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Prendre plaisir à la découverte d’oeuvres d’un compositeur trop oublié jusqu’ici : Pierre-Montan Berton (1727-1780), à l’Opéra de Paris, et dans le beau sillage de Rameau (1683-1764)…

03oct

Ce sont les très brillantes réussites des CDs d’Alexis Kossenko (le double CD Château de Versaille Spectacles CVS101 « Simphonie du Festin royal de Monseigneur le Comte d’Artois – Versailles 1773« ), d’une part,

et Cyrille Dubois (le CD Aparté AP319 « Jouissons de nos beaux jours !« ), d’autre part,

qui comportent, le premier, des airs (l’un, un « air vif » ajouté en 1760 à une reprise de « Camille reine des Volsques » d’André Campra _ à la plage 3 du premier des deux CDs ; à regarder ici (2′ 13) _, et  l’autre, une « chaconne » ajoutée en 1761 à une reprise d' »Iphigénie en Tauride » de Desmarets et Campra _ à la plage 9 du second des deux CDs _),

et le second, l’air « Dans ce fatal instant, quels vœux puis-je former ? » du ballet en un acte « Deucalion & Pyrrha« , de 1755 _ à la plage 18 du CD _,

qui m’ont vivement incité à me renseigner bien davantage sur ce compositeur, Pierre-Montan Berton (Maubert-Fontaine, 7 janvier 1727 – Paris, 14 mai 1780),

sur son parcours de musicien et compositeur ; ainsi que sur son œuvre, et les interprétations de celle-ci au disque jusqu’ici _ soient seulement des extraits d’oeuvres, passés relativement inaperçus, de ma modeste part de mélomane au moins…

Ainsi ai-je pu découvrir _ et prendre vraiment conscience _ qu’au moins deux autres airs chantés extraits d’œuvres de Pierre-Montan Berton avaient aussi connus de belles réalisations discographiques, et de la part de Reinoud van Mechelen et son ensemble A nocte temporis,

en ses très remarqués CDs Alpha 753 « Jeliote, haute-contre de Rameau« , pour l’air « Ce n’est pas un crime en aimant« , extrait de la pastorale en un acte « Érosine« , de 1765 _ à la plage 19 de ce CD ; à écouter ici (2′ 24) _ ;

et Alpha 992 « Legros, haute-contre de Gluck« , pour l’air d’Amintas « Conduisez ces captifs » _ à écouter ici (2′ 54) _ ; ce CD « Legros » comportant aussi deux autres airs de Pierre-Montan Berton, instrumentaux seulement, eux : un « air pour les cyclopes » _ à écouter ici (1′ 46) _ et un « air gracieux » _ à écouter ici (1′ 59) _, tous les trois extraits de la pastorale héroïque en trois actes « Sylvie« , de 1749 _ ces trois airs de la « Sylvie » de Pierre-Montan Berton se trouvant aux plages 4, 5 et 6 de ce CD…

Et au passage, il me faut souligner la part prise pour ces quatre très belles réalisations discographiques par Benoît Dratwicki, le directeur du Centre de Musique Baroque de Versailles, qui signe les quatre remarquables présentations des livrets de ces CDs...

On peut aussi trouver des interprétations de la célébre « Nouvelle Chaconne« , en mi mineur, de Berton, en 1762, par exemple par la Bayerische Kammerphilharmonie sous la direction de Reinhard Goebel, en un CD OEhms OC705 « Mozart in Paris« , en 2007 _ en voici une vidéo de 8′ 45…

Bref, nous aimerions découvrir _ son talent le mérite ! _ bien davantage que ces brefs _ très beaux _ extraits d’œuvres, issus du génie musical bien trop méconnu jusqu’ici de Pierre-Montan Berton, qui fut très actif à l’Opéra, à Paris, de 1749 à son décès, le 14 mai 1780, date à laquelle celui-ci était rien moins que directeur-général de l’Opéra…

