Posts Tagged ‘affinités

François Noudelmann questionnant les tensions entre affiliations, d’ailleurs diverses (pas seulement généalogiques), et le jeu contingent des affinités de rencontres, alliances de différences : routes et déroutes d’un homme plus libre… Une première amorce.

23mai

Ce mardi 23 mai,

je poursuis l’approfondissement de mes lectures successives du passionnant et richissime, délicieux « Les enfants de Cadillac« , de cet hyper-fin analyste qu’est décidément, ouvrage après ouvrage, François Noudelmann,

après mon «  » d’avant-hier dimanche 21 mai

et mon «  » d’hier lundi 22 mai,

en en venant maintenant à cerner de plus près le fond philosophique du questionnement crucial du sens de sa vie et son identité plurielle ouverte _ de Français juif aussi ; avec les questions que lui pose l’articulation-tension entre cette francité et cette judéité siennes… ; même si « pour moi, le mot « juif » reste un prédicat, et s’écrit avec une minuscule, à côté de la majuscule qui identifie les noms de peuples« , lit-on page 165 ; et François Noudelmann de préciser alors : « Élevé par un père juif  _ ici aussi un prédicat _ qui s’est toujours marié _ trois fois _ à des femmes non juives, je n’ai pas de judaïté religieuse et n’ai pas reçu d’éducation rituelle, ou du moins se limite-t-elle au fait d’avoir été circoncis à la naissance et de participer à des cérémonies familiales qui se résument à Kippour, aux bar-mitsva et aux kaddish. Les chrétiens baptisés, qui assistent aux communions, aux messes de Noël et d’enterrement, partagent sans doute ce lien culturel _ seulement _ à leurs rites dédivinisés _ voilà. Plus radicalement, l’athéisme confirmé _ c’est clair _ de mon père m’a prévenu _ c’est clair aussi _ contre tous les clergés – rabbins, curés et imams confondus. Il ne me viendrait _ donc _ pas à l’esprit de me penser descendant d’Abraham _ sinon de l’Abraham Noudelmann qui est son arrière-grand-père (de Lithuanie), le père de son grand-père Chaïm _ et au plus lointain de ma parenté je me sens plus proche des premiers primates que des patriarches de la Bible. De là vient que les singes m’émeuvent plus que les grands hommes« , précise-t-il pour commencer, aux pages 165-166... _ de François Noudelmann,

en ce qu’il a donné un peu étrangement _ je persiste donc en cette appréciation… _ l’apparence et la qualification, sous son titre, d’un « roman«  _ peut-être parce qu’il s’autorise, en son magnifique récit-écriture qu’est ce « Les enfants de Cadillac« , à « ventriloquer«  son père, et ainsi lui faire, par une sorte de proposopée à quarante ans de distance du récit enregistré de son père en 1980, développer, creuser, et ainsi révéler, ce que lui n’a pas littéralement dit ou bien ce qu’il entendait alors retenir, voire taire et cacher à son fils, ou bien ce que, à son insu, il refoulait (et ne pouvait en conséquence pas alors dire, n’étant pas en mesure de le penser ni de se le dire déjà à lui-même), en ces pages vibrantes de dialogue poursuivi et splendidement approfondi maintenant avec lui, au présent de cette écriture si vivante, vibrante, de 2020 – François dit bien ici « tu«  à son père ; et le fils, muri, de 2020 dialogue effectivement et superbement avec le père qu’était ce père témoignant en 1980 à son fils de 21 ans –, avec ce que peut apporter, à celui qui rapporte les dix heures de parole de son père en 1980, le recul de l’âge, à quarante années de distance (2020 / 1980), ainsi qu’une forme d’expérience peu à peu acquise, très importante pour l’intelligence la plus lucide de ce réel-là, par le rapporteur à quarante années de distance de cette confidence paternelle… ; en 1980, le François qui écoute et enregistre sur son petit manétophone à cassettes, avait 21 ans ; alors qu’en 2020, le François qui écrit et rapporte et commente, en le « ventriloquant » ainsi, ce que disait vraiment son père quarante années plus tôt, a 61 ans… _,

lui qui sait pourtant mieux que personne ce que les concepts doivent, fondamentalement, à l’imageance légitime et nécessaire des métaphores…

Me retiennent aussi, au passage, et j’aurais bien sûr à m’y pencher, ces expressions, aux pages 229 et 230 :

d’abord celle-ci, elliptique,

et _ volontairement ? assez probablement… _ énigmatique :

« Résidant _ maintenant _ hors du territoire national _ à New-York _, je connais l’amour de loin _ un peu plus effectif, toutefois, que celui, exotique et moyen-oriental (tripolitain), de notre Jaufré Rudel girondin (de Blaye) _ et le plaisir de l’aller-retour d’un amant à double vie » _ est-ce là comme un elliptique aveu crypté ? Comprenne qui voudra, ou pourra… ; cf cependant les discrètes (mais déjà parlantes) initiales « C. L.«  de la dédicataire, page 9… _ ;

et surtout, plus fondamentalement, cette fois :

« Je deviens de plus en plus freudien _ au lieu du sartrien que d’abord et longtemps fut François Noudelmann philosophe… _, doutant _ maintenant, la soixantaine mature venue… _ de ce que je crois avoir _ librement _ choisi, par moi-même _ seul ; ou quasiment seul, par le seul libre-arbitre… _, tout en résistant au piège _ déterministe un peu trop fermé, lui aussi _ de l’héritage » _ décidément mis à distance…

