œdipe au deuxième acte, le Créon de Brian Mulligan, ardent et vindicatif, ainsi que le Berger à la voix claire (et à la coiffe en forme de panier d’osier) de Vincent Ordonneau. Mais le plateau reste dominé par l’incarnation magistrale du baryton Christopher Maltman dans l’écrasant rôle titre, exprimant toute la vulnérabilité d’un personnage qui finira par clamer son innocence et dont les accents douloureux de père déchu dans le troisième acte évoquent ceux d’un Boris Godounov. Saluons pour finir l’excellence des chœurs dont les voix irriguent toute la tragédie, personnage en soi, présent ou invisible comme celui des Euménides qui referme l’opéra dans une lumière et une sérénité retrouvées.

Crédits photographiques : © Elisa Haberer / Opéra national de Paris

Paris. Opéra Bastille. 29-IX-2021.

Georges Enesco (1881-1955) : Œdipe, tragédie lyrique en quatre actes et six tableaux ; livret d’Edmond Fleg d’après Sophocle.

Mise en scène : Wajdi Mouawad.

Décors : Emmanuel Clolus. Costumes : Emmanuelle Thomas. Maquillage, coiffures : Cécile Kretschmar. Lumières : Eric Champoux. Vidéo : Stéphane Pougnand.

Christopher Maltman, baryton, Œdipe ; Brian Mulligan, baryton, Créon ; Clive Bayley, basse, Tirésias ; Vincent Ordonneau, ténor, Le Berger ; Laurent Naouri, baryton, Le Grand Prêtre ; Nicolas Cavallier, basse, Phorbas / Le Veilleur ; Adrien Timpau, baryton, Thésée ; Yann Beuron, ténor, Laïos ; Ekaterina Gubanova, mezzo-soprano, Jocaste ; Clémentine Margaine, mezzo-soprano, La Sphinge ; Anna-Sophie Neher, soprano, Antigone ; Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano, Mérope ; Daniela Entcheva, contralto, Une Femme thébaine ; Sylvie Delaunay, Marie-Cécile Chevassus, Les thébaines ; Luca Sannai, John Bernard, Hyun Jong Roh, Bernard Arrieta, Jian-Hong Zhao, Hyunsik Zee, Les Thébains ; Félicité Grand, Marie Texier, Antigone enfant.

Maîtrise des Hauts-de-Seine ; Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris (cheffe des chœurs, Ching-Lien Wu ; directeur de la maîtrise, Gaël Darchen) ;

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris ; direction musicale : Ingo Metzmacher.

 

Voici un intéressant article, intitulé « En attendant 2036« , sous la plume de Laurent Bury, et en date du 18 mai 2018, 

qui se demandait s’il faudrait attendre 2036 pour voir redonner cet Œdipe d’Enesco sur la scène de l’Opéra, à Paris…

En attendant 2036

CD
Œdipe
Par Laurent Bury | ven 18 Mai 2018 |

L’Opéra de Paris a décidément la mémoire courte, et se montre fort réticent à reprendre les rares titres considérés _ et à très juste titre !!! _ comme des chefs-d’œuvre parmi tous ceux qui ont été créés au Palais Garnier. Pendant plusieurs années, une rumeur a prétendu que l’on verrait bientôt à Bastille l’Œdipe d’Enesco, dont la première avait eu lieu à Paris en 1936 ; on parlait d’une coproduction avec Bruxelles, où Œdipe fut monté par la Fura dels Baus en 2011. Hélas, ces bruits sont restés lettre morte, et l’on se demande s’il ne faudra pas maintenant attendre 2036 _ voilà… _ pour que le centenaire de la création de l’œuvre lyrique d’Enesco connaisse à nouveau les honneurs de notre capitale (le Capitole de Toulouse, lui, a eu le courage de la présenter en 2008 _ Bravo ! _).

En attendant cette hypothétique Œdipe parisien, on pourra aller voir l’œuvre à Amsterdam, où elle sera donnée en décembre prochain, dans la production bruxelloise également vue à Londres en 2016. Et pour se préparer à ces représentations, on se tournera naturellement _ forcément ! _ vers le disque. Si l’on oublie momentanément la version traduite en roumain (donnée pour la première fois à Bucarest en 1958), il existe trois enregistrements d’Œdipe sous sa forme originale en français. La plus récente est un live capté au Staatsoper de Vienne, dirigé par Michael Gielen, avec Monte Pederson dans le rôle-titre _ un album Naxos. Le seul enregistrement de studio est celui gravé en 1989 par Lawrence Foster à la tête de l’orchestre de Monte-Carlo, avec José van Dam en Œdipe _ chez EMI _ ; dans ces deux versions, le rôle de la Sphynge était tenu par _ la merveilleuse _ Mariana Lipovsek. Le label Malibran _ oui _ réédite la plus ancienne, écho d’un concert radiophonique de 1955, avec une distribution intégralement francophone, qui inclut même deux artistes ayant participé à la création. C’est dire la valeur de document qu’offre ce disque, où l’on trouve réunie la fameuse Troupe de l’Opéra de Paris à l’époque de son zénith _ voilà ! _, nous y reviendrons.

A la tête de l’orchestre, Charles Bruck. Un chef roumain pour diriger l’œuvre de son compatriote, mais surtout un très grand chef pour l’opéra du XXe siècle, qui allait diriger deux ans plus tard un inoubliable Ange de feu. Grâce à lui, Œdipe est parcouru d’un souffle exceptionnel et, moins de vingt ans après sa création, la partition se pare _ en 1955 _ d’une modernité qu’elle ne retrouvera guère sous la direction plus placide d’un Lawrence Foster. Les quelques coupures ne défigurent pas l’œuvre, et la durée totale est ici comparable à celle du live paru chez Naxos, même s’il manque environ une demi-heure de musique par rapport à l’intégrale de studio EMI.

Quant à la distribution, elle est exceptionnelle car tout le monde y chante dans sa langue, et y chante admirablement, avec un style empreint de noblesse, loin de tout histrionisme _ voilà. Xavier Depraz trouve là le rôle de sa vie, ou du moins l’un des rôles, déclamant à merveille, ne faisant qu’un avec son personnage tourmenté. Rita Gorr se surpasse dans la scène de la Sphinge, tandis que Geneviève Moizan campe une Jocaste aux moyens opulents. Berthe Monmart en Antigone relève du grand luxe, et Freda Betti est une truculent Mérope. Du côté des nombreuses voix d’homme, c’est la fête, avec l’équipe des concerts de la RTF à l’époque : côté clefs de fa, les excellents André Vessières et Lucien Lovano, côté ténors, un Joseph Peyron très acceptable en Laïos et un Jean Giraudeaupittoresque en berger.

Et en complément, le coffret propose même les dix dernières minutes de la version en roumain, pour ceux qui préfèrent Enescu à Enesco.


Cet Œdipe d’Enesco de 2021

constitue donc un événement musical tout à fait digne d’être remarqué…

Ce lundi 4 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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