Et c’est ainsi qu’il a pu composer beaucoup de très réussis nouveaux airs _ tels que ceux, donnés ici, pour la « Camille reine des Volsques«  de Campra, créée à l’Académie Royale de Musique le 9 novembre 1717 ; ou l’« Iphigénie en Tauride » de Desmarets et Campra, créée à l’Académie Royale de Musique le 6 mai 1704… _ pour des reprises « actualisées » de très nombreux opéras _ tragédies en musique, ballets, etc. _ du répertoire de l’Opéra à Paris, depuis ceux de Lully, Desmarets, Campra, etc., jusqu’à ceux de Rameau et consorts, comme cela se pratiquait beaucoup alors… 


Ce mardi 3 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

François Francoeur (1698 – 1787), Surintendant de la Musique du Roy, maître d’oeuvre des « Simphonies pour le Festin royal du Mariage de Monseigneur le Comte d’Artois », à Versailles, le 16 novembre 1773 ; ou l’été indien de la musique baroque française : comparer les orchestres de La Simphonie du Marais (et Hugo Reyne) en 1993, et des Ambassadeurs et La Grande Ecurie (et Alexis Kossenko) en 2023…

24sept

Dans le sillage du passionnant et superbe CD « Jouissons de nos beaux ans !«  _ le CD Aparté AP 319 _ de Cyrille Dubois, l’Orfeo Orchestra et le Purcell Choir sous la direction de György Vashegyi _ cf mon article un peu détaillé du 20 septembre dernier : «  «  _,

voici que je m’intéresse ce jour aux CDs qui ont été consacrés, en 1993 et en 2023, aux musiques _ instrumentales _ qui ont accompagné, à Versailles, le 16 novembre 1773, le Festin Royal donné pour les célébrations du mariage de Monseigneur le Comte d’Artois _ le futur Charles X _ et la princesse Marie-Thérèse de Savoie,

soient

_ le CD « François Francœur – Symphonies pour le Festin royal du Comte d’Artois » de Hugo Reyne et La Simphonie du Marais _ le CD Fnac-Music 592287 _, qui donne les 16 pièces musicales de la main de François Francœur (Paris, 21 septembre 1698 – Paris, 5 août 1787) données pour ces festivités royales _ ainsi que 3 autres, toujours de la main de ce compositeur : c’était l’œuvre de celui-ci qu’il s’agissait en effet de donner à entendre… _ ;

_ et le double CD « Simphonie du Festin Royal de Monseigneur le Comte d’Artois – Versailles 1773 » d’Alexis Kossenko dirigeant Les Ambassadeurs et La Grande Écurie _ le double CD Château de Versailles Spectacles CVS101 _, qui, lui, donne l’intégralité des 43 pièces musicales de ces festivités, soient ces 16 pièces de François Francœur même, mais aussi 27 autres de 10 autres compositeurs : Jean-Philippe Rameau (9 pièces) ; Antoine Dauvergne (3 pièces) ; Pancrace Royer (3 pièces) ; Bernard de Bury (3 pièces) ; Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (3 pièces) ; Pierre-Montan Berton (2 pièces) ; et le marquis de Brassac, Jacques-Hyacinthe Ferrand, Jean-Claude Trial et Louis Grenier (1 pièce chacun) choisies _ et parfois modifiées, adaptées par Francœur _ pour l’espèce par celui qui était alors _ de 1744 à 1776… _ Surintendant de la Musique du Roy, en un notable brillant panorama de l’art du Grand siècle musical qui s’achevait, au moment où triomphait à Paris un tout autre style, avec Gluck, Grétry, Gossec ou Piccinni…

Bien sûr, l’orchestre des 20 instrumentistes réunis par Hugo Reyne en 1993, paraît un peu léger par rapport à celui des 70 instrumentistes d’Alexis Kossenko en ce double CD de 2023…

Mais l’esprit vif et follement heureux de cette musique était déjà bien là !!!