À suivre…

Ce mardi 23 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Aborder l’hyper-finesse du penser de François Noudelmann, avec trois vidéos d’entretiens de l’auteur, deux articles miens de 2009, ainsi qu’un échange de courriels avec François Noudelmann en date des 28 et 30 mars 2009…

21mai

En quelque sorte en avant-propos à l’article que je m’apprête à proposer de mes lectures _ j’en suis à la troisième ! _ plus qu’enthousiastes de « Les Enfants de Cadillac« , de François Noudelmann,

qui vient de reparaître en édition de poche _ soit le Folio n° 7228, achevé d’imprimer le 30 mars dernier, et en librairie le 4 mai dernier, la première édition était parue le 19 août 2021, et je ne l’avais pas vu passer !.. _,

avec ce résumé :

Les destins du grand-père et du père de l’auteur. Chaïm est né en 1891 dans une famille pauvre de Lituanie et s’engage dans l’armée française en 1914. Il est grièvement blessé et finit sa vie dans une institution psychiatrique à Cadillac, en Gironde. Albert, son fils, est prisonnier en Allemagne en 1939. Il s’évade et regagne la France en manquant de se faire arrêter plusieurs fois.

« Le silence qui recouvre l’histoire de cet homme-là vient moins de la honte d’avoir un ancêtre fou, suscitant la peur d’une tare héréditaire, que d’une profonde mauvaise conscience de l’avoir abandonné. »

En 1911, fuyant les persécutions contre les Juifs en Lituanie, Chaïm, le grand-père du narrateur, s’engage dans l’armée française dans l’espoir d’obtenir la nationalité. Blessé par une bombe chimique pendant la Grande Guerre, il passe vingt ans interné et meurt dans l’anonymat à l’hôpital psychiatrique de Cadillac, en Gironde. En 1940, Albert, le père du narrateur, est à son tour dénoncé comme Juif. Après la libération des camps, il rejoint la France à pied depuis la Pologne, au péril de sa vie.

À travers cette bouleversante épopée familiale, François Noudelmann nous emporte dans les tumultes des deux conflits mondiaux et rédime les « fous » abandonnés par la France.

je me propose de donner ici même en liens trois très riches et passionnantes vidéos d’entretiens, en date du 7 juillet 2020, intégrées toutes les trois en un article unique pour ABCpenser.com , sur une idée de Philippe Petitintitulé très justement « Qui êtes-vous, François Noudelmann ? – Ma vie a été une suite de rencontres« ,

que voici :

_ « Qui êtes-vous, François Noudelmann ? » (22’21)

_ « Écouter » (28′ 51)

_ « Affinité » (25′ 05)

Bien à tort qualifié de « roman » par l’éditeur _ rien de fictif, ni même de romanesque, ici... _« Les Enfants de Cadillac » est un pur chef d’œuvre d’humanité la plus vraie qui soit _ et en toute la vaste pluralité de ses gammes et feuilletage merveilleusement analysé de ses dimensions… _, comme il en est hélas bien peu.

Avec aussi, de ma part, un renvoi à deux articles que j’avais consacrés à François Noudelmann et son splendide « Le toucher des philosophes : Sartre, Nietzsche et Barthes au piano« ,

celui du 18 janvier 2009 intitulé « « ,

et celui du 5 avril 2009 intitulé «  » ;

ce dernier mentionnant aussi un échange de courriels entre François Noudelmann et moi-même, en date des 28 et 30 mars 2009, que j’ai grand plaisir à reproduire ici même :

En tout cas,
le petit mot amical de François Noudelmann
à mon envoi d’articles de mon blog « En cherchant bien«
m’a fait très plaisir.
Et c’est de lui que je retiens ce mot même d’ »énergie » :


De :      Titus Curiosus
Objet :     Écriture et musique
Date :     28 mars 2009 07:48:48 HNEC
À :       François Noudelmann

Au delà du plaisir de découvrir que votre « Toucher des philosophes  » vient de se voir récompensé
du « Grand Prix des Muses« 
_ déjà un bien beau nom ! _,
je me permets de vous adresser cet article « Rebander les ressorts de l’esprit (= ressourcer l’@-tention) à l’heure d’une avancée de la mélancolie : Jean Clair »
à propos du dernier volume du « Journal » de Jean Clair
« La Tourterelle et le chat-huant« ,


car une remarque de Jean Clair fait état de l’importance pour lui
de la musique
pour s’aider à « écrire plus juste« …
J’ai conclu mon article sur cette note (et le rappel de votre livre).


Bien à vous,
Titus Curiosus

Et la réponse de François Noudelmann :

De :       François Noudelmann
Objet :     Rép :Écriture et musique
Date :     30 mars 2009 08:41:55 HAEC
À :      Titus Curiosus

Merci beaucoup pour ces informations et vos textes. Quelle énergie vous avez, c’est impressionnant ! J’aimerais avoir le secret de ces “ressorts”…
Amicalement, François

Voilà qui fait bien plaisir… Les « bouteilles » (à la mer) atteignent parfois les rivages ;
et même les courriels leurs destinataires…
C’est (presque) à ne pas en revenir !..

Et encore avec cette courte vidéo (de 3’30) pour la Librairie Mollat de présentation par François Noudelmann lui-même, le 7 août 2021, de ces (ou ses) « Enfants de Cadillac« …

À suivre, donc…

Ce dimanche 21 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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