François Francoeur (1698 – 1787), Surintendant de la Musique du Roy, maître d’oeuvre des « Simphonies pour le Festin royal du Mariage de Monseigneur le Comte d’Artois », à Versailles, le 16 novembre 1773 ; ou l’été indien de la musique baroque française : comparer les orchestres de La Simphonie du Marais (et Hugo Reyne) en 1993, et des Ambassadeurs et La Grande Ecurie (et Alexis Kossenko) en 2023…

— Ecrit le dimanche 24 septembre 2023 dans la rubriqueBlogs, Histoire, Musiques”.

Dans le sillage du passionnant et superbe CD « Jouissons de nos beaux ans !«  _ le CD Aparté AP 319 _ de Cyrille Dubois, l’Orfeo Orchestra et le Purcell Choir sous la direction de György Vashegyi _ cf mon article un peu détaillé du 20 septembre dernier : «  «  _,

voici que je m’intéresse ce jour aux CDs qui ont été consacrés, en 1993 et en 2023, aux musiques _ instrumentales _ qui ont accompagné, à Versailles, le 16 novembre 1773, le Festin Royal donné pour les célébrations du mariage de Monseigneur le Comte d’Artois _ le futur Charles X _ et la princesse Marie-Thérèse de Savoie,

soient

_ le CD « François Francœur – Symphonies pour le Festin royal du Comte d’Artois » de Hugo Reyne et La Simphonie du Marais _ le CD Fnac-Music 592287 _, qui donne les 16 pièces musicales de la main de François Francœur (Paris, 21 septembre 1698 – Paris, 5 août 1787) données pour ces festivités royales _ ainsi que 3 autres, toujours de la main de ce compositeur : c’était l’œuvre de celui-ci qu’il s’agissait en effet de donner à entendre… _ ;

_ et le double CD « Simphonie du Festin Royal de Monseigneur le Comte d’Artois – Versailles 1773 » d’Alexis Kossenko dirigeant Les Ambassadeurs et La Grande Écurie _ le double CD Château de Versailles Spectacles CVS101 _, qui, lui, donne l’intégralité des 43 pièces musicales de ces festivités, soient ces 16 pièces de François Francœur même, mais aussi 27 autres de 10 autres compositeurs : Jean-Philippe Rameau (9 pièces) ; Antoine Dauvergne (3 pièces) ; Pancrace Royer (3 pièces) ; Bernard de Bury (3 pièces) ; Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (3 pièces) ; Pierre-Montan Berton (2 pièces) ; et le marquis de Brassac, Jacques-Hyacinthe Ferrand, Jean-Claude Trial et Louis Grenier (1 pièce chacun) choisies _ et parfois modifiées, adaptées par Francœur _ pour l’espèce par celui qui était alors _ de 1744 à 1776… _ Surintendant de la Musique du Roy, en un notable brillant panorama de l’art du Grand siècle musical qui s’achevait, au moment où triomphait à Paris un tout autre style, avec Gluck, Grétry, Gossec ou Piccinni…

Bien sûr, l’orchestre des 20 instrumentistes réunis par Hugo Reyne en 1993, paraît un peu léger par rapport à celui des 70 instrumentistes d’Alexis Kossenko en ce double CD de 2023…

Mais l’esprit vif et follement heureux de cette musique était déjà bien là !!!

Avec aussi cette révélation de Benoît Dratwicki, aux pages 12-13 du livret (consultable ici) de ce CD CVS101 :

« On pensait ne rien savoir des conditions d’exécution de ces musiques, sinon ce que nous en disait la presse de l’époque : « on exécuta, pendant le Festin royal, différents morceaux de symphonie, sous la conduite du sieur Rebel, Chevalier de l’Ordre du roi, et Surintendant de sa Musique ». Aussi avait-on imaginé de rassembler l’effectif orchestral mentionné dans un document réalisé, la même année 1773, par Jean-Baptiste Métoyen, bassoniste de la Musique du roi, indiquant précisément le nombre de musiciens réunis dans la fosse de l’Opéra royal pour les spectacles donnés à l’occasion du mariage du comte d’Artois : 70 musiciens, dont pas moins de 26 violons, 6 altos, 14 violoncelles, 4 contrebasses, 2 flûtes, 4 hautbois, 2 clarinettes, 6 bassons, 4 cors, 1 trompette et 1 timbale. Un autre plan de la fosse de l’Opéra royal, daté de 1770, confirme à peu de choses près le même effectif et la disposition des musiciens.

Quelle surprise toutefois lorsqu’au premier jour de répétition du projet, Michael Greenberg, contrebassiste et musicologue, nous révèle avoir retrouvé dans les archives de la Musique du roi l’effectif précis de l’orchestre pour cet événement : il s’agissait de 78 musiciens, répartis en 34 violons et altos (sans détail), 15 violoncelles, 3 contrebasses, 10 flûtes et hautbois (sans détail), 2 clarinettes, 6 bassons, 3 cors, 1 trompette, 1 timbale et 3 tambourins. Il était trop tard pour changer l’effectif, mais, de fait, celui choisi était quasiment le même que celui retrouvé.

Au passage, dans le même article, Michael Greenberg donnait l’effectif de l’orchestre réuni pour le Festin royal du mariage du Dauphin _ le futur Louis XVI _, en 1770 : 79 musiciens (25 violons, 8 altos, 17 violoncelles, 4 contrebasses, 9 flûtes et hautbois, 2 clarinettes, 8 bassons, 3 cors, 2 trompettes, 1 timbale), confirmant l’usage – à la Cour – d’orchestres aux vastes dimensions dans le cadre d’événements extraordinaires« …

Il n’empêche qu’il, importe de rendre pleine justice au travail pionnier de recherche ainsi que d’interprétation, pleine de verve _ avec les moyens dont il pouvait disposer alors… _, de Hugo Reyne, dès 1993 ;

ce que ne font ni Alexis Kossenko, ni Benoît Dratwicki, ni pas vraiment non plus, le critique Loïc Chahine dans le bel article louangeur « Folle ivresse » qu’il donne aux pages 70-71 du magazine Diapason de ce mois de septembre 2023, de ce double CD d’Alexis Kossenko :

« Hugo Reyne n’avait gravé qu’une sélection (Fnac, 1993)« ,

en ne mentionnant pas que le choix d’Hugo Reyne s’était délibérément porté alors sur les seules pièces de François Francœur…

Oui, François Francœur en novembre 1773, ou le splendide été indien de l’âge baroque de la musique française

en quelque sorte récapitulée par François Francœur en cette sélection de morceaux de choix d’une durée d’un peu plus de 2 heures… _

du temps de Rameau et du règne de Louis XV…

Ce dimanche 24 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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