Avec aussi cette révélation de Benoît Dratwicki, aux pages 12-13 du livret (consultable ici) de ce CD CVS101 :

« On pensait ne rien savoir des conditions d’exécution de ces musiques, sinon ce que nous en disait la presse de l’époque : « on exécuta, pendant le Festin royal, différents morceaux de symphonie, sous la conduite du sieur Rebel, Chevalier de l’Ordre du roi, et Surintendant de sa Musique ». Aussi avait-on imaginé de rassembler l’effectif orchestral mentionné dans un document réalisé, la même année 1773, par Jean-Baptiste Métoyen, bassoniste de la Musique du roi, indiquant précisément le nombre de musiciens réunis dans la fosse de l’Opéra royal pour les spectacles donnés à l’occasion du mariage du comte d’Artois : 70 musiciens, dont pas moins de 26 violons, 6 altos, 14 violoncelles, 4 contrebasses, 2 flûtes, 4 hautbois, 2 clarinettes, 6 bassons, 4 cors, 1 trompette et 1 timbale. Un autre plan de la fosse de l’Opéra royal, daté de 1770, confirme à peu de choses près le même effectif et la disposition des musiciens.

Quelle surprise toutefois lorsqu’au premier jour de répétition du projet, Michael Greenberg, contrebassiste et musicologue, nous révèle avoir retrouvé dans les archives de la Musique du roi l’effectif précis de l’orchestre pour cet événement : il s’agissait de 78 musiciens, répartis en 34 violons et altos (sans détail), 15 violoncelles, 3 contrebasses, 10 flûtes et hautbois (sans détail), 2 clarinettes, 6 bassons, 3 cors, 1 trompette, 1 timbale et 3 tambourins. Il était trop tard pour changer l’effectif, mais, de fait, celui choisi était quasiment le même que celui retrouvé.

Au passage, dans le même article, Michael Greenberg donnait l’effectif de l’orchestre réuni pour le Festin royal du mariage du Dauphin _ le futur Louis XVI _, en 1770 : 79 musiciens (25 violons, 8 altos, 17 violoncelles, 4 contrebasses, 9 flûtes et hautbois, 2 clarinettes, 8 bassons, 3 cors, 2 trompettes, 1 timbale), confirmant l’usage – à la Cour – d’orchestres aux vastes dimensions dans le cadre d’événements extraordinaires« …

Il n’empêche qu’il, importe de rendre pleine justice au travail pionnier de recherche ainsi que d’interprétation, pleine de verve _ avec les moyens dont il pouvait disposer alors… _, de Hugo Reyne, dès 1993 ;

ce que ne font ni Alexis Kossenko, ni Benoît Dratwicki, ni pas vraiment non plus, le critique Loïc Chahine dans le bel article louangeur « Folle ivresse » qu’il donne aux pages 70-71 du magazine Diapason de ce mois de septembre 2023, de ce double CD d’Alexis Kossenko :

« Hugo Reyne n’avait gravé qu’une sélection (Fnac, 1993)« ,

en ne mentionnant pas que le choix d’Hugo Reyne s’était délibérément porté alors sur les seules pièces de François Francœur…

Oui, François Francœur en novembre 1773, ou le splendide été indien de l’âge baroque de la musique française

en quelque sorte récapitulée par François Francœur en cette sélection de morceaux de choix d’une durée d’un peu plus de 2 heures… _

du temps de Rameau et du règne de Louis XV…

Ce dimanche 24 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir aussi le CD « Legros Haute-Contre de Gluck », de Reinoud Van Mechelen et son Ensemble A Nocte Temporis, qui vient de paraître aujourd’hui…

24sept

Tout à fait bienvenu

après le CD « Jouissons de nos beaux ans ! » de Cyrille Dubois et György Vashegyi _ le CD Aparté AP 319 ; cf mes articles « «  et «  » des mercredi 20 et vendredi 21 septembre derniers _

et le double CD « Simphonie du Festin Royal de Monseigneur le Comte d’Artois – Année 1773 » d’Alexis Kossenko et ses ensembles Les Ambassadeurs et La Grande Écurie _ le double CD Château de Versailles Spectacles CVS101 _,

tombe vraiment à pic le CD « Legros Haute-Contre de Gluck » _ le CD Alpha 992 _ de Reinoud Van Mechelen, troisièmee volet de sa passionnante trilogie consacrée à la tradition française du haute-contre, en complément de ses deux premiers volets : « Dumesny Haute-Contre de Lully » _ le CD Alpha 554 _ et « Jeliote Haute-Contre de Rameau«  _ le CD Alpha 753.

Ma toute première impression à la découverte première de ce CD,

est celle d’un énorme changement de monde _ culturel, musical… _, d’un terrible hiatus entre l’univers dont témoignent les deux passionnants et irremplaçables CDs « Jouissons de nos beaux ans ! » de Cyrille Dubois et György Vashegyi _ le CD Aparté AP319 _, d’une part, et le double CD « Simphonie du Festin Royal de Monseigneur le Comte d’Artois« d’Alexis Kossenko et ses ensembles Les Ambassadeurs et la Grande Écurie _ le double CD Château de Versailles Spectacles CVS101 _, d’autre part, qui nous font accéder tous deux au splendides derniers feux de la merveilleuse musique du Grand Siècle qui s’achevait là,

avec l’univers qui s’ouvre après les disparitions de Jean-Philippe Rameau, le 12 septembre 1764, et du roi Louis XV, le 10 mai 1774, dont vient témoigner un peu cruellement, à son désavantage _ et Reinoud Van Mechelen n’y est pour rien... _, ce bien intéressant, en cela, CD « Legros Haute-Contre de Gluck« …  

« Vive Rameau ! À bas Gluck ! » se serait écrié Claude Debussy en assistant à la recréation de « La Guirlande« , de Rameau sur un livret de Marmontel (créé en 1751), à la Schola Cantorum, en 1903…

En effet !!!

Mais avant de chroniquer ce CD « Legros Haute-Contre de Gluck » _ Alpha 992 _, qui vient de paraître ce samedi 23 septembre,

il me faut d’abord me pencher sur le très riche et passionnant double CD _ instrumental seulement _ « Simphonie du Festin Royal de Monseigneur le Comte d’Artois » d’Alexis Kossenko et ses Ensembles Les Ambassadeurs et la Grande Écurie _ le double CD Château de Versailles Spectacles CVS101 _ dont je n’ai jusqu’ici encore rien dit…

Ce samedi 23 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Cyrille Dubois, ou la perfection de l’art du chant français : l’époustouflant CD Aparté « Jouissons de nos beaux ans ! »

20sept

L’art de chanter le français de l’époque baroque (Rameau, etc.)

_ mais pas seulement en ce répertoire baroque dans lequel, effectivement magnifique, Cyrille Dubois a participé à de très très nombreux CDs (cf ici sa très riche discographie) ; cf aussi, et en priorité, son merveilleux coffret de 3 CDs Aparté AP 284 « Fauré – Complete songs » !.., chroniqué dans mes articles des 3 juin « «  et 6 août 2022 « «  ;

mais aussi son CD « Liszt – O Lieb !«  Aparté AP 200 (cf mes articles des 5 novembre « «  et 25 novembre 2019 « « ) ;

et son CD « Lili & Nadia Boulanger – Mélodies«  Aparté AP 224 (cf mes articles des 26 février « «  et 2 mars 2020 « « ) ;

et encore le CD « So romantique !«  Alpha 924 (cf mon article du 19 mars 2023 « « )… _

atteint ici un sommet véritablement époustouflant

_ à comparer avec les performances superbes, elles aussi, de Reinoud van Mechelen, en sa trilogie des haute-contres du baroque français, les CDs Alpha 554 « Dumesny« , Alpha 753 « Jeliote » et Alpha 992 « Legros« , parus respectivement les 8 octobre 2019, 3 septembre 2021, et à paraître après-demain 22 septembre 2023… _

avec le CD Aparté AP 319 « Jouissons de nos beaux ans ! » du haute-contre/ténor Cyrille Dubois,

sur un très remarquable programme élaboré avec la collaboration ultra-compétente de Benoît Dratwicki _ qui présente ce programme aux pages 14 et 15 de ce CD Aparté _ et du Centre de Musique Baroque de Versailles

_ un programme composé semble-t-il en partie à partir du très riche « Concert François arrangé par Mr Francœur Surintendant de la musique du Roy Pour le Festin Royal de Mgr Le Comte d’Artois, Année 1773«  (pour ce festin royal qui eut lieu le 16 novembre 1773 au château de Versailles), un manuscrit conservé aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale sous la cote H383 ;  

cf ici le remarquable CD pionnier, enregistré au mois de juin 1993, « François Francœur – Musique des Tables royales«  de La Simphonie du Marais et Hugo Reyne (dont j’étais alors le conseillé artistique), le CD Fnac Music 592287 ; Hugo Reyne n’ayant retenu de ce manuscrit que des œuvres de la main de François Francœur (Paris, 21 septembre 1698 – Paris, 5 août 1787)… ;

et c’est sur ce même très précieux manuscrit que vient d’être élaboré le passionnant double CD, seulement instrumental lui aussi, « Simphonie du Festin Royal de Monseigneur le Comte d’Artois – Versailles 1773« , un très riche double CD Château de Versailles Spectacles CVS101, d’Alexis Kossenko dirigeant ses ensembles Les Ambassadeurs et La Grande Écurie, dont le livret du CD comporte lui aussi, aux pages 11 à 13, une présentation de Benoît Dratwicki : je reviendrai prochainement sur ce récent CD…

Et je remarque au passage que ni le CD (Château de Versailles Spectacles CVS101) d’Alexis Kossenko, ni le CD (Aparté AP 319) de Cyrille Dubois, ne mentionnent ce passionnant travail pionnier d’Hugo Reyne en son CD Fnac-Music 592287 de 1993… _,

et avec les somptueuses prestations de l’Orfeo Orchestra et du Purcell Choir, sous la direction absolument idoine, elle aussi, à ce répertoire français baroque, du décidément, CD après CD, excellentissime chef hongrois György Vashegyi…

Le premier _ mais loin d’être le principal ! _ mérite de ce CD « Jouissons de nos beaux ans ! » de Cyrille Dubois, par rapport aux CDs de Hugo Reyne en 1993, et d’Alexis Kossenko, cette année 2023, est donc de nous donner à entendre, lui _ et enfin ! _, pas mal de beaux airs chantés issus des plumes de compositeurs _ au nombre de 12 : 4 déjà décédés à la date du concert composé par François Francœur pour le Festin Royal de Mgr le Comte d’Artois, donné à Versailles le 16 novembre 1773, et 8 toujours vivants à cette date… _ dont des extraits d’œuvres ont été donnés lors de ce Festin Royal du 16 novembre 1773, au château de Versailles,

soient, ici pour ce CD du moins, 21 airs _ ainsi, aussi, que 8 pièces instrumentales ; seuls les airs chantés (par Cyrille Dubois, ou/et les chœurs du Purcell Choir) sont mentionnés par moi ici en gras… _ extraits de 19 œuvres de

Jean-Philippe Rameau (Dijon, 25 septembre 1683 – Paris 12 septembre 1764) _ « Castor & Pollux » (créé en 1737) ; « Platée«  (1745) ; « Les Fêtes de Polymnie«  (1745) ; « Zaïs » (1748) ; « La Guirlande«  (1751) ; « Daphnis & Églé » (1753) ; et « Les Boréades » (de 1763) _,

Antoine Dauvergne (Moulins, 3 octobre 1713 – Lyon, 11 février 1797) _ « Les Amours de Tempé«  (1752)  _,

Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (Narbonne, 25 décembre 1711 – Paris, 8 octobre 1772) _ « Titon & L’Aurore«  (1754) et « Les Fêtes de Paphos«  (1758) _,

Pancrace Royer (Turin, 12 mai 1703 – Paris, 11 janvier 1755) _ « Zaïde, reine de Grenade » (1739) et « Les Pouvoirs de l’Amour » (1743) _,

François Rebel (Paris, 19 janvier 1701 – Paris, 7 novembre 1775) _ « Tarsis & Zélis«  (1728), avec François Francœur _,

François Francœur (Paris, 21 septembre 1698 – Paris, 5 août 1787) _ « Tarsis & Zélis«  (1728), avec François Rebel _,

Louis-Joseph Francœur (Paris, 8 octobre 1738 – Paris, 10 mars 1804) _ « L’Aurore & Céphale«  (1766) _,

François-Lupien Grenet (1700 – 1753) _ « Le Triomphe de l’Harmonie«  (1737) _,

Pierre-Montan Berton (Maubert-Fontaine, 7 janvier 1727 – Paris, 14 mai 1780) _ « Deucalion & Pyrrha«  (1755) _,

Bernard de Bury (Versailles, 20 août 1720 – Versailes, 11 novembre 1785) _ « Les Caractères de la Folie«  (1743) _,

Jean-Baptiste-Philibert Cardonne (26 juin 1730 – après août 1792) _ « Ovide & Julie«  (1771) _,

et Pierre Iso (1715 – 1794) _ « Phaétuse«  (1759) _ :

21 airs qui constituent ainsi, en ce splendide CD « Jouissons de nos beaux ans !« , énormément de premières discographiques, d’une sorte de chant du cygne de l’art du chant baroque français, juste avant le règne des musiques de Glück et de Piccinni à la cour de Louis XVI et Marie-Antoinette, après le décès de Louis XV, le 10 mai 1774…

À suivre…

Ce mercredi 20 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un nouvel enthousiasmant CD de Zefiro et Alfredo Bernardini : « Grand Tour a Venezia _ Heinichen Lotti Pisendel Veracini Vivaldi Zelenka », le CD Arcana A 534

22déc

Alfredo Bernardini, hautboïste _ je l’avais découvert et admiré vivement lors de Masterclasses, chez Philippe Humeau, à Barbaste _, dirige avec brio, panache, vivacité et élégance son toujours excellent Ensemble : Zefiro.

Et voici que, de Zefiro et Alfredo Bernardini, paraît un nouveau CD Arcana, A 534,

qui nous offre un très beau programme autour des rapports entre la cour de Saxe (et ses musiciens : Pisendel, Heinichen, Zelenka)

et la Cité de Venise (avec Vivaldi, Veracini, Lotti).

 

Voici ce que dit de ce très beau CD, sur le site de Crescendo, Christophe Steyne,

en un article du 17 décembre dernier, intitulé « Influence croisée entre Venise et la cour de Dresde : Zefiro tire un feu d’artifice » :

Influence croisée entre Venise et la Cour de Dresde : Zefiro tire un feu d’artifice !

LE 17 DÉCEMBRE 2022 par Christophe Steyne

Grand Tour a Venezia.

Francesco Maria Veracini (1690-1768) : Ouverture no 6 en sol mineur. Georg Pisendel (1687-1755) : Concerto pour violon no 2 en ré majeur JunP I.7. Antonio Lotti (1667-1740) : Sinfonia de l’opéra Ascanio. Johann David Heinichen (1683-1729) : Concerto pour deux hautbois en mi mineur Seibel 222. Jan Dismas Zelenka (1679-1745) : Ouverture a 7 concertanti en fa majeur ZWV 188. Antonio Vivaldi (1678-1741) : Concerto per l’orchestra di Dresda en sol mineur RV 577.

Zefiro. Alfredo Bernardini, direction et hautbois. Paolo Grazzi, hautbois. Lorenzo Cavasanti, Emiliano Rodolfi, flûte à bec. Alberto Grazzi, basson. Cecilia Bernardini, Claudia Combs, Ayako Matsunaga, Monika Toth, Rossella Croce, Ulrike Fischer, Isotta Grazzi, Matilde Tosetti, violon. Stefano Marcocchi, Teresa Ceccato, alto. Gaetano Nasillo, Sara Bennici, violoncelle. Riccardo Coelati Rama, violone. Francesco Corti, clavecin, positif. Evangelina Mascardi, luth.

Mai 2021. Livret en anglais, français, italien. TT 66’11. Arcana A534

Survivance et prolongement de la peregrinatio academica, le voyage d’initiation que les jeunes gens de l’aristocratie _ d’abord anglaise, puis, plus largement, européenne _ devaient effectuer dans les hauts-lieux de la culture européenne _ en Italie, tout particulièrement… _ contribuait à la formation politique et artistique des élites. C’est dans ce cadre pédagogique que Frédéric-Auguste Ier de Saxe (1670-1733) envoya en 1716 son fils à Venise pour son Cavaliertour, qui dura six mois. L’orchestre de la Cour de Dresde attirait les meilleurs musiciens de l’époque ; Frédéric-Auguste II (1696-1763) en emmena quelques-uns lors de son séjour dans la cité sérénissime, qui accueillait quelques compositeurs natifs (comme Vivaldi ou Lotti) ou de passage (Veracini, né à Florence et devenu organiste de la Basilique San Marco, Heinichen arrivé de Leipzig). Ce brassage marqua les œuvres, tant leur style que leur facture, stimulée par les brillants virtuoses de la Cour saxonne, tel le hautboïste Johann Christian Richter qui inspira au Prete rosso ses créations pour anches les plus ardues _ voilà. Certains compositeurs se plièrent au goût de cette Cour _ polono-saxonne… _, que séduisait le style français. D’autres y furent même ensuite invités, comme Heinichen que le fils ramena avec lui, mais aussi Lotti convié par Auguste le Fort l’année suivante, puis Veracini en 1720.

C’est cet extraordinaire réseau d’échanges et d’émulation qu’illustre le présent album _ voilà _, lançant un pont entre Dresde et Venise, et révélant les influences croisées entre ces deux majeurs foyers artistiques. Parfois sous forme d’hommage revendiqué, ainsi le Concerto per l’orchestra di Dresda où l’auteur des Quatre Saisons exploite un vertigineux laboratoire a molti strumenti (deux flûtes, deux hautbois, basson, cordes) conclu par un impétueux allegro. La même ivresse s’empare de l’étourdissante Folie qui parachève l’Ouverture a 7 concertanti de l’excentrique _ génialissime _ Zelenka, le fantasque Bohémien !

Le programme compte aussi un Concerto pour deux hautbois d’Heinichen, qui abondera le répertoire de la Cour par divers opus poly-instrumentaux, auxquels Reinhard Göbel consacra un remarquable double-album (Archiv, 1992). Le style français prisé par August der Starke est sensible dans la Sinfonia de l’opéra Ascanio ; or l’on s’étonne un peu que ce CD ait choisi celle des six Ouvertures de Veracini qui corresponde le moins à cette dilection. Le Concerto pour violon de son industrieux rival Georg Pisendel (une dissension qui poussa son confrère italien à se défenestrer !) révèle certes la diversité des faveurs musicales en vogue dans la « Florence de l’Elbe », dont témoigne le Gemischter Stil.

Depuis les vinyles de Nikolaus Harnoncourt, la discographie et les concerts viennent périodiquement enrichir l’hommage à cette Hofkapelle qui, jusque la Guerre de Sept ans, put resplendir aux oreilles des Princes-Électeurs de Saxe et souverains de Pologne _ voilà. Un récent _ superbe ! _ CD d’Alexis Kossenko à l’Abbaye de Royaumont _ le CD Aparté AP 258 _ en revigorait le faste par des moyens gargantuesques. Peut-être moins gourmand, d’un trait plus sec qui resserre la trame rythmique et aiguise les lignes, Alfredo Bernardini et son incisif _ oui : ultra-vivant ! _ ensemble Zefiro font ici assaut de tout le zèle imaginable. Des phrasés expressifs quoique drus arment une interprétation aussi précise que chatoyante. Des vertus augurées dans un récital « Dresden » enregistré en novembre 2016 pour le même éditeur _ le CD « Dresde 1720«  Arcana A 438 _, dans une veine chambriste. Tous les coups sont permis pour faire revivre l’éclat et le théâtre _ voilà _ de ces pages. On ne saurait distinguer un pupitre ou un moment tant le travail d’équipe signe un triomphe collectif _ oui, comme il se doit pour ces concerti con  molti istromenti On en sort épaté. La captation dynamique et haute en couleurs _ oui _  achève de nous combler. Admirable de bout en bout _ tout à fait ! Il y a deux ans au Réfectoire des moines, l’attelage Les Ambassadeurs / La Grande Écurie dressait une table de rois. Zefiro tire aujourd’hui le feu d’artifice qui magnifie ce festin.

Son : 9 – Livret : 9,5 – Répertoire : 9-10 – Interprétation : 10

Christophe Steyne

À comparer aussi avec les très récentes étincelantes réussites de Julien Chauvin (et son Concert de la Loge) et Amandine Beyer (et ses Gli Incogniti) en ce même brillantissime répertoire…

Ce jeudi 22 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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